mercredi 7 novembre 2007 - par Voris : compte fermé

Rêver l’Europe sur grand écran !

A l’heure où Sarkozy s’apprête à faire voter le traité simplifié des institutions, il ne faut pas simplifier la culture. C’est pourtant ce qui est demandé aujourd’hui par Sarkozy : recentrer la culture sur les résultats obtenus, ce qui aura pour effet de resserrer la création. Pour le cinéma, Cédric Klapisch pousse un coup de gueule dans le quotiden « Le Monde » du 5 novembre.

Le cinéma fait rêver mais il éveille aussi le regard, la conscience. S’il est temps de promouvoir un cinéma européen de caractère, ce n’est pas en faisant du Harry Potter à la sauce européenne.

Daniel Brühl est l’acteur fétiche du cinéma allemand nouvelle vague ou plutôt "post Mur de Berlin". Le cinéma allemand relève enfin la tête ! Mort en 1982 avec Fassbinder, il a connu quelques soubresauts géniaux avec Paris, Texas et Les Ailes du désir de Wim Wenders, ou encore, plus fugace et isolé, Bagdad Café de Percy Adlon. La relève n’est pas venue des auteurs mais d’un jeune acteur : Daniel Brühl. Vous le connaissez, c’est lui qui tient le premier rôle dans Good Bye Lenin  ! en 2003. En 2004, le revoilà dans The Edukators. Signe de succès, il figure très vite en excellente place dans la distribution d’un excellent film français Joyeux Noël (2005). Ce qui a fait revivre le cinéma allemand, c’est cette jeunesse d’après la chute du Mur de Berlin qui ne demande qu’à s’exprimer. Good Bye Lenin ! et The Edukators illustrent bien ce phénomène. Tout dernièrement, le film De l’autre côté de Fatih Akin (sortie prévue à la mi-novembre) semble promis à un beau succès.

Et en France ? Cédric Klapisch dit s’inscrire dans la même démarche que Pascale Ferran aux Césars. Avec elle et la Société des réalisateurs de films (SRF), il constate que la situation se dégrade rapidement, et qu’il devient urgent de réagir. Le cinéaste témoigne : "Un député européen me demandait récemment : ’Pourquoi n’y a-t-il pas d’Harry Potter européen ?’ Est-ce réellement ce que vous attendez tous ?" Il critique autant la commande faite par Sarkozy à Mme Albanel, ministre de la Culture, de favoriser la culture qui répond aux attentes du public, plutôt que le penchant élitiste d’un certain cinéma français. Avec Internet, le rêve sur grand écran n’a pas connu l’essor promis : il n’y a pas plus d’espaces pour plus de films. "Non ! Paradoxalement, plus on ouvre de fenêtres et plus les portes se ferment." C’est la même course à l’audimat et donc le formatage des oeuvres.

Klapisch plaide pour une audace politique en matière culturelle qui vienne contrebalancer les effets pervers du marché. "Je crois à une troisième voie, dit-il, qui refuse la sempiternelle opposition : film d’auteur, film commercial." Mais j’irai plus loin : ne faut-il pas développer une politique cinématographique européeenne innovante sur la base du moteur franco-allemand qui a fait ses preuves dans les domaines politique, économique et institutionnel ?

Le succès du nouveau cinéma allemand doit beaucoup à ce partage d’une histoire commune. Par exemple : la chute du Mur de Berlin en toile de fond dans Good bye, Lenin  ! Ce fonds commun aux peuples d’Europe constitue une source inépuisable pour les créateurs et devrait permettre assez facilement de séduire le public autrement que par l’emprunt à la culture et au mode de vie américains. Par mimétisme, nous assistons de plus en plus à du copiage alors que les Etats-Unis n’ont pas la même histoire que la nôtre ni même la même société. Un exemple, l’esprit cow-boy que nous copions est spécifiquement américain. Leur patriotisme n’est pas le nôtre. Etc. En Europe, les armes à feu ne sont pas aussi répandues dans la population civile et pourtant nous transposons des histoires de crimes en série aussi spectaculaires.

Il nous faut saisir cette chance que nous avons de posséder un riche patrimoine commun pour relancer la culture à partir du cinéma. La construction de l’Europe, ce n’est pas seulement les institutions et le traité, cela passe aussi par la culture ! Alors, Daniel Brühl, ce jeune acteur allemand qui crève l’écran et qui fait désirer le retour aux salles obscures et à l’odeur chaude et sucrée des pop-corn, sera-t-il le Harry Potter qui donnera un coup de vigueur au cinéma européen ? La réponse à cette question dépend en partie de l’Europe...



23 réactions


    • La Taverne des Poètes 7 novembre 2007 10:56

      Non Calmos, ce n’est pas le papier sur Sarko. Ne soyez pas si impatient de morfler.


    • La Taverne des Poètes 7 novembre 2007 11:21

      La France a peur en effet : de Nicolas le Disjoncté.


    • elric 7 novembre 2007 13:33

      la france a toujours peur,quand ce n’est pas de ça c’est d’autre chose.J’ai l’mpréssion que le peuple français est un des plus trouillard de la planete


    • La Taverne des Poètes 7 novembre 2007 16:07

      C’est bien ! vous avez bien appris votre leçon : « tous les Français sont des trouillards sauf Sarko qui n’a peur de rien ! »


    • manusan 7 novembre 2007 11:23

      présentez nous une de vos oeuvres Demian, puisque vous êtes artiste, ne cachez pas votre timidée derrière vos critiques et sarcasmes. Un peu de courage.


    • Ploum 7 novembre 2007 14:06

      La discrimination selon l’argent et les facultés d’expression, ce sont la vos valeurs monsieur West ? Et après ça vous viendrez encore faire des leçons de morale sur le racisme, la façon de considérer les femmes, etc ...

      Il s’avère une fois de plus que vous n’avez de leçons à donner à personne.

      « Liberté, égalité, fraternité » est la devise de notre république et de part vos écrits vous démontrez chaque jour en être aux antipodes, mais le jour ou la devise de notre pays sera « Fric, orgueil, prétention », votre prose pourra être lue aux petits français en exemple pour la nation.

      Néanmoins en attendant cet apocalypse culturel, je pense que nous saurons sans peine trouver une utilisation hygiénique à vos écrits (épaisseur triple, sponsorisée par Moltonel) smiley.


    • Ploum 7 novembre 2007 15:15

      Que voulez vous cher monsieur West, quand on est contraint de subir votre prose il convient d’y être correctement préparé smiley.


    • manusan 7 novembre 2007 18:56

      « Certes, j’ai le courage de montrer mes oeuvres uniquement aux personnes très riches qui peuvent les apprécier de plus près sur leurs murs. Vous n’en êtes certainement pas. Je le suppose à votre façon de vous exprimer... »

      Vous continuer de vous cacher Demian, de quoi avez vous peur ?

      D’un coté si votre « art » ne s’adresse qu’aux très riches qui n’ont rien trouvé de mieux dans vos chefs d’oeuvres que de spéculer sur le néant, bof continuer de jouer à sur agoravox.

      Sinon, je vis très bien merci.


    • Zalka Zalka 8 novembre 2007 00:51

      « Appeler les »Ailes du désir« (un chef-d’oeuvre définitif de l’art mondial) de Wenders un »soubresaut« , pourquoi pas une soubrette ! »

      Comme quoi on peut adopter un langage verbeux à souhait sans pour autant comprendre ce qu’on lit...

      La Taverne ne qualifie pas les « Ailes du désir » de soubresaut. Mais de soubresaut du cinéma allemand. Précisément, la qualité de ce « chef-d’oeuvre définitif de l’art mondial » donne un soubresaut au moribond cinéma allemand.

      A l’avenir, usez moins de rhétorique et de plus de logique.


  • bernard29 candidat 007 7 novembre 2007 11:47

    « Mais j’irai plus loin : ne faut-il pas développer une politique cinématographique européeenne innovante sur la base du moteur franco-allemand qui a fait ses preuves dans le domaine politique, économique et institutionnel »

    pourquoi seulement le moteur cinématographique franco-allemand ?

    Il y a à Douarnenez à 15 kms de Quimper, un festival de cinéma des peuples minoritaires ? il faudait pourrait y avoir de bonnes idées à prendre .


    • La Taverne des Poètes 7 novembre 2007 11:51

      Je parle de moteur franco-allemand mais je n’exclus évidemment aucun cinéma européen : le cinéma italien en tête mais aussi espagnol, scandinave, minoritaire, francophone. Bref tout un vivier européen pour que le cinéma exprime autre chose que du copié-collé de l’Amérique, ce qui est une erreur sur le plan de l’art et de la civilisation.


    • bernard29 candidat 007 7 novembre 2007 23:15

      alors il s’agit d’un moteur européen ? question ?


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 7 novembre 2007 12:23

    C’est vrai que c’est ridicule d’opposer « films à succès » et « films d’auteurs », un peu comme on oppose prose et vers, ça date des premiers Cahiers du Cinéma et de la fameuse Nouvelle Vague (il serait temps qu’on en sorte, de cette époque, au passage). Mais le public ne distingue pas aussi intellectuellement les productions. Brühl ne fait que prendre le point de vue du spectateur, ce que bien des producteurs (et surtout des distributeurs) devraient faire plus souvent.

    La question pertinente est plutôt la suivante : sur quels critères l’industrie du cinéma européenne met-elle des sous dans des productions ? tant que la réponse sera « parce qu’il y a Depardieu au générique, ça assure les ventes », on stagnera.

    Mais tout le monde n’est pas aussi timoré. Le député cité dan l’article devrait relire les dos de couvertures : Harry Potter est anglais, donc européen, et les films sont une co-prodution (pour le dernier, au hasard), entre deux sociétés US, Warner Bros et Patalex IV, et une société britannique, Heyday.

    Une des conditions posées d’ailleurs par J.K. Rowling pour l’exploitation des droits cinéma était que les acteurs soient britanniques... et ils le sont. A méditer...

    Quant au délire entrepreneurial de juger la culture et les arts aux « résultats », c’est de l’ânerie en barres, mais le débat a déjà eu lieu dans ces colonnes il y a quelques temps, allez y faire un tour.


  • La Taverne des Poètes 7 novembre 2007 13:55

    « En matière d’environnement, on sait aujourd’hui que seule l’audace politique peut infléchir les effets pervers de l’industrie. En matière culturelle, il devient indispensable de contrebalancer les effets pervers du marché. Nous ne voulons pas une culture assistée, nous voulons une culture protégée. » (Cédric Klapisch dans Le Monde)


    • biztoback 7 novembre 2007 15:00

      Bon, à quand la Chambre du Bon Gout alors ?

      C’est ridicule... qui dicte ce qui est culturel ou pas. Parce que ce n’est pas américain ? Parce que ce n’est pas à gros budget ? Vous ne défendez pas le cinéma mais votre point de vue sur le cinéma.

      A quand un article impartial ?


    • La Taverne des Poètes 7 novembre 2007 16:08

      « A quand un article impartial ? » : dès que votre article sera publié ?


    • biztoback 7 novembre 2007 16:46

      Je parlais des votres, generalement ceux des autres auteurs le sont.


  • elric 7 novembre 2007 16:23

    pour revenir au sujet,je pense que l’europe de la culture existe depuis trés longtemps et qu’elle n’a pas eue besoin de référendum pour se constriure


  • HELIOS HELIOS 7 novembre 2007 23:42

    Il me semble connaitre un homme qui rempli les conditions que vous citez : faire du cinema d’auteur tout en etant commercial et en respectant la culture Européenne.

    Helas quand je vais ecrire son nom, enfin, quand vous allez le lire, j’entends déjà les rires et les exclamations... Quelle mauvaise foi allez vous invoquer pour disqualifier une fois de plus le travail de Luc BESSON !


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