samedi 13 novembre 2021 - par Dr. salem alketbi

Daech et les Talibans  : un casse-tête ou une menace  ?

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Certains éléments talibans ont été visés à plusieurs reprises par des attentats-suicides de Daech ces derniers temps, tandis que d’autres ont ciblé des mosquées appartenant à la minorité chiite hazara d’Afghanistan.

Selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), Daech Khorasan a mené 77 attaques au cours des quatre premiers mois de cette année. Zabiullah Mujahid, porte-parole des talibans et ministre de la Culture, a déclaré que le groupe serait «  bientôt éliminé.  »

«  Nous ne classons pas Daech comme une menace, mais comme un casse-tête. Ils ont été expulsés et leurs abris ont été trouvés,  » a déclaré Mujahid, soulevant d’importantes questions sur la nature et l’étendue du danger que représente le déploiement de Daech dans certaines régions d’Afghanistan.

S’agit-il vraiment d’un simple «  mal de tête  » pour les talibans, ou d’une menace existentielle pour le mouvement, qui lutte pour la domination et le contrôle du territoire afghan  ?

Dans l’absolu, les capacités de Daech au Khorasan semblent nettement inférieures à celles des talibans, tant en termes de nombre et d’équipement qu’en termes d’expérience du combat et de connaissance de la nature du territoire afghan, dont les talibans ont une expérience considérable.

Rien de tout cela ne diminue cependant l’ampleur de la menace que représente Daech, notamment en ce qui concerne des questions spécifiques.

Premièrement, il existe la possibilité de déployer des éléments d’al-Qaïda dans des zones reculées et de les préparer comme centres d’attraction, d’entraînement et de planification d’opérations terroristes en dehors de l’Afghanistan, comme ce fut le cas pour Al Qaïda jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001. Deuxièmement, nous ne pouvons pas vraiment comparer les capacités de Daech au Khorasan avec celles des Talibans.

Deach s’appuie sur une grande expérience, qui dépasse en fait les capacités du mouvement afghan, grâce au transfert d’expérience de l’organisation mère après que son soi-disant état en Irak et en Syrie se soit effondré sous le poids des coups de la coalition internationale antiterroriste dirigée par les États-Unis.

En effet, Daech en Afghanistan ne peut que constituer un sérieux problème pour tout le monde, tant pour les talibans que pour les pays visés par Daech en général, principalement les États-Unis et, dans une moindre mesure, la Russie et l’Iran.

Les experts sont toutefois presque unanimes à penser que le chaos persistant en Afghanistan sert les intérêts des organisations terroristes en général et de la branche régionale de Daech en particulier.

Cela pose un plus grand risque pour la sécurité que la montée des talibans eux-mêmes pour plusieurs raisons et considérations, dont la principale est la tendance du mouvement à éviter les erreurs du passé et à rechercher une reconnaissance internationale. Les deux parties ont également des priorités très différentes. Les talibans cherchent avant tout à gouverner l’Afghanistan.

Dans cette phase, le Daech cherche à renforcer ses positions et à restaurer la confiance de ses partisans en élargissant la cible des talibans et des intérêts occidentaux en Afghanistan. Selon les évaluations stratégiques occidentales, l’État islamique du Khorasan compte environ 800 éléments terroristes. Toutefois, ces estimations datent de 2018.

Il est donc difficile de se faire une idée analytique précise des capacités opérationnelles de l’organisation spécifique de Da’ichi. Depuis 2014, le groupe a appris à étendre sa sphère d’influence d’une petite zone à une zone équivalente à la taille du Royaume-Uni (Daech contrôle environ 88 000 kilomètres carrés en Irak et en Syrie), et a commencé avec environ 1 000 terroristes.

Quatre ans plus tard, cependant, l’organisation a pu recruter environ 40 000 combattants. À un moment donné, environ 1 500 terroristes rejoignaient le groupe chaque mois.

Bien que la menace de «  l’État islamique en Irak et en Syrie  » soit minime depuis la disparition de son soi-disant État, son aventure reste une «  source d’inspiration  » pour d’autres chefs terroristes dans d’autres régions, dont, bien sûr, l’Afghanistan. Cela ne signifie certainement pas que l’expérience serait reproduite.

Mais cela n’empêche pas non plus d’autres personnes de vouloir la reproduire. Il est évident que Daech a gagné en puissance depuis que les talibans ont pris le contrôle de la capitale Kaboul, que l’ancien président Ashraf Ghani a fui et que l’armée afghane s’est effondrée.

La raison en est que le groupe a commencé à attirer les dissidents talibans parce qu’ils croient qu’ils travaillent secrètement avec les États-Unis. Ceux-ci pensent que les talibans n’adhèrent plus au cadre idéologique sur lequel ils ont été fondés.

Des rapports non confirmés font état de divisions au sein du mouvement, notamment entre les factions fidèles au mollah Abdul Ghani Baradar, le vice-premier ministre qui a dirigé les pourparlers de Doha avec les États-Unis, et les partisans de Sirajuddin Haqqani, le ministre de l’Intérieur par intérim, connu pour sa position extrêmement dure.

Ces divisions sont fondées sur un changement de comportement du mouvement en réponse aux demandes de reconnaissance internationale. En conséquence, certains s’attendent à ce que les talibans perdent une grande partie de leurs éléments extrémistes.

La branche afghane des Deach continue de mettre en œuvre sa stratégie d’enracinement dans les zones de conflit comme le début d’une nouvelle expansion à l’avenir. Compte tenu de l’expansion récente de ses opérations terroristes en Afghanistan, Daech Khorasan est sans doute un véritable problème pour les talibans et une menace pour la sécurité et la stabilité internationales.



6 réactions


  • Clark Kent Gidouille 13 novembre 2021 09:15

    La véritable menace pour la sécurité et la stabilité internationales, ce serait un pays qui aurait été en guerre 91% du temps de son existence (218 ans). Mais ça n’existe pas.


    • Clocel Clocel 13 novembre 2021 17:49

      @Gidouille

      Les États-Unis peut-être !?

      Ils ont été en guerre contre les rouges, les noirs, les métèques du sud, du centre, les japonais, les boches, les coréens, les viets, les afghans, les libyens, les irakiens, les serbes, les somaliens, les syriens, les russes par nazillons interposés, les palestiniens par proxy interposés, leur propre peuple avec toujours les mêmes proxy, j’en oublie sans doute, sans compter les pays qu’ils pillent sans avoir à combattre en faisant juste tapiner les « zélites » comme l’Union européenne...

      800 bases dans le monde, si c’est pas une industrie du crime organisé.

      A propos d’UE... Carton plein la « Dame ».


    • Berthe 13 novembre 2021 22:04

      @Clocel
      la saoudie usa, idéologie jumelle pour le pétrole ... depuis les années 80, un néo maccarthisme du Golfe voit du rouge dans la plupart des pays post coloniaux, Afrique et Asie. Envoi de missionnaires pour convertir, agresser, voire créer des guerres intestines. Voyez l’Afrique ? Des millions d’âmes qui n’ont que du sable à bouffer, pays d’extraction pour essentiellement riches, en matières premières, il fallait convertir les peuples convertis au salafismes et caser des despotes pour les brimer (cf çà ne marche pas, cf Soudan, Tunisie, Mozambique, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Ethiopie... ). Les pays du golfe sont dans les conquêtes avec la complicité de l’occident depuis au moins 40 ans. Quant à Deach, c’est l’enfant spritiruel des pays du Golfe, pas de l’Irak. Que des irakiens aient rejoint les daechiens ok, mais vu que les irakiens ont basculé, désormais chiites depuis que l’Iran domine dans le pays, pourquoi attaqueraient ils des syriens alliés des iraniens ? Par ailleurs les Talibans n’ont même jamais été rapprochés de Daech pendant la guerre salasse en Syrie curieusement. Pourquoi les rapprocher aujourd’hui ? Parce que çà arrange l’auteur ? C’est quoi les Talibans au fait ? Ben des Afghans, ils ne sont pas étrangers dans leur pays, mais l’auteur veut faire croire que l’Afghanistan a été envahi par une entité étrangère. Et vu le massacre qui n’avait absolument pas lieu d’être en Syrie, il n’y a jamais eu de révolution dans ce pays mais des manifestations pacifiques pour « revendiquer une réforme », il faut un coupable et donc les Talibans sont tout trouvés... Pour revenir aux irakiens, il avait été dit que Deach achetait des armes contre la vente de pétrole au marché noir, C’est de la contrepèterie, pour assurer une logistique (hommes et armes, véhicules etc...) sur des années, c’est impossible. Seule une puissance financière peut assurer... La guerre au Yémen est très révélatrice. Quoiqu’il en soit, mettre à sac la Syrie est un projet en gestation depuis les années 90, comme pout l’Irak et la plupart des pays indépendants depuis les années 60. Il fallait déconstruire la sécurité nationale de ces pays pour les agresser.... Et de mémoire même la Libye et l’Algérie étaient visés d’ailleurs... d’où le lien à faire avec les décennies noires de ce pays et les ceux récemment dévastés... J’avais lu une pige sur ce point en 1991... c’est dire si on cherche encore à justifier l’injustifiable.  


    • Berthe 13 novembre 2021 22:10

      @Berthe
      Erratum ! je reformule,
      Des millions d’âmes qui n’ont que du sable à bouffer, pays d’extraction essentiellement riches en matières premières, il fallait convertir les peuples soit au au salafisme soit a l’église évangélique, puis caser des despotes pour les brimer... Pourquoi Deach n’a pas réussi à matter les Kurdes en sous nombre ? Il faut réfléchir parfois !! Cà n’a aucun sens.. qui arme les Kurdes dans ce cas précis ? et comment ont il réussi à mettre daech en échec ? 


  • Clocel Clocel 13 novembre 2021 17:11

    Ouf !

    A un moment j’ai cru qu’ils allaient venir investir dans nos tarlouzes en short.


  • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine nemesis 14 novembre 2021 08:26
    un casse-tête ou une menace  ?

    Ni l’un ni l’autre... mon adjudant.
    Un outil de la CIA !
    What Else ?

    Avant propos :
    https://www.editionsdemilune.com/media/extraits/route/La-Route_Peter-Dale-Scott_Avant-propos.pdf

    https://livre.fnac.com/a3097492/Peter-Dale-Scott-La-route-vers-le-nouveau-desordre-mondial

    Depuis les années 1960, les choix en matière de politique étrangère états-unienne ont conduit à la mise en ouvre d’activités criminelles, et à leur dissimulation, tantôt partielle parfois totale. Dans ses précédents essais, Peter Dale SCOTT a témoigné de l’implication de la CIA dans de graves exactions, dont différents coups d’État, ou dans la mise en place d’une véritable géopolitique de la drogue et des guerres qu’elle permet de financer. Il sonde ici la manière dont les décisions, irrationnelles (voire paranoïaques) et à courte vue, prises par les Présidents américains depuis Nixon ont engendré une plus grande insécurité dans le monde, notamment en renforçant les réseaux terroristes responsables des attentats de 2001.



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