samedi 24 mai - par BlogHardi

Stockage du carbone terrestre

Le carbone total émis par différentes sources terrestres (émissions d’origines humaines ou géologiques) se répartit dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone CO2 qui contribue majoritairement à l’effet de serre. Dans les mers il est constitutif de la biomasse vivante ou morte mais il est aussi dissout dans l’eau sous forme d’acide carbonique H2CO3 qui est une forme importante de stockage du CO2  ; enfin à la surface de la terre il est stocké sous différentes formes : biomasse vivante ou morte et carbone organique sédimentaire. Connaissant la quantité totale de C émis, celle qui va dans l’atmosphère, celle qui va dans les océans, on obtient par soustraction la quantité de C retenue à la surface de la terre.

Des chercheurs* se sont intéressés à ce carbone terrestre et à l’importance de sa répartition sous ses différentes formes. Nous résumons ici les principales observations de leur étude.

Le stockage terrestre du carbone représente 30% des émissions de CO2 issues de l’activité humaine. Il est en augmentation. On attribuait jusqu’ici essentiellement cette augmentation à une activation de la photosynthèse du fait d’une atmosphère plus riche en CO2 (effet de fertilisation) et donc à un stockage majoritaire dans la biomasse végétale (notamment dans les forêts). Si l’augmentation de la photosynthèse est bien la source des stocks croissants de carbone terrestre, pour les auteurs de l’étude, il n’est pas évident que le gain additionnel du stockage terrestre se fasse essentiellement dans la masse végétale vivante ; quelle peut-être la part retenue par la masse végétale morte ? Pour cela, utilisant une synthèse de bases de données sur le sujet, ils ont pu comparer les changements globaux des stocks de carbone terrestres représentés par la biomasse vivante (forêts notamment) et morte. 

Leur synthèse s’étend de 1992 à 2019 ; au cours de cette période le stockage terrestre s'est accru de 35 +ou- 14 gigatonnes de C alors que la biomasse vivante n’a seulement changé que de 1 +ou- 7 gigatonnes. Ceci est en désaccord avec les modèles habituels qui affectent majoritairement le stockage à la matière vivante. Le stockage serait en réalité majoritaire sous forme de matière biologique morte ; celle-ci inclurait le carbone organique du sol, les litières des sous-bois, le bois mort mais, pour les auteurs de l’étude, le mécanisme principal de l’accumulation du carbone est lié à l’enfouissement du carbone organique dans des environnements anaérobies comme dans le fond des lacs naturels ou artificiels, dans les tourbières ou les zones marécageuses. En outre, les activités humaines comme le bûcheronnage, la construction de barrages, pourraient jouer un rôle important dans les enfouissements observés. Ce stockage sous forme de matière biologique morte serait moins vulnérable aux incendies et à la sècheresse, évènements dont la fréquence s’accroit avec le réchauffement climatique.

 

*Y.M. Bar-On et al. Science, 21 mars 2025, N°6740, pp.1291-1295.



4 réactions


  • Durand Durand 24 mai 22:48

    Le carbone n’est pas un problème…, c’est le carburant de la vie sur la planète :

    https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/pourquoi-la-vie-est-elle-basee-sur-le-carbone-71438.html

    Ce qui menace la vie sur les terres émergées, c’est la perturbation à la baisse du cycle général et des cycles locaux de l’eau par les activités humaines qui diminuent l’évapotranspiration du couvert végétal : drainage, déforestation, agriculture intensive, artificialisation des sols…

    Contrairement à la vapeur d’eau océanique, celle qui est issue de l’évapotranspiration contient un élément indispensable au déclenchement des précipitations :

    https://eau-iledefrance.fr/la-foret-amazonienne-declenche-sa-propre-pluie/

    La clim est en panne… Il faut restaurer le couvert végétal pour augmenter l’évapotranspiration et profiter également de son rôle d’éponge, qui stocke l’eau douce dont on a tant besoin et qui lisse le débit des cours d’eau.

    ..


    • Seth 25 mai 15:57

      @Durand

      Donc faites comme moi : assez de jardins mignonnets, laissez pousser sauvage, ça évitera en plus l’horrible bruit incessant des débroussailleuses de mes 2.  smiley

      Je hais les jardins proprets avec mobilier leclerc, ça me donne des nausées !

      Seul pbm : le brossage de M. Monchien est plus difficile bcoz les gratterons mais au moins il y a des oiseaux, de beaux scarabées irisés, des vers luisants, des lézards, des crapauds, des chauve-souris etc... et la nature y est vivante.  smiley


  • Doume65 25 mai 16:33

    « Le [...] CO2 qui contribue majoritairement à l’effet de serre »

    C’est faux. Tous les scientifiques vous diront que le principal gaz à effet de serre présent dans l’atmosphère est la vapeur d’eau. En revanche, le consensus estime que c’est le CO² qui est le plus grand responsable du réchauffement climatique. C’est donc celui qui est considéré comme modifiant le plus l’équilibre (tout relatif) qui régnait jusque là.


    • Eric F Eric F 25 mai 18:09

      @Doume65
      Le terme ’’effet de serre’’ est imagé mais pas vraiment approprié, car dans une serre, le réchauffement vient du fait que l’air réchauffé est emprisonné physiquement dans l’espace clos (ouvrez la serre, la circulation d’air fait baisser la chaleur). Ce n’est alors pas principalement une question de rayons réémis, contrairement à l’effet des gaz à différentiel radiatif entre la capacité à laisser passer longueur d’onde reçue et celle réémise.

      Concernant les nuages, leur effet dépend de leur altitude et densité, les nuages bas servent en quelque sorte de parasol le jour, et empêchent les rayons direct de réchauffer l’air, le sol, l’eau en dessous. Or ils sont en diminution.


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