mercredi 29 novembre 2017 - par
L’UE, c’est l’europe du glyphosate et de Monsanto
Voilà bientôt dix ans que je rapporte le soutien de l’UE aux créations de Monsanto. Voilà pourquoi je ne suis malheureusement pas surpris par la nouvelle autorisation de commercialisation de cinq ans accordée au glyphosate. L’occasion, pour ceux qui en douteraient, de comprendre que l’UE ne sert que les intérêts du monde des affaires, sans le moindre souci de notre santé ou de l’environnement.
Mais pourquoi devrions-nous accepter cela ?
Tout ça pour ça ! La France avait fait savoir dimanche qu’elle voterait contre le prolongement de cinq ans de l’autorisation de commercialisation du glyphosate, préférant une prolongation plus courte, de seulement 3 ou 4 ans. Las, la commission européenne a obtenu sa majorité qualifiée pour un délai de 5 ans, sachant qu’elle aurait pu reprendre la main si jamais aucune majorité n’avait été trouvée lundi. Bien sûr, Macron a annoncé que la France rompera le rang dans 3 ans, mais il le conditionne à la découverte d’alternative et il y a fort à parier que cela ne serait pas possible. Cette UE est idéale pour ces politiciens irresponsables qui peuvent s’opposer à des décisions qu’ils devront pourtant appliquer…
Bien sûr, les partisans du glyphosate souligneront qu’une étude scientifique de grande ampleur affirme que la molécule est inoffensive mais dans notre monde moderne, il est difficile de savoir qui dit vrai tant les publications scientifiques sur le sujet semblent emprises de conflits d’intérêt. C’est ce qu’avaient dénoncé des ONG en mars dernier, soulignant que l’agence européenne qui avait exonéré la molécule de tout danger pour notre santé, manquait d’impartialité et que ces sources n’étaient pas publiques. Depuis, il a aussi été montré que ses rapports comportaient des copier-coller des études fournies par les industriels, comme l’a rappellé une nouvelle fois le Monde dans un papier dimanche.
Pour suivre ces dossiers depuis près de dix ans, je persiste à me méfier fortement des créations de cette industrie pétro-chimique qui a trop démontré dans le passé son manque de considération pour la santé des populations, comme le rapportait récemment le reportage « Tous crétins » d’Arte, au sujet des pertubateurs endocriniens, et plus encore celui consacré au glyphosate avec Marie-Monique Robin. D’ailleurs, comme le rapporte Libération, quelques pays ou états commencent à interdire ou restreindre fortement l’utilisation de cette molécule : la Californie, certaines parties de l’Argentine, le Sri-Lanka ou le Salvador et le débat est vif en Amérique Centrale ou même dans une partie de l’Inde…
Cela nous donne une curieuse image de cette Union Européenne, où la France ne peut pas décider de refuser la commercialisation d’un produit chimique que le Salvador, le Sri-Lanka ou la Californie peuvent, interdire ! Comment justifier que les pays européens ne puissent pas décider eux-même de l’autorisation de tels produits ? Seuls les ayatollahs des intérêts marchands, pour lesquels la santé, l’environnement ou même la démocratie sont secondaires, peuvent justifier un tel mode de fonctionnement. Pourquoi donc chaque pays européen ne pourrait-il pas choisir s’il souhaite utiliser le glyphosate ou non, tout en ayant la possibilité de se protéger de ceux qui décident de l’utiliser.
Car ceux qui pointent le soutien de certains agriculteurs à cette molécule, outre le fait de ne pas s’attarder sur le caractère significatif ou pas de ce soutien, oublient de rappeler que dans un marché totalement ouvert, il est évident que nous poussons les agriculteurs aux choix les moins chers pour affronter la concurrence de pays qui ont souvent moins de règles que nous. Il ne faut pas seulement interdire le glyphosate de nos champs, mais aussi de nos assiettes et se protéger globalement. Car l’interdiction de cette molécule pour nos agriculteurs tout en laissant entrer les produits agricoles de nos voisins, produits avec du glyphosate, n’aurait pas de sens et affaiblirait plus encore notre agriculture.
Mais voilà, dans l’UE, la taille unique ne sert que les intérêts marchands et financiers des multinationales, qui doivent pouvoir vendre partout leurs produits, y compris dans les pays qui ne le souhaitent pas, même quand l’OMS et des scientifiques nous alertent sur leurs dangers. Mais dans l’UE, le seul intérêt qui compte, c’est celui du monde des affaires.