mardi 21 août 2012 - par TDK1

La Grèce s’enfonce dans la récession

Comme un pilote de montgolfière qui se contenterait de larguer du lest sans relancer le brûleur, le ministre de l'économie grec largue, largue sans arrêter ni même freiner la perte d'altitude. Le sol se rapproche, "jusque là tout va bien"...

En Grèce, les mauvaises nouvelles se succèdent tellement qu'on en arrive à ne même plus y prêter attention.et se ressemblent. Nous apprenions hier, 13 Août 2012, de l’Autorité des statistiques grecques que le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 6,2% au deuxième trimestre 2012 en rythme annuel. Tout à fait dans le rythme du premier trimestre (6,5%). Pourtant, cette information tombe assez mal, Athènes devant se refinancer, aujourd'hui 14 Août, à hauteur de 3,13 milliards d’euros afin de pouvoir..... rembourser deux emprunts qui arrivent à échéance le 20 août.

C'est là que nous sommes obligés de nous demander si les dirigeants grecs et leurs mentors de la "troïka" ne sont pas tombés sur la tête. Le pays traverse sa cinquième année de récession. L’économie s’est contractée de 17,5% depuis le deuxième trimestre 2008. Le chômage a atteint un taux de 23% en mai dernier et, pour les jeunes de 15 à 24 ans, de 54,9%, soit le niveau le plus élevé au sein de l’Union européenne. Que fait le gouvernement ? Il s’est engagé à réduire le déficit budgétaire à 7,3% du PIB en 2012, contre 9,1% l’an dernier. Bien sûr qu'il faut les réduire les déficits. Bien sûr que la politique mise en place par le nouveau ministre des Finances, Yannis Stournaras, qui s’est lancé dans une guerre ouverte contre les dépenses de l’Etat doit être menée car sinon la situation grecque deviendra endémique. Mais s'aligner sans modération sur les conditions exigées par la "Troïka" et mettre en place un nouveau plan d’économies de 11,5 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014, dans l'espoir du déblocage d’une prochaine tranche de crédit de 31,5 milliards d’euros dans le cadre du deuxième plan d’aide de 140 milliards d’euros adopté en février, n'est ce pas simplement "perpétuer le système" en affaiblissant le pays ? Il y a chez ce ministre des accents que l'on retrouve chez certains experts comptables ou certains médecins qui, comme lui, prescrivent des remèdes dont la seule finalité que l'on perçoit est de mourir en bonne santé.

Si Yannis Stournaras analyse assez justement les dysfonctionnements de l'économie grecque, « Les salaires des fonctionnaires sont le double que dans le secteur privé, ironise-t-il. Nous avons 100% de plus de fonctionnaires qu’en 1980. », il manque visiblement de sens politique. Vouloir privatiser la quasi totalité des services publics en pleine récession économique, sans nulle part, jamais, mettre en place le contexte qui pourrait permettre une relance de l'activité, vouloir avant tout rembourser prioritairement les créanciers étrangers au détriment du soutien d'investissements productifs dans le pays, c'est beau sur le papier, c'est grandiose dans les réunions feutrées d'un "think tank" mondain comme la "Fondation pour la recherche économique et industrielle" que Yannis Stournaras dirigeait précédemment, mais cela ne fait pas une politique. Le principe même de la politique, c'est de savoir composer, trancher faire les concessions nécessaires afin de toujours maintenir le cap vers l'objectif fixé et l'impérieuse nécessité de "soulager les souffrances du peuple". La politique actuelle du gouvernement grec ne tient pas compte des souffrances du peuple et n'analyse que partiellement l'objectif à atteindre. L'équilibre budgétaire ne peut être le seul objectif. L'équilibre budgétaire n'a d'intérêt que dans la mesure où il s'obtient à un niveau de richesse suffisant à l'échelle du pays. Nous sommes donc en face d'un double objectif. Qu'importe de guérir si c'est pour mourir ? Maintenir le corps en vie en faisant en sorte que sa situation s'améliore, quitte à ce que la maladie soit encore présente jusqu'à ce que ce corps, revigoré puisse accepter le traitement sans risque vital. C'est toute la différence entre un idéologue et un pragmatique. Mais voilà, les idéologues donnent toujours l'impression que leur panacée peut tout et comme les peuples sont en demande et ont envie de croire, ils leur font confiance.

C'est le cas de la Grèce, c'est aussi, dans un autre genre, le cas de la France.

Un article paru sur MaVieMonArgent



5 réactions


    • TDK1 TDK1 21 août 2012 11:35

      Bonjour,


      J’aime votre raccourci qui nous conduit du « on ne fait pas » au « si c’était facile »... Diriger un pays ce n’est pas ça n’a jamais été de se contenter du « facile ». Le « facile » conduit à la situation actuelle. j’ emprunte sur des durées qui dépassent mon mandat, je distribue la manne et après moi le déluge... Donc, je n’ai jamais écrit ou dit que c’était facile. 
      Ce point étant précisé, à votre question je réponds que oui, il y a bien des secteurs de l’économie dans lesquels la Grèce eut pu (et peut encore à condition d’y investir ce qu’il faut au lieu de dépenser tout ce dont elle dispose à rembourser des intérêts de dettes et à emprunter derrière pour finir l’année). Comment se fait il que la Grèce n’est pas profité, à l’instar de la Roumanie ou de la Turquie ou de la Slovénie, de la délocalisation de l’industrie automobile ? Comment se fait il que l’industrie agro alimentaire soit indigente ? Comment se fait il que l’industrie touristique en soit encore à l’âge de pierre avec des infrastructures vieillottes et dépassées ? Comment se fait il que le marché de l’émigration des retraités européens profite à la Tunisie, au Maroc, à l’Espagne et pas à la Grèce ? Mieux, ce marché, en plein développement, a connu un ralentissement sur la Tunisie, du aux effets de « l’hiver » arabe... La Grèce en a-t-elle profité pour se positionner ? Bon, je ne vais pas faire ici un article sur les pistes de développement économique de la Grèce, mais voici quelques exemples...
      Concernant votre dernier point. Oui, c’est beaucoup plus facile, pour le coup, de relancer des pays comme l’Italie du Nord (d’ailleurs vous allez le voir dans quelques temps, j’ai une grande confiance en l’Italie pour avoir déjà connu chez eux les années 70. Les années 70 en Italie, ce n’est pas uniquement le terrorisme des brigades rouges, c’est aussi une crise économique sans précédent qui faisait écrire aux « spécialistes » que l’économie italienne n’existait plus. 10 ans après, ils surgissaient à la 7ième place mondiale. Avec des méthodes d’assouplissement pas toujours orthodoxes, mais qui ont fonctionné...) ou la France. Il ne s’agit que de volonté politique. Lorsque l’on a une infrastructure comme la notre (autoroutes, ports, aéroports, réseaux frais, réseaux d’information, réseau ferré) un niveau de formation comme le personnel français, une stabilité étatique, judiciaire et policière comme les notres, il suffit de pas grand chose pour relancer l’activité. Juste un petit peu de bon sens, de volonté et de courage politique. Qu’est ce qui cloche chez nous ?
       Le coût de la maind’oeuvre. Point N°1. Facile, transfert intégral du cout de la protection sociale de la production à la consommation. 
      Le poids la fiscalité. Point N°2. Facile, suppression de tous les corps « parasites » (c’est à dire des administrations qui coûtent aux budgets sans apporter de plus value ou des parts d’administrations qui...), rééchelonnement de la dette avec menace de défaut et rachat de la dette à des opérateurs étrangers qui accepteraient de la céder à un niveau convenu. Ceci, accompagné de quelques mesures sociales (suppression de toutes les allocations et création du revenu universel par exemple..) 
      La préparation de l’avenir et le positionnement sur les secteurs en gestation et endiguer la fuite des cerveaux. Point N°3. Faire sauter le cloisonnement de la recherche française, la réorganiser autour de l’Université en créant des pôles recherche/application autour des incubateurs dont le rôle serait revu. Réorganisation du CNRS, du CERN, de l’INSERM etc autour des pôles universitaires
      Le rôle de l’Etat n’est pas de créer des emplois, mais de créer un contexte propice à... C’est une question de volonté politique et, pour terminer sur votre dernière phrase, si on ne s’y ait pas encore mis, c’est que l’idéologie et la démagogie ont prévalu ces dernières années et que ces deux démons ne font pas bon ménage avec la saine politique...
      Cordialement

    • Mycroft 21 août 2012 17:42

      Commentaire plus cliché qu’autre chose :

      Point n°1 : Faire passer la taxation sociale de la production à la consommation : mais comment vont faire la moitié des français pour simplement vivre décemment, eux qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois ? Bien sur, aucune proposition visant à faire payer ceux qui doivent payer parce qu’ils en ont les moyen, quitte à se salir les mains au passage (oui, je sais, pour vous, ces gens doivent pouvoir voter avec leur pied, mais voyez vous, moi, je sais que quelqu’un qui vote avec ses pied est un traitre et que la place d’un traitre, c’est le peloton).

      Point n°2 : pouvez vous identifier ces sois disant « corps parasites » ? Ils sont dans toutes les bouches, mais rarement dans les rapports concrets. Peut être parce qu’ils sont plus dans les fantasmes que dans les faits. Il y a effectivement un parasitisme dans notre société, mais il n’est pas étatique. Il est composé de deux choses : les vieux d’abord, auquel on ne s’est pas préparé et surtout, les technocrate et autre pseudo-spécialiste en économie (alors que justement, l’économie n’est pas une science, qu’il n’y a nulle raison dans ce domaine, seulement des opinions, et que payer des fortunes des spécialistes, c’est se tirer nue balle dans le pied). Virer les grands comité de management de nos entreprises, les 4 ou 5 plus haut échelons hiérarchiques, et laisser le reste se débrouiller (on se débrouillera très bien sans ces incapables et leur pseudo « visions » qui nous plombent...) et virer au passage nos actionnaires (tout en gardant leur argent qu’ils n’ont jamais mérité) voilà qui permettrait de dégager quelques marge pour investir dans l’avenir, ce que nos entreprise n’ont jamais eu le courage de faire correctement, ce qui fait que les domaines pour lesquels nous sommes en pointe sont des domaines fortement publiques, comme le nucléaires.

      Point n°3 : en quoi est ce que subordonner nos chercheur à des directeur d’université qui ne sont pas eux même des scientifiques de pointe ou qui, dans le meilleurs des cas, ne le sont plus, alors qu’on sait tous que les domaines scientifiques sont très pointus, et que seules une personne particulièrement compétente dans le domaine peut juger de la validité des travaux permettrait d’améliorer la situation ?

      La fuite des cerveau n’est liée qu’à une chose : nos étudiants qui sortent de thèse ne trouvent pas de poste, parce que les emplois sont gelés dans le publique et parce que la culture des recruteurs du privé est lamentable, au point de les pousser à croire que des gens sortant d’école de commerce sont capable de réfléchir, et au point de ne pas comprendre qu’un docteur en science, c’est un membre de l’élite véritable. Apparemment, nos voisins sont moins bêtes que nous sur ce point, en Allemagne notamment, un docteur en science français est facilement recruté et respecté. Le soucis n’est cependant pas lié à un choix politique, mais à une médiocrité au niveau des système de recrutement. Preuve qu’il y a bien un certains ménage à faire en France, mais pas dans l’état, mais bien plus au niveau de la propriété privé, trop concentrée dans des mains incompétente, ce qui nous mène à la ruine.

      La seule solution pour nous, c’est d’exproprier nos incapables de possédants, par la destruction s’il le faut. Et non vos propositions qui ne règlent rien mais ne font que faire subir à des faibles et des innocents l’incompétence des vrais parasites.


    • JP94 21 août 2012 15:33

      Exactement comme vous le dites : les Grecs ( enfin la plupart) ont bien compris que les mécanismes libéraux génèrent les crises et les soi-disant solutions qui consistent en une super-austérité qui semble par contre très profitable aux banques allemandes notamment .

      On leur avait promis monts-et-merveilles avec l’UE en appliquant les mêmes dogmes .

      Les Grecs ont compris parce que le processus libéral est allé au bout de sa logique , très vite , en Grèce et qu’ils en paient le prix fort .

      Mais certains ici et ailleurs en Europe ont encore des oeillères , à écouter les prescriptions de ces bons docteurs libéraux qui nous gouvernent .

      Alors évidemment ici on nous assène que ces Grecs n’ont rien compris ... c’est vrai que depuis l’Antiquité le peuple Grec est réputé pour ne rien produire ni ne rien comprendre ni même savoir résister aux occupations de toutes sortes ... ils devraient avoir honte et imiter leurs voisins désintéressés .

      Cela étant dit , les Hollandais ,semble-t-il , font confiance au peuple grec ... en tout cas le PS hollandais ( justement très éloigné du PS français - le PS hollandais étant un Front de Gauche ) , aux élections législatives du 12 septembre prochain , est annoncé gagnant ! ( 39 sièges sur 150 ) Le Syriza hollandais émerge aussi ...

      Les peuples européens peuvent donc comprendre ... en dépit de tous les freins , tous les chantages ( Islande , TCE , Grèce , TSCG ) exercés du reste par ces banques privées que nous avions renflouées à coups de 1000 miliards d’euros à un taux défiant toute concurrence ..privée .


  • reveil reveil 21 août 2012 13:44

    Quelle récession ? La Grêce est candidate pour organiser un grand prix de formule 1 dès l’an prochain, l’organisation d’une telle manifestation coûte dans les 7 milliards d’€, parait il que celà ne couterait pas un centime aux Grecs, ben voyons !


  • TSS 21 août 2012 15:36

    la Grèce occupée de 1941 à 1943 par l’Allemagne .A l’epoque 7 millions d’habitants

     + de 500000 morts entre 41&43, 350000maisons detruites les mains basses sur

     tout l’or et l’argent sans compter les divers minerais !
     
    en 1946 la conférence interalliée decide qu’à titre de dommages l’Allemagne doit

    7 milliards de dollars de l’époque à la Grèce ce qui fait en 2010 106 milliards de dollars

     (85 milliards d’€) dont l’Allemagne à l’heure actuelle n’a payé que 1,7 milliard soit 1/50ème !

     Qui est redevable à l’autre ?


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