mercredi 6 février 2013 - par GHEDIA Aziz

Essai de déconstruction du mythe de « choc des civilisations » (1)

Hier soir, en surfant sur les différents sites internet que j’ai l’habitude de consulter, je me suis attardé plus que d’habitude sur « dédefensa.org » où les articles d’une certaine Badia Benjelloune sont un véritable délice. Un véritable délice dans le sens où son écriture est tellement fluide et aérée qu’elle pénètre aisément dans l’esprit et incite à la réflexion. Cette femme (si c’est vraiment une femme) dont le nom rappelle celui d’un écrivain franco marocain, Tahar Benjelloun, est d’une clairvoyance telle que je n’ai pas manqué de lui laisser un petit commentaire pour la remercier du travail qu’elle accomplit presque quotidiennement sur ce site. Rien n’échappe à sa sagacité et à son érudition. Sa culture est certainement assez vaste pour lui permettre d’aller puiser des anecdotes même dans le passé glorieux de notre civilisation arabo-musulmane que d’aucuns veulent ressusciter en s’adonnant à un « djihadisme » qui, tout compte fait, fait beaucoup plus de mal au monde musulman que toutes les armées du monde occidental réunies.

Et, en lisant ces écrits, je n’ai pu m’empêcher de penser que le monde musulman, pour qu’il retrouve sa gloire d’antan et pour qu’il sorte de la nuit et des ténèbres dans lesquelles il végète depuis des siècles maintenant, a plutôt besoin de gens de la trempe de cette dame que de djihadistes tels le sieur Mokhtar Belmokhtar. Cette dame, par ses écrits, contribue, d’une manière ou d’une autre, à la déconstruction du mythe, apparu il ya quelques années d’abord aux Etats-Unis puis il s’est vite répandu en Europe, qui veut qu’en ce début du troisième millénaire, nous allions inévitablement vers un « choc des civilisations ». En ce qui nous concerne, et disons que nous sommes de simples citoyens c’est-à-dire n’ayant aucune autorité en matière d’analyse géopolitique, nous réfutons cette thèse. Et cela pour deux raisons principales.

Primo, les guerres qui sont menées un peu partout dans les pays musulmans par des armées de l’Occident ont-elles vraiment le caractère des croisades selon le sens classique de ce terme ? Personnellement, j’en doute. Sinon, comment expliquer ceci : on a vu, par exemple, qu’en Irak, en 2003, la coalition qui a mis fin au régime irakien de Saddam Hussein, était constituée même de certains pays musulmans (Turquie, Arabie Saoudite, Qatar…). Par ailleurs, dans toutes ces guerres[1] , il faut bien admettre que la géopolitique et l’économie en sont le moteur essentiel. Ce sont elles qui priment sur les considérations religieuses.

On a beau dire qu’à la suite de la chute du mur de Berlin, en 1989, suivie de la dislocation de l’URSS, l’Histoire a pris fin, mais non. Celle-ci a peut-être connu un petit moment de flottement où le seul bloc hégémonique qui continuait à gérer les affaires du monde était représenté par la puissance militaire et économique que sont les Etats-Unis. Elle a eu un moment de bégaiement mais elle a tout de suite repris son cours normal et, finalement, le deuxième bloc qu’est la Russie s’est reconstitué à la faveur de sa courte guerre qui l’a opposé à la Géorgie voisine. A partir de ce moment-là, il est permis de dire que l’ours a repris du poil de la bête pour user d’une métaphore assez connue s’agissant de l’ancienne URSS.. La Russie de Poutine II (on l’appellera ainsi parce qu’après un intermède de cinq ans où la présidence de cet Etat, amputé d’une bonne partie de son territoire de naguère, était assurée par Medvedev, il est revenu au pouvoir) n’a plus l’intention de laisser faire, de rester à l’écart des affaires du monde. Une mention particulière doit être faite, ici, à cet égard. Et c’est le président de la commission des affaires étrangères de la Douma, Alexie Pouchkov, qui le dit : « La Russie est en train de mettre un terme à sa dépendance de la superpuissance mondiale »2. Autrement dit, la Russie d’aujourd’hui a les moyens tant militaires qu’économiques de reprendre la place qui était la sienne avant la prise du pouvoir par Michail Gorbatchev qui, avec sa politique de Glasnost et de perestroïka ne put qu’entrainer son pays à l’effondrement. Cette période fut d’ailleurs caractérisée par des troubles (manifestations et grèves) et de révolutions colorées, certainement commanditées de l’étranger, dans la plupart des confédérations de l’ex URSS qui se trouvent actuellement autonomes et même, pour certaines d’entre-elles, dans le giron de l’Europe de l’Ouest.

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Pourquoi ai-je fait une petite parenthèse en parlant de la Russie d’aujourd’hui ? C’est pour la simple raison que lorsqu’on parle de « choc de civilisations », il ne faut pas perdre de vue que l’auteur de ce brûlot qu’est Samuel Huntington, avait eu l’idée de proposer cette théorie, dénuée de tout fondement à notre sens, après l’effondrement du bloc soviétique. Il s’en était servi comme modèle pour expliquer les nouvelles relations internationales. Il « s'appuie sur une description géopolitique du monde fondée non plus sur des clivages idéologiques « politiques », mais sur des oppositions culturelles plus floues, qu'il appelle « civilisationnelles », dans lesquelles le substrat religieux tient une place centrale, et sur leurs relations souvent conflictuelles »2. Pour Samuel Huntington sans doute, la disparition du bloc de l’Est, qui a, pendant une soixante d’années, vécu sous le régime de l’idéologie communiste, équivaut à la fin de l’Histoire. En réalité, cette prophétie est de Francis FUKUYAMA. Huntington l’a reprise ensuite à son compte et l’a largement développée. Or, il nous semble, qu’au vu des évènements politiques et historiques actuels qui mettent le monde sens dessus-dessous, que rien n’est moins faux. Ne peut-on pas penser qu’il y avait certainement confusion dans l’esprit de cet auteur en assimilant l’idéologie à l’Histoire ? Une simple supposition de ma part qui, j’en suis conscient, peut être tout à fait farfelue. Mais, essayons quand même d’analyser le problème sous cet angle. Le jeu en vaut la chandelle. La fin d’une idéologie quelle qu’elle soit signifie-t-elle la fin de l’Histoire ? Certes, les idéologies peuvent avoir une fin, mais ce n’est pas du tout le cas de l’Histoire qui, elle, ne finira qu’avec l’extinction de l’espèce humaine puisque c’est l’Homme qui fait l’Histoire et non l’inverse. Le temps et les guerres qui ont eu lieu ces dernières années, malheureusement toujours dans la sphère arabo-musulmane, ne sont-ils pas entrain de contredire de façon éclatante cette théorie ? Car, même si l’ennemi, contre lequel on oppose toute une armada et des armes sophistiquées, est musulman, force est de reconnaître qu’il ne s’agit pas du tout de guerres opposant des civilisations différentes, l’Occident et le monde musulman. D’ailleurs cet Occident qui intervient ici et là, du Maghreb au Moyen-Orient et même plus loin, ne le fait pas de façon cohérente. Si la première guerre de ce siècle débutant a commencé en Afghanistan sous la conduite de la première puissance mondiale, les Etats-Unis, a été motivée par une idée noble en soi, la lutte contre le terrorisme islamiste, il est aisé de remarquer, qu’ailleurs, ce même Occident encourage si ce n’est qu’il appuie ces mêmes islamistes à s’emparer du pouvoir. Pourquoi dans ce cas cette politique de deux poids de mesures ? La réponse est simple. Là où les islamistes font le jeu de l’Occident et ne s’opposent pas à ses intérêts économiques, ils sont considérés comme modérés et donc aptes à composer avec lui, c’est-à-dire avec l’Occident d’une façon générale, et là où les islamistes se manifestent de façon bruyante contre ses intérêts, ils sont tout de suite taxés d’extrémistes, de terroristes qu’il faut combattre par tous les moyens. L’islamisme politique est une calamité, une catastrophe d’abord pour les musulmans eux-mêmes. Ces premières victimes furent d’abord en Algérie, au début des années 90 lorsque le FIS a été, ayons quand même le courage de le dire, spolié de sa victoire électorale par le pouvoir algérien de l’époque. Mais, à cette époque-là, les puissances occidentales ont laissé faire, elles ne sont pas intervenues pour aider le peuple algérien estimant probablement que le problème ne les concernait pas du tout. Plus que ça, nous avions même eu droit à une injonction de la part d’un certain François Mitterrand sous la forme de « il faut que ». En fait, si à cette époque ni les américains ni aucun autre pays du bloc occidental n’est intervenu en Algérie, c’est parce la nouvelle doctrine du « siècle américain » n’était pas encore née. Elle était, certes, dans les tiroirs des Think tank américains mais son application sur le terrain n’a commencé qu’avec l’arrivée au pouvoir de W. Bush, particulièrement depuis l’attentat, par la nébuleuse islamiste El Qaîda, qui a détruit les twin tawors. Du jour au lendemain, l’on vit alors fleurir des qualificatifs tels « Etats voyous » à propos d’un certain nombre de pays (Soudan, Irak, Libye…) et « axe du mal »  (Irak-Iran). Tout cela pour dire que l’Irak de Saddam Hussein était déjà dans l’œil du cyclone et il devait, un jour ou l’autre rendre des comptes avec ou sans ADM (arme de destruction massive). Cette doctrine appelée « Doctrine Powell » consiste à donner les moyens militaires aux Etats-Unis pour qu’ils puissent intervenir partout dans le monde et défendre ainsi leurs intérêts. 

 à suivre.

Notes.

 

[1] Guerre dont le motif avoué est la lutte contre le terrorisme islamiste et particulièrement « El Q aida » tenue, jusqu’à présent, pour responsable de l’attentat du 11 septembre qui a détruit les tours jumelles de New York. Rappelons-nous que cet attentat a mis le monde entier en émoi à tel point que le slogan du jour qui fut inventé était « nous sommes tous américains ») 

2 Voir le site dédefensa.org : http://www.dedefensa.org/article-le_timon_du_monde_est_rompu_04_02_2013.html&nbsp ;&nbsp ;

 



23 réactions


  • Gabriel Gabriel 6 février 2013 10:31

    Sur les révolutions des printemps arabes il y aurait beaucoup à dire entre autre, comment ce fait il que les occidentaux financent et appuient ces révolutions en accord avec des intégristes pour renverser des dictateurs qu’ils ont eux même collaboré ardemment à mettre en place si ce n’est pour nous préparer à ce conflit des civilisations ? Les médias de tout bord se chargent d’un côté de gonfler l’islam à bloque et de l’autre à nous inspirer sa détestation et ses buts expansionnistes. De chaque bord, on prépare l’assaut final en mettant face à face les deux mondes alimentés à la haine journalistique, gouvernementale et télévisuelle. Cela a pour avantage aux yeux des dirigeants et des nababs financiers : « premièrement des gains fabuleux au travers du commerce de l’armement, deuxièmement détourner le mécontentement des peuples sur les dangers du terrorisme ou d’une guerre imminente, troisièmement s’approprier les richesses minières et pétrolières des pays musulmans et quatrièmement de régler le problème d’une surpopulation incontrôlable et par ce biais celui la même de l’assèchement des ressources en matières premières ». Bienvenue dans le monde des hommes… 


    • GHEDIA Aziz GHEDIA Aziz 6 février 2013 12:04

      Ce que vous dites là, mon ami, relève beaucoup plus de l’islamophobie encouragée par certains hommes politiques, particulièrement lors de campagnes électorales, que d’un véritable « choc des civilisations ».  


    • GHEDIA Aziz GHEDIA Aziz 6 février 2013 12:12

      Tout à fait d’accord avec vous, femme fatale !


    • Piotrek Piotrek 6 février 2013 16:16

      * Malika Abbad, Fatima Abid, Mustapha Amrani, Mohammed Boukantar, Amina Derbaki Sbaï, Said El Hammoudi, Mohamed El Hamrouni, Ahmed El Ktibi, Yusuf Ergen, Hamza Fassi-Fihri, Faouzia Hariche, Zoubida Jellab, Naima Maati, Mounia Mejbar, Fatima Moussaoui, Mohamed Ouriaghli, Sevket Temiz, Khalid Zian.

      C’est vrai que ballancé comme ça, l’européen moyen s’imagine déjà des minarets autour de l’Atonium. Mais si je me mets au niveau de votre commentaire qui fleure bon le couscous, je ballance illico les photos des dits coupables par hérédité et les offre en pâture aux européens moyens :
      http://www.bruxelles.be/artdet.cfm/4819

      Et on notera l’absence évidente de voiles ou de pognards ainsi que de noms de partis à consonnance religio-guerrière

      Tentez un autre argument


  • blablablietblabla blablablietblabla 6 février 2013 13:39

    « des anecdotes même dans le passé glorieux de notre civilisation arabo-musulmane que d’aucuns veulent ressusciter »


    Ben voyons ,en parlant de « passé glorieux » si y avait pas les juifs,persans,chrétiens et bien d’autres que j’oublie, jamais il n y aurait eu de gloire de l’islam .

    Le faire ressusciter mais vous plaisanter j’espère et avec quoi la « charia » comme source de droit ?

    Le Wahabisme salafiste peut-etre , entre nous c’est mal parti vue sur quoi débouche les révolutions arabe, si, ça va etre une immense république islamique genre Iran et en pire, bref un fachisme qui va régir le monde musulmans que je donnerai pas plus de 5 ans .

    J’imagine l’Algérie vivre sous la charia les trois quart de la population seront manchot !



    • blablablietblabla blablablietblabla 6 février 2013 17:16

      Alors comme ça je suis un « crétin »,connaissez vous l’Algérie ? 


      Je me trouvais en octobre 2012 la bas , je suis née en Algérie et d’origine arabe, la médiocrité humaine a atteint un seuil inimaginable en Algérie.

      Je ne vais pas vous énumérer tous les problèmes qu’un état digne de se nom aurait résolu y a fort longtemps ,le vol est une institution la bas eux meme le disent et je l’ai toujours vu.

      Donc ce n’est point par racisme que je dis ça c’est parce-que je l’ai vu ,le trafic en tout genre est devenu normal la bas dernièrement les patrons de bus ont enlevé des chaises pour se faire plus de frics étant donné que les passagers restent debout et qu’il y a n’a plus ,les chauffeurs de taxis trafiquent les conteurs pour augmenter le tarif ha c’est petit hein et bien l’Algérie ,les produits de première nécessité ont tous augmentés pourquoi ? 

      Et bien parce-que y a 150 intermédiaires pour la vente de patates ou des carottes et il y a personnes pour les ramassées et tout le monde se plaint voilà la réalité algérienne chère fatale !

  • Kookaburra Kookaburra 6 février 2013 14:10

    Le choc des civilisations un mythe ? Disons alors le choc des sociétés si vous préférer :

    Il faut se rendre à l’évidence, on voit bien que l’islam en tant que tel, c’est-à-dire cette loi constitutionnelle par excellence puisqu’elle se veut l’émanation même du divin et sous laquelle l’on ne peut qu’être soumis, ne peut être discuté ; ce qui est tout le contraire du régime démocratique moderne qui rime avec séparation des pouvoirs, à commencer le politique du religieux. Dire le contraire revient à professer un islam occidentalisé, amoindri au rang d’une philosophie, ce qu’il n’est pas puisqu’il n’y a rien à interpréter, sinon la manière d’appliquer la loi. On connaît l’objection : ce propos est identique à celui des islamistes, qui n’auraient rien compris à l’islam... donc rien ne prouve l’incompatibilité, et dire le contraire serait islamophobe, voilà où nous en sommes semble-t-il.

    Sauf que l’on va un peu vite en besogne en avançant que les islamistes n’auraient rien compris à l’islam. Personne, ou presque, ne se demande s’il n’y a pas une relation de cause à effet entre l’islam prêché pleinement, politiquement donc, et le fait que ceux qui y adhèrent veulent voir ceci être réalisé également pleinement. Les cas algériens et pakistanais sont exemplaires. L’islam est religion d’Etat et ses adeptes veulent que l’islam devienne l’Etat même comme il est écrit noir sur blanc. On objecte qu’il ne faut pas interpréter littéralement « comme le font les islamistes ». Sauf que ceux-ci ont bon droit de rétorquer qu’il est difficile de ne pas prendre au pied de la lettre des propos « incréés »et dictées.

    J’ajouterai ceci : le plus qu’on fait de concessions sur les mœurs, la culture, l’éducation, plus l’appétit vient en mangeant ; et l’état, général, de la société aidant, l’islam apparaît comme la solution ; ce qui n’est cependant pas le cas lorsque l’on veut plutôt la démocratie. Parce que la Constitution de celle-ci, en général, présuppose que le Droit soit consubstantiel à la souveraineté individuelle, elle-même représentée par diverses institutions qui l’encadre et la protège comme la nation, la République, etc. Qu’il y ait débat entre cette souveraineté et sa représentation, c’est le lot de la démocratie moderne. Une telle discussion est impossible en islam car elle est close depuis que Mahomet y est venu apporter le Discernement (Koran) rectifiant ce qui a été dit de la Parole Divine (le Livre) par les juifs et les chrétiens, qui se sont trompés de tout au tout (Abraham n’est pas l’ancêtre des juifs mais des musulmans, Ismaël n’est pas Egyptien mais Arabe, etc. Jésus n’est pas Dieu fait homme mais prophète, etc.).

    Rares sont ceux qui se disent que l’islam qui est professé en Occident par des intellectuels musulmans généralement occidentalisés ou très diplomates ne correspond pas à la Lettre même de l’islam. Pourtant, il n’y a aucune raison de penser que les islamistes seraient des enfants ou des idiots, ce qui serait offensant et pour le coup réellement islamophobe parce que l’on ne voit pas pourquoi tant de lettrés qui sont à la tête du Hamas, du Hezbollah, de Al Queida, voire à la tête d’Etat comme Iran, en Arabie saoudite, se tromperaient, à ce point, sur le contenu, réel, du Koran et de la Sunna. Or, ceux-ci, et c’est dit et écrit, sont incompatibles avec des pratiques non musulmanes, c’est-à-dire qui n’auraient pas été réglées au préalable par le Discernement et sa Vie.


  • jullien 6 février 2013 14:37

    @l’auteur
    Je sens que vous n’allez pas aimer la question mais je la pose quand même : avez-vous vraiment lu « Le choc des civilisations » ? Je vous pose la question car vous me paraissez à côté de la plaque.
    Par exemple vous écrivez :
    Pour Samuel Huntington sans doute, la disparition du bloc de l’Est, qui a, pendant une soixante d’années, vécu sous le régime de l’idéologie communiste, équivaut à la fin de l’Histoire. En réalité, cette prophétie est de Francis FUKUYAMA. Huntington l’a reprise ensuite à son compte et l’a largement développée.
    Quoi ? Le livre a été écrit en 1996 à partir d’un article paru en 1993. Le but de Samuel Huntington était justement de dénoncer les illusions courantes à cette époque !


    • jullien 6 février 2013 15:00

      Il «  s’appuie sur une description géopolitique du monde fondée non plus sur des clivages idéologiques « politiques », mais sur des oppositions culturelles plus floues, qu’il appelle « civilisationnelles », dans lesquelles le substrat religieux tient une place centrale, et sur leurs relations souvent conflictuelles »
      Pardon ? le livre distingue 8 civilisations : africaine, chinoise, hindoue, islamique, japonaise, latino-américaine, occidentale, orthodoxe. 3 seulement ont un fondement religieux.


    • GHEDIA Aziz GHEDIA Aziz 6 février 2013 15:06

      A Jullien.

      Pour être honnête avec vous, je n’ai pas lu le livre « le choc des civilisations » mais eulement des extrits ou plutot des comptes rendus faits par la presse, ça et là. Par contre, et je préfère réserver ça pour la suite, pour la conclusion, j’ai lu beaucoup de choses sur l’intellectuel palesteno-américain Edward Said aui a battu, en quelque sorte, en brêche cette thèse de Samuel Huntington. ça vous va comme réponse ? 


    • jullien 6 février 2013 15:11

      Enfin, l’auteur termine son article en dénonçant les interventions occidentales dans le monde musulman. Là aussi, je me demande s’il a lu le livre : Huntington consacre presque un chapitre entier à analyser la Guerre du Golfe qu’il décrit comme un moment où les États-Unis ont mobilisé la majeure partie de leur potentiel militaire contre un pays dont la taille relative était pourtant beaucoup plus faible. Il en déduit que les Américains feraient mieux de rester chez eux, de ne plus fantasmer sur une civilisation universelle et de renoncer aux interventions humanitaires dans des situations où les intérêts américains ne sont pas en jeu. Ce qui à l’époque visait les interventions en Somalie (1993) et en Bosnie-Herzégovine (1995). Après le 11 septembre 2001, Huntington est resté cohérent : il a dénoncé la guerre d’Irak et dès 2004 appelé à un retrait des troupes américaines.


    • jullien 6 février 2013 15:13

      @GHEDIA Aziz
      J’aime beaucoup votre honnêteté : c’est une qualité si rare.


    • Kookaburra Kookaburra 6 février 2013 16:04

      D’accord avec vous Julien. Peu de ceux qui dénonce Huntington l’ont lu. Je l’ai en original, mais je n’ai lu qu’une partie. Je n’en fait aucun jugement, mais c’est une grosse thèse sérieuse. Le heurt entre l’islam et le christianisme est une évidence qui date du début des conquêtes musulmanes.


    • bert bert 7 février 2013 00:36

      la fin de l’histoire par francis fukushima......

      là c’est complètement dingue et prophétique

  • ecolittoral ecolittoral 6 février 2013 15:26

    Choc des civilisations ! Les quelles ?

    J’ai l’impression que l’on confond, pays développés techniquement et pays non développés techniquement. Comme si la modernité était un plus et un signe d’intelligence et que, par conséquent les autres le seraient moins. 
    Le sommet de cette bêtise ayant été atteint par cette petite phrase : Les Africains ne sont pas assez entrés dans l’histoire. 
    Ce qui démontre une ignorance crasse DES histoires DES civilisations africaines.

    Comment attendre un choc de civilisation de la part de milliards d’individus qui vivent la même (més)aventure ? Comment les convaincre que telle civilisation est plus néfaste qu’une autre ?
    Comment opposer orient et occident ?

    Trop d’info, trop de connections, trop de voyageurs, trop de forums, trop d’échanges.
    Les propagandes, la création de mythes, ça ne marche plus. 
    Nous sommes quelques milliards de civilisés à le savoir.
    Les autres ne sont que minoritaires.

  • Ralahui Ralahui 6 février 2013 17:12

    Il me semble assez évident que ces conflits sont d’abord d’ordres économiques, stratégiques d’un pt de vue militaire. Le masque islamophobe et d’haine vis à vis de l’Occident relève d’une récupération idéologique, encouragée par les extrémistes de tout bord, et par les médias de masse qui servent l’intérêt des Grands.Le recours aux imaginaires et son façonnement sont des outils bien plus efficaces que la justification économique auprès des foules pour justifier toute action.
    De plus, les politiques multiculturalistes font bien souvent de la culture un caractère héréditaire, presque génétique, quelque chose d’imperméable à toutes actions, bien pratique pour justifier de telles action et ce fameux choc des civilisations. S’ils ne comprennent pas la démocratie, cela reste une question de culture dit-on dans nos grands médias, une bonne excuse encore...

    Mc Luhan disait « la guerre n’est rien de moins qu’un changement technologique accéléré », provenant d’une inégalité des rythmes de croissance, peut être une piste à explorer..


  • bert bert 6 février 2013 23:18

    bein la technique du double sabre c’est quand même plus efficace que le kum fou des commandos algériens...... smiley


  • morice morice 7 février 2013 01:09

    l’arrivée au pouvoir de W. Bush, particulièrement depuis l’attentat, par la nébuleuse islamiste El Qaîda, qui a détruit les twin tawors



    ah, parce que c’est Al Qaida qui les a détruites ???

    première nouvelle.

    • GHEDIA Aziz GHEDIA Aziz 7 février 2013 07:27

      Mr Morice, je m’en tiens à la version officielle des Américains pour éviter d’être traité de complotiste. Voilà.

       


    • latitude zéro 7 février 2013 16:28

      GHEDIA Aziz

      N’ayez pas peur d’être traité de complotiste , c’est en général bon signe, le signe qu’on approche de la vérité, qu’on brûle !!!
      Ce sont des éléments de langage qui ne trompe pas.
      Par exemple , quand j’ entend dire qu’une organisation ou une personne sont classées terroristes par la « communauté internationale » et les médias de masse , je ne sais pas pourquoi mais elles me sont immédiatement et a priori sympathiques et dignes d’intérêt, avant vérification bien sûr, car ils existent des exceptions.


  • bakerstreet bakerstreet 7 février 2013 01:47

    Aux écrits sans doute intéressants de cette dame Badia Benjelloune,
    critiquant l’impérialisme, sous une nouvelle formule,
    je vous renvoie à celles aussi d’une autre,
    Noamie Klein de son état canadien, qui a écrit sur le choc un livre plus pertinents
    La stratégie du choc
    Sa thèse repose sur un phénomène que vous devez connaitre au mieux, en tant que médecin
    Il s’agit de l’effondrement psychologique, après une choc, trauma, blessure....
    Mais élevé au niveau des états.
    Noamie Klein analyse les prises de position et d’affirmation du néo libéralisme issu des thèse jusqu’au boutiste de Friedman, pour montrer que celui ci à profité ou à même crée des conditions propices au sapage des lois sociales : Coup d’état militaire de Pinochet ayant amené par exemple la privatisation des entreprises publiques au Chili, mais aussi même processus à l’œuvre dans la Russie d’Elsine, utilisation du cataclysme Katerina à la nouvelle Orléans, pour ne pas parler évidemment des lois particulières, anticitoyennes, votées dans la suite des événements du 11 septembre


  • ecolittoral ecolittoral 7 février 2013 15:30

    A lire certains commentaires, on voit tout de suite que certains sont choqués de constater qu’il y a des civilisations qui ne sont pas comme là leur. Qui, bien sûr est meilleure que les autres.


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