mardi 18 octobre 2022 - par lephénix

Vivre comme individu, survivre en tant qu’espèce...

L’homme n’habite plus une terre qu’il ne sait que surexploiter au nom d’une économie au service d’elle-même. A l’heure cruciale où tous les politiques se réclament de « l’écologie », il est urgent de redécouvrir Bernard Charbonneau (1910-1996) , l’un des pionniers de l’écologie politique qui, dès les années 30, pensa les dangers pour la nature et la liberté résultant de la montée en puissance du « progrès » technique, scientifique et industriel.

Jusqu’alors, l’humanité travaillait à son « expansion aveugle et dans tous les sens » - à son illimitation. Désormais, elle est travaillée par la question de sa survie en tant qu’espèce. La conscience écologique n’a pas attendu les manoeuvres dilatoires des petits soldats de « l’urgence climatique » se rêvant en eco-Robespierre d’une eco-technocratie vert-de-gris pour faire la tragique expérience des effets mortifères d’un « progrès » qui, loin de profiter à tous, écrase la multitude sous son "talon de fer"...

Longtemps minoritaires voire ignorés, des penseurs pionniers dans leur discipline s’efforcèrent de secouer le joug de l’aveuglement productiviste, techno-scientifique et de la société d’exploitation. Ainsi, de Bernard Charbonneau, le grand oublié de toutes les histoires de « l’écologie politique » de grand chemin.

Dès l’entre-deux-guerres, rappelle le philosophe Daniel Cérézuelle qui lui consacre un nouvel essai incisif, Charbonneau résumait : « Les progrès de l’organisation sociale et de l’efficacité technique menacent d’un même mouvement la liberté et la nature ».

Longtemps, les civilisations avaient lutté pour leur expansion et leur grandeur. Et puis certains comme Charbonneau et Jacques Ellul (1912-1994) ont soumis l’idée de l’humanité « en progrès » continu par « la force des choses » à un questionnement plus affûté : « En même temps qu’elle expulse la nature de notre vie quotidienne, la modernisation, c’est-à-dire la multiplication des structures impersonnelles, risque d’en éliminer aussi la liberté ».

En 1936, Charbonneau rédige Le Sentiment de la nature, force révolutionnaire, qui peut être considéré comme le document fondateur de l’écologie politique.

 

Une "dissidence obstinée"...

Bernard Charbonneau grandit dans le chaudron de la « première grande guerre industrialisée », celle de 1914-18 qui se prolonge dans les trépidations des Années folles jusqu’à la suivante – et il n’est pas sûr du tout d’en avoir fini une bonne fois pour toutes...

Très tôt, il acquiert la conviction que cette première boucherie mondiale « ouvre le règne de la soumission complète de toute réalité à la logique technicienne et industrielle ». Ce qu’il appelle « la grande mue de l’humanité », caractérisée par sa « tendance à la totalisation  » se déployant de « manière impersonnelle et indifférente aux projets humains » ainsi que le rappelle Daniel Cerezuelle : « L’exemple de la Première Guerre mondiale nous montre que la course aveugle à la puissance exige la saisie de toute la population, de toutes les ressources industrielles, agricoles et forestières, de la totalité de l’espace aussi bien de la vie intérieure des peuples, à qui on demande non seulement de participer par leurs actes, mais aussi de consentir intérieurement au conflit et même de justifier la logique anonyme qui va les détruire  ».

Cette « saisie totale du monde humain vers quoi tend le la logique du progrès technique, scientifique et économique  », c’est ce que Charbonneau appelle « le système ».

Dans la première après-guerre, le jeune Charbonneau voit la logique de la puissance et de l’effacité s’autonomiser et s’illimiter, avec un déplacement insidieux de la guerre du front militaire au front économique traitant et sacrifiant de « gigantesques masses d’hommes » comme de la « simple matière première ». « Elevé comme un bourgeois des villes », entre un père pharmacien et une mère issue d’une famille de notables, Bernard Charbonneau obtient l’agrégation d’histoire-géographie. Ne rêvant que de nature et de grands espaces, il se fait nommer au lycée de Bayonne pour faire des randonnées, des parties de pêche et du camping – tout en organisant des camps d’été voués à devenir l’embryon d’une université libre et d’un mouvement social contre l’exacerbation de la gestion technocratique de la société.

Frappé par « la perte du sens de la liberté » chez ses contemporains persistant à s’ignorer en « ressource mobilisable » - et en particulier dans les « milieux intellectuels alors fascinés par le communisme soviétique » - il rédige entre 1940 et 1947 Par la force des choses où il analyse les contradictions du monde contemporains « à partir de l’impensable, c’est-à-dire à partir de l’anticipation du risque de quelque chose de pire que le totalitarisme politique : une totalisation sociale, rendue inévitable par l’accélération du progrès technique  ».

Charbonneau peine à publier ses livres, qui ne connaîtront une véritable audience que dans les années 70, à la faveur des manifestations anti-nucléaire (1971), de la création d’un ministère de l’Environnement (1971) confié à Robert Poujade (1928-2020), de la parution du très médiatisé rapport du Club de Rome, Les Limites de la croissance (1972) et de la candidature « écologiste » de René Dumont (1904-2001) à l’élection présidentielle (1974).

Mais, souligne Daniel Cérézuelle, il « eut la déception de voir l’écologisme plus préoccupé par les stratégies électorales que par le souci d’approfondir ses raisons d’être »...

Le franc-tireur du « monde intellectuel » considère que si, à l’occasion de la Grande Guerre, « la société libérale a basculé sans transition dans une organisation totalitaire, c’est qu’elle y était préparée depuis longtemps, par un lent processus de croissance et d’autonomisation des appareils sociaux : de l’armée, de l’industrie de guerre et de l’Etat  ». Car c’est bien « sous les régimes libéraux que les hommes ont pris l’habitude de ne plus rien décider par eux-mêmes des conditions de leur vie personnelle et collective ».

Mais si la « société libérale bascule si aisément dans l’organisation totale », ce n’est pas pour autant un donné intangible : « les hommes peuvent modifier les modalités de leur vie collective  » - si seulement ils prenaient conscience des « virtualités sociales de la technique moderne » dont le régime totalitaire n’est qu’un « brusque accomplissement »...

Seul le renoncement des individus à l’exercice personnel de la liberté laisse le champ libre à cette « force des choses » qui rapproche « l’horizon impensable de la totalisation sociale ». Car « la liberté n’est pas un droit mais le plus difficile des devoirs ». Elle est action résultant d’une détermination à l’incarner selon ses valeurs : « il n’y a pas de liberté politique sans hommes libres  »...

Pour Charbonneau, « il n’y a pas de liberté sans force d’âme » ni puissance d’agir... Bien plus : « la liberté n’existe pas en dehors du combat par lequel par lequel l’homme terrasse en lui-même l’être social  »... Alors, « quand un homme fait demi-tour devant sa liberté, ce n’est pas seulement une personne qui retourne au chaos, mais une chance, peut-être décisive pour la société humaine et le cosmos, qui disparaît  »...

 

L’homme privé de nature et de liberté ?

Au nom du « progrès », « l’homme moderne » est privé de nature, « c’est-à-dire de la possibilité de sortir d’une organisation sociale globale  », alors même qu’il a un besoin vital de « rencontrer une nature hors de lui, pour y éprouver charnellement sa liberté ainsi que la richesse du monde  ».

Pour Charbonneau, la chance de l’espèce réellement soucieuse de sa survie n’est pas plus dans le progrès que dans un retour à la nature, elle est seulement dans un « équilibre précaire entre la nature et l’artifice, que devra toujours maintenir la veille de la conscience  ».

Etablissant un lien entre société industrielle et « Culture », il insiste : « C’est la prolifération des pesantes machines industrielles mais aussi institutionnelles, par lesquelles l’existence humaine est instrumentalisée, chosifiée, qui explique le besoin des modernes de transformer la vie de l’esprit en Culture ». Autrement dit, le terme « culture » ne sert plus à nommer, à l’heure des « industries du divertissement », ce qui jusqu’alors nous a nourri de notre passé - ou permis de prendre de l’avance sur notre avenir...

L’autre problème, c’est « la science », à la fois « puissance désorganisatrice » et «  autorité ordonnatrice, légitimant la mise en place d’un système social qui risque de se clore sur lui-même ». Ainsi, le « progrès » ne cesse de « tisser autour de chacun les innombrables fils d’un monde incompréhensible, autoritaire et contraignant », d’autant plus absurde que « l’univers de la science n’a aucun sens parce c’est à notre liberté de lui en donner un ».

Mais telle est bien la seule réponse des décideurs aux affaires : toujours plus de science et plus de technique pour mieux « organiser » la société, c’est-à-dire contrôler les individus.

Dans Le Système et le chaos (1973) où il fait l’inventaire des surcoûts dévastateurs du « progrès », il écrit : « Si nous acceptons d’être les auteurs de nos techniques, peut-être aurons-nous alors les machines de notre société et non la société de nos machines  ».

Bernard Charbonneau disparaît en 1996, au seuil d’une nouvelle « révolution industrielle » qui fait d’Internet l’infrastructure centrale du productivisme, du scientisme, du capitalisme de surveillance et du globalisme - sans avoir pu susciter un mouvement social à la hauteur de ce qui nous institue comme « civilisation » vivable.

Aujourd’hui, alors que la finance mondiale ne jure plus que par le « vert », la « raison écologique » se contenterait-elle du refus suicidaire de la consommation des « énergies fossiles » sur lesquelles s’appuyaient jusqu’alors nos sociétés industrielles juste pour... « sauver le climat » ?

L’espèce présumée pensante et prévoyante sait-elle encore ce qu’elle veut devenir et dans quel monde elle veut vivre ? Saura-t-elle préserver son socle fondamental entre ordre naturel et ordre social ?

Encore lui faudrait-il, à « l’âge des conséquences », en finir avec sa folle pulsion d’agression envers le vivant et ne pas laisser la technocratie décider de la réalité. Quand la parole ne la répresente plus, l’espèce parlante n’est plus engagée au corps commun dont relève sa présumée humanité. Alors, les dévastations orchestrées suivent impunément leur cours à tombeau ouvert.

Daniel Cérézuelle, Nature et liberté – introduction à la pensée de Bernard Charbonneau, l’échappée, 208 pages, 11 euros



45 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 18 octobre 2022 13:10

    Espèce sonnante et trébuchante... Comme dans la fable d’HAMELIN


  • Clark Kent Clark Kent 18 octobre 2022 14:22

    "L’homme n’habite plus une terre qu’il ne sait que surexploiter au nom d’une économie au service d’elle-même."


    Pas au service d’« elle-même », mais service des propriétaires des moyens de production depuis le néolithiques, et aussi des financiers depuis l’invention des banques et de la finance quelque part du côté de Florence au 15ème siècle.


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 15:01

      @Clark Kent
      c’est tacite mais comme dit l’autre : « ça va mieux en le disant »... c’est une vieille habitude de la « presse écrite » de pratiquer autant que possible « l’art d’en dire long en faisant bref »...


    • Clark Kent Clark Kent 18 octobre 2022 15:18

      @lephénix

      On peut aller loin comme ça. En faisant porter le chapeau à tout le monde : ça culpabilise les innocents et ça dédouane les vrais responsables.

      Quand Macron dit : "Nous sommes en guerre", d’après vous, c’est « l’art d’en dire long en faisant bref »...  ?


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 15:32

      @Clark Kent
      absolument rien à voir, ne faites pas d’amalgame pernicieux qui ne mènent pas loin après un tour de roue de trotinette... il est hors de question de culpabiliser et de faire porter le fardeau de la « dette » escrologique à l’espècei et encore moins d’une guerre qui lui est livrée sans lui avoir été déclarée...


    • JPCiron JPCiron 18 octobre 2022 15:52

      @Clark Kent

      Le sens pourrait aussi être que l’homme n’est plus un simple habitant (comme l’est celui des peuples premiers, qui vivent en horizontalité ’à côté’ des autres ’êtres’, ce qui implique le respect des autres formes de vie dans le quotidien)


      En effet, il surexploite les ’ressources’. L’homme vit verticalement, au-dessus du vivant et de l’inanimé mis à sa disposition par les dieux.


      Ces Croyances verticales se sont transmises dans les Principes de domination-exploitation que véhiculent ces sociétés économico-financières. Lesquelles colportent toujours dans leur ’besace’ les antiques Valeurs morales de respect et d’Amour qui ne sont plus que récitées. Et non plus habitées.


      Le problème fondamental est constitué par les Croyances qui perpétuent la verticalité. Tandis que les profiteurs ont bien compris qu’il convient d’exploiter cette contradiction en renforçant un système amoral qu’ils parent des plumes de la vertu. Ils deviennent les maîtres du Système... et du monde, qui ne peut être qu’ unipolaire.


  • ZenZoe ZenZoe 18 octobre 2022 14:29

    Charbonneau est loin d’être le seul. Partout dans les pays occidentaux et même en développement, depuis les années 50 au moins, des chercheurs, des philosophes et des explorateurs ont tiré la sonnette d’alarme sur le saccage planétaire à venir. Des associations vraiment écolos au départ ont vu le jour. Certains pays ont même commencé à tenter d’autres chemins. L’Inde dans les années 80 par exemple a tenté une agriculture plus verte. Tout ça s’est heurté à la course au profit immédiat, avec, il faut bien le dire, l’aveuglement et le consentement tacite des populations. On a vécu longtemps à crédit, on va bientôt le payer cash.


  • alinea alinea 18 octobre 2022 14:32

    Dommage, je n’ai pas connu Charbonneau et pourtant depuis les années soixante dix je suis partie sur son chemin.*Beaucoup à dire ; ce qui m’est venu en premier dans la chronologie de l’article, c’est qu’il y a eu un mouvement, au début des années soixante dix, un mouvement qu’on peut qualifier de social même s’il fut très minoritaire, de gens conscients ( à la Charbonneau) et qui justement voulait ancrer dans la matière, c’est-à-dire dans leur manière de vivre, leurs convictions qui n’étaient pas apportées par une mode mais par un ressenti qui était soutenu par des paroles et des écrits du même genre.

    Le monde est si moche aujourd’hui qu’il a de la chance de n’y être plus.

    Mais il faut absolument comprendre une chose : le monde moderne, sa science, sa médecine, son « marché » sont des émanations cerveau gauche, sans ressenti aucun.

    Aussi le retour à nos sources, ce que j’appelle depuis longtemps « adéquation au monde », qui inclut évidemment la spiritualité, et chacun la sienne, est seule capable de nous faire sortir de l’ornière capitaliste, libérale mondialiste égoïste et consommatrice : aucun texte ne peut faire naître la conscience si elle n’était pas préexistante !

    Et c’est bien là le malheur.

    Mais on le voit aujourd’hui, l’écologie n’est pas l’émanation de l’être entier adéquat au monde qui l’entoure, elle est une espèce de robe qu’ils ont choisie parmi d’autres... très superficiel tout ça.

    Merci pour cette découverte ; peut-être un jour aurai-le la sagesse et le désir de le lire, mais aujourd’hui, cela me ferait trop mal !

    Merci en tout cas.


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 15:07

      @alinea
      merci pour votre apport : Charbonneau a été bien déçu de ’l’écologie politique« qui ne se souciait pas d’écologie ni de la vie mais de stratégie de »prise de pouvoir«  cette »écologie"-là est épinglée comme i-coulogie c’est-à-dire nuisance véritable... elle n’est que le travestissement du lobby du greenwashing...


    • JPCiron JPCiron 18 octobre 2022 15:12

      @alinea

      peut-être un jour aurai-le la sagesse et le désir de le lire >

      « quand un homme fait demi-tour devant sa liberté, ce n’est pas seulement une personne qui retourne au chaos, mais une chance, peut-être décisive pour la société humaine et le cosmos, qui disparaît  »... surtout quand l’homme en question est de celles qui ont la plume est acérée en restant élégante et fluide.


    • alinea alinea 18 octobre 2022 15:33

      @JPCiron
      Vous ne m’avez pas comprise, et c’est normal !!
      Je ne crois pas que Charbonneau aura grand chose à m’apprendre ; je souligne grand. On a toujours quelque chose à apprendre, mais voilà cinquante ans que je vis ce qu’il prône, si j’en crois cet article ! Donc il faudra que je sois assez vieille, assez posée, pour écouter des voix qui auraient dû être anciennes !
      C’est sans prétention, on a tous dans sa vie des domaines de compétences et pas forcément l’envie d’aller y découvrir un autre ; ce n’est pas dédain, comprenez-le bien, c’est qu’avec tout ce qui se passe aujourd’hui, je n’ai pas le calme intérieur pour revenir, juste pour le plaisir de la répétition, et dieu sait que c’est un plaisir, à l’origine de mes engagements.. mais j’espère bien atteindre un jour ce moment ! sans trop flipper de frustration, du genre : ah, si j’avais su !! smiley


  • pemile pemile 18 octobre 2022 14:45

    « L’homme n’habite plus une terre qu’il ne sait que surexploiter au nom d’une économie au service d’elle-même »

    La logique de la phrase d’intro m’intrigue.

    L’homme habite une terre qu’il ne sait que surexploiter au nom d’une économie au service d’elle-même ?

    L’homme n’habite plus une terre qu’il peut surexploiter au nom d’une économie au service d’elle-même ?


    • alinea alinea 18 octobre 2022 15:02

      @pemile
      Peut-on dire qu’un lierre habite un arbre ? Il s’en sert comme support, l’étouffe, du coup, mais sans le vouloir, l’étouffer ne le fait pas vivre. Non ; il y a plein de petites bestioles qui habitent un arbre, mais elles se débrouillent pour que ça dure.
      Par ailleurs, à faire n’importe quoi sans mesure, l’économie, la science, ce qu’ils appellent le progrès ne fait que tourner autour de lui-même sans plus de volontés ou de conscience de bienfaits apportés.
      L’homme n’habite plus la terre ( dont il se fout). Il la tue après l’avoir surexploitée, non pas pour son bonheur ou même sa survie, mais pour le pognon, le pouvoir, donc pour une boucle infernale et nuisible qui tourne sur elle-même., à l’infini espère-t-il.
      C’est ma compréhension de la sentence.


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 15:03

      @pemile
      il a le choix : la surexploiter ou pas, mais il préfère ne pas l’exercer, son choix...


    • pemile pemile 18 octobre 2022 15:07

      @alinea « C’est ma compréhension de la sentence. »

      Donc ma deuxième proposition ?


    • alinea alinea 18 octobre 2022 15:34

      @pemile
      Plutôt oui.


    • pemile pemile 18 octobre 2022 16:32

      @lephénix « il a le choix : la surexploiter ou pas, mais il préfère ne pas l’exercer, son choix »

      Pas si simple, pour arrêter une compétition il faut que toutes les parties se mettent d’accord, pour arrêter qu’une minorité dépouille une majorité c’est aussi un rapport de force, et pour que l’humanité arrive à brider son cerveau reptilien, là, ....


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 18:35

      @pemile
      effectivement, exercer un choix ou sa liberté est tributaire d’un rapport de force, que l’on peut refuser ou pas...en toute souveraineté présumée...


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 18 octobre 2022 15:03

    Rappel de quelques données

    • environ 0.5 million d’humains sur terre en l’an -100 000
    • environ 5 millions d’humains sur terre en l’an -10 000
    • environ 20 millions d’humains sur terre en l’an -5 000
    • environ 300 millions d’humains sur terre en l’an 1000
    • environ 1 milliard d’humains sur terre en l’an 1800
    • environ 8 milliards d’humains sur terre en l’an 2022

    dit autrement population multipliée

    • par 10 en 90 000 ans
    • puis par 3 en 5 000 ans seulement
    • puis par 15 en 6 000 ans 
    • puis par 3 en 800 ans
    • et récemment par 8 en seulement 250 ans !

    pour une population qui survit, c’est un beau développement final smiley

    Pour une multiplication par 8 à 10, il fallait 90 000 ans, maintenant seulement 250 ans (simples ordres de grandeur)

    Et si c’était tout simplement cela la cause du problème, le développement exponentiel démesuré de la race humaine ? plus nombreux, donc consommation logiquement accrue.

    Ne serait-il pas raisonnable de viser simplement la stagnation, ce qui permet quand même une moyenne d’un peu plus de 2 enfants par couple, ce n’est pas la suppression de la vie de famille.

    Dit autrement, ne pas avoir l’objectif de réduire la conso par individu, mais ne pas accroitre le nombre de parts pour se partager le gâteau.

    Et ne prétendons pas qu’il faut une forte natalité pour produire toujours plus : nous ne savons pas utiliser tous les bras et cerveaux déjà disponibles avec un chômage/sous utilisation grandissant sans cesse.

    Que personne n’en déduise qu’il faut une bonne guerre mondiale et/ou un bon virus pour aller dans ce sens, ce n’est pas mon propos !

    Par contre, regardez l’évolution par continent. Cela ne ferait pas une réelle contrainte pour l’Europe et la Chine (oui, la Chine !), mais pour l’Afrique ... Aïe aïe aïe ! Depuis quelques décennies, quel est le continent qui « explose » et qui va donc envahir les autres ... ?


    • pemile pemile 18 octobre 2022 15:15

      @lecoindubonsens "Et si c’était tout simplement cela la cause du problème, le développement exponentiel démesuré de la race humaine ? plus nombreux, donc consommation logiquement accrue.« 

      Non, cela n’explique pas le fait de plastifier chaque produit et de les conditionner dans une barquette en plastique surdimensionnée et joliment colorée et de lui faire parcourir des milliers de km à chaque étape industrielle de sa »préparation à la vente", puis de foutre 30% du produit à la benne et le plastique à l’océan  ?


    • alinea alinea 18 octobre 2022 15:41

      @lecoindubonsens
      La démographie, c’est le cerveau droit, et instinctif, qui la délimite ; je sais bien que des vaches importées sur une île ont fini de bouffer l’herbe et sont mortes de faim ; mais... elles étaient importées.
      Et c’est là le blême : si on était en adéquation avec notre monde il n’y aurait pas « surpopulation ».
      D’un autre côté, et je rejoins pemile là dessus, il faut comprendre qu’à vivre selon nos besoins, la terre peut nous nourrir tous, sans problème. Mais si chaque individu veut cent mètres carré de béton chauffables pour se sentir quelqu’un, à l’aise, là c’est sûr que ça ne va plus !!


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 18 octobre 2022 16:39

      @pemile
      tout à fait d’accord avec vous pour lutter contre
      "le fait de plastifier chaque produit et de les conditionner dans une barquette en plastique surdimensionnée et joliment colorée et de lui faire parcourir des milliers de km à chaque étape industrielle de sa »préparation à la vente", puis de foutre 30% du produit à la benne et le plastique à l’océan"

      mais les 2 idées ne s’opposent pas et sont complémentaires.
      Même si déplorable, en caricaturant, tout cela ne serait pas trop grave si seulement un million d’humains sur terre (c’est une caricature, pas un objectif smiley )

      Mais avec 8 milliards (et plus si l’on ne fait rien), même avec un meilleur comportement (supprimer tout ce que vous citez), il faudra quand plus de tout qu’avec 1, 2,4 ...milliards, exponentielle sans fin, ce n’est pas possible.


    • pemile pemile 18 octobre 2022 16:52

      @lecoindubonsens « Même si déplorable, en caricaturant, tout cela ne serait pas trop grave si seulement un million d’humains sur terre »

      Si, la destruction irréversible prendrait plus de temps mais cela reste un modèle de société non pérenne et absurde.

      L’explosion démographique vient des pays pauvres et tous les pays riches ont une natalité en baisse, non ?


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 18 octobre 2022 16:54

      @alinea
      un peu la même réponse que pour Pemile.
      OK avec vous pour éviter le gâchis et toutes les aberrations que l’on voit.

      Mais pour reprendre votre exemple du « chaque individu veut cent mètres carré de béton chauffables », vous concluez « là c’est sûr que ça ne va plus ! ».
      Cela ne va effectivement sans doute plus si nous multiplions encore largement les milliards d’humains, mais avec les 8 milliards actuels, voire progressivement un peu moins, pourquoi cela n’irait-il pas ? et pourquoi trouver absurde, déplacé, ce souhait de cent mètres carré de béton chauffables. Pourquoi incompatible avec
      "vivre selon nos besoins, la terre peut nous nourrir tous, sans problème

      « 

      Quant à »vivre selon nos besoins, la terre peut nous nourrir tous, sans problème", vous savez que la difficulté est justement de définir ces besoins.
      Si la lutte contre le plastique et suremballage convaincra sans doute assez facilement, vous aurez probablement plus de mal à convaincre que le besoin, c’est l’appartement à 18° max, plus de viande, plus de voyages, etc.


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 18 octobre 2022 17:04

      @pemile
      « destruction irréversible prendrait plus de temps » : en théorie oui, mais en pratique même le peu de plastique aurait le temps de disparaitre avant de faire de réels dégats, mais ce n’était qu’une caricature puisque nous sommes largement plus de 1 million, donc fin du débat sur ce point.

      « L’explosion démographique vient des pays pauvres et tous les pays riches ont une natalité en baisse »
      oui, ok avec vous, et c’est le paradoxe
      les populations des pays les plus pauvres, celles qui ont déjà du mal à subvenir à leurs besoins, se développent le plus rapidement, ce qui aggrave le problème, ce qui provoque les flux migratoires ... autre problème !
      Et l’augmentation de la population des pays « riches » avec toutes les conséquences citées dans cet article. D’ou l’intérêt de limiter l’explosion démographique de la race humaine


    • pemile pemile 18 octobre 2022 17:13

      @lecoindubonsens « en théorie oui, mais en pratique même le peu de plastique aurait le temps de disparaitre avant de faire de réels dégats »

      Ca reste à prouver, non ?

      « D’ou l’intérêt de limiter l’explosion démographique de la race humaine »

      En luttant, donc, contre la pauvreté ?


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 18:37

      @lecoindubonsens
      attention à ne pas apporter d’eau tiède au moulin eugéniste de qui nous veut tant de « bien »... la planète surexploitée n’a besoin ni de productivisme compulsif ni de consumérisme addictif de gadgets de destruction massive...


    • Iris Iris 19 octobre 2022 01:49

      @lephénix

      attention à ne pas apporter d’eau tiède au moulin eugéniste de qui nous veut tant de « bien »


      D’autres diront de ne surtout pas causer de tort à la sacro-sainte cellule familiale... on ne peux donc toujours pas en parler ? 

    • lecoindubonsens lecoindubonsens 19 octobre 2022 07:51

      @lephénix
      « attention à ne pas apporter ... au moulin eugéniste »
      laisser les populations africaines se développer beaucoup plus rapidement que les autres, ce qui les conduit à envahir les autres continents, n’est-ce pas une forme d’eugénisme ? Un grand remplacement de populations par d’autres ?

      tout à fait ok sur « la planète n’a besoin ni de productivisme compulsif ni de consumérisme addictif de gadgets », mais la difficulté est de trouver la bonne frontière

      • entre productivisme compulsif

        et production efficace qui reste un truc positif

      • entre consumérisme addictif et « répondre à ses besoins », les besoins ne se limitant pas à la survie de l’espèce, mais pouvant comprendre une part de plaisir.

    • lecoindubonsens lecoindubonsens 19 octobre 2022 08:00

      @pemile
      « limiter l’explosion démographique de la race humaine en luttant contre la pauvreté ? »

      Vaste sujet !
      Trouver des règles de commerce (et taux de change) équitables permettant à chaque humain de vivre dignement dans son pays serait une bonne chose.
      Aider ceux dont le pays a pris du retard dans les connaissances et la technologie, pourquoi pas.
      Mais sans doute avant tout un sujet d’éducation.


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 19 octobre 2022 08:03

      @Iris
      « causer de tort à la sacro-sainte cellule familiale... on ne peux donc toujours pas en parler ? »
      et pourquoi ne pas en parler ? exprimez vous librement ...


    • Lynwec 19 octobre 2022 09:29

      @lecoindubonsens
      « ce qui les conduit à envahir les autres continents. »

      Ne serait-ce pas l’effort conjugué de ceux qui détruisent leurs lieux de vie en y important la guerre, le terrorisme dans le but de s’approprier les matières premières à moindre coût et de ceux qui organisent des filières lucratives de fuite ?

      L’être humain qui trouve à survivre dans sa région de naissance, peut se nourrir, vivre en paix et fonder une famille ne cherche pas à émigrer systématiquement ...

      Les émigrants des îles anglo-saxonnes vers l’Amérique du Nord étaient des pauvres peinant à survivre, vu la rapacité (déjà) du système britannique . Moins de Français ont cherché à s’y rendre, sans doute que l’Ancien Régime n’était pas si mauvais qu’on nous le dépeint dans les manuels...


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 19 octobre 2022 09:45

      @Lynwec
      Ayant de lointains cousins partis en Argentine il y a plus de un siècle et demi, car pauvreté dans leur « France profonde », je comprends bien votre argumentation « Les émigrants des îles anglo-saxonnes vers l’Amérique du Nord étaient des pauvres peinant à survivre » ... valable aussi en France !

      ok pour lutter contre « s’approprier les matières premières à moindre coût » (c’était mon propos) et aussi sur « et de ceux qui organisent des filières lucratives de fuite »


    • lephénix lephénix 19 octobre 2022 10:01

      @Iris
      l’été dernier, quelqu’un s’est lâché sur les rezozozio disant en substance : « on ne peut plus parler de rien »... et s’est interné en établissement « spécialisé » avec « obligation de soins » suite à dénonciation d’une « proche »... tout dépend de qui parle, de quoi et d’où...selon le sens du vent et le côté du manche...


    • lephénix lephénix 19 octobre 2022 10:07

      @lecoindubonsens
      si les « écologistes » l’étaient vraiment, ils parleraient de la capacité de charge des écosystèmes que l’on détruit par leur artificialisation galopante, etc
      alors, prétendre régler les problèmes posés par l’hyperproductivisme hyperconsumériste inconséquent de toujours plus de gadgets de destruction massive par... toujours plus de solutionisme high tech pire qu’inconséquent c’est nier les besoins véritables du vivant, c’est pire qu’un déni, c’est attenter au vivant et à l’intelligence de la vie...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 18 octobre 2022 15:27

    Certains de prétendre que le nazisme était une idéologie du retour à la nature. Un excellent livre démontre exactement l’inverse : Jeffrey HERF : Le modernisme réactionnaire. Haine de la raison et culte de la technologie au source du nazisme. 

    sortie

    2018

    14 x 20,5 cm | 320 p. | 22 euros
    isbn 9782373090451
    Le Modernisme réactionnaire
    Haine de la raison et culte de la technologie aux sources du nazisme

    Jeffrey Herf

    Traduit de l’anglais par Frédéric Joly
    Postface de François Jarrige

    Le nazisme est trop souvent présenté comme un mouvement profondément antimoderne, obsédé par un passé mythique et exaltant la communauté du sang et de la tradition culturelle. Dans ce livre, qui a fait date par son approche radicalement nouvelle, Jeffrey Herf montre au contraire qu’il a voué un culte délirant à la technologie la plus avancée.
    Pour ce faire, le grand historien américain s’est livré à une enquête approfondie sur les origines idéologiques du IIIe Reich, mettant en lumière une nébuleuse originale d’intellectuels, dont plusieurs ont marqué l’histoire des idées, comme Oswald Spengler, Ernst Jünger, Werner Sombart ou Carl Schmitt. Le point commun de ces « modernistes réactionnaires » est d’avoir fusionné certaines dimensions de la société industrielle – son mode de production et sa technologie, la rationalité instrumentale –, avec la culture du nationalisme allemand, caractérisée par sa haine de la raison et de la démocratie.
    Les conclusions qui se dégagent de cette passionnante enquête, qui a renouvelé l’interprétation du phénomène nazi, et jusqu’ici étonnamment restée inédite en français, sont les suivantes : d’une part, la modernité n’est pas un phénomène monolithique, qu’il faudrait accepter ou rejeter en bloc ; d’autre part, l’adhésion à la modernité technique n’est pas en soi un gage d’émancipation.


    • lephénix lephénix 18 octobre 2022 19:00

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      cqfd : l’industrialisme est la source de la mise à mort industrielle, de la culture de mort... avant, l’humanité était à « armes égales » plus ou moins pour le règlement d’un conflit... sans détournement de concepts et dévoiement du langage qui creusent la fosse commune, l’animal parlant et donc symbolique n’y tomberait pas...en résumé, tous ces appareils d’Etat et régimes supposent un « Etat fort avec les faibles, faible avec les forts »...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 18 octobre 2022 15:38

    Ne pas confondre « ration »nalité Dérivé savant du latin rationalis, « qui sert à compter 

    et Raison ( faculté de raisonner, raison, jugement, intelligence ; manière de faire raisonnable, judicieuse). La rationnalité est dans une logique productive. La raison, fait plutôt appel a la conscience. Quand on rationne, on segmente anale freudienne (les camps de concentration étaient appelés : anus mundi). Raisonner, c’est la faculter de juger, pas de compter. 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 18 octobre 2022 16:14

    Ce qu’il faut relever, c’est le choix d’un oiseau bleu pour twitter. Car nous revenons à la mythologie : uranus, le ciel l’oiseau bleu-Gaïa la terre. Paradoxe encore du signe du verseau qui être celui de la technologie.... Raoul Dufy : la fée électricité : 

    Au centre, le regard s’arrête volontiers sur une immense masse bleue, que troublent seulement des traits blancs, parfois cernés de noirs. Ces coups de pinceaux forment deux groupements distincts : les dieux de l’Olympe, perchés sur leurs nuages, peints dans les panneaux supérieurs, dominent une centrale électrique. Cette dernière est inspirée de la centrale de Vitry-sur-Seine, que Raoul Dufy a visité plus d’une fois. 


  • Christophe 19 octobre 2022 18:10

    @l’auteur

    D’abord votre titre : « Vivre comme individu, survivre en tant qu’espèce... » est un très vieux thème abordé par les philosophes de l’antiquité, sujet qui se résume : bien que l’individu soit mortel, il n’en resterait pas moins que l’espèce humaine pourrait devenir immortelle, thème relevé par John Stuart Mill dans Principles of Political Economy (1920).

    Lorsque vous abordez la science et la technique, cela m’a renvoyé à mes lectures de l’école philosophique allemande, principalement l’école de Francfort. Les écrits philosophique de Max Weber et sa « désillusion du rationalisme » à Jürgen Habermas en passant par Karl Otto-Apel ont beaucoup étudié ce sujet de la science qui s’autosuffit.

    Je garde à l’esprit les propos de Lucien Sfez : il ne serait sans doute pas venu à l’esprit d’un Grec du cinquième siècle de voir dans la cité une « société de communication ». Un citoyen grec ne doutait pas des vertus du langage et de la discussion, mais à ses yeux une idée de ce genre n’aurait pas représenté beaucoup plus qu’une tautologie sans intérêt : « On ne parlait pas de communication dans l’Athènes démocratique, car la communication était au principe même de la société. » Le contraire se produit à ce jour sous nos yeux. Après le « tout politique » qui séduisit jadis plus d’un esprit, après le « tout langage » dont on connaît également l’influence sur un plan plus spécifiquement intellectuel, l’heure est désormais celle du « tout communication »

    Il faut souligner que vous abordez aussi l’aspect économique, la science et la technique étant en quelque sorte une forme de bras armé de l’économie. Le moment bascule de notre histoire reste la révolution industrielle, Dans un de mes précédents articles datant de 2007 sur l’économie thermodynamique, j’écrivais : Jusqu’au début du XIXe siècle, les sociétés ont exclusivement eu recours aux énergies renouvelables : force animale, bois, eau, vent. Un changement radical intervient avec la révolution industrielle et la mise en œuvre du mode de production capitaliste. Ce phénomène est à l’origine de nouveaux rapports entre l’homme et la nature ; à travers la maîtrise de l’énergie c’est la domination de l’homme sur la nature qui se manifeste. Ce nouveau système énergétique joue sur une raréfaction ou une prédominance des ressources fossiles.

    Pour le totalitarisme au sein des sociétés libérales, il faut bien comprendre que libéral n’est pas vu au sens social mais au sens économique et que la rupture entre le social et l’économique est consommé depuis les Chicago Boys dans les années 1960. Le totalitarisme débute principalement sur une modélisation des esprits pour admettre que la science est notre seule voie de progrès et de survie, alors qu’aujourd’hui c’est elle qui porte les stigmate de notre destruction engagée.

    Quand j’ai étudié l’économie thermodynamique de Georgescu-Roegen pour les besoins d’un article, faisant référence à l’évolution des sciences menant à la thermodynamique des processus irréversibles (Prigogine) et l’évolution de l’économie, il est incontestable que si les sciences ont évoluée de leur côté, l’évolution des sciences n’a pas du tout influencé la théorie économique. Georgescu-Roegen a été vilipendé par ses paires car il ne prônait plus une économie totalement libre .. des marchés.

    Les sciences ne sont pas en elles-mêmes bonnes ou mauvaises, c’est surtout ce que nous en faisons qui pose problème et l’orientation que nous faisons au préalable de s’engager sur une voie ou une autre ... les intérêts économiques n’ayant aucune valeur morale.

    Concernant nos régimes politique, nous sommes sans doute dans le « despotisme démocratique » cher à Tocqueville. Manuel Zafra Victor exprime bien je pense la dérive démocratique que nous avons subi et subissons encore : Le risque et la menace qui pèsent sur les démocraties ne sont pas seulement à identifier dans l’arbitraire ou les abus de pouvoir, mais surtout dans l’émergence d’un pouvoir qui, sans recours à la violence et dans le respect des libertés civiles, privera de liberté des citoyens se focalisant sur leurs intérêts particuliers. Ce despotisme ne saute pas aux yeux, et n’est pas fondé sur la peur comme le décrivait Montesquieu. Au contraire, il exerce sa domination de manière subtile : il ne réprime pas, il corrompt ; il bloque toute impulsion altruiste ou civique pour favoriser l’isolement et l’indifférence entre les individus. Il s’agit d’un pouvoir insaisissable, l’égalité de conditions rend le poids de l’opinion générale immense sur chaque individu, et ce phénomène s’explique plus par la constitution de la société que par les lois politiques. (…) Par conséquent, l’espèce de despotisme que les nations démocratiques ont à craindre se caractérise par une extraordinaire souplesse, surtout à travers l’insignifiance du détenteur formel du pouvoir ou de leur nombre, qu’il s’agisse d’un seul ou d’une assemblée ; l’aspect décisif n’est pas qui domine, mais plutôt le comportement des dominés, l’attention doit se porter sur la structure de l’obéissance plutôt que sur celle de la domination.

    Toute la difficulté de vivre dans un système complexe, qui s’est complexifié à dessein, tend à ne pas laisser à tout un chacun les outils pour s’extraire de cette nasse dans laquelle il est enfermé chaque jour de plus en plus.


    • lephénix lephénix 19 octobre 2022 20:13

      @Christophe
      merci pour votre visite
      tous dans la nasse, certes, alors autant la voir en passoire...
      si la guerre des éléphants dévaste l’herbe tendre, elle repousse entre leurs pattes...
      si certains intérêts « n’ayant aucune valeur morale » ont décidé la fin de notre « civilisation » thermo-industrielle pour d’affligeantes « raisons » (? ??) de rotation sectorielle du « capital », ils n’ont pas le moins du monde renoncé à leur confort assis sur les énergies dites « fossiles » confort qu’ils retirent aux « autres »...
      mais l’hypercomplexification du « système » à dessein finit par son effondrement... il reste à retisser le tissu civilisationnel déchiré avec ses lambeaux et les bonnes volontés de ceux qui ont tenu bon, envers et contre tout...


  • Tzecoatl Tzecoatl 20 octobre 2022 22:09

    Dommage que beaucoup de commentateurs opposent science (physique, biologie) et nature, car il s’agit de la même chose fondamentalement.

    D’une part car la science amène à la métaphysique disait Einstein.

    D’autre part, de ce que j’ai pu observer, c’est en améliorant la recherche que l’on sait être plus habile avec la nature.

    Certes, il y a énormément de fausses bonnes idées dans le progrès, le techno-scientisme, l’industrie déshumanisante, la technocratie, etc.

    En étant particulièrement observateur et sélectif, l’idéal mourant dont Charbonneau se languit peut être mieux pratiqué, en fait.


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