mardi 7 août 2007 - par Jacques Kotoujansky

Traité européen : ce que veut l’Allemagne

Le futur traité européen, destiné à remplacer la constitution européenne rejetée en 2005, est en cours de rédaction. Il sera soumis pour ratification aux parlementaires français (députés et sénateurs) très prochainement, avant la fin 2007 en tout cas. Parmi tous les aspects inquiétants de ce traité, figure la référence aux « minorités nationales », voulue notamment par l’Allemagne. Le texte ci-dessous a été envoyé en juillet à chaque parlementaire pour alerter sur les dangers du texte qui sera soumis. Nous désirons qu’un débat citoyen ait lieu sur cette question.

Madame la députée, Monsieur le député,
Madame la sénatrice, Monsieur le sénateur,

Dans quelques mois, vous aurez à vous prononcer sur le traité européen qu’aura rédigé une conférence intergouvernementale.

Ce traité, qui donnera la personnalité juridique à l’ « Union européenne » (UE), établira la supériorité du droit européen même dérivé sur le droit national même constitutionnel, généralisera les votes à la majorité, créera la présidence personnalisée du Conseil européen ainsi que la fonction correspondant à un ministre des Affaires étrangères de l’UE, marquera donc sans ambiguïté l’entrée de la France dans un système fédéral et l’abandon du principe de la souveraineté nationale.

En tant que citoyens français, militants ou anciens militants de partis politiques qui plaçent ou plaçaient la souveraineté nationale au coeur de leur projet, attachés que nous sommes à l’héritage politique du gaullisme, nous réprouvons cette orientation dont nous avions cru comprendre que le peuple français l’avait refusée le 29 mai 2005.

Vivant en Alsace, région évidemment symbolique de la relation franco-allemande, laquelle est le premier moteur de la construction européenne, si nous prenons l’initiative de nous adresser aux parlementaires, c’est moins pour revenir sur les termes d’un débat qui vous sont connus, que pour attirer votre attention sur les conséquences d’un article du futur traité. Cet article serait celui renvoyant à la «  Charte des droits fondamentaux de l’UE », dont les dispositions deviendraient alors juridiquement contraignantes pour la France.

La novation essentielle que cette charte introduirait dans le droit positif français, lequel ignorait jusqu’à présent cette catégorie juridique, serait celle de « minorité nationale ». En effet, l’article 21 de cette charte, relatif à la non-discrimination, mentionne explicitement «  l’appartenance à une minorité nationale », tandis que l’article 22 stipule que « l’Union respecte la diversité culturelle, religieuse et linguistique  ». Nous croyons fermement que là se trouvent les conditions d’attribution de « droits collectifs » à des requérants qui se prévaudraient de cette charte, soit devant la Cour de Luxembourg (CJCE), soit devant la Cour de Strasbourg (CEDH), pour briser l’unité de la République.

Pour bien comprendre cette question, il faut en connaître l’origine. Pour nous, et pour tout observateur informé, cette origine est évidemment l’Allemagne. Remarquons tout d’abord la sobriété, dans le droit fil de 1789, avec laquelle est traitée la non-discrimination dans la Constitution française (art. 1) : «  La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

En revanche, pour exprimer, en principe, le même refus des discriminations, les textes européens (Convention européenne des droits de l’homme (art. 14), Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, Traité d’Amsterdam (art. 13), Charte des droits fondamentaux de l’UE) font appel aux concepts de « minorité nationale » et «  d’origine(s) ethnique(s)  », concepts liés le cas échéant. (Il n’est pas besoin de souligner qu’ethnie et race ne sont pas synonymes.) Ces deux concepts ont jusqu’à présent été inconnus du droit de la République, lequel ne connaît que la distinction entre Français et étrangers et refuse toute reconnaissance de « droits collectifs » à quelque fraction des citoyens que ce soit et toute distinction juridique à caractère ethniciste. En revanche, la conception traditionnelle allemande, implicite sinon explicite, de la citoyenneté accueille ces catégories, reliant la nation à « l’ethnie » et les a imposées progressivement aux textes européens.

(Précisons bien que lorsqu’il est question de l’Allemagne, ce n’est évidemment pas à son peuple que nous pensons, lequel ne se soucie pas de ces questions et doit demeurer à jamais l’ami du peuple français ; c’est des dirigeants et des milieux d’influence qui agissent en son nom dont il s’agit. Du reste, il n’y a pas que pour la démocratie allemande et sur ces questions que cette distinction est pertinente...)

Mais pourquoi l’Allemagne insiste-t-elle autant - ainsi la chancelière A. Merkel lors du dernier Conseil européen de Bruxelles - pour que la charte acquière une valeur juridique contraignante  ?

Remarquons tout d’abord que le Royaume-Uni s’est exempté prudemment des contraintes de cette charte. On dira sans doute que c’est en raison de considérations liées au droit du travail ; nous croyons quant à nous que les négociateurs britanniques ont évidemment pensé à l’Ecosse, au Pays de Galles et à l’Irlande du Nord.

Donnons ensuite deux citations qui nous paraissent refléter ce que veut l’Allemagne. Klaus Kinkel, alors ministre (CDU-CSU) des Affaires étrangères, parlait en 1993 d’ « accomplir quelque chose en quoi nous avons échoué à deux reprises et qui est, en harmonie avec nos voisins, de trouver le rôle correspondant à nos souhaits et à notre potentiel »1. Quant à Joseph (Joschka) Fischer, son futur successeur (SPD-Verts), il se demandait en 1995 si l’Allemagne allait «  enfin obtenir ce que le monde lui a refusé au cours des deux dernières guerres mondiales, c’est-à-dire une sorte d’hégémonie douce sur l’Europe, résultat de son poids, de sa position géographique, de sa puissance industrielle »2, avant de lancer en mai 2000 l’idée d’un traité constitutionnel. On pourrait du reste aisément multiplier de telles citations. Pense-t-on qu’une ambition aussi clairement affirmée, aussi partagée sur l’échiquier politique allemand, venue d’aussi loin, soit contingente et passagère, ou traduit-elle au contraire une constante fondamentale de la géopolitique allemande ?

Or, il manquait à cette ambition, jusqu’à présent, un instrument juridique adéquat. Le traité européen en préparation serait cet instrument.

La combinaison des catégories de « minorité » ’’nationale’’ ou ’’ethnique’’ ou ’’linguistique’’, de saisine directe par des particuliers des deux Cours européennes aux jurisprudences si résolument fédéralistes, ainsi que la supériorité du droit européen sur les droits nationaux (qui sera établie dans le traité par le biais des jurisprudences de la Cour de Luxembourg)3, forgerait le dispositif de morcellement de la France, de l’Italie, des Etats au fédéralisme conflictuel (Espagne, Belgique), et des Etats à « minorités » (Pologne, République tchèque, Etats balkaniques et de l’Europe orientale) vers « l’Europe des Régions », à base ethno-linguistique.

Ainsi l’Allemagne pourrait-elle travailler à s’augmenter de ces « minorités allemandes » à ses frontières qui, croit-elle, lui sont liées par l’Histoire, la langue et, fondamentalement, par « l’ethnie ». De cette évolution, qu’appellent de leurs voeux les associations non gouvernementales pangermanistes qui gravitent dans l’ombre autour du Conseil de l’Europe et de toutes les institutions fédérales bruxelloises ou strasbourgeoises, sortirait une suite fatale de conflits frontaliers. C’est cette sinistre boîte de Pandore qu’ouvriraient nos parlementaires en ratifiant en l’état le traité.

Pour la France, outre à sa prétendue « minorité allemande » en Alsace-Moselle de certains atlas «  ethno-linguistiques » d’outre-Rhin, les revendications d’abord culturelles et linguistiques puis politiques, adroitement attisées, flattant démagogiquement les tentations identitaires, ne manqueraient pas de s’étendre aux Corses, Catalans, Occitans, Basques, Bretons et à ses collectivités d’outre-mer où l’on voit déjà, en Nouvelle-Calédonie et Polynésie, les prémisses des indépendances.

On nous objectera sans doute que ce sont là des fantasmes. Le géographe Paul Vidal de la Blache écrivait dans la préface de La France de l’Est (Lorraine-Alsace)  : « A chaque date critique (...), des avertissements partent de cette frontière. C’est comme un de ces observatoires naturels embrassant un vaste horizon, d’où l’on voit se former et venir de loin les orages. » Regardons donc la situation dans le laboratoire alsacien-mosellan de cette évolution.

Nous avons sous nos yeux en Alsace les progrès d’un dispositif qui n’attend que le traité pour paraître au grand jour. La Région Alsace expérimente la gestion directe, sans intervention de l’Etat, des fonds structurels dispensés par la Commission européenne (Interreg et autres). Son président, qui est aussi celui de l’ « Association des Régions d’Europe » peut voir là sans doute une préfiguration de l’« Europe des Régions », (capitale : Bruxelles). Les «  eurodistricts » transfrontaliers (pour Strasbourg, Colmar, Mulhouse avec les communes allemandes ou suisses voisines), les «  eurorégions » (SarLorLux, Pamina, Alsace-Pays de Bade, Régio TriRhena), le « Conseil rhénan » (esquisse de parlement transfrontalier), tous les embryons d’institutions transnationales sont là qui n’attendent que les instruments juridiques. Il s’y ajoute les instruments culturels dont le bilinguisme français/allemand qui s’imposerait grâce à des associations ad hoc et qui joue sur l’ambiguïté consistant à faire croire, à Paris surtout, que l’allemand est la forme écrite du dialecte alsacien et que les Alsaciens sont bilingues, contre-vérités évidentes, lesquelles n’auraient pour finalité que de germaniser l’Alsace sans franciser, bien entendu, sinon de façon anecdotique, le Pays de Bade voisin.

Voici un fait symbolique des rapports franco-allemands concrets à l’aune du fédéralisme. Depuis plus de deux ans, l’Allemagne a imposé un péage (taxe LKW) aux camions sur ses autoroutes, sans concertation avec la France et sans exemption pour l’axe Bâle-Karlsruhe, l’un des plus fréquentés d’Europe pour le transport de marchandises. Pour échapper à la taxe, les camions empruntent, sans surprise, l’axe gratuit Nord-Sud de l’Alsace qui n’est que très partiellement autoroutier. Il en résulte, autour de Strasbourg notamment, une inflation massive de la circulation avec détérioration du réseau, paralysie quotidienne du trafic et accidents. A cette décision unilatérale de l’Allemagne, la France n’a opposé à ce jour qu’une gesticulation sans effet, « l’amendement Bur ». Dans le « couple  » franco-allemand, ce n’est pas, au moins ici, la «  parité » qui règne mais le sans-gêne.

Mesdames, Messieurs les parlementaires, on entend souvent dire que l’élection présidentielle et les élections législatives de cette année doivent tenir lieu de référendum sur l’Europe, le président de la République et les députés ayant reçu un mandat universel. Or cela n’est pas juste. Le président avait promis aux Français de ne pas leur réimposer la « Constitution européenne » ; mais il veut leur imposer par voie parlementaire le traité qui est la Constitution sans le nom. Quant aux députés, tant à l’UMP qu’au PS, leurs professions de foi ne mentionnaient pas, ou très allusivement, la question européenne. Par conséquent, c’est bien sans mandat impératif et librement que les députés comme les sénateurs auront à se prononcer sur le traité, puisque le référendum semble malheureusement écarté. Ils peuvent ainsi exercer leur droit d’amendement s’ils ne veulent pas, comme c’est hélas ! probable, le rejeter en bloc.

Ainsi, les parlementaires peuvent, à l’instar du Royaume-Uni, dispenser de l’applicabilité de la Charte des droits fondamentaux de l’UE la France, où les droits de l’homme et les relations sociales n’en ont nul besoin. Combien intéressante serait alors l’expérience qui montrerait ce que l’Allemagne attend vraiment de « l’Europe »  !

Intervenant ces jours-ci sur le « blog » de V. Giscard d’Estaing, l’un de nous se vit répondre par l’ancien président que nos craintes quant à la menace de démantèlement de notre Etat nation étaient infondées, notre droit national nous en mettant à l’abri ; que tout cela avait été réfléchi par la Convention qu’il présidait, pour faire droit aux craintes de l’Espagne notamment, ou à la question des «  Hongrois » de Roumanie. Hélas ! Pour ce qui est de l’Espagne, en effet, les craintes sont légitimes mais tardives  : la Catalogne ou le Pays Basque n’en font plus partie que du bout des lèvres. Doit-on voir là une préfiguration du destin de l’Alsace ou de la Corse ? Pour ce qui est de la Roumanie et de ses « Hongrois », on ne craindra en effet jamais assez d’introduire, à l’exemple de cette situation, la catégorie de « minorité nationale » en France. Nous l’avons dit plus haut, la supériorité du droit de l’UE sur les droits nationaux rendrait sans portée les dispositions constitutionnelles opposées aux revendications régionalistes, autonomistes ou indépendantistes.

Il y a une autre voie pour l’avenir du continent européen et nous sommes convaincus, quel que soit le traité qui s’appliquera l’an prochain, qu’elle s’imposera un jour. Ce sera l’Europe confédérale des Etats nations préservés, des coopérations inter-étatiques et des compétences déléguées, incluant la Fédération de Russie qui contribuera à l’indépendance et à la sécurité du continent, face aux tentations allemandes et aux visées hégémoniques de la « nation primordiale » atlantique, chère au président de la République.

Mesdames, Messieurs les parlementaires, jamais depuis qu’existent en France des assemblées politiques délibérantes, le vote des vôtres, celle représentant son peuple et celle représentant ses collectivités territoriales, n’aura eu une telle importance. Dire oui au traité fédéral, c’est renoncer à la souveraineté et à l’indépendance nationales. Dire oui à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, c’est ouvrir la carrière aux forces centrifuges qui amoindriront la France. Les générations futures auront, un jour, à juger ce vote que chacun de vous fera librement et en conscience, au rendez-vous de la République et de l’Histoire de France.

Nous vous prions d’agréer nos respectueuses salutations.

J. Kotoujansky - H. Brochart - J. Buchmann

Notes  :

1 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 19-3-1993.
2 Risiko Deutschland, 1995
3 Cf art. I-6 du projet de Constitution européenne : « (...) le droit adopté par les institutions de l’Union, dans l’exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, prim(e) le droit des États membres. »



358 réactions


  • ZEN ZEN 7 août 2007 12:34

    @ L’auteur

    Merci pour ce document.

    J’ai retenu ceci surtout :«  ;.forgerait le dispositif de morcellement de la France, de l’Italie, des états au fédéralisme conflictuel (Espagne, Belgique), et des états à « minorités » (Pologne, République tchèque, états balkaniques et de l’Europe orientale) vers « l’Europe des Régions », à base ethno-linguistique. »

    Oui, vraiment une boîte de Pandore. L’Allemagne (encouragée par le Vatican etinfluencée par les uSA ?)a déjà montré l’exemple en encourageant et en aidant la Croatie à se séparer de l’acienne Yougoslavie, qui aurait pu être viable si...


    • ZEN ZEN 7 août 2007 12:38

      J’avais déjà lu Pierre Hillart sur ce sujet, mais ne l’avais pas tout à fait pris au sérieux..Je crois que je vais revoir mes jugements

      http://www.communautarisme.net/index.php?action=article&numero=372


    • ZEN ZEN 7 août 2007 12:40

      On voit déjà quelques Bretons exulter..C’est un signe !...


    • Ar Brezonneg 7 août 2007 13:05

      Mais ! Bien sur que c’est un signe ! D’ailleurs c’est un de nos grands sujets de conversation !

      A la « Tawarn ar Roué Morwan » à L’Orient pendant le festival, c’est un sujet qui est très discuté entre nous : Bretons, Corniques, Gallois, Scotts et Irlandais... ette Europe ? C’est vraiment bien ! On va pouvoir enfin aller de l’avent en nous débarassant de nos colonisateurs...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 13:22

      Madame, Monsieur, Merci pour vos commentaires constructifs. Oui, nous disons exactement la même chose, bien sûr, que l’excellent Pierre Hillard que nous connaissons bien. En ce qui concerne l’ex-Yougoslavie, vous avez cent fois raison de souligner le rôle joué en 1993-94 par la diplomatie allemande (Kohl-Genscher) dans l’éclatement de la fédération yougoslave et la reconnaissance unilatérale par l’Allemagne (sans demander son avis à « l’Europe » !) de l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie, catholiques tandis que la Serbie est orthodoxe (ce qui valide votre remarque quant au rôle du Vatican - peut-être - et des Etats-Unis - sûrement - dans ces événements). C’est « l’Europe des régions », ici surtout à base confessionnelle, en acte. Mais il est vrai que dans les Balkans la coexistence conflictuelle de l’islam issu de l’occupation ottomane et des deux autres confessions chrétiennes a toujours rendu les choses très compliquées et violentes. Merci à vous pour votre attention à notre « Lettre ». J. Kotoujansky


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 14:29

      Bien sûr, cher ami internaute, je connais très bien Yvonne Bollmann, qui est une amie, et qui a écrit ce « papier » remarquable sur le site de l’Observatoire du communautarisme auquel vous faites référence. Notre Lettre aux parlementaires lui doit l’essentiel de son argumentation, fruit de nos conversations depuis près de dix ans et de la lecture de ses trois livres (La tentation allemande, Ce que veut l’Allemagne, La bataille des langues en Europe). Les européistes de Strasbourg redoutent sa connaissance incomparable des données de la politique d’influence d’organismes tels que la FUEV. Et maintenant, il faut interpeller les parlementaires français ! Internautes, utilisez le courriel de votre député, de votre sénateur, pour l’interroger et l’interpeller avant le débat au Parlement de cet automne ! Bon courage ! J.Kotoujansky


    • Antoine Diederick 8 août 2007 09:53

      @Zen

      Suivez l’exemple ou le mauvais exemple belge et vous verrez ce à que cela va conduire.....

      Overdose de l’europe pour ma part....


  • Ar Brezonneg 7 août 2007 12:37

    Ah ! Enfin ! Très bien !

    Nous allons pouvoir -enfin !- reprendre notre chemin ! Le « jacobinisme » aura vécu !

    Breizh Atao !


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 13:08

      Madame, Monsieur, Les Bretons vigilants que vous êtes ont une « veille Internet » permanente pour réagir aussi vite à la publication de notre Lettre ! C’est dire leur motivation. Si les braves gens bretonnants (d’ailleurs en réalité relativement peu nombreux)ne voient pas malice à ces « Chartes » linguistiques et à tous ces « bilinguismes », les gens attentifs et informés savent bien que derrière cela il y a la revendication d’abord régionaliste, puis autonomiste, enfin indépendantiste. Votre réaction confirme tout simplement ce que nous disons dans notre « Lettre aux parlementaires » et j’ai envie de laisser ce simple commentaire : Ce Qu’il Fallait Démontrer : CQFD ! J. Kotoujansky


    • Ar Brezonneg 7 août 2007 14:27

      Mais bien sûr ! Toutefois ce n’est qu’un tout petit aspect du problème ! Pourquoi croyez-vous que lors du référendum pour la Constitution de l’Europe , les Bretons ont voté « pour » ?... C’est parceque nous allons enfin pouvoir aller vers le « Grand large » !...

      Je rappellerai que le traité de 1532 ( Le traité a été ratifié à l’unanimité par le Parlement de Bretagne qui faisait confiance !) que j’ai sur la table devant moi, n’a pas été respecté par le Roi de France, ni plus tard par la République.... Ses représentants allaient même jusqu’à préparer un génocide à la suite de celui de nos voisins et amis de la Vendée.... Ils n’ont pas eu le temps ! Mais après sous la IIIeme république, les Bretons ont fait l’objet de tracasseries, d’insultes, et de mesures diverses. Cela n’a pas été oublié ! Par la suite, et récemment, il y a eu encore des propos insultants qui n’auraient jamais été tenus si nous avions été Juifs, Arabes, ou Congolais....

      Au delà des aspects « folkloriques » que nous utilisons en tant que « teaser » pour le boboïde en vacances, il y a tout un mouvement de fond, difficile à apprécier pour celui qui n’est pas dans le coup...

      Ce pays, a de nombreux atouts, et quand nous voyons l’exemple de l’Irlande, nous nous disons qu’après tout nous ferions aussi bien....


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 15:33

      La culture bretonne, c’est passionnant, certes. Le « Grand Large », avec ses « quartiers de noblesse » de « bretonnitude » ou de « celtitude », ça l’est beaucoup moins, à mon humble avis. Qu’en pensent les mânes d’Anne de Bretagne et de Merlin l’Enchanteur, lorqu’elles hantent le soir, sous l’arbre au gui qu’environnent les druides de blanc vêtus, la forêt de Brocéliande ? JK


    • ZEN ZEN 7 août 2007 17:03

      Qu’en pensent les Bretons de Paris ?...


    • Ar Brezonneg 7 août 2007 19:50

      Je vous dirais que les druides ont été liquidés par Jules Cesar, avant l’arrivée des Bretons entre le IIIeme et le VI eme siècle ! Cesar était un grand philanthrope..

      Anne, notre bonne Duchesse, ne se gênait pas pour revenir dans son Château de Nantes, avec les bijoux du roi de France quand elle en était fâchée... Et elle n’hésitait pas non plus à faire scier ses « conseillers » francais -corrompus- entre deux planches pour faire jeter les morceaux dans la Loire qui passait au pied du château...


    • Ar Brezonneg 7 août 2007 19:58

      De toutes manières , vous pouvez dire ce que vous voulez, le nouveau traité européen sera adopté par l’Assemblée à Versailles, sans referendum aucun... Les portes seront alors entièrement ouvertes pour permettre ce qui vous hérisse... Et les lois européennes, permettront alors la reconstitution des anciennes nations et provinces, que nos ancêtres ont connu avant la constitution des état-nations après l’expérimentation du totalitarisme par la révolution francaise... Totalitarisme qui s’est alors diffusé tout au long du XIXeme siècle avec son paroxysme entre 1917 et 1982 pour l’Europe. Et c’est bien cela que les pères fondateurs de l’Europe ont voulu faire disparaître . Les dispositions en cours d’édiction permettront de reconstruire une certaine harmonie... Comme en Irlande, comme en Catalogne...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 20:48

      Les internautes ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas où l’on veut emmener la France... Votre franchise, à vous autonomiste ? indépendantiste ? breton, est rafraîchissante, même si le breuvage est empoisonné. JK


    • Ar Brezonneg 8 août 2007 10:55

      Eh oui, les Bretons se rendent bien compte de la forme de racisme dont ils sont l’objet... D’ailleurs votre « ton » badin un peu « protecteur » n’est-il pas une forme d’ethnicisme ???

      C’est bien de cela qu’il s’agit dès qu’il s’agit des Bretons ! Eh oui, ce texte est en fait ce qu’il nous faut pour reposséder la Terre de nos pères...


    • Le Canard républicain le canard républicain 15 août 2007 09:36

      Bonjour Monsieur. J’ai appris dernièrement que le club des Jacobins était issu du Club Breton qui s’était donné pour but de doter la France d’une constitution. Ses membres ont très largement contribué à l’émergence d’un mouvement républicain. Comme l’avait précisé Georges Clemenceau le 29 janvier 1891, la Révolution est un bloc et le Jacobinisme fait donc partie intégrante de l’héritage révolutionnaire (« La révolution est un bloc dont on ne peut rien distraire » prononcé lors d’un discours au parlement). Je ne partage pas l’ensemble des idées jacobines. Par exemple, je ne suis pas contre l’enseignement des langues régionales dans le monde d’aujourd’hui, le français restant bien entendu la seule langue officielle de la République. Dans les années 1790, les Jacobins ont pu considéré que les langues régionales empêchaient la révolution de « pénétrer dans les esprits ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui et les langues régionales sont un beau patrimoine à conserver. A de nombreuses reprises, les Bretons ont montré un grand attachement et un grand dévouement à la République. Voulez-vous le retour de la Monarchie ? Voulez-vous le retour de l’Empire ? Le 10 juillet dernier, Barroso a avoué que l’U.E., c’était un Empire ! Cordialement.

      P.S. : En 1774, l’allemand Herder affirma la primauté du « Volk », le peuple, au sein duquel l’individu fut défini comme appartenance. Mais suite à la Révolution française et l’apparition de la conception française de la nation ( « une communauté de citoyens » qui transcende toutes les appartenances privées ( religion, région, origine, race, ... ) ), ce même Herder insista de nouveau sur l’originalité du peuple allemand, et bien vite, sur sa supériorité : « Guérir le monde au contact de l’être allemand ». Friedrich Schlegel défendit lui aussi une conception ethnique de la nation dans ses « Leçons philosophiques » de 1804-1806. Selon lui, les individus devaient être liés entre eux par des liens de sang pour garantir la pérennité de la communauté culturelle. La suite, vous la connaissez...1913 : le droit du sang fut instaurée en Allemagne dans le code de la nationalité. 1933 : arrivée du nazisme au pouvoir en Allemagne avec comme fondement le racisme et ayant pour ambition la domination du continent. Hitler : « L’Allemagne ne sera vraiment l’Allemagne que lorsqu’elle s’appellera l’Europe. »


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 16 août 2007 21:55

      Au « Canard »

      Merci pour cette réaction. Je vous réponds brièvement :

      - la République (je suis ré-pu-bli-cain) n’exclut nullement les langues régionales comme le breton, mais à titre de première langue vivante et pas dans un rapport strictement « paritaire » avec le français, sinon, s’en sera fini de la France. Un grand pays qui veut jouer un rôle doit avoir une langue dominante, comprise et parlée partout, support de la mémoire historique commune ; sinon il se met en marge de l’Histoire.
      - je suis opposé à toutes ces idées de « races » comme support de la culture. Tout cela ne me « parle » pas. Mais je suis pour que la France dure, et pour cela que les Français « enracinés » aient suffisamment envie de se reproduire pour que la « race » française (en tout cas les Européens de France) ne disparaisse(nt) pas. A certains égards on peut se demander si cette extinction progressive avec remplacement corrélatif par d’autres, n’est pas en marche...


    • Stéphane ARLEN Stéphane ARLEN 17 août 2007 08:03

      Vous dites : « Et les lois européennes, permettront alors la reconstitution des anciennes nations et provinces, que nos ancêtres ont connu (sic) avant la constitution des état-nations (re-sic) après l’expérimentation du totalitarisme par la révolution française... »

      Je vois que votre rêve est de revenir à une Europe morcelée, avec de petits souverains tout-puissants localement et se faisant la guerre pour des questions d’identité, d’approvisionnement en richesses, d’accès à la mer, ou pour agrandir le territoire. Vous nous proposez de revenir à une époque qui finira immanquablement par celle d’aujourd’hui ! Et pour ce qui est du totalitarisme, je vous rappelle que les indépendantistes bretons furent de fervents soutiens au nazisme. Le drapeau breton est lui-même une création de fascistes locaux. Alors, pas de leçons, merci !


  • uccle44 7 août 2007 13:12

    Oui, la République est VRAIMENT en danger. Il faut savoir qu’une des règles de la géostratégie est d’affaiblir ses voisins, même amis, sans toutefois faire la guerre armée. Toutes les autres variantes sont valables, y compris le « culturel ». Certains services sont spécialisés dans ce genre de choses...

    Pour info :

    http://www.fuen.org/pages/france/f_1_2002.html


  • ZEN ZEN 7 août 2007 13:14

    Je revendique moi aussi l’autonomie de l’Artois et de la Flandre française !!... smiley


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 13:26

      Oui, oui, dans notre énumération, nous avions volontairement omis les Flamands, n’étant pas très sûrs qu’il y ait là aussi des revendications spéciales ! Votre commentaire le prouve néanmoins... avec humour. JK


    • Antoine Diederick 8 août 2007 13:12

      @Zen

      Moi aussi, je revendique l’autonomie de l’Artois, de la Picardie et de la Bourgogne et mme de la Provence.

      D’ailleurs, le compte d’Artois est d’accord avec moi, histoire de détruire ses frères princiers et ses royaux cousins. Par Saint Denis, tudieu !


    • Antoine Diederick 8 août 2007 13:21

      euhh conte....non comte...et pas compte....décidémment mon « franchois » passe à la moulinette ....vous aurez rectifié


  • maxim maxim 7 août 2007 13:50

    il y a toujours une ambiguité au sujet de l’Alsace Lorraine et de son lien avec l’Allemagne ..... bien que de l’assistance publique ,mais portant un nom Germanique ( je suis né à Paris accidentellement ) et ayant entrepris des recherches sur mes origines réelles ,je me suis rendu compte que certains de mes parents ,grands parents étaient soit Allemands ,Soit Alsaciens ,et Lorrains suivant les fluctuations de l’histoire particulière de ces 2 provinces ..... en Alsace Lorraine des lois Allemandes sont encore en vigueur...... un de mes fils travaillant pour une grosse firme Allemande ,mais affilié au siège français dans la banlieue de Strasbourg béneficie du règime spécifique d’assurance sociale d’Alsace Lorraine issu des anciennes lois Allemandes ...

    lorsque je m’étais engagé dans l’armée en 1959 pour commencer le 1er janvier 1960,j’avais dû à l’époque fournir une attestation de nationalité Française ..... j’ai été plusieurs fois sollicité à cause de mon nom par plusieurs organisme et une association internationale venant d’Allemagne ,parce que le hasard à voulu que je porte un nom célèbre d’une grande dynastie avec une descendance connue mondialement ,et ayant ses armoiries et tout le décorum ...je les renvoie ballader ( et je suis poli ...)...... et voilà ,et bien l’Allemagne ne me quitte pas ,et comble d’ironie ,dans ma belle famille du côté de mon épouse il y a des Allemands ,même ma belle mère porte un nom Allemand ...... je suis cerné ,je veux mon indépendance !!!!!!!!!


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 14:37

      Je ne puis que vous répondre brièvement, pardonnez-moi. Du reste, il ne faut pas personnaliser notre débat, qui tourne autour d’une seule question : l’avenir de la République française, une et indivisible. Il est vrai que les autorités françaises ont été jadis maladroites avec ces fameux certificats de réintégration dans la nationalité française jadis exigés des Alsaciens-Mosellans, annexés par l’Allemagne en 1870 et à nouveau par le IIIè Reich en 1940. Mais c’est maintenant de l’Histoire ancienne et c’est l’avenir de l’Alsace dans la France qui nous importe. Merci pour votre intérêt J.K.


  • ZEN ZEN 7 août 2007 13:50

    « L’UFCE entretient des liens directs avec des députés européens comme Rudolf Bindig, Lluis Maria de Puig, Klaus Hänsch (ancien président du parlement européen) ou encore Michl Ebner (membre du parti populaire européen, PPE) qui, lors du congrès de l’UFCE en 2003, prônait le principe de la « citoyenneté régionale ». Il faut ajouter aussi que l’UFCE comme l’ECMI font partie du Conseil de l’Europe et travaillent en liaison avec l’institut américain, le PER (Project on Ethnics Relations qui, chose incroyable, est également membre du Conseil de l’Europe et est soutenu entre autres par le Département d’Etat). Bref, ces instituts sont au cœur du pouvoir tandis que les défenseurs de la nation ne s’y trouvent pas. »

    Si ce que dit Hillart est fondé, on comprend pourquoi les intérêts industriels et financiers US ont intérêt à atomiser l’Europe, comme ils ont poussé Eltsine à démanteler l’ex-URSS...(voir Stiglitz : « La grande désillusion »)


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 14:41

      Oui, exactement ce que nous disions des officines pangermanistes qui gravitent autour du Conseil de l’Europe. Je vois que vous êtes parfaitement informé. Le parlement de Bruxelles/Strasbourg est une instance redoutable d’autant ques ses membres n’étant pas élus par des électeurs précis, comme l’est un député national, n’ont pas de comptes directs à leur rendre. J.K.


  • ZEN ZEN 7 août 2007 13:56

    @ L’auteur

    Le fond du problème n’est-il pas ici ? :

    http://www.politis.fr/article1746.html


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 15:38

      Mais bien sûr, vous avec cent fois raison ! L’Europe, comme « Hinterland » des Etats-Unis, comme colonie, pour tout dire, voilà le fin mot, le fin fond, de l’européisme. Mais chut ! ne le dites pas trop fort, vous allez troubler la sieste du président de la République... JK


    • Ar Brezonneg 8 août 2007 11:49

      A la fin des années 1960, il y a eu un débat à Quimper et à Rennes entre « souverainistes » Bretons et « Autonomistes » Bretons, débat dont certains axes ont échappés à certains observateurs : La question qui avait été débattue par des universitaires (disparus depuis), était de savoir s’il ne valait pas mieux entrer dans l’orbe américaine où la Bretagne aurait été accueillie à terme en temps qu’Etat au même titre que le Maine, le New Hampshire, etc...

      Dans la salle, il y avait des jeunes de l’époque qui avaient passé leur jeunesse et fait leurs études aux USA... Ils nous avaient exposé les avantages et inconvénients d’un tel statut. Depuis l’idée même de l’Europe fédérale a fait son chemin et les orientations prises nous conviennent. Nous observons avec beaucoup d’intérêt ce qui se fait en Catalogne, en Ecosse, au pays de Galles... Nous avons mis en place un parlement régional cohérent et très dynamique qui sera notre Assemblée future. Le Président a déjà été élu en conséquence. Il ne manque plus que le corpus législatif européen... Ce que nous voulons de puis des siècles est en train de se faire tout doucement , et surement ; et sans guerre ! Il n’y a plus qu’à attendre et grâce à l’Europe nous pourrons rattraper le pemps perdu depuis 1532 !


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 9 août 2007 22:39

      Au moins, vous illustrez à chaque intervention de vous, nos craintes ! Europa ethnica...


    • Ar Brezonneg 12 août 2007 23:02

      Votre « combat » d’arrière-garde est finalement assez vain ! En effet, il suffit d’observer la « real-politik » mise en oeuvre par Bruxelles entre la Serbie et le Kosovo : Ce pays va être séparé de la Serbie selon des critères purement ethniques. Vous avez là un exemple qui démontre de facto ce que sera l’évolution du continent européen dès que le mini-traité sera adopté ! Et selon certains échos, les députés seraient en majorité acquis à cette évolution... C’est pour cela qu’un référendum n’aurait pas lieu d’être. Il faut évoluer vers « plus d’Europe » ! Vous ne trouvez pas ?


  • Neos 7 août 2007 14:30

    Bonjour,

    depuis quelques temps sur AGV, des élans pan-souverainistes résurgissent ça et là, plus vigoureux que jamais.

    Je respecte ces idées même si elles ne sont pas miennes et souhaite revenir sur certains arguments avancés par l’auteur.

    Les discussions sur le contenu du projet de traité ’modificatif’, sur lequel planche actuellement la Conférence intergouvernementale, ont fait l’objet de plusieurs articles, je ne reviendrais donc pas dessus.

    En revanche, le fond du sujet est intéressant et je savoure à l’idée d’en aborder quelques aspects.

    Le souverainisme d’abord a ce naturel de ne jamais rappeler les fondements essentiels qui justifient encore aujourd’hui l’existence même de l’Union européenne en Europe. On peut être contre la méthode de gouvernance européenne, on peut être contre la voie économique (certains emploieront le terme « libéral ») qui a été préférée pour en organiser son intégration. Je peux comprendre et je respecte ces positions. Mais il est un autre argument qui, il me semble, ne connaît qu’une opposition mineure dans l’opinion publique : c’est le rôle pacificateur joué par le processus de construction européenne. Au-delà des arguments économiques qui nous amèneraient à débattre sur l’utilité du marché intérieur, l’UE vise ainsi avant tout à dépasser les différences nationales qui ont fait tant de mal aux peuples européens aux XIXe et XXe siècles, et proposer une alternative de développement de civilisation à la logique des concurrences nationales en misant sur la solidarité, la coopération, le travail en commun autour d’un projet unique : vivre notre avenir en commun.

    Ce projet en commun n’est pas le projet allemand. Ma lecture de l’article est peut-être erronée, j’ai eu le sentiment que la plume de l’auteur semblait reprocher à la Présidence allemande du Conseil de l’UE d’avoir voulu s’approprier la Charte des Droits fondamentaux en présentant certains aspects du texte comme d’inspiration germanique. La Charte est un texte élaboré en commun, à 15, il y a environ 7 ans. Le principe du respect des minorités nationales sur lequel je me propose de dire quelques mots, dépasse largement la conception que se ferait un Etat de l’UE et repose sur des valeurs reconnues par les Etats membres dans leur ensemble.

    Alors me direz-vous, que vient faire ici la question des minorités nationales ? Ou autrement dit, pourquoi les thèses souverainistes françaises (c’est un thème particulièrement sensible en France puisqu’il remet en cause un principe constitutionnel que l’auteur n’a pas manqué de rappeler) expriment un certain malaise lorsque l’idée de « minorité nationale » est évoquée sur la place publique ? Ce que l’auteur n’a pas souhaité souligner en gras (préférant attirer le regard sur le principe d’égalité, plus confortable), c’est la mention « république une et indivisible ». En effet, s’est-on jamais étonné de savoir pourquoi la France ne reconnaît-elle aucune « minorité nationale » sur son territoire, alors qu’elle exige, par exemple, que les minorités soit scrupuleusement respectées par les nouveaux Etats membres qui désirent adhérer à la famille européenne (le respect des minorités nationales, un des critères de Copenhague, est une condition d’adhésion à l’UE) ? Pourquoi ne ferait-on pas nôtre les causes corse, alsacienne, bretonne, basque (...) qui revendiquent généreusement un droit à la reconnaissance de leur culture, de leur langue, de leur diversité régionale ? Le souverainisme défend inlassablement l’unité nationale, il refuse en France l’ouverture aux minorités et souhaite limiter tant que possible l’accès à la diversité à l’intérieur de nos frontières nationales. La République doit demeurer « une et indivisible », elle ne doit pas risquer de se voir remise en cause par une diversité trop revendicative. En d’autres termes, le souverainisme craint la conciliation possible entre reconnaissance de la diversité intérieure et maintien de l’unité nationale.

    Car nous touchons ici, chers lecteurs, au cœur de la sensibilité souverainiste : est-il concevable que les valeurs objectives (langue, culture, traditions, usages...) de la nation puissent être conciliables avec les valeurs régionales ou transnationales ?

    Cette question devra probablement trouver une réponse satisfaisante sur notre continent au cours du siècle qui s’ouvre à nous. Au risque sinon de retomber dans les travers nationalistes du siècle passé.

    Je pense pour ma part que ceci n’est pas infaisable. Avec des efforts de tolérance, de solidarité et de compréhension vis-à-vis de nos amis européens, nous pouvons réussir à concilier l’intérêt national avec les intérêts européens.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 15:25

      Cher Monsieur, Votre réaction intelligente et modérée mériterait une longue réponse argumentée. Je manque de temps pour la rédiger, devant répondre aux autres commentaires. Je vais répondre de façon concise à deux arguments : la paix la diversité I/ La paix. Bien entendu, la construction européenne est née du spectacle terrible des guerres. Mais très vite l’objectif initial a été détourné. Voyez les origines et l’inspiration de l’icône des fédéralistes, Jean Monnet, typiquement agent d’influence anglo-saxon, et surtout américain, attaché à ménager les voies d’accès à l’ambition états-unienne de contrôler les principaux états de l’Europe. On ne peut pas dire que la paix en Europe ait été le fait de son orientation fédéraliste passée, présente et future. La paix vient de l’absence de contentieux grave entre les Etats, et, pour ce qui concerne la France, tout de même, du rôle que joue notre dissuasion nucléaire, telle que l’a voulue De Gaulle. (Au fait, De Gaulle, pour les Français plus grand personnage de leur Histoire, qui avait vu les deux guerres de près, était-il « fédéraliste » ? Bien sûr que non.) Au demeurant, les guerres sont le fait des empires, ou des volontés impériales, et non des nations. Enfin, en ex-Yougoslavie, en ex-URSS, le fédéralisme n’a pas empêché les conflits. Les nations veulent exister et sont quasi indestructibles. 2/ La diversité. Je commence par la fin : la France est un Etat unitaire, relativement centralisé, où elle n’est rien, que le domaine royal du « roi de Bourges » (Charles VII)ou à peu près. C’est ainsi. L’unité s’est faite jusqu’au frontières naturelles, elle a pris des siècles et n’est rien moins que naturelle aux intérêts « féodaux » qui sont aujourd’hui toujours vivaces, sous d’autres formes. La corruption de certains élus, qui a tant atteint leur image, à tort pour l’immense majorité d’entre eux, ne date pas du temps des préfets tout-puissants, mais du temps de la décentralisation qui a affranchi en partie les élus locaux de leur autorité. (Ceci n’est pas pour dire qu’il faut recentraliser, mais pour dire qu’il faut être prudent.)Quant à la France d’Outre-mer, c’est le fruit de l’Empire, mais qui a apporté aux « colonies » bien plus de bien que de mal, et dont nous n’avons pas à rougir. Ensuite, que l’on veuille non pas seulement maintenir les dialectes (ou les langues) régionaux et leurs « cultures » (ce qui est louable), avec quelques centaines de milliers de gens intéressés, mais leur donner un rôle à égalité avec le français, en prenant le risque des antagonismes et des incompréhensions de l’une à l’autre, j’avoue être sceptique et réservé. Face à cela, il y a les immenses pays émergents : Chine, Inde. La nation, parlant français (cela sans préjudice de ses cultures régionales) est à la taille de ces défis ; mais pas la région (qui doit toutefois, c’est vrai, recevoir les droits et les moyens d’une action de proximité). Voilà en deux mots, mes réponses. Merci pour votre contribution au débat. J.K


    • Ar Brezonneg 7 août 2007 15:29

      La « République » n’est qu’un mode de gouvernement... Il y en a d’autres...

      D’ailleurs lorsque l’Europe existera, il n’y a aucune raison pour conserver ce mode de gouvernement qui sera en fait redondant avec le gouvernement central des « Länders » d’Europe !

      Il faudra bien prendre en compte cela car il sera nullement efficace de conserver en parallèle un « etat-nation » (France, Espagne, Grande-Bretagne« et l’Europe... Il faudra bien du point de vue central administrer soit des grosses régions avec un gouverneur, ou de plus petites régions autonomes comme la Catalogne, l’Ecosse, la Bretagne avec là aussi un gouverneur élu, et un Parlement composé de représentants élus... Ces régions pourraient alors être ethniquement cohérentes (Histoire, culture, civilisation, géographie, le droit, la religion) et basées sous le principe du »pays« (le »pagus" des Romains)...

      Je vous informe que cela a déjà été discuté par ici...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 15:45

      Quelle horreur ! Vous et ceux qui pensent comme vous sont vraiment l’archétype de ce que nous dénonçons, et que nous ne confondons du reste pas avec les bonnes gens attachés à faire vivre et à transmettre la culture à laquelle ils sont attachés, celle de leurs racines. Que les internautes vous lisent, et ils penseront comme nous : tirons la sonnette d’alarme auprès des parlementaires, avant qu’ils ne se laissent aller à ratifier sans amendement la funeste « Charte des droits fondamentaux de l’UE », pain bénit des « ethnicistes »... JK


    • Neos 7 août 2007 16:30

      JK : « On ne peut pas dire que la paix en Europe ait été le fait de son orientation fédéraliste passée, présente et future. »

      Je l’ai mentionné dans ma première intervention. Je pense que la méthode de gouvernance de l’UE est critiquable. Toutefois, la méthode d’intégration (ce n’est pas la même chose) a permis de faire en sorte que les Etats autrefois belligérants travaillent ensemble à la réalisation de projets concrets en commun. Cette coopération transnationale a largement favorisé l’installation de la paix en Europe occidentale.

      JK : « La paix vient de l’absence de contentieux grave entre les Etats, et, pour ce qui concerne la France, tout de même, du rôle que joue notre dissuasion nucléaire, telle que l’a voulue De Gaulle. »

      Il me semble que nous n’avons pas la même lecture de l’histoire. C’est bien parce que l’on a rendu impossible la dissociation de l’approvisionnement en matériaux utiles aux industries lourdes et d’armement, dans les années 50, ainsi que l’interdiction à l’Allemagne de se doter d’une armée « nationale », que France et Allemagne n’ont pu retomber dans leurs erreurs du passés. Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que la logique de dissuasion, même si elle est toujours enseignée dans les écoles militaires françaises, n’a plus lieu d’être à l’égard des autres Etats membres de l’UE qui, grâce à l’intégration communautaire, sont devenus des partenaires et non plus des concurrents politiques ou des menaces militaires. D’ailleurs, depuis la réforme des armées en France, le concept même de « menace » a considérablement évolué dans le discours des Etat-majors français. Et enfin, vous le savez mieux que moi, la politique de dissuasion nucléaire française avait comme principale raison d’être de permettre à la France d’asseoir une indépendance politique et militaire à l’égard des US.

      JK : « Les nations veulent exister et sont quasi indestructibles. »

      Le croyez-vous vraiment ? Le processus d’intégration communautaire, même s’il fait face à un certain nombre de résistances, est un processus qui, il me semble, a fait et continue à faire ses preuves. L’Union monétaire, même si j’imagine que vous la réprouvez, est un accomplissement et tend à montrer qu’elle est viable. Idem pour la politique de cohésion de l’UE, voire encore l’impact de programmes européens tels que Erasmus, Jean Monnet ou Comenius.

      JK : « La diversité. Je commence par la fin : la France est un Etat unitaire, relativement centralisé, où elle n’est rien, que le domaine royal du »roi de Bourges« (Charles VII) ou à peu près. C’est ainsi »

      Il suffit d’aller en province pour constater que la diversité est une évidence de tous les instants. Allez sur un petit marché du fief du Premier ministre français, dans le département de la Sarthe, voire à côté en Mayenne, je vous défis de comprendre le patois que l’on y parle allègrement... je pourrais également prendre le sud de la France pour exemple, voire encore les contrées avoisinantes de la belle Strasbourg que vous connaissez tout comme moi. Cessons de taire la réalité. Elle nous entoure et ce n’est pas un texte constitutionnel cousu à la taille du costume de De Gaulle qui y changera quelquechose : la France est faite de diversité, et même si l’Etat français continue de la vouloir unitaire, pour des raisons historiques, nul doute que l’avenir nous dira si la théorie jacobine tiendra longtemps face aux impérieuses nécessités imposées de facto par les temps modernes.

      JK : « La corruption de certains élus, qui a tant atteint leur image, à tort pour l’immense majorité d’entre eux, ne date pas du temps des préfets tout-puissants, mais du temps de la décentralisation qui a affranchi en partie les élus locaux de leur autorité. »

      J’imagine que la plupart des élus locaux frémiraient en lisant vos propos. Quelle que soit leur obédience politique d’ailleurs. La décentralisation est un outil utile pour sortir de l’étau jacobin qui étrangle la France depuis bien trop longtemps. S’il est vrai qu’il y a parfois une carence d’Etat dans certaines contrées de France, il y a aussi pas mal de collectivités territoriales où les autorités déconcentrées continuent malheureusement à presser les autorités décentralisées.

      JK : « Face à cela, il y a les immenses pays émergents : Chine, Inde. La nation, parlant français (cela sans préjudice de ses cultures régionales) est à la taille de ces défis. »

      Croyez-vous un instant ce que vous dites ? Je reviens sur un exemple simple qui a secoué la France en 2005 : l’accord signé entre l’UE et la Chine en 1995 et prévoyant la fin des quotas d’importation des produits textiles et de la chaussure en Europe au 1er janvier 2005 a eu des effets malheureux sur l’industrie française qui a demandé l’aide de l’UE pour repousser quelque peu l’échéance de la mise en œuvre de cette décision. Sans la puissance économique de l’UE, la France n’aurait pas pesé bien lourd et, n’en déplaise à votre foi nationale, aurait été priée de se taire. Grâce à l’UE, un délai de quelques mois a pu être négocié auprès d’une Chine bienveillante, à défaut d’être une Chine compréhensive, 10 ans ayant été fixés pour préparer les industries européennes - a fortiori françaises - à cette échéance, fut-elle désagréable.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 17:22

      Néos : « que les Etats autrefois belligérants travaillent ensemble à la réalisation de projets concrets en commun. Cette coopération transnationale a largement favorisé l’installation de la paix en Europe occidentale » -> JK : la paix, personne n’en sait rien. Les projets communs, c’est évident : Airbus, Ariane, le CERN, Galiléo, etc. Mais justement, ça n’a rien de fédéral, c’est de l’inter-étatique, justement, comme tout ce qui marche (ou confédéral, comme vous voudrez) ! ------ Néos : « la logique de dissuasion, même si elle est toujours enseignée dans les écoles militaires françaises, n’a plus lieu d’être à l’égard des autres Etats membres de l’UE » -> JK : soyons simples : depuis Napoléon, la France ne s’est battue avec personne d’autre qu’avec l’Allemagne, et aucun autre conflit inter-étatique d’envergure ayant un autre point de départ que l’Allemagne (je dis bien inter-étatique, car l’empire austro-hongrois contre la Serbie, à l’origine de 14-18, relève de la logique impériale) n’a eu lieu en Europe (mettons à part la guerre récente dans les Balkans). Donc, la paix en Europe de l’ouest (mettons à part la Russie) n’est liée qu’à l’état de la relation franco-allemande. Pour cela, en effet, la dissuasion française n’a joué aucun rôle. Mais elle nous permet, par rapport au E.-U. justement, de parler haut et clair, ce que ne peut faire l’Allemagne, qui dépend pour son ultime défense, des E.-U.. Donc, si la dissuasion française n’assure pas la paix en Europe, du moins jusqu’à présent, ce n’est pas non plus la construction fédérale qui y est pour quoi que ce soit. Et notre « Lettre » met en garde : la Charte des droits de l’UE est une menace primordiale contre la paix car elle ouvre la boite de Pandore des conflits frontaliers.--------------

      Néos : « l’avenir nous dira si la théorie jacobine tiendra longtemps face aux impérieuses nécessités imposées de facto par les temps modernes. » -> JK : à mon avis, c’est très simple. Ou l’on a les Etats-nations, plus ou moins décentralisés ou déconcentrés, ou l’on a - en une génération - l’empire de l’Europe des régions, gros de tous les dangers.----------------------

      Néos : « il y a aussi pas mal de collectivités territoriales où les autorités déconcentrées continuent malheureusement à presser les autorités décentralisées » -> JK : et c’est heureux ! L’Alsace est plus riche que le Limousin. S’il n’y avait pas l’Etat (je ne dis pas « l’Etat français » expression qui soit rappelle Vichy, soit déprécie l’Etat) qui donc assurerait la peréquation ? Qui freinerait parfois la démagogie dispendieuse des assemblées et des exécutifs locaux ? Sans l’Etat, que seraient la Corse, la Polynésie, pour s’en tenir à ces deux exemples ? ---------------

      Néos : « l’accord signé entre l’UE et la Chine en 1995 et prévoyant la fin des quotas d’importation des produits textiles et de la chaussure en Europe » JK-> les objections sont simples : 1/- l’esprit du traité de Rome (encore confédéral) était justement la protection douanière commune, et ceci n’a rien à voir avec la taille des nations ; c’est l’Europe fédérale qui a tout démantelé. Donc votre argument ne prouve rien quant à l’utilité de l’Europe - 2/-comment vivent la Suisse ou la Norvège qui ne font pas partie de l’UE, ou la quasi totalité des nations développées du monde qui ne sont pas engagées dans un processus fédéral ? Elles ont des protections douanières personnalisées pour défendre leur modèle de développement. Non, vous ne me convainquerez pas que c’est d’abord une idéologie (celle de la fin des Etats-nations d’Europe au profit, d’abord, de qui-nous-savons) que la construction fédéraliste de l’Europe.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 17:31

      je rectifie une erreur typographique dans ma dernière phrase : « et vous ne me convainquerez pas que ce n’est pas d’abord une idéologie que la construction fédéraliste de l’Europe ! »


    • Neos 7 août 2007 22:21

      Cher monsieur,

      Nous n’avons manifestement pas la même ‘lecture’ de l’activité européenne.

      Quand je parle de ‘projets’ concrets, je ne fais pas référence aux initiatives intergouvernementales des Etats, mais de l’activité communautaire, multilatérale et organisée à 27, aujourd’hui, et qui transcende les efforts communs des peuples d’Europe autour d’objectifs précis.

      Quelques exemples concrets :

      Galileo : http://ec.europa.eu/dgs/energy_transport/galileo/index_fr.htm

      Au passage, Galileo est une activité communautaire.

      Mais aussi :

      Phare : http://ec.europa.eu/enlargement/financial_assistance/phare/index_en.htm

      Les actions agricoles : http://ec.europa.eu/agriculture/index_fr.htm

      La politique de cohésion et les fonds structurels : http://ec.europa.eu/regional_policy/index_fr.htm

      Erasmus : http://ec.europa.eu/education/programmes/llp/erasmus/erasmus_en.html

      Ce programme s’inscrit dans le cadre du programme de formation tout au long de la vie.

      Culture 2007 : http://ec.europa.eu/culture/eac/culture2007/cult_fr.html

      Les exemples concrets d’intégration communautaire sont légions. Les initiatives dont vous nous faites part ne sont en revanche que des initiatives intergouvernementales, initiées hors de l’enceinte des institutions européennes, négociées entre les Etats au titre de leur activité diplomatique traditionnelle ou de leur politique nationale, voire même dans le cadre d’actions privées. Alons, soyons honnêtes, l’activité à 27 est autrement plus vaste que celle que vous décrivez et qui se limite à l’action de coopération limitée entre quelques Etats.

      JK : ‘Donc, la paix en Europe de l’ouest n’est liée qu’à l’état de la relation franco-allemande. Pour cela, en effet, la dissuasion française n’a joué aucun rôle.’ (..)

      Je ne vous le fais pas dire, c’est exactement ce que je souhaitais souligner. C’est d’ailleurs la raison qui a poussé nos aïeux à faire travailler la France et l’Allemagne dans le cadre organisé et surveillé d’une Communauté européenne du Charbon et de l’Acier.

      JK : (..) ‘si la dissuasion française n’assure pas la paix en Europe, du moins jusqu’à présent, ce n’est pas non plus la construction fédérale qui y est pour quoi que ce soit.’

      Vous surestimez largement le rôle géopolitique de la France en 2007. Quant à la paix en Europe, vous avez répondu vous-même sur ce point, je vous renvoie à votre phrase du haut qui est claire et qui, complétée par mon commentaire, prend tout son sens : ‘la paix en Europe de l’ouest n’est liée qu’à l’état de la relation franco-allemande.’

      JK : ‘Ou l’on a les Etats-nations, plus ou moins décentralisés ou déconcentrés ou l’on a - en une génération - l’empire de l’Europe des régions, gros de tous les dangers.’

      Il me semble que vous ômettez quelques (autres) scénariis possibles. Je ne comprends pas votre notion « d’Empire de l’Europe des régions », qui n’a aucun sens.

      JK : ‘Qui freinerait parfois la démagogie dispendieuse des assemblées et des exécutifs locaux’ ?

      Ne serait-ce pas les excès de l’Etat qu’il faudrait plutôt freiner ?

      JK : ‘l’esprit du traité de Rome (encore confédéral) était justement la protection douanière commune, et ceci n’a rien à voir avec la taille des nations ; c’est l’Europe fédérale qui a tout démantelé. Donc votre argument ne prouve rien quant à l’utilité de l’Europe’

      L’Union douanière n’a rien à voir avec cet accord signé en 1995 entre la Chine et l’UE. Cet accord commercial visait à supprimer les restrictions (quotas protecteurs favorables aux Etats membres jusqu’en 2005) à l’importation des produits textiles en provenance de l’Empire du Milieu. Grâce à son poids économique, l’UE a pu s’offrir le luxe de négocier une période de grâce avec la Chine. La France, qui n’avait pas compétence pour intervenir sur ce dossier, n’aurait pu se le permettre. Vous ne pouvez pas nier le facteur économique qui, dans ce cas de figure, est essentiel pour comprendre que les écarts de puissance qui séparent en l’espèce un Etat seul et un groupement d’Etats soudés autour d’un traité (tel que c’est le cas avec l’UE en Europe) puissent faire basculer une décision politique majeure en faveur de ce regroupement d’Etats. Cela relève du bon sens même.

      JK : ‘comment vivent la Suisse ou la Norvège qui ne font pas partie de l’UE, ou la quasi totalité des nations développées du monde qui ne sont pas engagées dans un processus fédéral ?’

      La Suisse a toujours été neutre. Respectons le choix des Suisses de préserver une culture (sage selon moi) de neutralité sur la scène internationale. La Norvège a le privilège de bénéficier de ressources naturelles qui lui permettet d’être autonome dans de nombreux domaines. Les Norvégiens ont, à la suite d’une consultation populaire, fait le choix de ne pas rejoindre l’UE. Ce choix doit lui aussi être respecté.

      Demandons aux français de se prononcer pour ou contre le maintien de la France à l’UE. Je pense que vous ne seriez pas contre cette consultation populaire ?

      Je doute en revanche que la plus haute autorité française trouve cette dernière idée particulièrement judicieuse.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 22:32

      Cher Monsieur, La discussion pour ou contre l’Europe fédérale pourrait se poursuivre longtemps, sans que nous convainquions mutuellement. Mais ce n’est pas exactement le sujet de notre « Lettre », lequel est relatif à la question de la reconnaissance des « minorités nationales » par la France, concept d’inspiration allemande, et propre à assurer à notre voisin une hégémonie à terme sur l’Europe, ou bien des conflits frontaliers incessants. je me permets donc de recadrer le débat, même si vos arguments économiques pour l’Europe fédérale méritent qu’on y réponde, ce pour quoi le temps (et une compétence économique qui n’est pas celle d’un expert) me manque. JK


    • Parpaillot Parpaillot 7 août 2007 23:41

      @Neos :

      Bravo pour votre commentaire, très bonne analyse ...

      Cordialement !


    • Neos 8 août 2007 10:10

      « Mais ce n’est pas exactement le sujet de notre »Lettre« , lequel est relatif à la question de la reconnaissance des »minorités nationales« par la France, concept d’inspiration allemande, et propre à assurer à notre voisin une hégémonie à terme sur l’Europe, ou bien des conflits frontaliers incessants. »

      Je ne partage absolument pas votre analyse. La question des minorités nationales est une problématique qui dépasse la seule approche germanique, elle est omniprésente en Europe centrale, dans les Balkans occidentaux. Mais également en France, en Espagne et dans chacun des Etats membres de l’UE. Et les minorités d’Europe occidentale, centrale et de l’est ne peuvent que se satisfaire que l’on défende, au sein d’un texte fondateur comme peut l’être la Charte, des droits au nom de l’équité, de la diversité du terrain qui fait le charme de nos contrées européennes, mais aussi sa richesse.

      Il n’y a pas que la nation qui soit ’propriétaire’ de la culture, de la langue et des valeurs identitaires en Europe. En cela je ne peux être d’accord avec vos convictions qui s’assimilent, pour moi, à des postulats idéologiques dignes des plus belles années de l’après Congrès de Vienne de 1815.

      Or, les temps ont, cher monsieur, depuis lors bien changés.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 8 août 2007 11:55

      Sur un point, vous avez raison : la question des « minorités » parle aux oreilles de beaucoup de peuples d’Europe Centrale. C’est que leur conception de la citoyenneté est en retard sur la nôtre, celle de la République égalitaire, voilà tout. N’importons pas ces conceptions rétrogrades, je le redis.- JK


    • Neos 8 août 2007 12:08

      Ne serait-ce point plutôt la nôtre qui s’accroche becs et ongles à une conception dépassée de la nation où nos diversités et minorités n’auraient aucun droit reconnu alors qu’elles sont pléthores dans nos provinces ?

      Osons penser la nation autrement en trouvant l’instrument juridique qui permette aux minorités d’être reconnues et de continuer à vivre aux côtés de la nation, et non pas en les opposant systématiquement les unes à l’autre.

      L’avenir dans l’UE est à chercher quelquepart dans la conciliation de la nation avec ses minorités, dans la réconciliation des peuples et non dans leur opposition, dans la diversité et non dans un clivage de culte de la différence comme ne cessent de le prôner les thèses souverainistes.


    • stradiuvarius 9 août 2007 11:22

      Le rejet des institutions européennes n’est pas plus la marque d’un souverainisme ou d’un quelconque repli identitaire qu’une propension que les citoyens libres du vieux continent peuvent avoir ou s’arrogent à juste titre à en critiquer les contours ou la substance même, quitte à en exiger démocratiquement à terme le démembrement pour raison d’iniquité ou même de danger pour les européens. Que voulez vous, c’est un vieil héritage de la révolution Française et de celui des Lumières qui sacralise la Liberté individuelle là ou les sbires européistes pérorant tels des vierges effarouchées par le pouvoir de nuisance contradictoire, souhaiteraient la gommer depuis Bruxelles au bénéfice des « communautés », des « ethnies », des « particularismes régionaux » pour finalement mieux gommer le fragile équilibre constitué depuis des siècles en Europe et asseoir un autre pouvoir. Mais Lequel au juste ? Ils ne savent pas vraiment eux mêmes puisque incapables déjà de définir ce qu’est l’Europe géographiquement, culturellement ou même démocratiquement. En atteste le formidable Lobbying qui s’exerce par exemple au sein des Institutions Européennes par les grands groupes de pression (économiques ou religieux) là où il constituerait un scandale manifeste dans les pays concernés. Et c’est bien l’objet constitué du concept RETROGRADE et archaïque de minorités au niveau européen qui pose problème là ou la France, pour éviter l’écueil d’une Balkanisation de son territoire ne reconnaît que des citoyens émancipés, libres sans distinction de race, de couleur, de sexe, d’ethnie ou d’appartenance religieuse.

      Ne voyez vous point dans cette idéologie rétrograde et la promotion qu’en fait l’Europe politique, les prémisses d’une idéologie passéiste qui préfigurera à n’en pas douter les prochaines guerres en Europe telles qu’elles ont pu se dérouler au siècle passé ? Et souhaitez vous laisser encore longtemps à Bruxelles l’initiative des catastrophes sanitaires ou humanitaires à venir pour les générations futures dans la Balkanisation généralisé du vieux continent qu’elle met en place par la « régionalisation » ?


    • stradiuvarius 9 août 2007 11:40

      Merci Mr Jacques Koutoujansky pour la qualité de votre papier et l’articulation des idées que je partage avec vous...

      Rares sont les articles sur l’Europe Institutionnelle sur ce site qui brillent par l’impartialité, la distanciation .Et l’on peut dire que le vôtre est vraiment bienvenu sur Agoravox...

      Je vous rejoints pour grossir les rangs et mettre en perspective le Fascisme Impérialiste et Européiste qu’il convient de dénoncer de manière urgente un peu partout !


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 9 août 2007 22:48

      En relisant les interventions, je vois bien que vous réduire « à quia » (je plaisante) supposerait de faire toute une archéologie de la nation (pourquoi la France d’abord, puis les autres se sont constituées comme Etat et nation) et donc d’étudier les forces à l’oeuvre (économiques principalement il me semble) puis de faire de même pour l’idée fédérale (pourquoi, qui, quoi, comment, veulent aujourd’hui faire disparaître les Etats-Nations, alors que la nécessité historique ne semble pas l’imposer ; et que d’ailleurs le phénomène n’existe qu’en Europe). Vaste programme...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 9 août 2007 22:52

      Merci infiniment. Votre appréciation me fait chaud au coeur, ainsi qu’aux souverainistes qui ne veulent pas se rendre sans combattre. N’oubliez pas d’interpeller vos parlementaires ; ils ne peuvent pas rester insensibles au débat et doivent être mis en situation de se dire que l’Histoire les regarde...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 9 août 2007 23:06

      Cher « Stradiuvarius »

      Vous parlez d’or. Je vous cite et ajoute un commentaire, mais l’on pourrait presque s’en passer !

      ’’souhaiteraient la gommer depuis Bruxelles au bénéfice des « communautés », des « ethnies », des « particularismes régionaux » pour finalement mieux gommer le fragile équilibre constitué depuis des siècles en Europe et asseoir un autre pouvoir. Mais Lequel au juste ?’’ ===> oui, exactement, quel pouvoir à la place des Etats-Nations ? C’est la bonne question ! Justement, démanteler la protection des Etats pour livrer les peuples européens à la gouvernance de Bruxelles, de Berlin, et en dernière analyse de Washington et des oligarques du « Bilderberg » (que les Internautes aillent voir sur Internet ce qui cache derrière cette conférence « non-gouvernementale ») c’est-à-dire en définitive à la main de fer des multinationales. Voilà la question.

      ’’Ils ne savent pas vraiment eux mêmes puisque incapables déjà de définir ce qu’est l’Europe géographiquement, culturellement ou même démocratiquement.’’ ===> exactement encore ! L’Europe est un concept flou. Concept géographique ? Mais alors la Russie d’Europe en fait partie. Or la Russie s’étend jusqu’en Extrême-Orient... Concept politique ? Mais avec quelles limites ? Certains fédéralistes ne lui donnent aucune limite, voulant y faire entrer la Turquie. L’Europe est ainsi étendue à la dimension d’une Utopie, en devenant un ensemble affranchi de toute identité de civilisation, destiné à s’élargir sans fin.

      ’’Ne voyez vous point dans cette idéologie rétrograde et la promotion qu’en fait l’Europe politique, les prémisses d’une idéologie passéiste qui préfigurera à n’en pas douter les prochaines guerres en Europe telles qu’elles ont pu se dérouler au siècle passé ? Et souhaitez vous laisser encore longtemps à Bruxelles l’initiative des catastrophes sanitaires ou humanitaires à venir pour les générations futures dans la Balkanisation généralisé du vieux continent qu’elle met en place par la « régionalisation » ?’’ ===> Bravo ! Il n’y a pas un mot à changer à votre avertissement.

      Merci, et luttons !


    • masuyer masuyer 11 août 2007 12:46

      Jacques,

      je trouve un peu étrange cette dénonciation de la reconnaissance des « minorités nationales », et je pense qu’évoquer à ce propos une influence allemande, n’est pas chez les auteurs de cette lettre du tout innocent. Même si une précaution oratoire est prise : « Précisons bien que lorsqu’il est question de l’Allemagne, ce n’est évidemment pas à son peuple que nous pensons »

      La France a un problème avec ses minorités nationales et n’accepte l’idée d’expression des cultures « régionales » que sous l’angle folklorique (dans l’acceptation française du terme).

      Il est flagrant qu’elle est cru bon de rajouter à la constitution en 1992, que « le Français est la langue de la république ».

      On peut débattre de ce choix, mais je souhaite ici juste poser deux questions :

      - Pourquoi la France s’est élevée contre le processus d’arabisation en Algérie voulu par Bouteflika (je suis précise que je ne l’approuve pas) ?

      - Quelle serait la réaction des auteurs de cette lettre ou de la France si le Canada ajoutait aujourd’hui à sa constitution : « L’anglais est la langue du Canada » ?

      Il ne me semble pas impossible de concilier des droits de l’individu avec des droits collectifs. La Finlande le fait.

      Il m’apparait tout aussi intéressant de se pencher sur les droits des « minorités trans-nationales » :Roms, Same etc...

      Cordialement


  • godilhaire 7 août 2007 17:03

    Cet article est truffé d’aneries, de mythes, et surtout de peurs, comme si la modèle français centraliste était une grande réussite pour la France et les français : STUPIDE. J’espère que les auteurs feront de meilleurs constats pour l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, et le Royaume-Uni ; ils semblent très peu informés, et vu leurs qualités -professeurs- je plains leurs étudiants. Ceci prouve au moins que les arguments contre le centralisme à la française commencent à toucher au coeur du problème. Au fait : la Confédération Helvétique est confédérale depuis combien d’années ? smiley


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 17:26

      Il est ridicule de comparer le fédéralisme suisse(depuis longtemps la Suisse n’est pas une confédération mais une fédération de cantons)au fédéralisme européen. C’est tellement évident que ça ne mérite pas d’être longuement argumenté. JK


    • Parpaillot Parpaillot 8 août 2007 01:33

      @Godilhaire :

      @DJ :

      « Au fait : la Confédération Helvétique est confédérale depuis combien d’années ? »

      @DJ :

      « Il est ridicule de comparer le fédéralisme suisse(depuis longtemps la Suisse n’est pas une confédération mais une fédération de cantons)au fédéralisme européen. C’est tellement évident que ça ne mérite pas d’être longuement argumenté. JK »---

      Réponse : La Suisse est devenu un état fédéral en 1848. Elle était auparavant une Confédération d’Etats dont elle a conservé le nom : « Confédération Suisse ». Ces états (les cantons) ont abandonné une partie de leur souveraineté au profit de l’état fédéral (armée, monnaie, commerce, poste,.. )

      Non, la Suisse n’est pas une « fédération de cantons », mais un état fédéral !

      Pour vous informer à la source, vous disposez du site de la Confédération Suisse où vous pourrez prendre connaissance de la « Constitution fédérale » :

      http://www.admin.ch/ch/f/rs/1/101.fr.pdf

      Par ailleurs, chaque canton suisse possède sa propre constitution, son propre gouvernement et son propre parlement.

      @Auteur :

      Oui il faut rester en phase avec votre article, alors allons-y brièvement !

      En vous lisant, avec beaucoup d’intérêt d’ailleurs, j’ai eu l’impression de me trouver devant un texte datant de plus d’un siècle, tant les propos formulés me semblent en total décalage par rapport à la réalité. Vous y mélanger les expressions : origines ethniques, langues, nations, hégémonie, etc. Vos propos nous transportent au début du 20ème siècle, à la veille de la première guerre mondiale ... Vous citez les problèmes des minorités dans certains pays (Hongrois de Roumanie, les Catalans et Basques en Espagne). Vous mentionnez : « des Etats au fédéralisme conflictuel (Espagne, Belgique) », mais vous omettez de citer des pays où le fédéralisme ne l’est pas : l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, pays où cohabitent quatre communautés linguistiques. Vous dites craindre que ce Traité Européen ne favorise le morcellement de la France : « ... forgerait le dispositif de morcellement de la France ... ». En vérité votre vision jacobine de la France vous empêche de voir la réalité européenne : la réussite de l’Europe sera celle de tous les pays qui la composent et de tous les habitants qui la peuplent. Chaque pays a ses propres institutions, forgées par son histoire et sa culture, ce qui ne signifie nullement qu’il faille rejeter les institutions du voisin, mais au contraire s’en inspirer. Ce qui est bon pour l’Allemagne est bon pour la France et réciproquement. Pour ma part, je ne pense nullement que ce Traité soit un cheval de Troie téléguidé par quelques obscurs personnages dans le dessein de nuire à la France. Non décidément, votre article ne m’a pas convaincu !

      Très Cordialement !

      PS : J’ai beaucoup apprécié les interventions de « Neos » pour leur pertinence et leur rigueur ...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 8 août 2007 11:59

      Merci pour vos précisions sur la Suisse. Mais ça ne change pas les données du problème européen. La France ou la Roumanie, ce n’est pas un demi-canton suisse !-JK


  • Aoriste Aoriste 7 août 2007 17:38

    Un article hautement intéressant, structuré aux arguments fouillés qui, à mon sens, illustre parfaitement la sclérose interne française créant à cet Etat membre tant de difficultés à s’adapter aux développements européens qu’il cautionne pourtant et -paradoxalement- au sein du Conseil européen par la voix de ses différents gouvernements démocratiquement élus. Est-il dès lors possible d’en déduire, vu l’article proposé et les répliques, que les gouvernements français ne sont pas représentatifs d’une volonté populaire démocratiquement exprimée ?

    Il est possible et aisé de stigmatiser, une américanisation à outrance, la grande conspiration internationale financière, les complots ethniques, louvoyant autour des organes décisionnels européens, puis la prépondérance allemande qui ne retrouve qu’un rang somme toute proportionnel à son poids économique et démographique. Une démarche inverse à laquelle il serait facile de se laisser aller dans une même démagogie de nationalistes belliqueux opposés consisterait à voir dans l’action du premier dictateur de la Vème catastrophe française, la concrétisation d’une suprématie française sur une Allemagne défaite sur laquelle elle s’est appuyée pour mener sa diplomatie d’opérette au nom d’une pseudo indépendance et pour modeler par extension une Europe pour et par ses intérêts au mépris profond de l’idée schumanienne plus universelle.

    A prendre pour témoin l’attitude actuelle et quasi symptomatique de la France opposant refus et obstructions dans nombre de politiques communes européennes, dont l’agricole, qui ont in fine pour corollaire l’institution d’une diplomatie occulte digne des grands moments du Congrès de Vienne, ainsi qu’une Europe fonctionnant aux antipodes des principes démocratiques et de transparence sans compter les infléchissements paradoxaux de dernière minute passés sous silence.

    Plus précisément, à propos de ce traité « simplifié » dont la mise en œuvre complexe d’un point de vue juridique surclasse de loin la véritable simplification qu’aurait offerte le traité constitutionnel, la position allemande n’ayant pu imposer l’application contraignante et uniforme de la Charte des droits fondamentaux à tous les Etats membres est à regretter vu qu’elle en vide ainsi la portée juridique uniforme, élargissant ainsi encore davantage le gouffre démocratique en privant le citoyen d’un outil à sa portée.

    Ensuite, il est aisé de comprendre l’outrage que peut susciter le principe du respect des minorités pour les jacobinistes héritiers de deux cents ans d’endoctrinement républicain qui persistent à voir dans toute forme de différence culturelle et son expression une cinquième colonne menaçant un pouvoir centralisé quasi dictatorial. Pour ma part, je les conçois comme autant d’enrichissements à favoriser en déléguant à des instances démocratiquement élues et fédérales un éventail de compétences le plus large possible à l’instar de ce qui fonctionne parfaitement en République fédérale allemande, et dans une moindre mesure dans nombre d’Etats voisins tels l’Espagne, le Royaume-Uni etc. Espérons que l’Europe des Régions, encore trop en ébauche, leur offre une telle possibilité bafouée depuis bien trop longtemps.

    Pour conclure, outre ses avancées bien trop limitées à mon goût, je forme des vœux pour que ce traité modificatif prouve de nouveau l’obsolescence patente de la classe politique française toujours obérée des atrophies gaulliennes coriaces afin qu’elle soit à même d’évoluer aussi pacifiquement que possible vers un véritable régime parlementaire à vocation fédérative.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 20:20

      Madame ou Monsieur,

      « Aoriste » : L’aoriste est le passé indéterminé du grec ancien -> vous êtes cultivé et Athènes est peut-être pour vous une référence, comme c’est le cas dans la culture philosophique allemande...

      « sclérose interne française »,« les gouvernements français ne sont pas représentatifs d’une volonté populaire démocratiquement exprimée » -> oh oh ! pas très francophile...

      « la prépondérance allemande qui ne retrouve qu’un rang somme toute proportionnel à son poids économique et démographique. » -> mais comment donc ! plutôt germanophile...

      « l’action du premier dictateur de la Vème catastrophe française » -> de surcroît anti-gaulliste...

      « diplomatie d’opérette au nom d’une pseudo indépendance et pour modeler par extension une Europe pour et par ses intérêts au mépris profond de l’idée schumanienne plus universelle » -> oh ! un peu méprisant pour la France

      « la position allemande n’ayant pu imposer l’application contraignante et uniforme de la Charte des droits fondamentaux à tous les Etats membres est à regretter » -> mais comment donc encore ! Vous apportez de l’eau à mon moulin, dans un français d’ailleurs excellent, même si le fond l’est moins...

      « l’outrage que peut susciter le principe du respect des minorités pour les jacobinistes héritiers de deux cents ans d’endoctrinement républicain qui persistent à voir dans toute forme de différence culturelle et son expression une cinquième colonne menaçant un pouvoir centralisé quasi dictatorial. » -> et voilà ! le loup sort du bois...

      « ce qui fonctionne parfaitement en République fédérale allemande » -> bien sûr, imposer le modèle fédéral allemand à tout le monde et tirer ensuite les marrons du feu...

      « l’Europe des Régions, encore trop en ébauche, leur offre une telle possibilité bafouée depuis bien trop longtemps. » -> de cette possibilité, justement, engageons les Français à ne pas vouloir, les malheureux qui s’apprêtent à entrer dans le piège...

      « l’obsolescence patente de la classe politique française toujours obérée des atrophies gaulliennes » -> au contraire de Konrad Adenauer, vous n’auriez pas, vous, embrassé De Gaulle...

      Voilà donc, si je devais vous définir : peut-être un Allemand cultivé, imbu du modèle fédéral, et qui dit tout haut ce qu’une partie de la classe dirigeante allemande pense tout bas...Avis aux amateurs... Merci néanmoins d’alimenter le débat ! JK


  • ZEN ZEN 7 août 2007 18:30

    Il serait bon de réfléchir à l’exemple belge ...et sur cet article.

    http://www.communautarisme.net/La-France-eclatee_a277.html?PHPSESSID=354ac2718f421188e6a8a440c1b4edfc

    Il n’y a pas là de crispation gaullienne (et je ne suis pas hostile à de nouvelles formes de décentralisation, mais surtout pas sur des critéres ethniques !!...) mais la simple défense du peu qui nous reste d’indépendance nationale.


    • ZEN ZEN 7 août 2007 18:40

      L’accord de l’officieux et pudique PET (Partenariat économique Transatlantique) préconise :

      « de fixer sans plus attendre l’objectif consistant à parachever, sans entraves, le marché transatlantique d’ici à 2015, comme le Parlement européen, le Congrès des États-Unis et des personnalités de la politique, des milieux universitaires et du monde des affaires l’ont proposé à maintes reprises ».


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 20:25

      Excellente référence, qui décrit le processus permettant de passer du folklore à la revendication séparatiste. JK


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 20:27

      Je vous réponds : la « minorité » turque ne pose aucun problème aux ethnicistes, car elle n’a pas de territoire défini, et donc ne pourra jamais revendiquer un tel territoire, au contraire de toutes les « minorités nationales » de la Charte.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 20:29

      Mais c’est certain. Là est l’objectif, plus ou moins lointain, plus ou moins dissimulé. Les Sudètes en font certainement partie. JK


  • ZEN ZEN 7 août 2007 19:23

    qu’est-ce que la FUEV dont parle l’auteur ?

    http://membres.lycos.fr/leguenne/etudes/hemon/1918_1963/martray/fuev.htm


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 20:42

      FUEV est l’acronyme allemand de Union Fédérative des Communautés Ethniques Européennes. Cette ONG, basée dans le nord de l’Allemagne, oeuvre puissamment pour le modèle social ethniciste. Allez voir sur le site :

      http://www.fuen.org/pages/france/f_1_2002.html

      Voilà le programme... Pensez à interpeller votre député et votre sénateur pour que nos débats aient une traduction concrète, et si possible, efficiente ! JK


  • ZEN ZEN 7 août 2007 20:25

    Un article bien informé sur la puissance des lobbies (allemands entre autres) à Bruxelles. Même les Lands font du lobbying, surtout la puissante Bavière).C’est la Libre Belgique qui en parle, journal pourtant bien conformiste :

    http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=339076&folder_id=359


  • ZEN ZEN 7 août 2007 21:38

    Un point de vue à prendre en compte. (On peut le trouver sur d’autres sites)

    http://www.voltairenet.org/article7731.html


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 21:50

      Oui, le Réseau Voltaire est un vecteur d’information de premier plan. Je le connais bien pour le pratiquer régulièrement, même sans partager toutes ses analyses sur d’autres sujets. L’article de 2002 de Pierre Hillard est très clair, sur la FUEV notamment. JK


  • Ar Brezonneg 7 août 2007 21:48

    Nous les Bretons, nous attendons beaucoup de l’Europe. Pourquoi ? Tout simplement parce que la France qui avait traité d’égal à égal avec nos dirigeants, n’a pas respecté par la suite les termes du traité de 1532. Les rois de France, étaient très méfiants vis à vis de notre pays. Par la suite ce fut une mise en coupe réglée qui s’est traduite par des révoltes (Celles des Bonnets rouges par exemples, ou par la Chouannerie après). Ces révoltes ont été écrasées dans un bain de sang, par des massacres et par des exécutions... Pour nous la parole de la république on s’en méfie. On se souvient de la promesse faite à Sombreuil par Hoche : non respectée et un massacre ! Après la mort de la Duchesse , ce fut un très long hiver...Et d’un pays riche on a fait un pays de misère et de misères... La Bretagne est restée volontairement sous développée. Le pouvoir parisien s’arrangeant pour que rien de « moderne » ne fût instauré dans le Pays ! Selon beaucoup d’historiens, le XIXeme siècle, par exemple, s’est terminé en 1945 !... En fait, ce fut une relation de type « colonial » ! Au XIX eme siècle on se souvient des « bonniches » bretonnes (Bécassine !!!) et de l’alcoolisation des hommes pour mieux les détruire.... On retient aussi 1870 et les champs de Conlie... Pour la guerre 14-18 : un vrai massacre : 1 breton sur 5, contre 1 pour 10 pour les français.... Connaissez vous le mur du Souvenir à Sainte-Anne d’Auray ? Nous cela nous a tous fait réfléchir !... Et en 1940 ces Bretons, composaient la majeure partie de la France libre ! Dont le chef -illustre- avait des ancêtres Bretons ! Ce qui explique peut-être que nous nous sommes réveillés d’une longue nuit après 1945.... (Le CELIB, le développement fulgurant du pays dès l’avènement de la Veme ! Cela on ne le dira jamais assez !) Maintenant, c’est l’Europe qui est notre nouvel horizon. C’est une opportunité pour nous. Car nous pourrons dans le cadre fédéral en préparation reprendre la main sur notre destin. Le Conseil de l’Europe ne s’y est pas trompé d’ailleurs. Vous rappelez justement la présence d’Américains dans le Conseil... Vous avez vu de qui il s’agit primitivement ? Vous ne vous interrogez pas sur les raisons qui prévalent à ce désir d’« émancipation » des pays celtes ? Il y a des dizaines de millions de Celtes aux USA, certains à des postes éminents, ou postes clef depuis longtemps. C’est un mouvement pan-celte qui est en cours... Et nous on voit bien que notre avenir est là...


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 22:00

      La Bretagne a bénéficié autant que d’autres (et même un peu plus) du développement national depuis l’après-guerre : agriculture, industrie (NTIC), services (tourisme). La Bretagne mal-aimée de Paris, c’est une sotte antienne qu’on entend ici aussi en Alsace. L’ethno-centrisme « celte » se nourrit de ce qu’il peut et fait feu de tout bois... JK


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 22:05

      Vous voyez à quoi pensent les autonomistes. N’oubliez pas, si vous vous sentez concerné, d’interpeller vos propres parlementaires. Nous, nos élus d’Alsace, ils savent ce que nous, souverainistes, pensons. En dernière leu, c’est eux qui auront à décider, hélas !... JK


    • Ar Brezonneg 8 août 2007 11:13

      Autonomisme ? Mais pas du tout ! C’est tout autre chose !


  • ZEN ZEN 7 août 2007 22:05

    Intéressante intervention sur les orientations de la nouvelle politique industrielle allemande. Ceci explique au moins en partie cela...

    http://www.fondation-res-publica.org/L-Allemagne-entre-l-Europe-et-la-mondialisation-_a221.html


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 22:12

      La Fondation Res Publica et J.-P. Chevènement produisent des analyses de grande qualité. L’importance pour l’industrie allemande du marché européen (si possible parlant beaucoup allemand !)n’échappe pas aux industriels d’outre-Rhin. Comme vous dites : ceci explique cela (mais le pangermanisme va au-delà de l’économie).
      - JK


    • Antoine Diederick 8 août 2007 20:26

      @Zen

      Oui, Merkel est adepte du patriotisme économique et je dois dire que sur ce sujet , nous avons plutot envie de la suivre.

      Sur le monétarisme , là je ne suis pas mais bon....

      Mais, les choses sont en ce moment plus complexes, ce que je ne comprends pas encore bien ce sont les nouvelles finalités ds tout ce tohu bohu, ds ces changements.

      Pour le moment d’ailleurs, comme francophone, je suis en train de me dire que la France a choisi le plus mauvais homme qui soit, et par défaut car il n’y avait à gauche pas le poids nécessaire. Mais, là n’est pas la question, il nous faut de l’appartenance et là cela manque cruellement...


  • La Taverne des Poètes 7 août 2007 22:35

    A l’auteur : « nous réprouvons cette orientation » : Nous « désapprouvons » suffisait. Je n’aime pas cette introduction de la morale dans votre discours politique. Au fond de quoi avez-vous peur ? d’un « péril celte » ?

    Il est vrai que les Celtes vont défiler sur les Champs-Elysées en septembre (j’en parlerai sur ce site). Mais ce n’est qu’une parade toute culturelle.

    Vous êtes un défenseur de l’identité nationale. Moi je préfère la position de François Bayrou qui défend un certain régionalisme, ce régionalisme n’étant en aucune façon un nationalisme local. Je crois que vous devriez vous en tenir à ce que vous a répondu Valéry Giscard d’Estaing qui est un sage homme.


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 22:42

      De plus, vous caricaturez la Bretagne dans vos commentaires. Est-ce indispensable ? N’est-ce pas la preuve que vous êtes un défenseur de l’uniformité autrement dénommée « identité nationale » ? Vous voulez, à la manière de Sarkoy, faire table rase du passé, des cultures et des différences ?


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 22:57

      J’ai compris ! Vous avez appris par voie de presse que la Bretagne est la région championne de France du QI avec une moyenne générale de 106,6 (résultats des hommes et des femmes confondus). Et alors ? L’Auvergne suit avec 106,5 (grâce à Giscard qui fait monter la moyenne à lui tout seul), suivie de l’Ile-de-France avec 106,3 (les parigots, encore un effort !). La Franche-Comté affiche une moyenne de 106 points. Puis viennent Le Limousin, la Haute-Normandie et la Bourgogne. Mais où est l’Alsace ?

      Hum ! La « taverne des poètes », c’est le moment de juger de l’humour des Alsaciens... smiley


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 22:58

      Monsieur,

      Un grand merci pour votre commentaire qui enrichit le d&bat. La Taverne des Poètes, c’est une enseigne engageante... Mais le traité fédéral n’est ni poétique dans son affreux charabia et ses miroirs aux alouettes, ni engageant. Nous avons peur en effet que la France et quelques autres se défassent sous nos yeux à cause de l’impéritie de nos gesticulants mais en réalité faibles et consentants dirigeants, portés au pouvoir par un peuple qui, au fond, n’y comprend plus grand’chose, et qui s’empêtre à prolonger la cause des maux qu’il dénonce. Et le pire est à venir... François Bayrou est en effet aimable avec les identités régionales, puisqu’au fond l’Europe de Bayrou - homme honnête et qui est ce qu’il est depuis toujours quant à la question européenne, contrairement à l’UMP qui a renoncé à toute référence vraie au gaullisme - c’est la démocratie chrétienne, l’Europe de Charlemagne, du condominium de l’Eglise et de l’empereur d’Allemagne, l’Europe du Saint-Empire. Ce n’est pas du tout méprisable, c’est un projet cohérent, mais ce ne fut jamais celui de la France, de ses rois, de ses empereurs, de ses républiques, de De Gaulle. La France est celle qui dit non aux empires (sauf entre 1802 et 1815, je vous le concède) et aujourd’hui, comme en février 2003 à la tribune des Nations-Unies, non à l’hégémonie anglo-saxonne.

      Vous me parlez de mon échange avec Giscard ; vous êtes donc bien informé et vous suivez le débat européen de près : bravo ! Mais je demeure en désaccord avec lui, en toute modestie, comme vous l’avez vu dans notre échange. Sincèrement - JK


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 23:02

      Tiens ! je vais me mettre un costard aussi (gris) et une cravate et je vais dire que je fais de la « science politique » et vous allez voir comment qu’ça en jette !

      MDR ! smiley

      P.S : mais je crois que vous avez peur de la rentrée politique et du MoDem. Les meilleurs démocrates n’en ont pas peur. Au contraire, ils y placent leurs espoirs.


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 23:07

      L’Alsace étant mâtinée de Germains (qu’ils disent !) a un QI sans comparaison avec la « Grande Nation » d’outre-Vosges. Vous me parlez de petits QI de 105 et des poussières ; ici on table sur 147 (hauteur en mètres de la flèche de la cathédrale de Strasbourg) et les touristes allemands sont d’accord, d’où les efforts que fera leur pays pour reprendre le fil d’une ancienne histoire...


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 23:14

      Argh ! Un Qi de 147 ? Je suis battu... Et notre cathédrale Saint-Corentin est moins haute aussi. Bon ! alors, vous avez gagné : vous êtes les plus forts. Vous voyez bien qu’il ne fallait pas vous inquiéter !


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 7 août 2007 23:19

      Bonne nuit, cher compatriote régionaliste modéré, contrairement à mon autre contradicteur breton ! Dans le paradis républicain, il vous sera beaucoup plus pardonné qu’à l’autre !


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 23:28

      Guten Nacht ! Und Danke Schön. Mais je ne crois pas au paradis.


    • ZEN ZEN 8 août 2007 09:14

      @ Taverne

      C’est : Gute Nacht (féminin) et Danke schön (seuls les noms portent une majucule)

      Non, tu n’iras pas au paradis...


    • Ar Brezonneg 8 août 2007 11:21

      Le « paradis républicain » ? Quelle blague, c’est plutot l’enfer !

      Tenez , on se souvient de Romieu , préfet francais :

      "La Basse-Bretagne, je ne cesse de le dire, est une contrée à part qui n’est plus la France. Exceptez en les villes, le reste devrait être soumis à une sorte de régime colonial. Je n’avance rien d’exagéré. Créons pour l’amélioration de la race bretonne, quelques unes de ces primes que nous réservons aux chevaux et faisons que le clergé nous seconde en n’accordant la première communion qu’aux seuls enfants parlant le français. Auguste Romieu, sous-préfet de Kemperle

      Et j’en ai plein d’autres comme cela !


    • La Taverne des Poètes 8 août 2007 11:35

      Zen, on a tous droit à un coup de fatigue à minuit approchant. Surtout quand on n’a pas appris l’allemand à l’école et que ne le pratique pas. Mais le sens est compris. Vous dites que je n’irai pas au paradis. Ainsi j’aurai la joie de ne pas vous y rencontrer.


    • La Taverne des Poètes 8 août 2007 11:43

      Zen, en me tutoyant subitement et en disant cela, vous ne montrez que du mépris. Haîssez-vous les bretons au point de leur promettre l’enfer ?


  • Aoriste Aoriste 7 août 2007 23:19

    Je vous sais infiniment gré de ce portrait signalétique dont je ne puis qu’accuser la pertinence médiate dans la mesure où il ne confirme qu’une opposition patente revendiquée entre deux visions dont je souhaiterais toutefois ôter ces relents de nationalisme susceptible à terme de me faire endosser le colifichet (anachronique ?) de Dreyfusard, serait-ce au titre des régionalismes à défaut de celui du projet européen.

    A votre instar, il m’apparaîtrait nécessaire de nuancer certains de vos commentaires pour le moins stigmatisant et repris ci-après dans le désordre :

    - « de surcroît anti-gaulliste » ; résolument, voire monarchiste constitutionnel à ses heures perdues face à l’avènement de tels usurpateurs démagogues.

    - « ce qui fonctionne parfaitement en République fédérale allemande » -> bien sûr, imposer le modèle fédéral allemand à tout le monde et tirer ensuite les marrons du feu... » Qui songe à l’heure actuelle à imposer un système politique quel qu’il soit, développé, appliqué et éprouvé par et pour un Etat membre donné à un second sauf à l’anathématiser pour l’autel d’une Weltpolitik bien wilhelmienne pour l’occasion, là où il ne s’agit à mon sens que d’éventuelle complémentarité mais surtout d’inspiration interactive et volontaire ? Le nationalisme belliqueux est tout aussi présent Outre-Rhin.

    Est-il besoin de citer les Pays-Bas, exemple historiquement moins marqué, ou pour abonder dans le sens du rédacteur, également victime de la conspiration germanique par le passé, où la minorité frisonne dispose de son propre Parlement, de sa propre langue reconnue officiellement ainsi que d’une représentation proportionnelle aux Chambres sans que des velléités d’indépendance n’aient été violemment revendiquées. Les exemples sont pléthores au sein de l’Europe actuelle et ce parfois antérieurement aux traités fondateurs : minorité suédoise en Finlande sans omettre la Belgique, bien sûr, où pragmatisme, concertation et recherche constante d’un compromis (à l’extrême certes) permet toujours de faire coexister deux peuples que rien n’aurait historiquement appelé à réunir au sein d’un Etat créé de toute pièces. Point de traités européens à diaboliser donc, qui ne sont que le reflet d’une diversité logique à 27 Etats membres et laissant la liberté aux Etats de s’en inspirer ou pas, n’en déplaisent aux nombrilistes pseudo républicains obnubilés par l’engeance centripète d’Empires centraux révolus.

    - > et voilà ! le loup sort du bois...La hyène a-t-elle peur du loup ?

    - « oh oh ! pas très francophile et plutôt germanophile » : que nenni autant germanophile que francophile, ne serait-ce que pour mieux apprécier une culture en connaissant davantage l’autre, et ce mutatis mutandis. Il m’apparaît bien plus utile de comprendre, de comparer que d’opposer. Permettez-moi même dans la lancée d’ajouter néerlandophile, russophile, mais surtout et avant tout europaïen et pour conclure ce chapitre par une plaisante digression : amoureux de Lothar pour faire honneur à la fière contrée dont vous êtes issu !


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 23:26

      Aoriste : Pour faire preuve de « pertinence médiate », il vous faudrait « mutatis mutandis » parler comme nous autres ! Allez ! je vous laisse avec le costume gris.


    • Aoriste Aoriste 7 août 2007 23:48

      préférez-lui une redingotte purpurine. Merci !


    • La Taverne des Poètes 7 août 2007 23:54

      Je ne me risquerai point non plus dans une opération aoriste, pardon je voulais dire à hauts risques. Bonne nuit Monseigneur Dézanneaux !


    • Jacques Kotoujansky Jacques Kotoujansky 8 août 2007 11:03

      L’affaire de Mme Abitbol est un peu compliquée et au premier abord choquante. Elle ressemble à ces certificats de réintégration dans la nationalité française qu’on a longtemps demandé aux Alsaciens-Mosellans. Mais notre pays est un Etat de droit et ses fonctionnaires appliquent (parfois sans assez d’explications) des textes, comme on le voit dans l’article de Libération que vous indiquez. Il s’agit ici plus d’un cas très particulier (remontant au décret Crémieux de 1870 !) que d’une donnée objective du droit civil ou administratif qui ne reçoivent évidemment pas les concepts de race ou de religion, sauf situations particulières. En ce qui concerne le texte sur l’Indochine, le mot race est ici malheureux, mais dans l’esprit des rédacteurs de ce décret, il signifiait (en 1928) souche et devait sans doute avoir pour objet de faciliter l’acquisition de la nationalité française à des enfants nés de père français (inconnu ou non déclaré) et de mère indochinoise. Je voudrais, quant à l’emploi du mot « race » jadis, vous donner la citation à l’ordre de l’armée de l’aviateur Georges Guynemer (1917) : «  »Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations." Aujourd’hui, après les horreurs des persécutions raciales, on ne formulerait plus cela de la même façon. Merci tout de même d’avoir exhumé ce vieux décret. Mais enfin, la République n’est pas raciste (ni ethniciste !), vous en conviendrez. - - JK


  • Boileau419 Boileau419 8 août 2007 05:10

    Fil de discussion très intéressant. Il faudra que je relise toutes les interventions.

    Ceux qui rêvent d’un retour à la situation de l’Ancien Régime, avec ses régions et même ses villes jouissant d’un très haut degré d’autonomie, feraient bien de se souvenir que l’Europe de 2007 n’est plus la même que celle du 16e siècle, où la France, même morcelée, était le phare du monde civilisé, le français étant la langue de toutes les élites de Madrid à Saint-Pétersbourg.

    Une France éclatée aujourd’hui serait vite l’homme malade de l’Europe.


    • Boileau419 Boileau419 8 août 2007 05:12

      La perfidie de la Grande-Bretagne, qui ne prend de l’Europe que ce qui l’intéresse, est exemplaire. Comme De Gaulle avait raison de n’en point vouloir dans la CEE !


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