mardi 10 mars 2009 - par Mengneau Michel

L’Europe, l’Europe, l’Europe !

L’effervescence électorale se faisant déjà sentir on oublie parfois que l’Europe continue à fonctionner. Ce n’est donc pas le remue ménage qui agite les états-majors politiques qui va mettre un frein aux avancées ultra-libérales de la commission, pour ne citer que cet exemple. D’ailleurs à ce propos, j’ai lu ça et là que le diktat qu’impose souvent la commission au détriment de l’assemblée européenne dégouterait certains de voter sous prétexte que cela est inutile. Certes, il est évident que le parlement européen fait figure de parent pauvre dans l’espace décisionnaire européen, donc cela amoindrit l’intérêt des élections, mais elles présentent cependant un intérêt à ne pas négliger. En effet, comme l’électeur va se sentir libre de son choix qui selon lui ne changera rien au fonctionnement de l’Europe, il va donc voter véritablement en fonction de ses convictions profondes, ce qui permettra de connaître un peu la répartition de la classe politique, mais sans doute aussi les réelles aspirations du peuple. Ne serait-ce que pour cette raison ces élections ne sont pas à négliger. Nous en reparlerons. En attendant, le penchant prononcé vers ultra libéralisme qui anime les dirigeants européens suit son cours et devient un péril de plus en plus accentué pour la sauvegarde du bien-être et de la liberté des classes laborieuses…

 La crise financière étant le grand sujet d’actualité, les deux qui se prennent pour les chefs de l’Europe, l’Allemagne et la France, avaient convoqué tout son petit monde dimanche à Bruxelles pour discuter de la marche à suivre. En aparté, j’ai cité les deux chefs, mais Sarkozy se verrait bien être le seul, néanmoins il n’a pas de pot, Merkel le marque à la culotte pour éviter cette catastrophe. Toutefois les deux grands qui ont tendance à agir unilatéralement ont été surpris de voir que les petits se rebellaient puisque neuf pays de l’est s’étaient réunis le matin même pour faire une sorte de front commun qui dans la réalité a échoué. D’ailleurs, quoi qu’ait voulu nous en faire croire Sarkozy lors des gesticulations de sa présidence, l’Europe n’est absolument pas unie sur la façon de régler la crise, du moins d’en atténuer les effets.

 Si, l’ancien gouverneur de la banque de France, de Larosière, à qui l’on avait demandé d’avancer des idées pour canaliser, voire réguler toute cette pagaille, a préconisé de coller des superviseurs et d’instaurer un conseil européen de risque systémique (ESRC). Après tout pourquoi pas, mais où ça coince c’est que le truc serait dirigé par la sainte famille, à savoir la Banque centrale européenne avec les superviseurs des banques, des assureurs, des valeurs mobilières, donc tous ceux qui ont laissé s’installer le bordel, quand ils n’y ont pas participé activement ! C’est proprement scandaleux, ce qui n’a pas empêché les dirigeants européens de conclure leur réunion sur une note optimiste en affirmant que les économies de nos pays étaient solides et qu’il suffirait de régler au cas par cas les problèmes, dans le genre mauvaise foi on ne fait pas mieux. C’est même pire pour les actifs toxiques car ils ont été jusqu’à trouver une formule qui vaut son pesant de duperie, puisque ceux-ci seront traités de façon coordonnée mais non harmonisée, fallait oser.

 Ce 1er mars était vraiment le jour de l’ignominie, et celui qui détient le pompon en la matière est, qui en douterait encore, Sarkozy. Il faut avouer que là il a fait fort puisqu’il s’est servi du chantage pour imposer ses vues.

 On sait que la mise en place du Traité de Lisbonne le turlupine, n’ayant d’ailleurs pas pendant sa présidence réussi à régler le problème. Déjà en France, c’est après un déni de démocratie directe qu’il a eu l’outrecuidance d’apposer sa signature au bas du Traité, comme il veut à tout prix que ce Traité ultralibéral soit ratifié par tout le monde, lors de la conférence de presse, il a laissé entendre à Barroso qu’il ne lui donnerait pas son appuie à son élection pour un nouveau mandat dans la commission si celui-ci n’arrivait pas à ce que les Irlandais votent oui au second référendum. C’est du dirigisme, de la dictature, la promotion d’une forme d’aliénation de la démocratie dont on peut supposer que les moyens qui seront utilisés pour convaincre les Irlandais seront pour le moins douteux. C’est aussi faire fi de l’autodétermination des peuples, une ingérence inqualifiable qui prouve le peu de respect qu’a cet individu pour la démocratie.

 Il y a aussi autre chose, comme c’est un « pétochard », il pousse Barroso à la roue avant le renouvellement de la commission car il pense qu’il serait bien que celui-ci trouve une astuce juridique pour éviter que la signature du traité soit contestée après les modifications. Sa grande peur c’est qu’il faille signer un second Traité. Donc il utilise tout les moyens pour arriver à ses fins, dénué de scrupules et de moralité il patauge dans sa fange, en espérant que cela finira par couvrir de ridicule l’autocrate qu’il est devenu.


Mais si d’aventure il faut que la France resigne le Traité, ça pourrait être cocasse !

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com



15 réactions


  • Voltaire Voltaire 10 mars 2009 14:27

    Vous faites plusieurs erreurs dans votre analyse.


    - Sur le rôle du parlement européen tout d’abord, par rapport à la Commission. Le PE a vu son rôle fortement renforcé ces dernières années, en ceci qu’il est maintenant codécisionaire des règles européennes. L’absence de majorité absolue au PE rend nécessaire des négociations entre groupes, qui permettent l’élaboration de compromis souvent de qualité (malgré l’absentiéisme et le pauvre travail de la majorité des parlementaires français de l’UMP ou du PS). Ce rôle aurait dû encore être renforcé si le traité européen avait été approuvé


    - En réalité, c’est au niveau de la Commission, normalement à l’initiative des lois européennes, que le problème se pose depuis la nommination de Baroso. Avant lui, le président dela Commission avait d’abord pour rôle de renforcer l’esprit communautaire, vis à vis du nationalisme de chaque gouvernement (intérêt général versus intérets particuliers). Malheureusement, un accord entre PPE (droite) et PSE (gauche modérée) a dénaturé ce rôle : ces deux partis principaux (mais non majoritaires) se sont non seulement partagés l’executif parlementaire, mais ont décidé que le poste de président de la commission serait occupé par un représentant du parti remportant l’élection au PE. Au lieu d’un président au dessus de la mélée, on s’est retrouvé avec un président otage de la majorité (PPE pour cette fois-ci), et donc incapable de contrebalancer le pouvoir du conseil des ministres.


    - Il est inexact de prétendre que les dirigeants européens ont un penchant ultralibéral, seule une petite minorité suit ce crédo. La majorité européenne, de droite ou de gauche, est dominée par une vision classique de l’économie, même si des ultralibéraux sont arrivés plus nombreux venus des pays de l’Est.


    - Votre vision de la BCE est aussi profondément inexacte. La BCE, indépendante malgré les pressions de la France, a pour fonction (dans ses statuts) de maitriser l’inflation et de stabiliser l’euro, ce qu’elle a largement réussit. Elle n’a pas pour mission d’être un outil de relance économique politiquement soumis aux désirs des Etats, et c’est heureux car on imagine les soubressaux de l’économie européenne dans ce cas, suivant les majorités.

    Quant au traité, effectivement, c’est devenu une vaste farce, mais c’est un autre sujet.


    • Mengneau Michel Mengneau Michel 10 mars 2009 14:51

      D’abord il faut être d’une outrecuidance sans borne pour prendre le pseudo de Voltaire. Je pense que cela dénote une forte opinion de soi-même qui ressemble fort à de l’égocentrisme.

      Cela étant dit, vous devez avoir probablement des oeillères pour ne pas vous apercevoir que la grande majorité des députés européens sont des ultra-libéraux, hormi ceux d’extrème gauche. Les socialistes faisant partie des défenseurs de la loi du marché il sont naturellement inclus dans cette catégorie. Bon, je n’éplucherais pas le reste de votre intervention qui est tout à l’avenant.


    • Mengneau Michel Mengneau Michel 10 mars 2009 15:00

      Etant pas le seul à penser cela et pour que les choses soient encore plus claires voilà l’intervention d’ATTAC...

      G20 - rapport Larosière

      par ATTAC

      mercredi 4 mars 2009
      La politique du renard libre dans un poulailler libre : POUR RÉGLER LA CRISE l’Union européenne s’en remet aux banquiers



      - Il pourrait sembler évident que les décideurs européens ne demandent pas aux responsables de la crise actuelle les solutions pour en sortir : c’est pourtant ce qu’il font.

      Un groupe de "sages" a été nommé par la Commission pour lui donner son avis sur les solutions à mettre en oeuvre face à la crise, ce qu’il a fait le 25 février dernier. On trouve dans ce rapport le florilège des mesures néolibérales qui démontrent chaque jour leur incurie. Il s’agit d’une réforme graduelle de la supervision financière au sein de l’Union européenne : entre autres, la mise en place d’un conseil européen du risque systémique dirigé par la Banque centrale européenne (on ne change pas une équipe qui perd), avec la mise en place d’un système "effectif" du risque ; créer un système européen de superviseurs financiers, ainsi que quelques mesures de réformes des institutions. Ces mesures ne sont pas seulement insuffisantes, elles démontrent qu’aucune leçon n’a été tirée par le milieu bancaire de la crise. Comment s’en étonner ?

      Présidé par Jacques de Larosière, ancien gouverneur de la Banque de France et ancien directeur général du Fonds monétaire international, ce comité de "sages" comprend, sur huit membres, quatre qui sont directement impliqués dans la crise financière par leurs fonctions dans les groupes bancaires : Rainer Masera (Lehman Brothers), Otmar Issing (Goldman Sachs), Jacques de Larosière (BNP Paribas) et Onno Ruding (CitiGroup). Le cinquième, Callum McCarthy, a présidé l’Autorité des services financiers britannique, dont le laxisme dans le contrôle des milieux financiers est notoire. Le sixième, Leszek Balcerowicz est surtout connu pour s’opposer à toute régulation.

      Demander leur avis à certains de ceux qui sont responsables de la crise est symptomatique de cette volonté politique de ne pas y porter remède réellement : non seulement, cet épisode montre que l’Union européenne fonctionne d’une manière opaque et antidémocratique, mais encore que le système ne compte pas se réformer seul et ne le fera pas spontanément. À l’heure de l’aggravation constante de la crise, de la succession de "plans de sauvetage" toujours plus colossaux les uns que les autres et visiblement toujours aussi inefficaces, Attac rappelle que la crise que nous traversons est systémique, qu’elle est en même temps sociale, environnementale, alimentaire et pas seulement financière, et que seules des mesures radicales pourront permettre d’en sortir.

      Attac France produira, avant le prochain G20, deux rapports sur les paradis fiscaux et les taxes globales.

      "Mettons la finance et le G20 à leur place !"


    • LE CHAT LE CHAT 10 mars 2009 15:08

      cela prouve que le Modem est aussi un ardent défenseur de l’ultra libéralisme en Europe , Voltaire étant l’une de ses voix avec Taverne et Imhotep sur ce site , et que pour un espoir de changement , il faudra voter LO , NPA ou FN pour exprimer son désacord , les verts étant disqualifiés en ayant mis le pitoyable Bouffon Cohn Bendit européiste en tête de gondole


    • Voltaire Voltaire 10 mars 2009 15:38

      @l’auteur : il est toujours plus facile d’insulter un contributeur que de répondre à ses arguments. Par ce simple fait, vous vous décrédibilisez.

      Votre réponse démontre que vous ne connaissez que très imparfaitement le fonctionnement des institutions européennes. Plutôt que de vous focaliser sur votre carricature ultralibérale, je vous suggère de relire mon commentaire en respirant un bon coup. Il est aussi ridicule de traiter les chrétiens-démocrates ou les sociaux démocrates d’ultra-libéraux qu’il l’était de traiter les socialistes de crypto-communistes totalitaires dans les années 80.

      La position d’ATTAC est la position d’ATTAC ; je constate qu’elle se focalise aussi sur les personnes plutôt que sur le fond. Attendons de voir leur propre contre-proposition, mais ce sujet ne figurat pas dans votre article.

      @le chat : vous nous aviez habitué à mieux. Le chat est-il devenu âne ? Ou suggérez-vous que tous ceux qui ne pensent pas comme vous sont des communicants de partis politiques ?


    • Michael Jordan Manson (MJM) Michael Jordan Manson (MJM) 10 mars 2009 16:53

       "Et rose elle a vécu ce que vivent les roses l’espace d’un matin", c’est de moi.

      Je loque le Locke (je n’ai pas dit "La").

       Allons Voltaire, l’auteur est une femme cela va sans dire. Sur l’Europe, cette chère Europe pleine de guerres et de sang : Plus d’humanisme, toujours plus d’humanisme ou du social. Les gens ne comprennent pas le libéralisme, que son essence n’est pas nécessairement disjointe du social ou l’humanisme. Mais bon le libéralisme c’est votre dada à vous, à vous de vous défendre. Mais gare !

      motards


    • Voltaire Voltaire 10 mars 2009 17:03

      @MJM : après Besancenot, dûr de rappeler que le libéralisme est si étroitement lié aux lumières, et l’idée d’’Europe à Victor Hugo, l’histoire se perd... quant à l’humanisme, si je dis que je vote pour, le chat va encore me taxer d’être un agent à la solde du MoDem... 


    • Matéo34 Matéo34 10 mars 2009 19:09

      @ L’auteur.

      Bonsoir,

      Je trouve votre attaque sur Voltaire et son choix de pseudo nulle ... Il est libre de choisir ses références comme nous tous ici...

      Le plus drôle, c’est que je suis en desaccord avec Voltaire sur le fond et je serais plutôt d’accord avec vous :


      - Le président de la Commission européenne ne représente surement pas l’intérêt général de l’UE, comme tous les autres membres de la commission. Ils sont nommés par les gouvernements après avis du Parlement, ceux qui peuvent y prétendre doivent répondre à certains critères pour être choisis par les autres (et il y en a souvent par gros pays).
      L’intérêt général n’est jamais né d’une personne, il nait d’un débat politique démocratique qui fait resortir les valeurs communes à un groupe de citoyens pour un but totalement différent des intérêts particuliers.


      Que le Président de la Commission européenne soit issu du groupe majoritaire, c’est encore heureux : quelle bizarre démocratie que voilà où un dirigeant serait issu de nulle part, du chapeau de zozo, etc...
      C’est quand mieux quand on souhaite une Europe politique que le résultat des élections politiques déterminent la politique à mener. C’est quand utile pour créer un lien entre citoyen européen.
      Cela aide quand même à voir les diffréences dans les conceptions de l’Europe que l’on peut avoir sur ce que doit être l’Europe.


      Les dirigeants européens sont ultra-libéraux... que le veuille ou pas  : le PPE, les libéraux, et sociaux libéraux, etc sont majoritaire en Europe tant au Parlement que dans les gouvernements. La procédure étant la codécision, il ya bien fallu avoir une majorité des deux côté... Ce que ne serait avoir une minorité de dirigeant !
      Or ce sont bien eux qui ont fait les différentes directives et règlement qui ont conduit à la casse des services publics de la Poste ou autre, qui ont fixé les critères de comptabilité publique que l’on connait en France sous le nom de LOLF, qui ont permis à la CJUE d’interdire aux pays de fixer un salaire minimum à une entreprise européenne prestataire dans un autre pays (arrêts Viking, Rüffert et Vaxholm http://www.francis-wurtz.eu/interventions.htm#220408 )...


      BCE indépendante... Bien oui, comme le défendent tous les théoriciens du néolibéralisme : d’un côté le politique, de l’autre l’économie. Le politique ne doit pas intervenir et favoriser le marché... On voit le résultat !
      Non, la BCE ne doit pas être indépendante, elle doit être au service d’une politique que décide une majorité d’européen lors d’élections démocratiques. A contrarrio, si les européens ne sont pas capable de choisir une politqiue, pourquoi des élections ??? On peut aussi nommer les députés comme on le faisait avant, on ne sera qu’entre personnes qui savent le bien des autres !
      Tant que la BCE sera indépendante, il ne pourra pas avoir d’intérêt général en Europe.

      Bonne continuation.

      Matéo34


    • Voltaire Voltaire 10 mars 2009 16:03

      @le chat : vous me rassurez ! j’avais peur que votre humour vous eût soudain déserté... Plus sérieusement, vous qui suivez régulièrement Agoravox, la lecture de mes commentaires précédents sur la responsabilité des banques dans la crise financière aurait due vous éclairer sur ma vision du sujet...


    • LE CHAT LE CHAT 10 mars 2009 16:18

      @VOLTAIRE

       oui , moi j’ai écrit que Sarah connor aurait du éliminer les banquiers pourris plutôt que les ingénieurs de Skynet ; le Terminator n’est peut être pas celui qu’on croit ! smiley


  • Nathan Nathan 10 mars 2009 15:56

     J’arrive...

    jjr


  • Michael Jordan Manson (MJM) Michael Jordan Manson (MJM) 10 mars 2009 16:06

     Messieurs. Ne m’interrompez-pas !

    Cher ami, cela faisait un bail.


  • faxtronic faxtronic 10 mars 2009 17:26

    A l auteur

    BENET, c est ta profession ou ton village. Non pas que je sois en desaccard profond pour votre article, mais dire que tous les deputes sont ultra-liberaux sauf les extremes-gauches, c est completement debile... surtout que parmi eux, il y a surtout :

    - Des socialistes

    - Des conservateurs

    - Des extremistes

    - Des souvernaistes

    Mais peu de liberaux...


  • Peretz Peretz 10 mars 2009 22:41

    Ce sont les grands groupes, les lobbys, pas seulement les banques et autre financiers qui se sont précipités à vouloir construire un marché, le premier du monde, dont la puissance devait dépasser celle de l’Amérique... L’ultralibéralisme est né de ça : aller trop vite pour gagner des parts de marchés, etc. Il aurait fallu commencer par essayer d’harmoniser les pays sur tous les autres plans. Une europe, politique, technique, fiduciaire , etc. Quant à la BCE, quand j’ai dit non à Maastricht, c’est bien en sachant que l’indépendance d’une banque à ce niveau était une monstruosité. Si en plus elle bat monnaie, (où la contrôle ce qui revient au même) pour éviter l’inflation comme le DM auparavant, dans le but de favoriser la rente, alors, tout s’explique.


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