lundi 28 août 2006 - par improvisation

theatre d’impro et alcool

La ville de Brest et Les Glouglous luttent contre l’abus d’alcool, une initiative originale et innovante aux Jeudis du Port 2006.

Pas évident de parler ouvertement de consommation d’alcool et autres psychotropes au cours d’une manifestation festive, c’est pourtant le défi que se sont lancés la Ville de Brest et IMPRO.INFINI, la ligue de theatre d’improvisation professionnelle de Bretagne.

Depuis 18 ans, chaque été, la ville de Brest se parent des couleurs de la fête. Concerts, theatre de rue, fanfare et buvettes envahissent les quais du port de commerce chaque jeudi pour le plus grand plaisir de 10 à 20 000 personnes par semaine qui partagent ces moments conviviaux, populaires et gratuits. Mais cette année, de nouveaux êtres étranges ont fait leur apparition : "Les Glouglous".

Si la Bretagne est réputée pour ses festivals estivaux (Vieilles charrues, Festival interceltique, Astropolis) et pour la qualité de l’accueil de son public, les Bretons trainent aussi la réputation d’être de grands consommateurs d’alcool. La ville de Brest, soucieuse de son image mais aussi de la santé de ses concitoyens, a lancé cette année une série d’actions visant à une sensibilisation aux risques d’une alcoolisation excessive. Tracts, affiches, stands d’information émaillent désormais chaque manifestation brestoise. Les Jeudis du Port sont cette fois l’occasion d’une initiative originale et innovante : La ville de Brest a en effet demandé à IMPRO.INFINI, la compagnie professionnelle d’improvisation de Bretagne, d’intervenir chaque semaine autour de cette problématique.

IMPRO.INFINI, par l’intermédiaire de Franck BuzZ son directeur artistique, a créé trois personnages décalés et fantasques chargés de la présentation de chaque soirée. 3 personnages qui représentent trois façons de vivre la fête. Autour du Grand Glou, un monsieur Loyal sympathique et souriant, Gloubi ze kid et Mamie Glou nous questionnent sur notre consommation d’alcool. Les interventions se font en déambulatoire le long des quais et sur les scènes avant chaque concert. c’est l’occasion d’évoquer un point précis tout en présentant les artistes de la soirée : l’accoutumance, les dégats physiques, le lien social, ou plus simplement les blessures engendrées par le verre cassé. Pas de morale ou de culpabilisation mais juste des informations et des pistes de réflexion afin que tous ensemble nous puissions continuer à faire la fête sans sombrer dans une logique répressive.

Et çà marche. Après des débuts déstabilisants pour le public des Jeudis peu habitué à ce qu’on l’interpelle directement, Les Glouglous au fil des semaines ont été adoptés par les spectateurs, chacun s’identifiant aux comportements des personnages. Ils sont devenus l’emblême d’un esprit breton festif, solidaire et responsable, pour que la fête puisse continuer sans être gâchée par l’excès d’alcool. Gageons que cette initiative, unique en son genre, d’associer theatre d’impro et sensibilisation en milieu festif, sera appelée à être rapidement reconduite.

toute la programmation des Jeudis du port 2006 : http://www.mairie-brest.fr/jeudis-port/2006/jeudis_pratiques.html

le site de IMPRO.INFINI : http://www.impro.infini.fr

les conseils de Mamie Glou : http://www.impro.infini.fr/mamie-glou-conseils.htm



2 réactions


  • La Taverne des poètes 28 août 2006 12:48

    Excellente initiative ! De plus, comme elle se place sur le même terrain que l’alcoolisme - le terrain festif -, cela ne la rend que plus efficace. Les Jeudis du port à Brest, La Fête des Gras à Douarnenez et les Vieilles charrues à Carhaix-Plouguer, sont des lieux de beuverie. Si cela fonctionne à Brest, il faudra peut-être étendre à ces autres manifestations populaires. Cela doit-il rester du seul ressort de la commune ou doit-il impliquer la DDASS (dont une des missions est la lutte contre l’alcoolisme) voire le Conseil général (concerné dans ses missions « Jeunesse » et « Lutte contre les exclusions ») ?


    • 3p (---.---.102.41) 29 août 2006 08:19

      Taverne des poètes,

      Tu oublies le festival interceltique de Lorient.

      J’ai passé quelques années en Bretagne, il y a 30 ans. L’alcool était culturel là-bas, et il était presque mal vu de ne pas boire, on devenait suspect. Ce qui me choquait le plus était de voir les femmes se saoûler consciencieusement avec leurs maris dans les bars.

      C’est très joli de parler des méfaits de l’alcool. Mais que leur propose-t-on habituellement en remplacement ?

      Leur offrir une alternative, leur permettre de se défoncer au théatre ou à la musique me semble une très bonne idée, c’est du concret, c’est plus excitant que les exposés médicaux ou les cours de morale.


Réagir