La Suisse s’en prend aux patrons dorés
Ce dimanche, c’est à 67,9% que les suisses se sont prononcés pour l’interdiction des parachutes dorés, des bonus lors des rachats d’entreprises et d’autres rémunérations extravagantes.
C’est Thomas Minder, un sénateur de l’Union démocratique du centre (centre droit), qui est à l’origine de ce texte.
La Confédération va devoir très vite adapter sa Constitution, dans un sens beaucoup moins favorable aux grands patrons.
Ces derniers mois, les intentions de vote en faveur de l’Abzocker initiative (initiative contre les magouilleurs), soutenue par la gauche et les écologistes, n’avaient cessé d’enfler au fil des scandales. À la fin février, le patron de Novartis (pharmacie) a dû renoncer à une prime de départ à la retraite de 60 millions d’euros.
Le gouvernement en place qui avait appelé au « non », a joué la petite musique bien connue des délocalisations . Quant à Économie suisse, le Medef local, il a dépensé en vain plus de 6,5 millions d’euros pour appeler au rejet du texte.
Désormais, le conseil d’administration des entreprises cotées en bourse verra son mandat limité à un an et ce sont les actionnaires qui décideront chaque année par un vote de la rémunération des dirigeants. Quent aux petits malins qui voudraient s’arranger avec la loi, ils risqueront une amende allant jusqu’à six années de salaires et trois ans de prison.
Imaginons que ce soit en France que l’on est décidé d’appliquer cette loi en premier !
Quel serait le ton des éditorialistes libéraux depuis ce matin !
« Ce pays de jaloux, ou l’on n’aime pas l’argent, ou l’on n’aime pas les gens qui réussissent .
Ou encore « C’est de la faute de tous ces gauchistes qui n’y connaissent rien au monde de l’entreprise. »
Et la cerise sur le gâteau, le truc que l’on entend partout depuis quelques mois , « le racisme anti-riches ! »
Mais là point de tout ça, car la claque vient d’un pays ou la finance est reine.
Alors, on peut juste souhaiter que de nombreux pays vont suivre cette voie car il est temps de retrouver un minimum de décence, de comprendre que l’hyper-concentration des richesses nous empêche de sortir de la crise, et qu’une plus juste répartition ne pourrait que donner un peu de souffle à une économie asphyxiée.