Budget européen : risque supplémentaire pour l’Euro ? Le 13/02/2013
Le budget de l’Union Européenne a été adopté au forceps par ses membres pour la période 2014-2020. Il est en recul, surtout par rapport à la proposition initiale de la commission européenne. Ceci a été beaucoup commenté, mais ce à quoi les journalistes ne se sont pas attachés, c’est au conflit qui de facto a opposé les fourmis et les cigales. Et surtout au fait que ces dernières n’ont pas obtenu gain de cause !
En effet, à titre symbolique le budget sur cette période se montera à 960 Milliards d’Euros d’engagements potentiels et à 908 Milliards de dépenses effectives (la différence entre les deux n’avait jamais été aussi forte). Le budget est donc en baisse de 3 % par rapport à la période précédente. Il est surtout en retrait par rapport aux propositions de la Commission Européenne qui prévoyait initialement des engagements à hauteur de 1025 milliards d’euros sur cette période.
En réalité, le budget européen est un « petit » budget par rapport aux budgets nationaux : il ne représente que 1 % du PIB européen (le budget de l’Etat français représente environ 18 % du PIB de la France). Une fois encore la grenouille n’aura pas réussie à devenir plus grosse que le bœuf !
Les négociations auront vu s’opposer deux camps, d’un côté les pays nordiques faisant front commun avec l’Allemagne et la Grande-Bretagne, de l’autre les pays du sud de l’Europe, alliés aux pays de l’Est. Les premiers ayant des économies moins touchées par la crise et étant contributeurs nets souhaitaient de fortes économies. Les seconds étant fortement touchés par la crise, en particulier le sud de l’Europe, souhaitaient un budget plus dynamique permettant de participer à leur reprise économique. La solution des seconds impliquant une contribution plus forte des premiers, ce n’est pas la voie qui a prévalue.
Car c’est là que l’on touche à la limite de la solidarité européenne. Pour des montants pourtant modestes, les pays en meilleur santé n’ont pas souhaité faire preuve de solidarité. Or, le budget en question est très limité et les contributions demandées l’étaient aussi. Ceci peut avoir de graves répercussions à l’avenir.
En effet, la crise de l’Euro est loin d’être terminée. La croissance ne repart pas sur le continent et les pays du sud qui mènent des politiques restrictives très fortes partent droit vers une récession. La seule vraie solution à terme pour maintenir l’Euro sous la forme d’une monnaie unique est celle des européistes les plus fervents : créer un budget fédéral européen représentant 6 à 8 % des PIB. Ce qui permettrait structurellement de faire basculer des sommes substantielles chaque année du nord vers le sud.
Mais voila, cela risque fort d’être impossible, car ces négociations l’ont prouvé, il ne saurait être question de vrais transferts et de vraie solidarité. Un peu oui, beaucoup non, donc à terme l’Euro risque fort d’être condamné un peu plus. D’autant plus, que les marchés financiers n’ont rien perdu du spectacle et en tireront eux-mêmes les conclusions.
Nous sommes arrivés probablement à une limite du jeu européen, les pays du nord, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont profité du dynamisme des pays du sud acheté à crédit depuis la création de la zone euro. Ces pays du sud ont massivement importés des produits depuis ceux du nord. Mais pour autant cela n’implique pas que les pays exportateurs veuillent soutenir ad vitam aeternam les pays importateurs du sud de l’Europe.
La France pour sa part est assise entre deux chaises, voulant à la fois soutenir ses voisins du sud sans pour autant heurter de front l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Mais nous ne sommes guère en mesure de peser et il à craindre que la pérennité de l’Euro soit à nouveau testée d’ici peu.