Tirez la chasse
Ce geste que l’on fait, pour chasser de la cuvette des WC les déjections qui s’y trouvaient, pourrait aussi être utilisé pour dénoncer une pratique dépassée, qui consiste à tuer des animaux, souvent d’élevage, au motif de s’adonner à la chasse
C’est ce que l’on pouvait comprendre en écoutant attentivement l’interview d’un certain Pierre Rigaux sur l’antenne de France-Inter, le 19 septembre 2019, dans « l’édito carré ». lien
Ce biologiste est devenu la bête noire des chasseurs depuis qu’il a publié un ouvrage sur la question « pas de fusils dans la nature », aux éditions Humenscience. lien
Dénonçant une pratique désuète et dangereuse, qui voudrait que les chasseurs soient les meilleurs protecteurs de la nature, il assure que ces étranges écologistes sont responsables de la mort de près de 30 millions d’animaux chaque année, quand ils ne se tuent pas tout simplement entre eux, comme cela arrive régulièrement.
C’est en effet le 23 septembre 2019, qu’un de ces « sportifs » a tué son père, le prenant pour un sanglier : de plus, cet homme, un italien de 34 ans, tuant son père qui en avait 55, officiait dans un parc national interdit logiquement aux chasseurs. lien
Nous ne sommes pas mieux gâtés en France si l’on se souvient qu’un vététiste a été tué par un chasseur en octobre 2018, en Haute Savoie. lien
J’ai moi-même été menacé par l’un d’eux, alors que j’étais à la recherche de champignons : cet « amoureux de la nature » m’enjoignant de quitter les lieux si je ne voulais pas ramasser une volée de plombs
Depuis, lorsque je suis en cueillette, j’emporte avec moi un sifflet de gendarme, sifflet qui entre en action au moindre coup de fusil en forêt faisant fuir les courageux chasseurs.
Ajoutons pour la bonne bouche que chasse et alcool ne font pas bon ménage, et pourtant, il est courant que des individus s’adonnent aux deux activités en même temps, les contrôles de gendarmerie en font foi, mais pour autant aucune loi ne sanctionne le taux d’alcoolémie d’un chasseur en action. lien
S’il faut en croire Gwendal Lavina, s’exprimant dans les colonnes du « Figaro », ce ne sont pas moins de 100 accidents de chasse qui sont dénombrés chaque dans notre pays. lien
Pour revenir à Pierre Rigaux, il explique en détail tout ce que l’on peut reprocher à la chasse, chasse qu’il faut bien appeler « chasse d’élevage », puisque généralement, les chasseurs tuent volailles, sangliers, ou lapins, qui ont été élevés pendant des années dans des cages, et qui ont naturellement perdu tout instinct de survie lorsqu’ils sont relâchés.
Qui n’a pas croisé sur sa route un faisant ou un lièvre, se promenant innocemment au bord d’une route, sans se douter qu’un fusil l’attend au prochain tournant ?
En effet, pour Pierre Rigaux, et d’autres, les chasseurs sont les premiers responsables de la prolifération des sangliers d’élevage que l’on ferait mieux d’appeler « cochon-glier » puisqu’ils sont souvent le résultat de croisements, comme le démontre l’absence de bosse sur leurs dos.
Dans plusieurs pays, comme à Hong-Kong, ces animaux se baladent tranquillement au milieu des humains, restant paisibles s’ils ne sont pas malmenés. lien
De plus, ces animaux d’élevage sont bourrés d’antibiotiques, afin de résister aux virus qui sévissent dans les cages, et sont donc impropres à la consommation.
Ce qui n’a pas empêché un certain Emmanuel Macron, lequel se prend pour le chevalier blanc de l’environnement, de faire un royal cadeau aux chasseurs en diminuant par 2 le montant des permis de chasse. lien
Ce cadeau, aux accents électoralistes, est probablement l’un des facteurs qui a permis au candidat LREM de gagner l’élection, lorsque l’on sait qu’il y a dans notre pays pas moins de 5 millions de porteurs de permis de chasse, même s’il n’y a officiellement qu’1,2 million de chasseurs, comme l’expliquait Willy Schraen, le président de la FNC « Fédération Nationale des chasseurs », car il y a un « turnover ». lien
Ainsi avec ce gros million de pratiquants, la France est en tête de la place peu enviable du plus grand nombre de chasseurs des pays européens.
Rappelons que c’est en partie à cause de la présence d’un important lobbyiste de la chasse, un certain Thierry Coste, lors d’une réunion gouvernementale (alors que sa présence n’était pas prévue) que Nicolas Hulot avait pris la décision de démissionner. lien
Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et malgré les beaux discours que Macron ne cesse de prodiguer, tentant de faire croire qu’il est « devenu écolo », la douche écossaise qu’il a subi le 23 septembre 2019, lors du discours de la jeune militante suédoise Greta Thunberg a jeté un sérieux doute sur sa volonté d’agir contre le changement climatique.
En effet, Greta, laquelle avec 15 autres militants vient de porter plainte pour dénoncer l’inaction, en matière d’environnement, du dirigeant français, mais aussi allemand, turc, brésilien et argentin. lien
« Vous n’avez pas tenu vos engagements » a-t-elle martelé, très en colère, à la tribune de l’ONU, et l’on peut revoir son intervention sur ce lien.
« Comment osez-vous ? » a-t-elle déclaré, « vous parlez d’argent, de contes de fées qui vantent une croissance économique, alors que nous sommes au début d’une extinction de masse ? »
Macron a beau faire croire qu’il mène le combat pour empêcher le massacre de l’Amazonie, Yannick Jadot, mais aussi Nicolas Hulot, et d’autres, (lien) se demandent pourquoi il n’agit pas en décidant de mettre l’embargo sur le soja OGM brésilien, lequel est le principal responsable des incendies en Amazonie ? : ce serait apporter la preuve de la sincérité de son engagement écologiste. lien
Comme on le constate, il y a une sérieuse marge entre le discours et la réalité, et comme dit mon vieil ami africain : « le poulailler reste un palais doré pour le coq, malgré la puanteur des lieux ».
L’image illustrant l’article vient de https://www.aspas-nature.org
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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