Et moi, émoi, et nous ?
Et moi, émoi, et nous ?
La réalisatrice allemande Christa Graf nous a livré un reportage émouvant en 2008, intitulé ‘Cahiers de souvenirs’ ou ‘Memory books’, tourné en Ouganda.
L’Afrique noire se meurt.
Selon l’ONUSIDA, le nombre de décès dus au sida en 2012 s’élève à 1,2 million pour l’Afrique subsaharienne. Les pères partent en premier, les mères elles-mêmes infectées suivent, laissant 3 millions d’orphelins*.
L’ONU a mis en place des ‘cahiers de souvenirs’ demandant au parent restant, de le remplir des souvenirs familiaux en présence des enfants. Leurs naissances, des anecdotes du quotidien noircissent les pages. Car pour savoir qui l’on est, il faut savoir d’où l’on vient. Après la perte de leurs parents ces enfants sont, au mieux, recueillis dans des orphelinats ou le quotidien efface au fil du temps les souvenirs familiaux.
En regardant ce reportage, l’image de l’Afrique souriante, presque insouciante s’est effacée devant la réalité de ces familles en disparition. Le temps de l’indolence à fait place à celui de la souffrance. Des regards vides, tristes, sont les nouveaux visages de ce continent. Une génération entière sacrifiée.
De quelle manière cette épidémie peut impacter sur l’économie mondiale ?
L’occident a eu peur de la Chine, puis de l’Inde, mais ne remarque pas le continent africain. Face à la vision de ces enfants qui sont l’avenir, qui perdent leurs racines, évoluent devant le rêve occidental, la question se pose.
Survivre, combattre, cette génération y est formée. La volonté fait partie de l’ordinaire. Ces enfants créeront à leur tour une famille. Sur quelle base ? L’apparente désinvolture, les sourires collés aux visages ont disparus. Ils feront certainement place à l’opiniâtreté. Il est fort probable que l’économie mondiale doive compter, d’ici une génération ou deux, avec un continent africain beaucoup plus fort, certainement motivé, par une revanche à prendre et qui sait, devenir la prochaine puissance économique mondiale ?
Paradoxe occidental, depuis des décennies des associations se mobilisent pour tenter d’aider ce continent pillé, en majeure partie par ‘les blancs’. Ces pilleurs occidentaux, n’ayant de cesse d’être des acharnés de la pauvreté pour garder leurs privilèges, regardent de loin le travail effectué par les ‘aidants’ pensant qu’une goutte d’eau ne pourra anéantir le business. Pour tout le monde, la roue tourne. De façon plus ou moins rapide.
Serait-il insensé de penser que cette hécatombe qu’est le Sida ne puisse être un accélérateur du développement africain. Les plus argentés d’entre eux viennent étudier en Europe ou aux Etats-Unis. Revenant dans leur pays d’origine, comme en Inde ou en Chine, forts de leurs connaissances, afin de faire fructifier leurs patries respectives. L’insouciance, l’acception, la résignation ne font plus partie du continent africain. Il était peut-être l’élément manquant pour pouvoir ‘jouer au grand’ dans ce monde infernal qu’est l’économie.
* http://ecpat-france.fr/fiches-pays/ouganda/
Adame Manode.