La fin du rêve Européen
On rêvait de construire les Etats-Unis d’Europe, et on se retrouve avec une nouvelle Union Soviétique.
L’URSS, c’était un assemblage d’états hétérogènes partageant une monnaie commune (le Rouble), dont la souveraineté était limitée, piloté par une bureaucratie opaque guidée par une idéologie dogmatique devenue une quasi-religion : le communisme.
L’UE, c’est un assemblage d’états hétérogènes partageant une monnaie commune (l’Euro), dont la souveraineté est limitée, piloté par une bureaucratie opaque guidée par une idéologie dogmatique devenue une quasi-religion : le néo-libéralisme.
Ce qui s’est passé avec la Grèce aura peut-être servi au moins à faire prendre conscience aux peuples européens du vrai visage de cette prétendue union. Et surtout de réaliser qu’elle interdit à ses membres toute autre politique que celle décidée par ses institutions.
Dans ces conditions, à quoi bon maintenir des élections nationales puisqu’elles deviennent de fait inutiles ? Vous pouvez élire qui vous voudrez, la politique qui sera menée sera la même. Mélenchon ou Le Pen feront comme Sarkozy ou Hollande car ils n’auront pas le choix, pas plus que Tsipras ne l’a eu.
Qui que vous élisiez, il fera du Macron car c’est l’UE qui l’a imposé. Vous verrez votre retraite repoussée aux calendes grecques, les impôts augmenter, le patrimoine vendu, les libertés individuelles fondre, le droit du travail disparaître, le chômage augmenter et l’insécurité avec car cela sert nos grands argentiers : on est beaucoup plus docile avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Et en plus on vous dira que c’est pour votre bien. Et la plupart d’entre nous le croiront, puisqu’on le dit dans tous les journaux.
Et si vous résistez, il suffit à la BCE de couper l’accès du pays récalcitrant au réseau Target pour paralyser son économie. Car l’Euro n’est pas vraiment une monnaie unique comme l’était le Rouble soviétique ou comme l’est le Dollar des USA : chaque pays de la zone a son Euro propre et il faut donc des échanges entre ces monnaies pour que l’économie fonctionne, c’est à cela que sert Target. Bloquez ces échanges et vous bloquez l’économie du pays.
Et bien entendu pendant ce temps là on vous déversera à longueur de journée des « analyses » qui démontreront l’incompétence du gouvernement frondeur : en Grèce, plus de 80% du temps de parole dans les médias avant le référendum était consacré au « oui ».
Certains hommes politiques proposent de sortir de l’UE ? Ils minimisent grandement la difficulté. Il faudrait tout d’abord réviser le titre XV de la constitution, ce qui nécessite une majorité large au Congrès (Parlement et Sénat) ou dans la population si on choisit la voie référendaire. Une demande de sortie de l’union sans révision constitutionnelle serait invalide. Une fois cette révision obtenue, ce qui paraît de l’ordre du fantasme, il est possible d’utiliser la clause de sortie prévue par les traités européens. Mais cela ne se passera pas sans souffrance.
Tout d’abord il y aura la réaction de la BCE qui débranchera probablement Target – ce qui ne se fera pas sans problème, la Banque de France participant à son fonctionnement. Il faudra réinventer une nouvelle monnaie, ce qui prend du temps et coûte cher. Et ensuite il y aura les représailles des autres pays : sanctions, mise à l’index et j’en passe. Et la facture risque d’être salée…
Mais il reste un espoir amer. L’URSS s’est effondrée d’elle-même après 70 ans. Espérons que nous n’auront pas à attendre aussi longtemps.