mercredi 6 septembre 2017 - par La centrale à idées

Colombie : les FARC dans l’arène électorale

 

Pour les FARC, la lutte finale sera électorale ou ne sera pas. En décembre 2016, la plus ancienne guérilla marxiste au monde1 avait déposé les armes aux termes d'un accord conclu avec le gouvernement colombien2 de Juan Manuel Santos et ratifié par le Congrès. Les membres des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie ont progressivement désarmé3 et intégré la vie civile. Le mouvement politique s'est réuni pour son premier congrès le 27 août dernier afin de donner un nom, un emblème et une plate-forme programmatique à leur nouveau parti. La majorité des 1200 délégués présents a opté pour la « Force Active Révolutionnaire Commune », ce qui nous donne pour acronyme...la FARC4. Nous n'épiloguerons pas davantage sur le nouvel emblème du mouvement, à savoir une rose !

 

Rodrigo Londoño dit « Timochenko » dirigeant historique des FARC et désigné président du nouveau parti le 1er septembre dernier

 

L'accord de La Havane prévoit de réserver 5 sièges de députés et de sénateurs au nouveau parti. A court terme, l'ambition de la FARC5, qui conserve les orientations radicales de l'ex-guérilla, est de former une large coalition alternative en vue des élections présidentielles et législatives de 2018. Il est pratiquement exclu que les ex-guérilleros présentent leur propre candidat à la magistrature suprême, leur stratégie étant de soutenir l'aspirant le mieux placé désireux de conserver l'accord de paix. La FARC mise davantage sur les législatives mais là aussi la partie ne promet rien d'aisé car, sans parler du très fort rejet populaire des FARC, le créneau de la gauche colombienne est déjà pour le moins saturé et fragmenté.

 

Alors que l'opposition de droite brandit déjà le spectre du « castro-chavisme », les précédents historiques dans les pays voisins d'Amérique Centrale montrent que les anciens combattants de guérillas se sont généralement reconvertis dans ce qu'ils savaient faire : les sociétés de sécurité privées et le banditisme...

 

1https://echogeo.revues.org/10163

2http://la-centrale-a-idees.over-blog.com/2016/11/colombie-une-paix-tumultueuse.html

3http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/08/16/en-colombie-le-desarmement-des-farc-prend-officiellement-fin_5172732_3222.html

4https://www.lematin.ch/monde/exguerilla-farc-devoile-nouveau-nom/story/14717808

5http://fr.radiovaticana.va/news/2017/09/05/colombie_avenir_politique_incertain_pour_les_farc/1334354



5 réactions


  • JP94 6 septembre 2017 19:37

    C’est une phase à haut risque pour les ex-FARC ;On les imagine ici sous les traits de méchants fanatiques, alors que les FARC étaient à leur début des milices d’auto-défense paysannes face aux crimes des grands propriétaires terriens, qui leur volaient leurs terres aidés d’hommes de main.


    Parmi les FARC, on rencontre des profs d’université, des intellectuels, que la nécessité a menés dans la clandestinité. 

    Les FARC avaient sous leur contrôle politique de vastes régions, et dans ces régions régnait la Paix et la sécurité pour les paysans. 

    Ce qu’exigeaient les FARC était tout simplement une vie démocratique normale, sûre, dans un pays marqué par la violence de droite : bien avant les FARC la Colombie était marquée par les violences politiques organisées par une oligarchie qui entendait accaparer le pouvoir et se passer de toute tendance sociale : lorsque le leader du Parti Libéral ( disons, à gauche, e, tout cas par rapport aux conservateurs) devait devenir président après la 2de GM, il a tout simplement été assassiné les par les Coonservateurs, crime suivi d’émeutes de protestations, le bogotazo.

    Dès que la bourgeoisie conservatrice colombienne craint qu’une once de pouvoir passe au peuple - ne parlons même pas de révolution, elle tue, elle finance les paramilitaires, tue des juges, de simples gens et , de façon systématique , a fait assassiner tout bonnement TOUS les candidats de gauche ( Jaime Pardo Leal, candidat de l’UP, communiste par exemple) à la présidentielle, bon nombre de leader syndicaux, responsables de la vraie gauche politique : plus de 3500 assassinats politiques. 
    Notons qu’il y avait 6000 prisonniers politiques de gauche en Colombie : on peut comparer ce qu’en disent nos médias - rien - avec leurs inventions sur le Venezuela ...

    Or les FARC ont déjà à 7 reprises mené des pourparlers de paix ... et à chaque fois, ça a terminé par une boucherie éliminant physiquement tous ceux qui sortent de la clandestinité et par exemple intègrent à nouveau la vie civile et politique normale. 
    Ces 8 èmes pourparlers sont une décision courageuse. Tous savent qu’ils risquent leur peau en rendant les armes, d’autant qu’à chaque fois, le gvt, qui a bien manipulé l’opinion, attribue aux FARC la raison de l’extrême-violence régnant dans le pays... Mais alors pourquoi les « falsos positivos », l’assassinat de simples jeunes gens pauvres,par l’Armée ? scandale dans le pays ... puis ça recommence. 

    Donc ce ne sera pas facile pour les FARC, ou la FARC qui a les moyens de prouver son projet politique de transformation radicale du pays, si on lui en laisse le temps, mais cela contrarie la bourgeoisie latifundiaire, qui serait alors mise à nue devant l’évidence que la société pacifiée se fait avec les FARC, dans l’intérêt de la population colombienne , comptant de nombreux pauvres .. ces progrès menaceraient l’hégémonie de la Bourgeoisie ... donc un pari à tenter mais un pari risqué. Enfin, les FARC ne sont pas nés de la dernière pluie ....

  • Lugsama Lugsama 7 septembre 2017 08:57

    Les FARC faisait régner la paix ? Debilit


  • Lugsama Lugsama 7 septembre 2017 09:01

    Les FARC faisaient régner la paix ? C’est débile, sous les FARC régnaient le trafique de cocaïne, les enlèvements et l’embrigadement de mineurs. D’ailleurs les colombiens lambda ne les appellent pas « FARC » mais terroistes.. Et on notera que lors du référendum pour les dernière pourparlers de paix le peuple a voté non à la paix contre l’avis du gouvernement.. 


  • antiireac 7 septembre 2017 11:50

    Les farc sont une organisation criminelle qui a fiait déplacer près de trois millions de personnes à l’intérieur de la Colombie et a fait des centaines de milliers des morts. 


  • antiireac 7 septembre 2017 12:41

    J’étais en dessus de la vérité pour les déplacés en Colombie


    260.000

    C’est le nombre de personnes tuées dans les affrontements entre les Farc et leurs opposants – force de l’ordre et milices paramilitaires d’extrême droite. 45.000 personnes ont également « disparu » pendant les 52 années de conflit, et 6,9 millions de personnes ont dû fuir leurs terres. L’accord de paix prévoit que la guérilla des Farc dédommage matériellement toutes ces victimes grâce à ses « ressources monétaires et non monétaires ».


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