mercredi 11 janvier 2017 - par Clark Kent

De victime à suspect, ou l’itinéraire infernal de Lee Jae-yong... et de Samsung

Le patron de Samsung est désormais le principal suspect dans l’actuel scandale de corruption généralisée qui secoue la Corée du Sud depuis quelques mois.

Le plus grand fabricant mondial de Smartphones admet qu'il a accordé des cadeaux pour des millions d’Euros, y compris un cheval d’une valeur de 800 000 € offert à la désormais célèbre confidente de la présidente de Corée du Sud. Le patron de Samsung, M. Lee Jae-yong, va être interrogé comme suspect dans un scandale de corruption qui a déjà conduit à la chute la présidente du pays.

Le patron de Samsung a admis en décembre qu'il avait fait don de 20,4 milliards de Wons (18,5 millions d’Euros) à des fondations dirigées par Choi-Soon-sil, la « Raspoutine » de la présidente Park Geun-hye. Des procureurs spéciaux enquêtent actuellement sur la question de savoir si ces dons ont été faits pour obtenir une influence politique ou non.

Alors que l’on s’attendait à ce que M. Lee, âgé de 48 ans, serait amené à être interrogé en tant que témoin ou même victime, le fait qu'il le soit en tant que principal suspect est une surprise pour beaucoup d’observateurs. Pourtant, cette réalité n’a rien que de très logique et cohérent, à défaut de représenter un modèle de vertu.

M. Lee Jae-yong avait pris la direction de l'entreprise de son père, M. Lee Kun-hee, victime d’une crise cardiaque en 2014. Les dons incriminés auraient été faits pour obtenir l'aide du gouvernement dans une négociation de fusion controversée entre deux sociétés Samsung. Cet accord a d’ailleurs été largement considéré comme l’élément qui a pu consolider le pouvoir de l'« héritier » de l'entreprise et faciliter son accession au sommet de la pyramide, par le jeu des parts de capitaux.

La Corée du Sud a été en proie à un scandale présidentiel pendant des mois, avec des millions de manifestants qui réclamaient l'éviction de la présidente Park Geun-hye. Les politiciens ont voté en faveur de cette destitution le 9 décembre.

Les bureaux de Samsung avaient été fouillés dans le cadre de l’enquête, et M. Lee avait répondu aux questions du Parlement et des procureurs l'an dernier. Deux autres cadres supérieurs de Samsung ont été convoqués lundi pour répondre aux questions sur le rôle de l'entreprise. Aujourd'hui, les enquêteurs ont demandé au Parlement de déposer une plainte contre M. Lee pour « parjure » au cours des témoignages parlementaires, sans fournir plus de détails.

Lorsqu'il avait témoigné en décembre, M. Lee avait déclaré qu'il n'avait jamais ordonné de faire des dons en contrepartie de mesures préférentielles et a rejeté les allégations selon lesquelles il aurait reçu un soutien gouvernemental injustifié pour faire avancer la fusion. Pourtant, M. Lee, qui a été assigné à résidence, a confirmé qu'il avait participé à des réunions privées avec la présidente Park.

La fusion entre Samsung Cheil et C & T avait rencontré une tentative de mise en échec de la part de l'investisseur Paul Elliott Singer et n'a réussi que de justesse, grâce à l'appui de la Corée à travers le « National Pension Service ». Des procureurs spéciaux ont arrêté M. Moon Hyung-pyo, l'ancien président de ce système de fonds de pensions. « M. Moon a reconnu qu'il avait exercé des pressions sur les fonctionnaires de la NPS pour soutenir la fusion de Samsung », ont déclaré des procureurs spéciaux le mois dernier. "Samsung voulait être perçu comme une victime, mais c'est maintenant impossible parce que M. Lee est désigné comme suspect, ce qui signifie que les procureurs ont obtenu des preuves décisives."

Les actions de la société ont atteint un nouveau sommet mercredi, grimpant de 2,8 pour cent à 1 914 000 Wons à la clôture à Séoul, après une annonce optimiste des bénéfices la semaine dernière qui a mis en évidence la capacité de résilience de l'entreprise. Les fluctuations de la bourse sont liées aux performances économiques, et non pas à l’actualité judiciaire ni aux considérations éthiques et morales.

 



7 réactions


  • Pseudonyme Pseudonyme 11 janvier 2017 17:43

    Sam sung pas bon tout ca .... smiley


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 11 janvier 2017 17:48

      @Pseudonyme


      Cela n’a pas l’air d’incommoder les financiers !
      Le plus gros reproche fait au patron de Samsung n’est pas non plus d’acheter les dirigeants de l’état pour conforter son enrichissement personnel.
      Le principal reproche est le parjure : dans les enquêtes précédentes, il a menti, et c’est ce qui le perdra.

    • baldis30 12 janvier 2017 14:01

      @Jeussey de Sourcesûre
      bonjour ;

      « Cela n’a pas l’air d’incommoder les financiers ! »

      l’argent n’a pas d’odeur ( Vespasien )


  • Pere Plexe Pere Plexe 11 janvier 2017 18:17

    Je ne connais pas suffisamment les tenants et aboutissants autour de cette affaire Samsung.

    En revanche je connais un peu plus le Paul Singer qui a manœuvré contre cette fusion.
    Et tout revers fait a cette ordure est une petite victoire ...

  • Hector Hector 13 janvier 2017 11:36

    Tout, absolument tout s’achète. Il suffit d’en fixer le prix.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 13 janvier 2017 12:07

      @Hector

      En fait, Samsung pour un cheval, c’est plutôt une bonne affaire...
      Mais encore une fois, comme pour Cahuzac, ce qui est reproché au suspect n’est pas ce qu’il a fait, mais d’avoir menti !

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