Afghanistan et Ukraine, même combat américain ?
Afghanistan et Ukraine, même combat américain ?
Pendant toute la décennie 1980 la Russie (à l’époque URSS, Union des Républiques Socialistes Soviétiques, dite l’Union Soviétique), guerroyait en Afghanistan contre les « moudjahidine ».
Cette guerre lui fut fatale. Les lourdes pertes en hommes et en moyens et la défaite finale ont ébranlé Moscou au point de déclencher l’effondrement du régime soviétique et l’effritement du bloc des pays inféodés (dit « Pacte de Varsovie »). L’évènement emblématique de l’époque, à savoir la chute du mur de Berlin (novembre 1989) est, en vérité, une conséquence à peine indirecte du choc subit par l’URSS en Afghanistan. La Russie en fut affaiblie pour longtemps.
Au début de cette guerre le Président des USA (de 1977 à 1981) était le démocrate Jimmy Carter. Son conseiller en matière de géostratégie globale était le célèbre et influent Zbigniew Brzeziński, théoricien et source d’inspiration en la matière de plusieurs présidents Démocrates US (un peu moins connu mais aussi écouté que son équivalent Républicain, Henri Kissinger).
En 1998 le Nouvel-Obs publia une interview avec Brzeziński, diffusée largement (en plusieurs langues dont l’Anglais) et qui, hélas, n’a pas laissé la trace qu’elle méritait. En voici de brefs extraits :
« Question : L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme… : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine Afghans six mois avant l’intervention soviétique…. Vous confirmez ?
Brzeziński : Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan…
Mais la réalité gardée secrète est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques.
Question : Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant il y avait un fond de vérité. Vous ne regrettez rien aujourd’hui ?
Brzeziński : Regretter quoi ? Cette opération secrète….a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège Afghan….Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. » De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique ».
Et voici, comme écho à l’aveu de Brzeziński de 1998, le patron du Pentagone, le secrétaire (ministre) américain à la Défense, le général Lloyd Austin, qui évoque, en avril 2022, suite à l’invasion russe de l’Ukraine, la nécessité « d’affaiblir » la Russie. A l’écouter on s’interrogerait sur la finalité de la guerre en Ukraine pour les USA. D’autant qu’imprudemment il accrédite le récit russe qui oppose à la Russie non pas l’Ukraine, mais une alliance militaire occidentale, menée par les USA et foncièrement hostile à la Russie.
Un autre écho étant le discours de son patron, le président Biden-la-gaffe, en Pologne en mars 2022. Le vieux pyromane, sur l’inflammable sol européen, prononça des paroles incendiaires au sujet de Poutine : « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir ». C’est inédit. A-t-on vu un dirigeant russe, Poutine ou un autre, plaider la destitution d’un président américain ?
Quelle est donc la VRAIE finalité américaine ? Combattre la Russie sous le prétexte ukrainien ? Et jusqu’au dernier Ukrainien ? Voire le dernier européen ? Car, si tel est le cas, l’exemple afghan des années 1980 permet de s’interroger à qui profite le crime de l’invasion russe de l’Ukraine ; et si cette invasion était vraiment une pure initiative russe.
Ce dernier point prend un relief particulier vue une information, pourtant ouverte et officielle mais passée quasiment inaperçue à l’époque, datant du 10 novembre 2021 ; à savoir trois mois et demi avant l’invasion russe de l’Ukraine ; alors qu’aucun signe précurseur à cette invasion n’existait sur le terrain.
Il suffit d’accéder par Internet au site officiel du ministère US des affaires étrangères (Secretary of State) et saisir « U.S.-Ukraine Charter on Strategic Partnership november 2021 » (accord de partenariat stratégique entre les USA et l’Ukraine de novembre 2021). On accède directement au document en Anglais.
https://www.state.gov/u-s-ukraine-charter-on-strategic-partnership/
Cet « accord » ne peut qu’être considéré par la Russie comme une déclaration menaçante et belliqueuse par les USA (moyennant son vassal l’Ukraine).
Le terme "Russian agression » (agression russe, n’est-ce pas) y figure une demi-douzaine de fois. Promesse y est faite à plusieurs reprises d’aboutir à l’intégration de l’Ukraine dans les « structures européennes et euro-atlantiques » (sic…), le but étant d’obtenir « l’interopérabilité » (re-sic).
Il s’agit EXACTEMENT d’un engagement d’intégration rapide de l’Ukraine à l’Otan ; alors que la Russie s’égosillait depuis des années à avertir qu’une telle intégration serait une ligne rouge, un casus belli, une cause de guerre. Il s’agit d’un gros glaviot sur le front de Poutine. Il s’agit d’une provocation voulue, souhaitée et programmée.
Rien d’étonnant si les renseignements US (CIA) connaissaient d’avance, à 24H près, le moment de l’invasion russe de l’Ukraine. Ils le connaissaient comme s’ils en avaient, eux-mêmes, allumé la mèche le 10 novembre 2021.
RIEN dans les exploits récents des USA dans l’arène internationale ne devrait nous inciter à leur faire confiance : ni l’invasion de l’Irak en 2003, sous des prétextes fallacieux et aux conséquences tragiques encore aujourd’hui ; ni l’aventure afghane de 2001 terminée dans la honte en 2021. Passons sur le Vietnam et le reste de l’interminable liste.
Pourtant nos « dirigeants » suivent le joueur de flute de Washington et son caniche de Kiev comme les enfants de Hamelin ; ils tirent nos ficelles ; aucun doute que nous serons in fine, et non Poutine, les dindons de la farce.
Non, la Russie, dans cette affaire, n’est pas que le vilain agresseur. L’Ukraine n’est pas que la victime innocente. Et à voir le résultat, on serait fondés à s’interroger, encore et toujours, à qui profite le crime ?