vendredi 28 juillet 2017 - par AmadouMb

Des Etats-Unis à la France en passant par la RDC, la démocratie est mise à mal

En 2016, la démocratie a reculé partout dans le monde. C’est en tout cas ce qu’il ressort de «  l’index de la démocratie  » que le magazine britannique The Economist a publié au début de l’année 2017. Et, à en croire ce classement, les habituels «  donneurs de leçon  » que sont, entre autres, les Etats-Unis et la France, font (très) pâle figure à côté du Canada, de la Suède ou encore de l’Australie. Pour ce qui est de l’Afrique, souvent pointée du doigt, certains pays comme la Côte d’Ivoire et le Kenya progressent quand d’autres, comme la République «  Démocratique  » du Congo où l’actuel président, Joseph Kabila, semble prêt à tout pour se maintenir au pouvoir, comptent parmi les pays les moins démocratiques du monde.

République «  démocratique  » du Congo

En ce qui concerne les pratiques anti-démocratiques, Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo (RDC), sait y faire. Ce dernier, — dont le mandat a expiré en novembre dernier —, s’accroche au pouvoir depuis plusieurs mois en faisant reculer la tenue des prochaines élections présidentielle et législatives. Et pour être certain de préserver son fauteuil, Joseph Kabila s’emploie à «  anéantir  » ses adversaires au vu et au su de tous, comme c’est le cas actuellement avec son principal opposant Moïse Katumbi.

La volonté de Joseph Kabila de voir l’ancien gouverneur du Katanga hors course est telle, que l’actuel «  président  » semble prêt à tout pour que Moise Katumbi, dont le procès en appel pour une affaire d’escroquerie immobilière, et qui tient plus de la mascarade qu’autre chose, se déroule en ce moment, soit condamné. Des soupçons renforcés depuis que la juge qui a prononcé le verdict en première instance — et qui est aujourd’hui en exil — a déclaré avoir été amenée «  à condamner Moïse Katumbi sous la menace d’une arme  ».

Pire encore, le 18 juillet, l’un des 3 juges en charge de cette affaire, Jacques Mbuyi, connu pour sa grande «  indépendance et sa ferme opposition contre toute tentative d’instrumentalisation de la justice  » a été la cible de coups de feu et se trouve aujourd’hui encore «  dans un état critique  ». Pour l’avocat de Moïse Katumbi, la décision qui doit être rendue dans cette affaire «  n’est pas une décision de justice, mais un service  ».

Une situation devenue insupportable, tant et si bien que le Rassemblement, principal parti d’opposition, a exigé, ce mardi 25 juillet, «  l’abandon des poursuites contre Moïse Katumbi Chapwe, comme l’ont demandé la CENCO et le Comité du Haut-commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies  » et a tenu à rappeler que «  le rapport d’enquête de la CENCO a démontré que les procédures judiciaires en question étaient une mascarade pour l’empêcher de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle  ».

Les démocraties française et américaine en déclin

Si la situation dans l’Hexagone et aux Etats-Unis n’a rien de comparable à ce qui se passe en RDC, la démocratie n’y est pas non plus au beau fixe. Loin de là. La récente élection de Donald Trump questionne nécessairement, dans le fond comme dans la forme, sur ce «  gouvernement par le peuple  » à l’américaine. Malgré un déficit historique de plus de deux millions de voix, le candidat républicain a été élu, en novembre dernier, contre sa rivale démocrate, Hillary Clinton. La chose est connue  ; en vertu du mode de scrutin particulier des Etats-Unis, M. Trump a remporté le vote de 290 grands électeurs et l’ancienne secrétaire d’Etat 232 simplement — 270 voix étant nécessaires pour remporter l’élection.

Une pratique ancienne, certes, mais qui n’en reste pas moins critiquable pour certains  ; si Al Gore, en 2000, avait également remporté le vote populaire avant de perdre le collège électoral, le New York Times rappelait en novembre dernier que jamais, depuis 1876, un candidat n’avait perdu avec une telle avance dans le vote populaire. Et que dire du fond de la politique de l’actuel président des Etats-Unis, qui accumule depuis six mois les mesures les plus anti-démocratiques qui soient — le tristement célèbre «  muslim ban  » notamment — sans même essayer de les camoufler. Quitte, d’ailleurs, à risquer de se faire épingler par son propre camp, qui assume de moins en moins ses postures excessives.

Et sur la liste des grandes puissances occidentales qui se veulent les chantres de la démocratie, la France n’a rien à envier à son voisin d’outre-Atlantique. Pire, elle serait peut-être l’un des pays dans lesquels les valeurs démocratiques ont le plus reculé ces derniers temps  ; en novembre 2016, un sondage Ipsos-Sopra Steria révélait que 77 % des Français interrogés étaient conscients de ce déclin. Dont les causes sont, pour la plupart, connues — et, donc, non atténuées : élus trop corrompus, élections qui ne changent rien, augmentation de l’insécurité et des zones de non-droit...

Tandis qu’une bonne majorité de citoyens estime au contraire que l’organisation d’élections libres, en France, participe à la bonne santé de la démocratie, on ne peut s’empêcher de remettre sur le tapis l’épisode du vote pour la présidence de l’UMP, fin 2012. S’accusant mutuellement de fraude électorale et refusant d’entériner l’issue du scrutin, les candidats, François Fillon et Jean-François Copé, avaient montré au monde entier que la France, ce «  pays des droits de l’Homme  », savait également jouer avec les bulletins de vote.

Droits de l’Homme, d’ailleurs, de plus en plus bafoués, comme le révélaient coup sur coup des rapports du Conseil de l’Europe, en 2015, et d’Amnesty International, très récemment. En cause, surtout : les discours et actes haineux, racistes, xénophobes, anti-musulmans ou homophobes, l’effritement de la cohésion sociale et le très décrié état d’urgence. Qu’Emmanuel Macron s’apprête par ailleurs à prolonger ad vitam aeternam, en quelque sorte, puisqu’il veut l’inscrire dans la loi. Une sorte de «  despotisme doux  », pour certains, qui n’a rien à faire dans une démocratie.

La démocratie vit des heures sombres. Et ce, aussi bien dans les pays «  développés  » que dans les pays en voie de développement. Les Etats s’attribuant le rôle de « diffuseur de la démocratie » ont perdu de leur crédibilité sans pour autant se remettre en question. Pas de quoi amener Joseph Kabila à respecter la règle la plus élémentaire de la démocratie, à savoir des élections.



5 réactions


  • La mouche du coche La mouche du coche 28 juillet 2017 10:47

    Article ridicule. Nous ne sommes PAS en démocratie.


    • Lugsama Lugsama 28 juillet 2017 12:43

      @La mouche du coche

      Oui nous vivons sous une horrible dictature, quelle commentaire intelligent !


    • La mouche du coche La mouche du coche 29 juillet 2017 05:29

      @Lugsama
      Vous ne savez ni ce qu’est une démocratie, ni ce qu’est une dictature. Cultivez vous.


    • Lugsama Lugsama 30 juillet 2017 19:22

      @La mouche du coche

      Dit-il. Oui je répète on vit dans une horrible dictature, ou la la.

      Quand on sort des conneries pareil on évite de demander au autres de se cultiver, la culture quand on est con ça vous sauve pas. Ouvrez un dictionnaire pour commencer.


  • zygzornifle zygzornifle 29 juillet 2017 07:43

    Bah si elle recule encore elle trouvera le moyen de créer une petite guerre économique ou une crise boursière pour calmer le jeu ....


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