jeudi 7 février 2008 - par Fry

Abu Sayyaf sévit toujours

Découvert dans le monde entier en 2000 lors de la capture d’Européens dont 5 français, le groupe d’Abu Sayyaf est maintenant occulté par les médias français alors que ce mouvement séparatiste musulman terroriste, proche d’Al-Quaïda, continue de terroriser le sud des Philippines et essaie d’étendre son territoire.

Le groupe Al-Harakat al-Islamiyya, plus connu sous le nom d’Abu Sayyaf, est un groupe de radicaux musulmans installés dans les îles du sud des Philippines (et principalement à Jolo) depuis maintenant près de vingt ans. Le groupe d’Abu Sayyaf revendique l’indépendance de certaines îles pour former un Etat islamique dans ce pays majoritairement catholique.

La France a découvert ce groupe de radicaux en 2000 lors de l’enlèvement dans l’île de Jolo de 28 Européens dont 5 français et 3 journalistes de France 2. Très médiatisée à l’époque, la libération des otages français a conduit à une cessation d’information en France sur les activités du groupe terroriste, pourtant proche d’Al-Quaïda. Les médias français ne s’en préoccupent plus, obéissant à la loi de proximité et, pourtant, les activités de ce groupe terroriste n’ont jamais cessé. Les combats perdurent depuis des années et a conduit à la mort plusieurs centaines de militaires et de civils.

L’année 2007 a été une année type dans le sud des Philippines. Morceaux choisis :

  • avril 2007 : sept chrétiens sont enlevés sur l’île de Jolo. Une rançon est demandée par le groupe terroriste aux autorités locales qui refusent de payer. La sanction est immédiate, les sept otages sont décapités ;
  • juin 2007 : un prêtre italien est enlevé. Il sera libéré un mois plus tard, mais 14 militaires philippins périront en voulant le sauver ;
  • août 2007 : des combats entre l’armée philippine et les islamistes du groupe d’Abu Sayyaf font 54 morts dont 26 militaires.
Les activités du groupe terroriste sont multiples : attentats à la bombe, assassinats, enlèvement d’otages (souvent des chrétiens ou des touristes européens), extorsions de fonds...

Fin août 2007, le journal Philippine Daily Inquirer, l’équivalent du journal français Le Monde aux Philippines, dénonçait l’inefficacité des opérations militaires menées dans les bastions de la guérilla d’Abu Sayyaf depuis des années. Selon le quotidien, les actions militaires « ne sont pas la bonne méthode et les combats retardent l’éradication de la pauvreté ». En effet, à la mi-août, les sénateurs ont déclaré que la guerre contre Abu Sayyaf coûte à l’Etat 1 milliard de pesos par mois soit 15,6 millions d’euros. Quand on sait que cette somme pourrait « permettre de financer de nombreux logements sociaux, des écoles, des hôpitaux, des routes, des ponts, des programmes alimentaires », ajoute le journal, les questions sur les méthodes de l’armée philippine pour éradiquer les bandits d’Abu Sayyaf se posent en effet. Le journal préconise une politique d’opération militaire moins voyante et appelle à mener des opérations de type « commandos ».

Le groupe terroriste d’Abu Sayyaf semble s’être installé durablement dans le sud des Philippines et s’installent maintenant peu à peu dans les pays frontaliers de l’archipel comme en Indonésie ou en Malaisie. Le gouvernement philippin ne parvient pas à éliminer ce groupe terroriste, proche d’Al-Quaïda, malgré des moyens colossaux et subit chaque année de plus en plus de pertes collatérales. Et pourtant, ce groupe proche d’Al-Quaïda est toujours boycotté par les médias français...



2 réactions


  • Sébastien Sébastien 8 février 2008 10:54

    Tres bon article. Le terreau des islamistes est en effet la misere et le manque d’education. Ils se substituent a l’etat et disposent souvent de moyens importants car subventionnes par de riches pays arabes via des organisations humanitaires bidons.

    Ils se fondent dans la masse des civils ce qui rend difficile leur identification et leur elimination. Le combat militaire est quasiment perdu d’avance et la solution financiere que vous avancez est peut-etre la bonne. Toujours est-il qu’il faudrait essayer...


  • caius 8 février 2008 15:49

    La pauvreté n’a rien à voir avec le jihad mené contre les Philippines. Le but de la Jemaah Islamiyah (JI) qui est derrièreAbu Sayyaf est de créer un "super état" islamique en Asie du sud-est. Tant que des fonds en provenance des pays musulmans parviendront aux terroristes, le jihad continuera.


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