Face à la crise au Tibet, l’Europe doit nommer sans délai un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet
L’invasion du Tibet par l’armée de la République populaire de Chine débutée en 1951 a entraîné une véritable catastrophe pour la nation et la culture tibétaine. Depuis lors, plusieurs périodes de crises ont secoué l’ancien Etat bouddhiste insuffisamment préparé à entrer dans le concert des nations, elles-mêmes par trop préoccupées à maintenir leurs propres politiques visant des intérêts économiques à court terme, au détriment des valeurs des droits de l’homme et de la démocratie si importante pour le long terme. La première et la plus grave crise s’est déroulée à la fin des années 50, quand la résistance tibétaine s’est soulevée contre l’occupant chinois, et qu’elle fut impitoyablement écrasée par l’armée chinoise. Le bilan de cette crise fut très lourd en vies humaines, ainsi qu’en patrimoine détruit, et il a débouché sur la fuite du Dalaï Lama en Inde, et la mainmise de la République populaire de Chine au Tibet qui depuis a continué sa politique sans rencontrer de véritable opposition de la part des nations respectant les droits de l’homme et la démocratie.
Depuis de nombreuses années, le Parlement européen, les associations solidaires de la cause tibétaine, le Dalaï Lama et le gouvernement tibétain en exil demandent la nomination d’un représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour le Tibet afin de promouvoir les négociations entre les instances tibétaines en exil et le gouvernement chinois. N’ayant pas accédé à cette demande, l’Europe est insuffisamment préparée dans la réponse à apporter à ce qui se passe au Tibet. Même si l’on peut saluer les initiatives de Gordon Brown et d’Angéla Merkel.
Nous ignorons la raison de la crise actuelle. GCHQ, l’agence de communications gouvernementale de la Grande-Bretagne qui contrôle électroniquement la moitié du monde, a confirmé les déclarations du Dalaï Lama qui affirme que des agents de l’Armée populaire de Libération chinoise, déguisés en moine, ont déclenché les émeutes qui ont entraîné des centaines de morts ou de blessés tibétains, et l’on peut donc se poser la question d’une manipulation du gouvernement chinois visant à une solution finale au Tibet.
Face à cette crise qui semble donc orchestrée au Tibet, l’Europe doit s’exprimer de manière univoque et doit nommer sans délai un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet. Le premier devoir de ce représentant européen sera d’obtenir sa mission de l’ensemble des gouvernements européens concernant la crise tibétaine, de se rendre à Pékin ainsi qu’au Tibet et dans les provinces tibétaines afin d’aider à la résolution du conflit. Il devrait aussi promouvoir le nécessaire dialogue demandé par le Dalaï Lama, mais actuellement refusé par Pékin.
Faire nommer en la circonstance un représentant spécial de l’UE sur le Tibet, semble être la décision politique la plus logique que puisse organiser l’Europe, et nous suggérons à toutes les personnes de bonne volonté de bien vouloir contacter les gouvernements et personnalités politiques européens et de leur demander de faire nommer sans délai un tel représentant. Cette demande a été faite à maintes reprises, et ne fut pas acceptée, probablement en raison de pressions chinoises. La crise actuelle et la prise à témoin de l’opinion exigent que cette demande soit acceptée en urgence. Comme le disait déjà en 2003 Thubten Samphel, porte-parole de l’Administration centrale tibétaine en exil, "la nomination immédiate d’un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet est un moyen concret et efficace pour les Etats membres de l’UE de faire avancer le processus de dialogue et de négociations entre les deux parties."