samedi 7 avril 2018 - par Laurent Herblay

Le Brexit, 21 mois après, partie 3 : que dire en France ?

Après avoir étudié l’avancement du Brexit, aux conséquences pour l’instant d’autant plus limitées que la sortie est lente et progressive, puis être revenu sur la nécessité, ou non, de recourir à l’article 50 pour sortir de l’Union Européenne, il convient de se poser pleinement la question du discours qu’il convient de tenir pour convaincre les Français et du scénario qu’il faudrait suivre pour y parvenir.

 

Du besoin d’une véritable rupture européenne
 
 
 
Malgré tout, arguant de l’hostilité de l’opinion publique pour la sortie de l’UE et de l’euro, certains pensent qu’il ne faudrait pas avancer cartes sur table, faisant parfois un parallèle avec la question algérienne et le Général de Gaulle. Je pense que c’est une erreur. D’abord, le champ des possibles était beaucoup plus large en 1958, et il n’y avait pas besoin d’une rupture franche et rapide avec le passé pour dessiner un nouvel avenir. Le cas de l’UE et l’euro est différent. Pour le coup, si nous ne tranchons pas vite, il n’y aura aucun véritable changement : c’est le problème posé par l’article 50, qui, pleinement respecté, nous imposerait une forte continuité politique pour deux longues années.
 
L’option d’avancer masqué, sans appeler clairement à la sortie de l’UE et de l’euro, me semble doublement inenvisageable. D’abord, elle me semble profondément malhonnête sur un sujet aussi fondamental. Pour qui pense que rien ne pourra être fait de satisfaisant dans ce cadre, ce qui est mon cas, je crois qu’il faut être clair avec les Français. Car sans avoir annoncé une rupture forte et rapide pendant la campagne, elle ne serait pas légitime, ce qui conduirait à une longue période de transition, où peu pourrait changer pendant au moins deux ans. Et toute tentative de rupture immédiate peu après l’élection, parce qu’elle n’aurait pas été expliquée et justifiée en amont, serait très incertaine et délicate.
 
Le cas de la Grande-Bretagne montre au contraire qu’un peuple peut parfaitement être convaincu par un discours clair et cohérent. Beaucoup sous-estiment la capacité du peuple Français à soutenir l’idée d’une rupture franche et immédiate avec l’UE et l’euro. Maintenant que Marine Le Pen y a renoncé, cette rupture mal défendue sera moins polluée par cette avocate incompétente. Car sur le fond, pour une grande majorité, il n’y a plus qu’une forme de résignation vis-à-vis de cette organisation européenne, vu comme néfaste, mais dont beaucoup pensent qu’elle pourrait être la moins mauvaise des solutions dans le monde actuel. Bref, il n’y a pas de soutien fort et la situation n’est pas irréversible.
 


7 réactions


  • Fergus Fergus 7 avril 2018 11:51

    Bonjour, Laurent

    « L’option d’avancer masqué, sans appeler clairement à la sortie de l’UE »

    Je crains pour vous que vous ne soyez sur une ligne très isolée : Le FN a d’autant plus reculé sur son idéologie de sortie de l’UE qu’il a constaté qu’aucun des grands partis nationalistes européens, ne défend plus l’idée d’une sortie de l’Union, pas même le Fidesz de Viktor Orban ! Et même sur la zone Euro, il n’y a guère de frémissements en faveur de la sortie, c’est le moins que l’on puisse dire.


  • Tom France Tom France 7 avril 2018 13:19

    Les guignols du fn n’ont jamais parlé de sortir de l’ue, et c’est à peine si ils ont abordés le sujet de l’euro, encore moins l’otan sans oublier schengen ! De toute façon le seul à porter ce sujet comme il faut, c’est bien Asselineau mais c’est vrai que beaucoup trop de gueux s’intoxiquent encore avec les médias aux mains des 8 milliardaires cosmopolites, donc l’UPR ne risque pas de faire un bon score, tant pis, je me suis déjà résigné à penser que tout ce réglera par des moyens violents !


    • doctorix, complotiste doctorix 7 avril 2018 16:45

      @Tom France
      Macron, chaque jour qui passe, apprend aux Français ce que c’est que l’UE.

      Ils vont mettre encore un peu de temps, mais ils vont finir par comprendre.
      Ce jour-là, ils vont se souvenir qu’Asselineau, lui aussi, leur disait ce que c’était que cette UE.
      Et qu’il était le seul à vouloir en finir.
      Les français ne veulent plus de guerres (macron vient d’envoyer officiellement 100 soldats français en Syrie, après en avoir envoyé des centaines en catimini et financé les terroristes), ils veulent la levée des sanctions contre la Russie et une réconciliation, ils veulent la suppression de l’obligation vaccinale, ils veulent le maintien ou le retour des acquis sociaux si durement obtenus, ils veulent l’arrêt des nationalisations de tout ce qu’ils on payé pendant des années, ils veulent l’arrêt des délocalisations et donc le contrôle des mouvements des capitaux, ils veulent des media indépendants de la finance, ils veulent que le travail prévale sur la rente et la spéculation, ils veulent que les plus riches cessent d’échapper à l’impôt...
      Bref, ils veulent tout ce que macron ne veut pas, et macron leur impose tout ce dont ils ne veulent pas. 
      Asselineau sera donc leur recours naturel, d’autant que les scandales s’accumulent autour de tous les partis, et que la servilité du macronnat envers les anglo-saxons devient chaque jour plus insupportable.
      Qui d’autre ?



    • Fergus Fergus 7 avril 2018 20:20

      Bonsoir, doctorix

      Asselineau « était le seul à vouloir en finir »

      Il reste le seul, fort heureusement !

      « Les français ne veulent plus de guerres »

      Précisément, si des troupes sont engagées sur des théâtres d’opération lointains, les Français se rendent compte - et c’est cela qui importe à leurs yeux - qu’il n’y a plus eu le moindre conflit entre des nations membres de l’UE depuis qu’elle existe alors que les siècles passés ont été marqués par de nombreuses guerres entre pays voisins, désormais solidaires dans la même Union !

      Pour ce qui est de la Russie, faites un sondage rapide autour de vous, et vous constaterez que les Français dans leur grande majorité se contrefichent des tensions actuelles.


    • Durand Durand 7 avril 2018 21:09

      @Fergus


       Nous faisons tous partie d’un même Empire et c’est uniquement pour ça qu’il n’y a plus de guerrres en Europe. Et notre soumission à l’OTAN nous implique directement dans toutes les guerres décidées à Washington. 

      Vous votez à Washington, vous ?


  • Jason Jason 7 avril 2018 18:55

    L’Europe, après tout, Monsieur, ce n’est qu’une hypohèse.


    Ce qu’on appelle Europe, ce n’est qu’une collection de lambeaux d’états accrochés à leur folklore, leurs traditions désuètes, et à leurs intérêts économiques.

    Le tout habilement piloté par les 20000 lobbyistes de Bruxelles et vermoulu par des technocrates irresponsables (sauf pour leur chèque en fin de mois).

    Réformer ça ? Revenez dans 200 ans, on en reparlera.

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