samedi 7 novembre 2009 - par Yannick Harrel

De SAP au TSG, le rêve de gosse de Dietmar Hopp

Ce n’est pas encore Noël pour la majorité des habitants du Land du Baden-Würtemberg, cependant à Hoffenheim, un nom respirant bon les senteurs du sillon rhénan, ça l’est depuis déjà deux ans et l’accession de leur équipe en première division de Bundesliga. Et d’inscrire son nom dans l’histoire du football Allemand pour être devenu la pensionnaire d’une ville (pardon, d’un village) ayant le plus faible nombre d’habitants : 3263 selon le recensement de 2008 ! Comment cela fut-il possible ?

 
Le TSG 1899 Hoffenheim Fußball est une incongruité dans le paysage professionnel Allemand, et a fortiori Européen, par la taille de la ville dont il porte haut les couleurs, y compris par un budget qui ne défraye guère la chronique sur le marché des transferts.
 
Alors comment un aussi petit club peut-il rivaliser avec les monstres habituels de la Bundesliga que sont les Bayern München, Schalke 04, Bayer Leverkusen ou encore Werder Bremen ? Réponse : par l’engouement d’un homme d’affaires devant sa fortune à l’essor de l’informatique.
 
SAP, trois lettres pour un géant du progiciel… et du football ?
 
Tel fut en effet le vœu de Dietmar Hopp, l’un des fondateurs de SAP AG qui sut avec d’anciens employés d’IBM élever une suite logicielle professionnelle en référence dans son domaine. A tel point que SAP (Systemanalyse und Programmentwicklung puis Systeme, Anwendungen und Produkte in der Datenverarbeitung) est considéré de nos jours comme le premier concepteur du genre en Europe et le quatrième dans le monde [1].
 
D’un progiciel spécialisé dans la gestion d’entreprise à celui de la gestion d’un club de football, il y avait moins d’un pas à faire pour cet homme passionné de football [2] né dans la charmante cité d’Heidelberg puis ayant passé une partie de sa jeunesse au sein d’Hoffenheim. Outre une injection de fonds pour l’achat de joueurs au talent prometteur, il n’hésita pas à rénover l’enceinte du Rhein-Neckar-Arena (sis à Sinsheim) pour lui donner un profil conforme à ses ambitions (pouvant accueillir désormais 30 164 spectateurs en lieu et place des 6 350 d’origine) avec un investissement estimé à 60 millions d’euros.
 
L’emploi du chevronné Ralf Rangnick [3] en tant qu’entraîneur de choc comme d’un recrutement raisonné et solide avec le Suédois Per Nilsson, l’Autrichien Andreas Ibertsberger, le Nigérian Chinedu Obasi, le Bosniaque Sejad Salihovic et l’Allemand Timo Hildebrand ont prouvé leur justesse par des résultats probants.
 
Particularité de ce club déjà atypique : le recrutement a été axé quasi-exclusivement sur la détection, la formation et le recrutement de jeunes talents. Expliquant de fait l’absence d’une véritable star des terrains au sein de l’équipe. Ainsi loin des transferts fracassants, le club malgré des fonds substantiels a préféré jusqu’à présent jouer la carte du long terme en favorisant l’érection d’infrastructures dignes d’un futur grand club et la venue de joueurs susceptibles d’apporter fraîcheur et vigueur au jeu Hoffenheimien sans pour autant se ruiner [4].
 
Et demain l’Europe ?
 
Après tout il n’est pas permis d’en douter puisque la politique suivie par le bailleur de fonds du géant du logiciel semble ne pas tout miser sur une comète mais bel et bien sur un avenir pérenne. La septième place acquise lors de la saison 2008-2009 aurait pu déboucher sur une place qualificative pour la Ligue Europa avec un peu plus d’expérience dans les jambes des jeunes joueurs. Expérience que ces derniers ont acquis sur les divers terrains des durs terrains de Bundesliga et qui semble à l’heure actuelle faire recette.
 
Viendra peut-être le jour où les habitants d’Hoffenheim seront blasés par les victoires et les titres. En attendant à près de soixante-dix ans Dietmar Hopp continue de jouer au Père Noël toute l’année en entourant son équipe d’Hoffenheim de toute son attention, sa clairvoyance professionnelle et son énergie [5] : pour cet humaniste, le rêve d’un gosse peut aussi profiter au plus grand nombre...
 
[1] Source : Wikipédia
[2] Signalons que Dietmar Hopp soutient aussi financièrement un autre club de football, plus modeste, le FC Astoria-Walldorf, gravissant cependant les échelons saison après saison, manquant de peu en 2009 la marche pour exercer en Regionalliga Süd. Walldorf n’étant pas un endroit fortuit puisque la localité héberge le siège de SAP AG depuis 1976.
[3] Surnommé Professeur Football depuis une apparition dans une émission de télévision en 1998 où sa prestation lui a valu ce sobriquet persistant.
[4] Ainsi le défenseur Andreas Ibertsberger aura coûté 250 000 euros pour son transfert du SC Freiburg ou encore le gardien Daniel Haas attiré au club contre remise de 50 000 euros au Hannover 96. A comparer avec les 24 millions d’euros de l’Olympique Lyonnais pour s’attacher les services de Lisandro Lopez ou encore Mario Gomez au Bayern München pour 30 millions d’euros.
[5] L’apport de l’entrepreneur Allemand ne se limitant pas qu’au ballon rond puisqu’il soutient des clubs de hockey, de handball comme de golf tout en faisant acte de mécénat actif par l’entremise du Dietmar Hopp Stiftung, l’une des plus importantes fondations d’Europe.


1 réactions


  • brieli67 7 novembre 2009 22:38

    Disons plutôt Sinsheim 

    qui bichonne cocoriko........ un Concorde.

    6,3 Milliarden Euro le DH qd même. 
    Il joue petit au lotto de la Bundesliga .... on en connait de nombreux petits clubs qui se sont cassés la gueule.... Ulm Fribourg, Urdingen... 

    Avox _Fondation encore trés trés loin quoique.... en cherchant bien.. 

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