mardi 14 décembre 2010 - par L’enfoiré

Pour quelques milliards de plus

Après les États-Unis, l’Europe. L’idée européenne de rassembler les connaissances, les moyens pour se sentir plus fort vis-à-vis de la concurrence est-elle périmée ?


1.jpg« Il était, une fois, une belle idée européenne où tout allait être possible avec l'euro pour huiler les relations entre tous ces citoyens ».

"Imagine", c'était pour le souvenir et la légende. La réalité est différente.

Ce rêve a presque le même âge que John Lennon, dont on vient de fêter le trentième anniversaire de sa mort. 1.jpg

Au départ, l'Europe c'était une volonté d'éviter une nouvelle guerre et pas d'organiser une vie ensemble qui tiennent la route dans la longueur. Premier lapsus.

Aujourd'hui, ceux qui font partie de l'Europe, pensent en sortir et ceux qui n'y sont pas, rêvent d'y entrer dans un véritable paradigme d'incompréhensions. Harmoniser les marchés, ajuster les moyens à sa politique, il en resterait bien plus que des rêves. Pendant un temps, il y a eu des ambitions pour montrer que l'Europe avait un poids en elle-même. 

La journaliste  de la RTBF, Anne Blanpain sortait quelques éditos qui remettait les pieds sur Terre avec un certain humour ironique.

Le premier, celui des projets européens disait : "Les Américains doivent bien s'amuser en ce moment, ils doivent juste regretter d'avoir perdu du temps et de l'énergie à faire pression sur les Européens pour qu'ils abandonnent l'idée d'un système européen de navigation par satellite concurrent du GPS.... l'Union risque peut être de ne pas en profiter malgré tout l'argent déjà dépensé.".

Dans un billet de fin 2005 "Vive Galilei et Galileo", j'exprimais déjà un certain enthousiasme pour le projet : "En 2010, l'exploitation commerciale pourra commencer et le grand public pourra jouir d'un service hautement précis pour se localiser. Deux milliards de clients et plus de 4 fois la mise sont au bout de ce tunnel du succès annoncé. Ce sera un 5ème service après l'eau, le gaz, l'électricité et le téléphone portable.".

Aujourd'hui, c'est plutôt râpé, non ? Sous-marin coulé, au combat naval. Satellite au plancher et bulle utopique crevée, dans un ciel plus étoilé...1.jpg

Quant au programme prestigieux de ITER, il laissera comme une brique dans le ventre avec un goût de crise fusionnelle qui n'aurait que peu à voir avec la fusion nucléaire. Mais, le décideur en connait-il, suffisament, l'intérêt et les risques ?

C'est vrai, il y a le projet Myrrha à Mol. Mais, ce sont les Chinois et les Sud-Coréens qui, intéressés, se sont présentés comme candidats à l'investissement.

Alors, stop ou encore ?

"L'Europe coince sur son budget 2011". "Le budget européen prend l'eau de toutes parts", lit-on. Le blocage du budget est consommé. Des slogans qui ne prettent vraiment plus à l'enthousiasme.

1.jpgAlain Lamassoure criait aux loups face à cette situation. Il est vrai que 80% des recettes sont constituées de contributions nationales avec des perspectives financières pluriannuelles. En période de crises, certains pays sont dans l'impossibilité de payer davantage et aimeraient voir leurs contributions diminuer. Un régime minceur mal venu face aux problèmes du réchauffement climatique, de la R&D, de la compétitivité nécessaire pour contrer toutes invasions à des prix hors concurrences loyales.

L'Europe est dans une gouvernance en affaires courantes, réactive aux événements. Ça marche, comme en Belgique, actuellement, mais à petite vitesse. L'Europe voudrait, tout au contraire, mettre sur pied un service européen d'actions extérieures pour évoluer vers une politique étrangère commune et ambitieuse.

Le problème : pas d'États-Unis d'Europe. La souveraineté, les pays attrapent des boutons dès qu'on y touche. On veut garder une vision très personnelle de notre avenir. Point. Trop de vitesses à bord de la "bagnole Europe", donc. La monnaie unique est le jouet préféré. Un outil réussi, cet euro, mais sans idéologie politique commune même avec un pacte de stabilité intégré. 1.jpg

Le Livre Blanc de Jacques Delors est devenu d'un gris qui ferait pleurer à sa lecture, la liseuse la plus enthousiaste. La construction de la CE, une Tour de Babel inachevée qui ferait penser à Pénélope qui la nuit défait ce qu'elle a construit pendant la journée. D'ailleurs, la construction de ses "grandeurs" ne se limitent plus aux pays. C'est au niveau inférieur de la "région" et plus tard , qui sait celui de la ville, que veulent s'inscrire les citoyens européens dans le concert des nations pour jouer des coudes.

Tout tourne autour du nerf de la guerre, l'argent et quand il fait défaut, c'est le crédit qui vient à la rescousse.

Jacques Généreux écrivait, avec justesse, "La Grande régression" de l'Occident.

Pour la Communauté européenne, les crédits de paiement se partagent dans une répartition de 130 milliards d'euros pour la Commission, de 126,5 milliards pour le Conseil et de 130 milliards pour le Parlement.

Les frais de fonctionnement de la Commission Européenne, trop élevés ? Pas de dépassement de 10%, est-il dit. Oui, mais trois gouvernements avec chacun sa propre organisation, son propre budget, n'est-ce pas un peu trop pour gérer l'Europe ?

 Pour justifier, la complexité des processus. En cherchant un peu, l'oppacité fait aussi partie de cette complexité. Mais, heureusement, il y a les experts, les lobbies qui sont enclins à entrer de bonne grâce dans le processus de décisions moyennant une petite participations dans les frais. 

1.jpgLes Chinois se chargent de donner la leçon à l'Europe.

Gonflés les mecs !

Quand on se paye, en Europe, la démocratie et la diplomatie dans la "paix des braves", faut chercher à garder l'église au milieu du village. La longue histoire européenne doit assumer les avantages du pluralisme d'idées et les boulets qu'elles impliquent. Il y a quelques contingences à observer dans cette "vieille Europe" même sans visas de complaisance.

Le premier empereur chinois Qin Shi Huang avait fusioné le territoire chinois dans sa version actuelle. Pour ce faire, il standardisa l'écriture, la langue, la monnaie, les poids et les mesures ... magnifique, c'est ce qu'il fallait faire. Mais, c'était par la force et la guerre mené par la paranoïa de son initiateur, il faut bien le dire. La guerre, c'est exactement ce que l'Europe voulait éviter à sa création. Si la Chine a pu émerger, depuis un quart de siècle, ce fut surtout la force qui a mené la barque. On n'aime pas trop la controverse.

Un pays émergent n'a pas les mêmes obligations. Il peut aller plus vite sans grande résistance puisque, pour le citoyen, demain sera toujours meilleur que la veille. L'Europe n'a pas ou plus, cette "opportunité" en temps de paix. Il faut "choser". Les citoyens sont maîtres d'eux-mêmes par le vote de ses représentants, même si cela n'apporte pas l'assurance complète du bonheur. 

Deng Xiaoping disait "Garder son sang froid, maintenir profil bas. Ne pas prendre l'initiative tout en visant quelque chose de grand". Son rêve s'accomplit.

Pour le réaliser, la stratégie est restée "être moins cher que les autres". La leçon a bien été transmise à ses disciples, assimilée, extrapolée jusqu'à annihiler la concurrence qui s'éternisait dans une atonie occidentale.1.jpg

Wen Jibao voulait faire illusion en disant : "Si le renminbi s'apprécie de 20% à 40%, comme le demande le gouvernement américain, nous ne savons pas combien d'entreprises chinoises feront faillite (...), il y aura des troubles importants dans la société chinoise".

Les vrais problèmes se trouvent bien au dessus de l'horizon et en dehors de Chine. C'est le monde entier qui boit la tasse ou le bol.

Aux États-Unis, on ne s'embarrasse pas trop de faire payer le coût de la crise par ses alliés.

Pour les Américains, le médicament du pragmatisme, ce sont 600 milliards de dollars que les Etats-Unis vont injecter dans le marché, morcelés sur 6 mois avec le doux nom de "Quantitative Easing 2" (QE2). 1.jpgUn tsunami financier, distillé avec un fameux compte-gouttes, pour relancer la machine économique. Cela va diluer du dollars, le dévaluer de fait. Pas de problèmes, "it's under control". Cela ne résorbera pas les déficits. Pas d'inquiétude, le ressac sera pour bien plus tard. Si, on compare le dollar dans le panier des devises, on s'aperçoit qu'il a chuté de 31%, alors que les exportations américaines ont augmenté de 45%. Un miracle...

Le QE1, ce fut plus de 1.000 milliards de dollars, consacrés à la relance de la croissance et du système bancaire. Les déficits s'élevaient, déjà en 2008, à des sommes record de l'ordre de 438 milliards de dollars pour les États-Unis. L'union européenne avait mis 200 milliards d'euros sur le premier plateau de la balance. 

Alors, il y a plus de sous en caisse...sinon, en virtuel, et pourquoi pas en monnaie de singe... 1.jpg

Au "zoo", que devient l'euro quand les marchés attaquent ? ARTE vidéo vous l'apprend avec tous les détails.

 L'Islande fut le premier naufrage. C'est loin, l'Islande. Ce fut le coup tordu du volcan, au nom à coucher dehors, qui, l'année dernière, a rappellé que l'Islande existait toujours.

Octobre 2009, la Grèce, criait au secours : les chiffres comptables découverts par le nouveau gouvernement, révèlent des déficits doubles que prévus. Les taux des emprunts sur les marchés prenaient des allures ascendantes du même ordre. Une économie au noir qu'il fallait blanchir. Au départ, la solidarité des autres membres de la CE a été très peu réactive. L'Allemagne, entre autres, ne comprenait pas que l'on puisse dérapper et ce qui adviendrait à l'euro en cas de sa non-participation aux frais.

En mai 2010, après la colère, il y a eu la résignation des "collègues" de la CE et de la population grecque qui avait à digérer les plans drastiques d'austérité. La Chine a sauté sur l'occasion pour acheter son point d'entrée en Europe et étendre sa zone d'influence dans la maison "Europe", avec un petit "pieds dans l'eau" au Pirée. On y mangerait bien, désormais, de la moussaka à la baguette et à l'aigre-doux en dansant le sirtachi. L'obligation de résultats impose de ses conditions de soumissions avec le sourire de la crèmière grecque.

L'Irlande a demandé de l'aide, alors que la majorité des Irlandais refusaient l'aide et prêchaient le défaut de payement. Mais on les a forcé à tendre la main avec les 85 milliards d'euros dont 30 pour secourir les banques. La philanthropie de la BCE et le FMI est proverbiale, quand la survie est en jeu. De petites bulles immobilières, style "subprime", à l'origine des déboires irlandais. Le vol d'Icare n'était pas irlandais, pourtant.

Des taux de taxes pour les entreprises de 12% pour attirer les investisseurs étrangers en concurrençant les autres alliés européens, c'était pas trop du "politiquement correct". Mais comme les Irlandais avaient accepté, en plusieurs épisodes et du bout des doigts, son adhésion dans le club de la CE, il fallait lui donner l'espoir et prendre patience. 1.jpgUn graphique montrait ce que les pays européens avaient précédemment consacré pour leurs fêtes de fin d'année. Surprise : l'Irlande se trouvait dans les tops trois de l'année dernière, entre le Luxembourg et la Suisse. C'est la douche écossaise qui devient irlandaise. L'eldorado n'est vraiment plus ce qu'il était.

"L'Irlande veut revivre l'âge d'or d'avant ?", lisais-je dans un quotidien.

Qui ne le voudrait pas ?

Il faut sauver l'euro et pas Willy, l'orque avec la belle musique venue des fonds des abysses.

En mai 2010, le package global est fixé à 830 milliards de dollars. Currieux, c'est exactement le montant évalué par Sorros, un an plus tôt.  

Dans la même tempête, le Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne (les PIIGS) étaient en deuxième ligne. La France, US, England (FUSE) attendent leur tour.

 Un article du "Gardian", repris par Attali, et c'est la Belgique qui entre dans l'oeil du cyclone des spéculateurs. L'indice, le "spread" qui augmente, progressivement pour preuve. Des finances publiques égales au PIB et un gouvernement, en affaires trop courantes... C'est vrai, mais ce qui inquiète surtout, c'est pas le prix de la frite, c'est l'immobilisme politique et la contagion possible de la Belgique sur les autres pays. Laboratoire de l'Europe, comme beaucoup le disent. Les indépendantistes, les nationalistes, plus ou moins xénophobes, rongent leur frein sur la pédale d'accélérateur dans d'autres pays, ce qui ne correspond plus avec le libéralisme du marché unifié. Même en dehors de la CE, la Russie n'est pas épargnée

1.jpgLa dette hongroise, elle, est devenue quasi spéculative.

A chacun ses penchants et ses failles à combler les déficits, en empruntant. Emprunts qui ne dépendent que de la confiance que donnent les emprunteurs dans le passé et pas par rapport aux idées novatrices qu'ils pourraient avoir dans le futur. 

En 2008, "Too big to fail", qu'ils disaient pour les banques. En 2010, il s'agit d'États, c'est pas les mêmes "fumeurs de havanes".

Pour quelques milliards de plus, a-t-on envie de dire... On ne peut même plus parler de briques, elles sont devenues trop chers. Tant qu'à faire, le virtuel, c'est pas si mal.

L'Europe est temporairement sauvée des eaux... par la FED, la machine à laver plus blanc que blanc.

Où la FED et les autres vont-ils puiser l'argent nécessaire pour financer ces relances 1.jpgastronomiques ? Sous les sabots des pur-sangs ? Ben, non, sinon la Société de protection des animaux ne ferait plus de collecte depuis longtemps.

L'argent provient de nos épargnes-retraite, des fonds de pensions, des assurances-vie, des obligations, de tout ce qui est déposé dans les banques et des bas de laine sécurisés ou non.

Les banques comptabilisent quelques bénéfices dans le dépôt en transit en attente de l'échéance. La BNPP, grâce à ces dépôts, n'aura pas besoin d'augmenter son capital pour se conformer à Bâle 3. Ouf... La masse des fonds des épargnants permet ce genre de (béa)ttitude. Les banques achètent alors, chez les "primary dealers", les obligations du marché international qu'elles vendront sur la place publique. Les Bons du Trésor américains s'y retrouvent partout. L'argent est "le" psychotrope pour ses acteurs. Comme le disait les "Dessous de Bruxelles", "les banques dissolvent les parlements", mais elles restent l'intermédiaire de facilité indispensable à l'abri de nos habitudes.

Le 7 décembre dernier, ce n'est pas le coup de colère révolutionnaire d'Eric Cantona, le Robin des Bois moderne, même avec tout un buzz bien orchestré, ne pouvait prétendre à plus qu'un symbole de ralbol de ceux qui n'ont pas les privilèges. Alors, oui, pour le symbole, je vous dis, c'est bien, Monsieur Cantona. Quant aux sous, ils sont bien restés, garés. Chaque acteur pourra en tirer ses propres conclusions.

Gérer les impulsions des investisseurs en leur rappelant leur utilité et les véritables finalités de leurs investissements, ce n'est pas encore pour demain.

Observerait-on, parfois, le retour en grâce des obligations souveraines européennes ? Retour du goût pour le risque ? Un côté "proactif" des investisseurs pour soutenir l'économie locale ?

Non, c'est surtout une course au rendement, rapide, même si c'est très temporaire. Le joueur du casino cherche toujours à se refaire une santé quand il a beaucoup perdu après un mauvais coup du sort des actions. La prudence est, tout autant, mère de la porcelaine au niveau "État". Si les taux de rendements augmentent, c'est que le risque en fait de même ou que l'on s'attend encore à une diminution des taux d'intérêts. La corruption reste le fer de lance. L'inflation, elle, n'a fait que remontrer le bout du nez, ce qui permet de rêver à emprunter encore un peu. 

Une solution pour les grands spéculateurs ? Simple. Utiliser les faiblesses des autres. L'euro et le yen sont devenus des soupapes de sécurité, en tirant vers le haut dans une guerre des monnaies ?

En coulisses, la Chine achète de la dette japonaise et des marques en Occident. La hausse du yen japonais ainsi engendrée, est une occasion de plus pour dévaluer le yuan par une dévaluation compétitive masquée. Il faut dire que le Japon s'y connaît en dette. Elle s'élève à environ 225% du PIB. Donc, plus qu'en Grèce, qu'en Espagne, qu'au Portugal ou même qu'aux États-Unis. Tous les ans, le Japon emprunte 50% minimum de son PIB.

Pas de surprise... La stratégie des perdants est toujours compensée par celle des gagnants dans le jeu des vases communicants. Maudite mécanique des fluides !

1.jpgQuand l'un tire les pieds de la couverture du lit commun, l'autre attrape des courants d'air.

L'"effet richesse" n'est plus, cette fois, ressenti en occident mais en Chine. Là bas, la bulle de la consommation est en route. Alors, la Chine doit remonter ses taux d'intérêts sous peine de se "payer" une inflation inattendue et rapide. Entre temps, le retour des flammes dépensières de l'Orient, exporte ses augmentations des prix en occident. "Inflation importée", dans le jargon économique. La Chine consomme, la zone euro se consume en euro-inflation.

Le bien nommé, Nouriel Roubini parlait de "tambours de guerre monétaire". "Les économies de la planète se sont engagées dans des dévaluations concurrentielles avec des pertes obligées. Toutes les monnaies ne peuvent pas être faibles en même temps. Toutes les économies ne peuvent pas accroître leurs exportations nettes en même temps. Le total global est par définition égal à zéro. Le gain d'un pays est la perte d'un autre", concluait Dr Doom. Décidemment, je préfère ce surnom-là.

Alors, en définitive, tous pauvres, quelque part ? Personne, en occident et en partie pour l'orient occidentalisé, n'a les moyens de son niveau de vie. Tous des quêteurs. Les pays empruntent tous à l'image de leurs citoyens. Ceux-ci se sont entourer de dettes, alors que les salaires sont restés stagner. Alors, tout est resté focalisé sur les prêts avec de l'argent de plus en plus virtuel. 1.jpg

Pour l'Europe, il n'y a qu'à appeler les banques, la BCE, le FMI. Y-a qu'à... Les suivants, les martiens payeront... En quelle langue, ils parlent ceux-là ?

A vouloir maintenir seulement les prix comme mandat, la BCE est plus un pare-soleil qu'un parapluie. Le FMI, un paratonnerre qui demande trop des garanties de redressements rapides et efficaces. Il y a surtout la soumission de l'Europe aux marchés, à l'OMC et à la mondialisation.

Mais (mal)heureusement, tous travaillent avec un horizon à vue. Il a suffi, d'une paille, d'une annonce de mettre 830 milliards sur la table ou que la BCE allait continuer à soutenir les pauvres pays en dificultés pour faire remonter les cours, au quart de tour. Trichet soufflait le chaud et le froid. Ben oui, l'eau ti !ède, c'est fade. Une rumeur, et hop, on plombe la nouvelle bulle de savon bien irisée.

Les Turcs doivent prier tous les saints islamiques ou autres en les remerciant d'être restés dans la salle d'attente de l'adhésion à la CE.

Certains pensent à des Accords Bretton Woods, réactualisés, avec pour objectif principal de mettre en place une organisation monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par une guerre devenue économique. Un système monétaire mondial autour d'une monnaie sans couleurs particulières, mais avec un rattachement nominal aux fondamentaux à définir, bien palpables mais bien plus actuels que l'or jaune. Il a pris les couleurs de l'arc-en-ciel en passant par l'argent, le bleu et bien noir. 

1.jpgNi les Américains, ni les Chinois ne sont intéressés par cette réforme. Sarkozy y renoncerait-il ou se lancerait dans un marchandage pendant son mandat de président européen ? Ce n'est pas la France en force pour imposer sa loi à l'heure actuelle avec une Europe affaiblie, des États-Unis d'Amérique en crise et la Chine comme tire-fesses. Préparer un mandat sur un autre pied et persuader pendant un an. Suspense insoutenable... Pour rester à l'heure, pas besoin de Rollex ni à la jambe, ni aux mollets. 

 Hubert Védrine, qui connaît sur le bout des doigts le théâtre d'ombre du G20, avait bien remarqué que "les États-Unis géraient leur monnaie de façon économique, mais aussi politique. La Chine, de façon carrément politique et la zone euro, de façon idéaliste". Alors, une solution avec l'emploi ou une occupation des gens intelligente comme marge de manœuvre, plutôt que sur la seule base du commerce et de l'OMC fixée lors du premier Bretton Woods. Tout est bon à prendre. La chose à se rappeler, c'est de tenir compte des disponibilités laissées par les automatismes de notre époque et des différences de cultures susceptibles de contrarier les processus.

Le dernier G20 a été, il est vrai, un combat de deux coqs, États-Unis et Chine, sur un même "fumier". Ils se sont accusés mutuellement de jouer dangereusement avec les monnaies d'échanges. Autour du ring, en spectateurs, les alliés tremblaient en essayant d'éviter les dommages collatéraux.

La stratégie du G2 est, au moins, reliée par le fait que tous deux peuvent faire tourner leur propre planche à billets, à leur guise. 

Les manœuvres d'arrimages, de soutiens ou de dérives des monnaies ne sont pas sans conséquences. A court terme, la guerre des monnaies laisse présager des conflits commerciaux de grandes ampleurs et d'un retour du protectionnisme bien plus dangereux. A moyen terme, l'affaiblissement du dollar pourrait se transformer en hyperinflation suite à une perte de confiance chronique.

Alors, quid de l'Europe pour réagir face à ses concurrents ?

1.jpgQuelques réactions européennes arrivèrent en ordre presque concerté pour constater qu'un certain désordre s'était installé. Se sentant comme les "dindons de la farce", ils veulent muscler leur politique commerciale en recherchant une meilleure réciprocité.

Convergence, transparence, sanctions plus énergiques, reconnaissance de qui fait quoi sur les marchés sont les "nouvelles" préoccupations de Barnier. Non, faut pas croire l'Europe, c'est pas le Royaume de Disney. Il se propose de superviser les Hedges Funds, des private equities, des agences de notations, du MiFID, de relever le montant des amendes toujours limités à 150.000 euros alors que les amendes de Goldman Sachs s'élevaient, elles, à 17,5 millions de Livres. Qui paye les agences privées de notations ? Pas les Etats. Les agences de notation financière sont, elles, payées par les demandeurs et doivent agréer des critères plus proches du public.

L'Europe pense, tout à coup, que la TVA n'est peut-être pas la panacée et voudrait la réformer. Elle remarque que les charges administratives entravent la compétitivité de ses entreprises. La fraude et l'évasion fiscale apparaîssent dès l'achat et la vente de biens et de services sur l'économie transfrontalière, exonérée de cette TVA. On évalue à 100 milliards d'euros par an, le manque à gagner. De plus, sans taxes harmonisés, on assiste à des TVA qui varient de 15% à Chypre et au Luxembourg et à 25% en Suède, au Danemark et en Hongrie. Quant aux dérogations accordées, vous n'avez pas un autre sujet de conversation ?

1.jpgBien timide, bien tard, tout cela. L'Europe s'est dotée de boucliers en plastique pour parer à d'autres crises, mais elle a oublié de se munir du bon vieux fleuret qui fait partie de la panoplie. Pas une épée, ni un glaive, mais quelque chose de plus fin qui se plie mais qui ne se rompt pas : les technologies du futur.

La Russie est aussi sur les bancs du commerce en pleine loyauté.

Anne Blanpain sortait un autre édito, pour contrebalancer, en s'apercevant que l'Europe n'était pas seule fautive : "Souvent on est injuste avec l'Union européenne, on la traite de sans cœur, sans sentiment, de machin terne, triste alors que je vous le dis, l'Union est capable de passion, et même de relation amour-haine. C'est le cas par exemple avec la Suisse....". Oui, la Suisse, avec ses banques,ses montres championes d'exactitude, joue toujours cavalier seul.

Dans la foulée, la journaliste rappelait le rôle des Césars qui n'ont pas à envoyer la panique pour exciter les spéculateurs.1.jpg

Il est reconnu que l'Europe affiche une image "banale" de pompier, car elle n'a pas d'outils d'intervention efficace. Pas de machine à réduire les capacités de contrôle démocratiques sur les sociétés internationales ou nationales. L'EU se contente d'une politique économique avec la gestion des concurrences et des promesses du libre-échange.

1.jpgLa construction européenne progresse dans l'ombre à l'insu du commun des mortels. Les projets existent (la preuve), mais ils restent assez passifs, parfois passéistes, loin d'être ambitieux. Là, rien de super-motivant pour une population qui ne voit rien venir en dehors des coups de bâtons.

La conclusion pour l'Europe, serait-elle, responsable et coupable de dévoiler trop son jeu ou son propre trouble de poule effarouchée ?

Appeler un plombier qui réparerait les fuites ? Comme quelqu'un disait : "un plombier se fait souvent entuber, mais il garde toujours de bons tuyaux".

Les conseilleurs pensent aux pays émergents pour investir. C'est peut-être bien, mais il ne faut pas oublier le siège qui se trouve sous leurs fesses.

1.jpgLa dette corporate émergente, en forte augmentation s'élève à 835 milliards de dollars. Bien que cotée comme risque élevé et en manque d'uniformité, leurs fondamentaux sont dit meilleurs. Juste ce qu'il faut pour attirer les investisseurs avisés.

On apprend encore, pour le prouver, que le top des entreprises belges ne paient pas d'impôts en toute légalité.

Le nec des armes des spéculateurs, ce sont les Credit Default Swaps (les CDS) sont des assurances contre les états souverains. Ces CDS forcent ceux-ci à réagir et ils ont mis le paquet avec 60 trillions de $. Pascal Canfin en fixe les limites pourtant tellement naturelles : "On devrait ne pas pouvoir s'assurer d'un risque souverain auquel on n'est pas exposé". Vous assurez la maison de votre voisin, vous ? 

Too much is too much.

Les crises sont parfois des "break points" bénéfiques. Elles brisent la routine, en espérant que les vieux démons ne reviennent pas trop vite à la surface. 

Sommes-nous éloignés de ce que Gabin avait à dire dans le film "Le Président" au sujet de l'Europe ? Bien sûr, par rapport au film, il y a en plus la modernité des téléphones, des voitures et des appareils photographiques.  

Pour parer à l'effet domino pour l'euro, la déchirure entre riches et pauvres, "s'essayer à la démocratie participative ?", comme certains le disent. Un trésor européen ? Pourquoi pas. Yes, we can, dirait le locataire de l'autre côté de l'Atlantique.

En Europe, il y a, donc, les bons et les mauvais élèves comme disciples de la doctrine européenne.

Hans-Olaf Henkel ressortait, récemment, l'option de deux euros. Il constatait que "Tout le monde est responsable de tout le monde et en finale, personne n'est responsable de rien" et préfèrerait une fin difficile de l'euro, à des difficultés sans fin. A Frankfort, tout va trop bien.

Instaurer deux types d'euro pour le réformer : un nordique, pour "les riches" et un sudiste, pour "les pauvres". Mais c'est bien sûr. Dans la catégorie des "pauvres", êtes vous sûr que ceux qui se retrouveront dans les pauvres seront d'accord ?

Les deux types existaient au temps du DM. Henkel a oublié ce qu'a couté sa fusion.

Deux zones de francs CFA cela existe en Afrique, avec le XOF de l'ouest africain plus prospère et le XAF en Afrique Centrale.

L'euro a été difficile à instaurer. Le scinder en deux euros et ensuite le consolider pour redevenir unitaire, faut pas trop rêver. 

Alors, une question qui restera, peut-être, sans réponse : "Pourquoi ne pas avoir commencé par là ?".

Le serpent monétaire avait, pourtant, été testé pendant 6 ans. Au départ de l'euro, pour adhérer au "club européen", il y avait une règle en dehors de la partie politique : rester en dessous de 3% d'inflation. La Grèce a fait défaut en cachant quelques vérités. Mais, même les plus reconnus comme "puissants" n'ont pas pu tenir cette route sécuritaire dans la longueur. Pas une Europe sociale, à l'horizon.1.jpg

Entre nous, une réponse pourrait être : "nous avions les yeux plus gros que le ventre" 

Père Noël, au secours. D'abord, merci pour le cadeau du bouclier de l'année passée. Pour cette année, n'auriez-vous pas dans votre hotte, un bon fleuret, bien effilé ? Une planche à billets avec la maquette de billets en euros ? Bof, en dollars dévalués ou en yuans d'occasion, ce serait trop d'honneurs ?

1.jpgPour en en faire quoi, d'ailleurs ? Un QEE1 (Quantitave Easing Européen), tout beau, tout neuf. Au diable, l'inflation.

Le jeu du "A qui perd, gagne", on connaît dans le jeu de l'oie. Qui sera au plancher ou au plafond en premier ? 

Les stress tests sont passés avec succès, ce qui fait preuve de la bonne foi européenne. L'Europe connaît le style du "produit détergent liquide multi-usages, Mini Mir, Mini Prix, mais, super costaud et qui fait un maximum", comme disait une vieille pub.

1.jpgEn 2001, Le Monde écrivait par solidarité avec les Américains : "Tous américains".

Cette fois, cela pourrait être, "Tous européens". 

"SO-LI-DA-RI-TE", disait quelqu'un ou quelqu'une avec obstination et conviction.

Thomas Gunzig avait fait fort avec l'humour en se disant avoir peur des pauvres et des riches. "Il faut plus de riches", disait-il.

"Qu'ils aient quelques milliards de plus ou en trop à partager", ajouterais-je.

Le paradoxe de notre époque, tout est plus complexe et il faut plus de temps pour la comprendre alors que tout va toujours plus vite.

Bonnes fêtes de fin d'année, au "club Europe" et à ses citoyens. Dans la rigueur en espérant que l'austérité n'étouffera pas la poule aux oeufs d'or.


L'enfoiré,

 

Citations :

  • "La terre est peuplée de truqueurs et de bavards, qui se servent des mots comme d'une monnaie qu'ils sauraient fausse.", Françoise Sagan

  • "La monnaie n'est qu'un parasite dans le fonctionnement de l'économie de marché. Un parasite dangereux, à domestiquer, parce qu'on ne peut pas l'éliminer.", Jacques Attali

  • "La gloire n'est qu'une fausse monnaie contre laquelle nous sacrifions aux autres notre propre bonheur.", Witold Gombrowicz



13 réactions


  • Tall 14 décembre 2010 15:38
    Constats lucides et réalistes que certains qualifieraient même de cyniques alors que ça marche bien comme ça : communautarismes et gros sous

    Et c’est marrant que tu voies les choses si clairement pour l’Europe, les USA, la Chine, ... le monde, mais pass pour la crise belge ...
    Pourtant ce sont exactement les mêmes leviers : communautarismes et gros sous

    En plus, le mec qui est en train de dynamiter le pays est un malin, un tribun
    Quant on voit ça, on comprend mieux comment il a séduit l’électorat flamand.
    Il va d’ailleurs repasser bientôt à cette émission de jeu télé de la VRT « slimste mens » qui l’a rendu si populaire. Et comme on va devoir sans doute retourner aux urnes bientôt, il va cartonner encore + fort., genre 35% ou +




    • L'enfoiré L’enfoiré 14 décembre 2010 16:26

      Salut Tall,
       La lucidité ne me manque pas. N’aie crainte.
       Pragmatique comme à mon habitude, m’a-t-on dit sur mon blog.
       Cela doit faire partie de mon passage de l’autre côté de la fracture numérique.
       L’homme est, en général, resté du côté de l’analogique.
       Il est prêt à courir derrière des idéologies communautaires quitte à y perdre.
       J’ai un esprit très comptable qui fait très vite le P&L de toutes opérations. 
       Bart De Waver est un gars intelligent qui a compris ce qu’il pouvait tirer en jouant sur la corde sensible du cœur.
       Quand vas-tu sortir ton génie en IA qui va gérer un peu les affaires de gestion des hommes ?
       Ça traine. smiley
       Un ordinateur, on ne le prend pas par la séduction. Programmons tout cela...
       smiley
        


    • Tall 14 décembre 2010 16:44

      J’espère déposer le brevet l’an prochain, ou en 2012 au + tard

      Sauf que ça s’appellera l’IC ( Intelligence Cybernétique )
      Le terme « IA » prête trop à la confusion anthropomorphique. Je préfère l’éviter.


    • L'enfoiré L’enfoiré 14 décembre 2010 16:45

      Pour revenir avec le beau discours de Namur, je me demande ce que pensent les patrons wallons de l’interview accordé à Der Spiegel.
      Comme contre pub, on ne fait pas mieux.
      Dans notre époque où on vit de rumeurs, ceci doit être le retour de flamme des marchés.
      Pour l’anecdote, j’ai connu un technicien qui, un jour, avait fait la pub pour une autre société que la sienne. Il a manqué être viré.
      En tant que patron, je le vire sur le champ.
       


    • L'enfoiré L’enfoiré 14 décembre 2010 16:47

      « J’espère déposer le brevet l’an prochain, ou en 2012 au + tard »

      Décidément, cette année 2012 va être très prolifique en événements. 

      « Intelligence Cybernétique », cela me botte.

       smiley


    • Tall 14 décembre 2010 17:01

      Non, ce n’est pas vraiment une contre-pub.

      Car c’est à l’assistanat financier de l’état-PS wallon qu’il s’attaque en parlant des junkies, pas au patronat wallon.



    • L'enfoiré L’enfoiré 14 décembre 2010 17:17

      Quoi ?
      Je crois que tu oublies le principal. Il représente la Belgique puisqu’il est le principal « incontournable ».
      Le PS n’a pas d’importance. C’est de l’affaire interne.
      Que dit-il ?
      "Je ne travaille pas à la fin immédiate de la Belgique. Je n’ai d’ailleurs pas à le faire, car la Belgique va quelque part disparaître d’elle-même."
      Que fais-tu en écoutant cela si tu es dans les marchés qui ne vivent que de rumeurs ?
      Pas oublier, les marchés achètent la rumeur et vendent les affaires faites.
      Les patrons wallons doivent vendre au plus bas prix et ils empruntent pour y arriver.
      Le spread augmente.
      Qui est perdant ?


    • Tall 14 décembre 2010 18:12

      Que la crise belge puisse nuire à tout le monde à cause de la spéculation, oui, c’est bien possible. Mais dans quelle mesure ne dramatise-t’on pas la chose dans le but de diaboliser la N-VA ?

      Je l’ignore...
      Ce qui est sûr, c’est qu’il faut faire gaffe à la propagande qui est énorme pour l’instant.
      Il n’y a plus aucun média belge neutre désormais. Il sont tous partisans.

      Je l’ai bien vu avec leurs émissions sur le plan B. Pour moi, c’est de la vaste couillonnade.
      Le Wallo-bxl est politiquement infaisable, sociologiquement aberrant, et financièrement suicidaire. Sinon, c’est bon ... smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 14 décembre 2010 18:38

      Bien d’accord.


  • ddacoudre ddacoudre 14 décembre 2010 21:49

    bonjour l’enfoiré

    j’ai lu avec plaisir ton article.
    nous faisons grand cas de la monnaie qui est d’une utilité irremplaçable, mais c’est sa virtualité qui en fait son utilité, s’il n’était pas possible de créer de la monnaie de singe nous nous entre tuerions depuis longtemps pour posséder de l’or qui n’a pas plus de valeur qu’un coquillage des Samoas ou une pièce d’argile des premiers échanges monétaires. je ne crois pas qu’il puisse y avoir une quelconque solution durable, mais l’europe n’est qu’une grand marché pour les entreprises.
    nous avons trop cru qu’une économie libérale était synonyme de démocratie et qu’il suffisait de se faire l’apôtre du libéralisme pour voir l’idéal républicain se développer, qu’il suffisait d’aboutir à une employabilité capitaliste amenuisant l’activité socialisant des citoyens pour qu’ils fassent l’éloge de la république. en fait c’est la science avec l’informatique qui a fait celle des marchés, plus que la monnaie, et ce sont eux qui note la république, drôle de monde.
    cordialement


    • L'enfoiré L’enfoiré 15 décembre 2010 11:46

      Bonjour dd,

       L’Europe un grand marché pour les entreprises et une passerelle entre Orient et Occident.
       Un transit dans lequel on se bat, peut-être plus qu’ailleurs en résistant aux invasions de tous côtés.
       Heureusement qu’il y a l’humour pour dernier refuge.
       
      Cordialement


  • BA 14 décembre 2010 22:18

    La Banque Centrale Européenne a dans son bilan des dizaines de milliards d’euros d’obligations pourries : ce sont des obligations de l’Etat portugais, de l’Etat irlandais, de l’Etat italien, de l’Etat grec, de l’Etat espagnol.

    En clair : la Banque Centrale Européenne est devenue une gigantesque fosse à merde.

    Le capital de la Banque Centrale Européenne est dramatiquement insuffisant par rapport à ces dizaines de milliards d’euros d’obligations pourries. Les contribuables européens vont donc payer des dizaines de milliards d’euros pour recapitaliser la BCE !

    Lisez cet article :

    La BCE songe à une augmentation de capital. L’Allemagne serait d’accord.

    La Banque centrale européenne (BCE), qui soutient depuis plusieurs mois en achetant de la dette les pays les plus fragiles de la zone euro, envisage d’augmenter son capital, a indiqué mardi 14 décembre à l’AFP une source européenne, et l’Allemagne appuierait cette démarche.

    La BCE envisage de demander aux banques centrales nationales qui détiennent son capital de l’augmenter, selon une source européenne proche du dossier.

    Une augmentation de capital sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs de la BCE jeudi 16 décembre, et des discussions sont en cours entre l’institution monétaire européenne et les banques centrales nationales, selon cette source.

    Le capital de la BCE a une valeur nominale de 5,76 milliards d’euros par rapport à une somme de bilan de 138 milliards d’euros, selon son rapport annuel de l’an dernier.

    Son capital est détenu par les banques centrales de tous les pays de l’Union européenne. Les pays de la zone euro en possèdent environ 70%, les autres pays de l’Union Européenne 30%.

    La BCE, garante de la stabilité des prix dans la zone euro, a décidé au printemps dernier sur fond de crise de la dette grecque d’intervenir directement, en achetant des titres des pays les plus malmenés sur les marchés.

    A ce jour, elle a acheté pour 72 milliards d’euros d’obligations principalement grecques, portugaises et irlandaises.

    En réalité, ces achats sont réalisés par la BCE et les banques centrales nationales qui composent avec elle l’Eurosystème, dont la somme de bilan avoisine les 2.000 milliards d’euros.

    http://www.lemonde.fr/depeches/2010/12/14/la-bce-songe-a-une-augmentation-de-capital-l-allemagne-serait-d-accord_3214_236_44048775.html

    Autrement dit :

    Et maintenant, contribuables européens, préparez-vous à payer des dizaines de milliards d’euros.

    Et maintenant, contribuables européens, préparez-vous à payer des dizaines de milliards d’euros pour recapitaliser la Banque Centrale Européenne.


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