samedi 7 décembre 2013 - par Alain Roumestand

Centrafrique : et de 3 !

L'opération Sangaris est à haut risque pour la France.

Après le Mali, la Syrie (projet avorté), voici la Centrafrique avec l'opération armée Sangaris, du nom d'un petit papillon rouge. A qui le tour prochain ? Niger, Ouganda, Cameroun ?

La France depuis 18 mois connait une inflation fiscale qui met à bas la consommation et les investissements.Le chômage a explosé.Et pourtant le gouvernement envoie 1500 hommes pour rétablir l'ordre dans un pays africain, ex colonie.

Certains observateurs disent que la République Centrafricaine jouxte les 2 Congo, les 2 Soudan, le Tchad et le Cameroun avec des intérêts français puissants dans au moins 3 de ces pays.

L'intervention française fait preuve aux dires des analystes les plus pertinents,d'un amateurisme dangereux avec une incapacité des autorités à tirer les leçons de l'intervention au Mali où aucun des problèmes posés à la région n'a été résolu. Aqmi en ressort renforcé, désigné par la France comme l'ennemi dangereux. Le gouvernement français avait même dit craindre un nouvel Afghanistan au Sahel.

En Centrafrique pays de 4,6 millions d'habitants, tous les 10 ans une grave crise intervient.

En 2003 François Bozizé a renversé le président Patassé. En 2013 il est renversé par la coalition de la Séléka et fuit au Cameroun. Michel Djotodia le remplace.

Entre temps des élections scandaleuses par la fraude généralisée avaient permis à F. Bozizé d'être réélu en 2011, malgré le népotisme.

"Sangaris" veut servir naturellement un président français, sans expérience du continent africain, pour contrebalancer une politique intérieure rejetée par 80% de la population.

Des photos de tueries distillées dans la presse essayent de préparer l'opinion publique.A la "Une" du "Monde" une photo pleine page et couleur montre les soldats français en attente d'intervention.

Les médias sont appelés à simplifier à outrance une situation des plus complexes : d'un côté les musulmans de la Séléka, de l'autre les chrétiens des anti-balaka en réaction aux exactions à la machette des premiers.Comme dans de nombreuses crises africaines on retrouve les incendies de maisons, les mutilations,la kalachnikov,les armes blanches.De part et d'autre les pillages vont bon train, les groupes se payant sur l'habitant.

Or la religion n'est pas l'essentiel.

L'islam centrafricain est pluriel, peu politisé, avec les Peuls, le Nord du pays marginalisé. L'islam c'est 15% de la population. Même F. Bozizé s'est appuyé sur les musulmans malgré un ressentiment populaire fort, plus teinté de xénophobie que de religion (les musulmans sont les allogènes ou les étrangers). A Bangui les jeunes recrutés depuis quelques mois par les partisans de F. Bozizé sont essentiellement des chrétiens.

Et on parle de génocide. Laurent Fabius dramatise à outrance et les violences redoublent.

Le pays est en grande difficulté depuis longtemps. Les entreprises privées ont fermé, ont licencié. Les cours du café, du coton, du tabac ont chuté. Grâce à des frontières poreuses des bandes de brigands, des coupeurs de route font la loi.

Si l'intervention française réussit la Séléka repartira vers le nord et le premier pouvoir musulman d'Afrique chassé par les français sera alors victimisé et pourra recruter plus facilement encore.

L'intervention française se fait sans qu'il y ait de gouvernement digne de ce nom à Bangui.

Et l'objectif final, d'une élection libre et démocratique, est d'une naïveté totale,ou d'une erreur d'appréciation catastrophique. Les manifestations "casseroles" d'hier, se satisfaisant du départ imminent du président Djotodia l'attestent.

La Mission Internationale de Soutien en Centrafrique, la MISCA ne veut pas tomber dans le "marigot"comme l'exprime un diplomate. On attend toujours au Mali l'autre moitié des contingents africains annoncés.

Contrairement à ce que dit J.M.Bockel, ex secrétaire d'état, il n'y a pas d'attente de l'Afrique pour une intervention française. L'ex puissance coloniale n'est plus la bien venue dans une Afrique 2013 .

Et l'Europe ne veut pas s'engager dans une situation complexe et perdue d'avance.

En mars F. Hollande face à la prise du palais présidentiel par la Séléka n'avait eu qu'un mot d'ordre, répétitif chez lui :"on va attendre". La France, il le savait, était déjà intervenue plusieurs fois en Centrafrique. Il est dommage que pour freiner sa dégringolade dans l'opinion, il ne s'en soit pas tenu là.

L'enlisement en Centrafrique sera le même qu'au Mali. Au Mali c'était l'affaire de quelques semaines....

Sécuriser Bangui c'est possible, mais le reste du pays...

Des diplomates interrogés annoncent déjà une mission impossible avec la faiblesse des équipements et le manque cruel de financements.

Le fait que les seuls pays émergents de l'Afrique fassent partie de l'Afrique anglophone (Afrique du Sud, Nigéria, Botswana, Ethiopie, Kenya), devrait nous faire réfléchir pour mettre en place une politique envers ce continent, digne de ce nom.



15 réactions


  • lionel 7 décembre 2013 07:54

    @ l’auteur,

    Bonjour, merci pour votre article mais le compte n’y est pas. En effet, chronologiquement nous avons eu tout d’abord, la Côte d’Ivoire où les soldats Français ont été transformés en voyoux, uniquement justifiés par la « légalité » à géométrie variable de l’Empire des psychopathes. Là, en effet, nous avons imposé par la force, en délogeant Gbagbo avec Nos Hommes, l’ancien bras droit de Camdessus au FMI. Vice Présiedent du FMI, ancien Monsieur Afrique de cette organisation mafieuse. Le FMI, la BM, ont engendrés des états « faillis » en veut tu en voilà grâce aux plans d’ajustement structurel. Mission accomplie, malgré quelques jolie massacre comme à Dékoué, Ouattara le psychopathe a été installé. Bien sur, impunité pour lui et les chefs de guerre qui l’ont aidé. Aujourd’hui, les multinationales dites Française mais parfaitement apatrides, se finance des grands chantiers sur la dette Ivoirienne (mécanisme C2D) qui part directement dans leurs poches !

    Le domino Malien frémissait alors que les milliers de réfugiés venaient compliquer la situation politico-économique.

    Ensuite nous avons eu l’agression sur la Libye, fondée sur des mensonges mais c’est pas grave car finalement le dirigeant de cette ex nation a été la star d’un snuff movie sauce empire occidental et l’ensemble du pays est en chaos, il n’existe plus.

    Le domino Malien pouvait tomber après que les stratèges sarkoziens aient créé le MNLA, que le Qatar ait contribué au renforcement des narco-jihadiste avec comme expert logistique, l’OTAN.

    Nous en sommes donc à 6 guerres Africaines successive !!


  • Massada Massada 7 décembre 2013 09:11

    L’Iran, par l’intermédiaire du Soudan, mène, en Afrique centrale, une politique de déstabilisation et de chaos. 


    Aujourd’hui, les islamistes, apôtres de l’obscurantisme, ont entrepris de faire basculer l’Afrique dans les abysses. Ainsi a-t-on vu surgir partout en Afrique des tentatives de déstabilisation des Républiques laïques et démocratiques.

     L’axe irano-soudanais ainsi constitué s’est donné pour mission de réprimer et d’anéantir les forces d’oppositions démocratiques et laïques de ces pays, de provoquer des insurrections ethno-tribales pour saper la cohésion des ces nations.

    Heureusement la République Centrafricaine n’est ni l’Irak, ni l’Afghanistan, ni la Tunisie, ni l’Egypte.

    C’est un pays à majorité animiste, protestante et catholique. L’islamisme aura beaucoup de mal à gagner les cœurs et les esprits. Les Fous de Dieu ne pourront pas s’appuyer sur une population qui leur serait acquise. Ils auront les pires difficultés à asseoir leur conquête des esprits.

    Mais il ne faut plus atermoyer. Il faut agir, et vite !

    BRAVO LA FRANCE !




    • antyreac 7 décembre 2013 21:29

      Et vive les citoyens de Centrafrique qui s’oppose à l’islamisation de leur pays en tenant tête aux sbires islamiques qui ont mis ce pays au feu et à sang 


  • Arnaud69 Arnaud69 7 décembre 2013 10:31

    Tout comme pour l’Afghanistan et le Mali il nous dira ensuite qu’il n’a pas les moyens financiers et logistiques de rapatrier le matériel, donc les hommes. 

    Pas les moyens de payer les soldes des soldats en temps et en heure, pas les moyens de payer les RTT et congés payés du personnel hospitalier MAIS NOUS AVONS LES MOYENS FINANCIERS POUR L’AFRIQUE !..

    Pas les moyens pour la justice en France mais il a drôlement les moyens pour l’ingérence loin de la France,

    Aller aider humanitairement d’accord nous avons des milliers d’ONG faites pour cela, mais aller prendre parti MILITAIREMENT pour l’un ou pour l’autre pas d’accord.


    Côte d’Ivoire, Libye, Mali, Afghanistan, Centrafrique moi qui pensais que les caisses étaient vides, en fait tout dépend pour qui ...


  • Furax Furax 7 décembre 2013 12:43

    C’est un peu lassant ces commentaires « à la Glaser » : la politique de la France est nulle, intéressée, elle échouera.
    Ca ne date pas d’aujourd’hui. Tous ces ardents partisans du « Yaka » sauraient quoi faire, eux, si on les écoutait ;
    Risible.
    L’action française échouera peut-être, je n’en sais rien, en tout cas je ne le souhaite pas.
    Si on peut reprocher une chose à ce pouvoir, c’est de ne pas être intervenu plus tôt. Mais alors on vous aurait vu, vous et tous les « Glaser » du PAF, dressés sur vos ergots, hurlant au néocolonialisme, au retour de la Françafrique, au rôle dépassé de « gendarme de l’Afrique etc.
    Quant à votre conclusion :
     »Le fait que les seuls pays émergents de l’Afrique fassent partie de l’Afrique anglophone (Afrique du Sud, Nigéria, Botswana, Ethiopie, Kenya), devrait nous faire réfléchir pour mettre en place une politique envers ce continent, digne de ce nom."
    elle ne fait même pas sourire.
    L’Ethiopie, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Libéria etc ont traversé des crises autrement meurtrières que celles que nous avons connues en Afrique Françophone. Même chose au Kénya et surtout au Nigéria qui sont des foyers de déstabilisation pour toute l’Afrique, des pays où je n’irais vivre sous aucun prétexte.


  • Dwaabala Dwaabala 7 décembre 2013 17:32

    La politique de la France en Afrique n’obéit qu’à des motifs humanitaires. Qu’on se le dise et se le fourre bien dans la tête


  • antyreac 7 décembre 2013 21:14

    Les islamistes qui voulaient faire de Centrafrique une base arrière pour emmerder les autres pays africains de la région n’ont plus qu’à se mettre le doigt profondément dans le c...


  • claude-michel claude-michel 8 décembre 2013 09:22

    Hollande a dit aux dictateurs Africains réunis a l’élysée...que nos troupes n’avaient pas vocation a rester longtemps en Centrafrique....Les mêmes mots que pour le Mali...ou nous allons rester plus longtemps que prévu en empruntant de l’argent pour fournir du matériel aux soldats...comme en Centreafrique et dans quelques autres pays Africain ou nous avons des troupes pour défendre les dictateurs en place...Bref cette énorme farce va nous coûter la peau de fesses... !


  • Ruut Ruut 9 décembre 2013 09:13

    Rester dans les Anales, cela vas bien a notre président.


  • bertin 11 décembre 2013 10:10

    Le colonialisme a une fois de plus semé le chaos dans le pays en renversant l’ancien président, en armant des milices et en intervenant pour désarmer l’armée(plus ou moins) régulière du pays et livrer les civils aux milices de massacreurs.

    Les Africains sont obligés de mendier le droit de vivre aux racistes qui ont mis en place le chaos. Le but de l’impérialisme dans le tiers monde est d’empêcher le développement de ces pays en y organisant régulièrement des guerres civiles.

    De plus, cette opération sangaris a des relents islamophobes très nets, les fascistes coloniaux tentant visiblement de provoquer des massacres de musulmans.

    Les électeurs de gauche n’ont pas voté pour subir ce type d’expéditions coloniales d’un autre âge.


  • bertin 11 décembre 2013 10:12

    L’Iran n’a pas les moyens de faire cela ; le colonialisme si.


  • Arnaud69 Arnaud69 11 décembre 2013 11:08

    Le Gaulois veut bien être gentil mais il y a des limites à tout :

    On doit accueillir toute l’Afrique en France mais en même temps la France à elle seule devrai faire la police pour toute l’Afrique ? (ne me parlez pas de colonisation, vous avez élé colonisés par bien d’autres que les Français au fil de l’histoire)

    -Quand la France fait du commerce avec l’Afrique les Africains appellent cela piller leur continent.
    -Quand la France intervient dans un conflit en Afrique les Africains disent que c’est de ’ingérence.
    -Quand la France accueille des Africains pour les former, les Africains disent qu’on vole les « cerveaux » de l’Afrique.

    Même dernièrement en Centrafrique, pour une malheureuse phrase disant que « le président aurai laissé dégénérer le conflit »  : Le sentiment anti-Français est monté. Alors même qu’on a envoyé nos hommes au risque de leur vie pour aider l’Afrique.
    Même en matière de formation militaire il faut que ce soit la France qui forme 20 000 de vos soldats aux frais des Français.

    Vu les propos que tiennent certains Africains en France ne vous attendez pas à ce que ça dure très longtemps. On en a marre !

    Vous ne manquez ni de main d’œuvre, ni de ressources naturelles, ni de terres..

    On devrai obliger Hollande à donner un de ses enfants à la carrière militaire, il y réfléchirait un peu plus avant d’envoyer nos troupes partout et à nos frais.

    Pour autant que je sache l’Afrique a des armées équipées et entrainées, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, la Libye etc...

    Puisque le Français est raciste d’après ce qu’on vient de nous rabâcher pendant un an, pourquoi donc aller dépenser l’argent que nous n’avons pas en Afrique pour faire la guerre à la place des Africains . (en plus de les accueillir à la pelle, en plus de l’A.M.E et tout ce qui suit..)

    Maroc PIB 105 milliards de dollars et croissance de 4.5% !

    Mais ce serai nous les racistes bien entendu ....


Réagir