jeudi 17 juin 2010 - par Luc Mandret

« 11 septembre écologique »© by Barack Obama

"11 septembre écologique" : pour parler de la marée noire que subissent les Etats-Unis dans le Golfe du Mexique, Barack Obama a donc employé cette expression - 11 septembre écologique - dans une interview au journaliste Roger Simon pour le magazine en ligne Politico. Plus précisément, le Président américain a déclaré : "In the same way that our view of our vulnerabilities and our foreign policy was shaped profoundly by 9/11, I think this disaster is going to shape how we think about the environment and energy for many years to come”.

La comparaison est forte, Obama sait qu’elle fera mouche, en bon communicant bien entouré qu’il est. En France, déjà plus de 100 publications sur Twitter parle de ce "11 septembre écologique". Les sites internet des médias traitent de cette information, avec plus ou moins de précaution sur la traduction et la perspective, jugez : Barack Obama compare la marée noire à un 11 septembre écologique pour le Nouvel Obs, Obama évoque un "11-Septembre écologique" pour Europe 1, La marée noire du golfe, un « 11-septembre écologique » pour Obama sur Libération.

Je déteste les comparaisons historiques, lorsqu’en France on parle d’événements qui "rappellent les pires moments de l’histoire" ou qu’aux États-Unis les attaques du 11 Septembre 2001 soient utilisés à des fins politiques, l’impasse idéologique se trouve toujours au coin du plan de communication.

Les attentats du 11 Septembre 2001, ce sont plus de 3000 morts, et plus de 6000 blessés . L’explosion de la plateforme de forage Deepwater Horizon du pétrolier BP a quant à elle fait 11 victimes, 11 employés morts, ceux que l’on appelle les "11 oubliés" tant l’indignation écologique les a relayé dans les oubliettes de l’histoire.

Les conséquences du 11 Septembre sont nombreuses : l’invasion par les forces occidentales de l’Afghanistan, puis la seconde guerre d’Irak, mais aussi la création de centres de rétention tels que Guantanamo. Comparons les événements, mais aussi les conséquences : Barack Obama va-t-il envoyer l’armée américaine chez tous les pétroliers de la planète ? Va-t-il faire torturer Tony Hayward, le PDG de BP ?

Au-delà de la phrase choc, du petit mot qui fait beau pour montrer aux Américains et au reste du monde que Obama sera le Président écolo que l’opinion publique attend ; au-delà d’une énième opération de communication parfaitement millimétrée par les spindoctors de Barack Obama, on se permet de jouer avec les sentiments, de manipuler les esprits en récupérant des émotions fortes pour faire passer des messages. A trop vouloir surfer sur le storytelling, la communication politique devient le talent de faire coller un homme avec des messages devenus apolitiques, tellement ils transpirent la bienpensance déterminée à coup de sondages.


9 réactions


  • tomasi75 17 juin 2010 10:58

    et vous pensez quoi de la turquie en europe :
    voici un historique :
    http://unioneuropeenne.suite101.fr/article.cfm/turquie-europe-je-taime-moi-non-plus


    • miwari miwari 17 juin 2010 14:33

      On pense que tu devrais poser la question au bon endroit et pas sur n’importe quel article smiley


  • Frédéric 11 17 juin 2010 11:17

    Surtout qu’au niveau marée noire, on oublie souvent que la plus grosse de l’Histoire continue depuis des décennies dans le golfe Persique ou le total des fuites de pétroles enregistré annuellement dépassent le million de tonnes....


  • rastapopulo rastapopulo 17 juin 2010 13:20

    Moi ce qui me répugne c’est qu’il y a une compagnie qui par manque d’entretien cause une catastrophe et Oblabla laisse la même compagnie s’en occupé en minimisant...

    BP a aussi massivement investi dans les bourses de carbones et est un des plus grands bailleurs de fond de Greenpeace (qui se tait bien sur le sujet vu leur lien et BP a un poste de direction).

    Ce qui rajoute encore un scandale ? Cette tentative délibérée d’Oblabla de pousser les bourses de carbone promu par l’écologie mondialiste de l’establishment.


  • miwari miwari 17 juin 2010 14:38

    « 11 septembre écologique » ?

    Il aurait mieux fait de trouver un autre slogan, parce que le jour où la vérité sur le 11 septembre sera connue cela décrédibilisera totalement son discourt de circonstance.


  • Redrogers 17 juin 2010 16:42

    Je trouve l’indignation un peu facile, pour ne pas dire exagérée, pour une simple phrase.
    Lorsque j’ai entendu ça, je n’ai pas pensé à une comparaison directe entre l’attentat et ce qui est encore un accident (aggravé ou pas, c’est une autre question...).
    Je pense que la comparaison peut se comprendre du point de vue américain où tout ce qui touche directement leur territoire traumatise les américains !

    En ce qui concerne les 11 morts « oubliés » face à « l’indignation » écologique, c’est avant tout dramatique pour les proches de ces 11 personnes bien sûr et c’est tout naturel. Mais d’un point de vue plus global, cet événement est tellement catastrophique pour l’environnement marin que c’est ce que l’on retiendra avant tout et c’est tout à fait logique aussi !


  • patroc 17 juin 2010 18:42

    C’est pas dans un but écolo qu’Obama a fait son discours. Il sait BP incapable de reboucher le trou ni dans 2 mois, ni dans 6 mois, ni même dans 1 an !.. Il prépare juste son peuple à s’habituer à la pollution de ses côtes et fait au mieux. Cette catastrophe est bien pire que le 11/09 et c’est pas 20 milliards qu’elle va coûter à BP.. On en reparlera dans quelques mois !!..


  • Frédéric 11 18 juin 2010 02:22

    Concernant le rejet d’hydrocarbures en mer, Greenpeace en 2004 donne un chiffre de 6 millions de tonnes par an.

    Une étude de l’université de Marseille de 1998 indique lui 4 millions de tonnes.

    Le chiffre d’un million de tonnes par an dans le golfe Persique provient d’un article en anglais que j’avais trouvé en faisant un article pour le wiki sur les ports du Koweït en essayant de trouver les dommages causé par l’armée Irakienne en 1991 (entre 0,7 et 1,5 de tonnes de pétroles déversé dans le sol, la mer ou parti en fumée en quelques mois...) :

    L’article en anglais daté de l’an 2000 indiqué que 4 000 des 6 000 pétroliers passant le détroit d’Ormuz avait des fuites ou faisait du dégazage sauvage, cela s’accumulant avec les fuites des installations fixes.


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