vendredi 13 avril 2007 - par Théophile Kouamouo

Françafrique : Sarkozy récupère l’héritage de Chirac

Tous les analystes qui pensaient que la Françafrique se dissoudrait d’elle-même après le départ de Jacques Chirac de l’Elysée doivent s’obliger à la prudence. Certains rituels, notamment les visites un peu honteuses chez le président Omar Bongo du Gabon, ont la vie dure...

"Paroles, paroles, paroles...", chantait la mythique Dalida. Son refrain est toujours d’actualité, du moins en ce qui concerne les relations entre les dirigeants français et l’Afrique. A l’occasion de la campagne électorale en vue de la présidentielle dont le premier tout se tiendra le 22 avril, on les a entendus rivaliser de propos hargneux sur la Françafrique. Parmi eux, Nicolas Sarkozy qui s’est posé en avocat de la "rupture" dans les relations entre l’Hexagone et ses anciennes colonies. Lors d’un voyage à Cotonou, le 19 mai 2006, il s’était érigé en adversaire des pratiques chiraquiennes, raillant ceux qui pensent que la démocratie "n’est pas faite pour les Africains", glorifiant "les trois alternances réussies" du Bénin, "quartier latin" du continent. "Il nous faut nous débarrasser des réseaux d’un autre temps", tonnait-il. Certains Africains se sont laissés séduire. Elu,Sarkozy mettrait à mort les "circuits officieux qui ont fait tant de mal dans le passé".

Menteries que tout cela ! Et il fallait regarder le journal de la Radio télévision gabonaise pour en avoir la confirmation éclatante.

Qui sait qu’Omar Bongo Ondimba, doyen de la Françafrique, était en "visite privée" en France à la fin du mois de mars ? Qu’il a reçu, dans sa résidence parisienne, trois célébrités de la politique française (Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin et François Bayrou) ? Les deux premiers ont réussi à merveille leur exercice d’"à-plat-ventrisme" dans leurs déclarations d’après-audience. Nicolas Sarkozy, qui était flanqué de Claude Guéant, son directeur de campagne, a susurré : "J’ai écouté les conseils du président Bongo qui a une grande expérience diplomatique. Je lui ai expliqué comment se passait la campagne. J’ai recueilli ses sentiments d’amitié qui sont pour moi très importants. Je l’ai assuré également de mon amitié pour l’Afrique, de mon intérêt pour l’Afrique et de ma fidélité pour l’Afrique".

Dominique de Villepin, qui ne sera pas candidat (cette année, du moins, précise le commentateur de la télé gabonaise), évoque son "plaisir de revoir le président Bongo", les "liens très profonds d’amitié entre le président Chirac et le président Bongo, les liens avec la France qui sont très anciens". Avec le président gabonais, il a fait, nous dit-il, "le point sur les grands dossiers africains", notamment le Darfour et la "situation plutôt favorable de la Côte d’Ivoire". "La sagesse du président Bongo est toujours importante pour la diplomatie française", a-t-il proclamé, laudateur. Puis il a signifié sa "profonde fidélité à l’Afrique", qu’il défendra "quoi qu’il arrive et en toutes circonstances", lui qui y est d’ailleurs né.

Quant à François Bayrou, visiblement mal à l’aise, il a dit, très bref : "J’ai été très heureux de cette rencontre. C’est une rencontre personnelle et de respect". Même s’il a été le moins emphatique, il a perdu beaucoup de crédit et sa virginité chez ceux qui le voyaient en possible "exécuteur" d’une pieuvre françafricaine jusque là gérée par les gaullistes et les socialistes.

Le petit ballet chez le père Bongo montre que la Françafrique n’a pas capitulé, malgré les déclarations hypocrites. Aller assurer de sa "fidélité" en cachette (les médias français n’étaient pas conviés) un président ultracorrompu, patron reconnu de la Mafiafrique, qu’on flatte avec des propos louangeurs sur sa "sagesse", tout cela loin de son pays riche en pétrole et pauvre de tout, n’est-ce donc pas une pratique classique des "réseaux d’un autre temps" contre lesquels le Sarkozy de Cotonou comptait aller en guerre ?

Les campagnes électorales coûtent cher en France. Omar Bongo le sait et est sans doute venu à Paris comme le "roi nègre" Kankan Moussa allait jadis à la Mecque : couvert d’or. En tout cas, le président gabonais est effectivement un homme d’expérience. Au moment où tous les candidats à la présidentielle française admonestaient la Françafrique, il disait, sûr de son fait : "Sans doute que Sarkozy, qui est un ami, rectifiera le tir au moment opportun". Bingo Bongo !

Regardons Sarkozy, Bayrou et Villepin chez Bongo à leur sortie d’audience :

http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=17253

et



4 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 13 avril 2007 12:03

    pas de problème de conscience pour celui qui cire si bien les pompes de Debeulyou et des communistes chinois ! les rois nègres n’ont aucun souci à se faire , il s’en fiche complètement du respect de la démocratie en afrique !


  • Act (---.---.243.218) 13 avril 2007 14:49

    Cher Théophile.

    La presse hexagonale est au courant mais ferme les yeux, l’opinion public n’en est pas informée. Au contraire on lui annonce avec délectation des hordes de clandestins à ses portes, des milliards d’aides déversés dans les pays du sud et en banlieues, des millions de barbares profiteurs du sud, irréductibles polygames et analphabètes, copulant bestialement pour vider la France de sa substance blanche et la remplir de racaille. Bref l’apocalypse en récompense d’une générosité sans borne

    Arthur Mage, le mentor du gnome est Pasqua (héritier des réseaux Foccart) propriétaire entre autres du PMU en Afrique. Alors Sarko ami de Sassou Nguesso ? ça va de soi. L’article, précise que la rencontre porte probablement non sur des conseils ou de la sagesse, mais sur de l’argent. Et ne vous leurrez pas, le prétendu « financement de campagne » n’est que de l’enrichessement personnel et des bakchichs.

    Merci Théo pour votre vigilence et votre alerte ; ça peut sembler « essayer de vider la mer à la petite cuiller », mais les grands fleuves naissent des ruisseaux et les révolutions aussi.


  • Théophile Kouamouo (---.---.137.117) 14 avril 2007 12:54

    Arobase 04, votre argumentaire est spécieux. D’abord, le sujet n’émane pas d’un opposant gabonais que vous décrivez comme inconstant, mais bel et bien de la télévision gabonaise officielle, qui a montré ce ballet d’allégeance avec délectation. Par ailleurs, penser que les hommes politiques français n’ont plus besoin de l’argent du Gabon parce qu’une loi sur le financement de la vie politique existe relève de « l’amusement ». Comment vérifier les choses dès lors que l’argent liquide des palais africains sert à acheter des fidélités et non à acheter des services dans le secteur formel ? Pourquoi les hommes politiques français respecteraient cruellement une loi qui permet d’avoir des financements minimaux pour faire une campagne à la Bové ou Besancenot ? Par ailleurs, il n’y a pas vraiment de démocratie au Gabon. Le pétrole gabonais n’est pas une richesse qui appartient aux Français qui l’exploitent mais aux Gabonais qui le possèdent. Sans les Français, d’autres auraient exploité ce pétrole. Il ne faut pas remettre en cause les principes de propriété les plus élémentaires. Par ailleurs, je ne demande pas à Sarko de se battre pour les Africains mais de respecter les Français à qui il a promis la fin des « réseaux » françafricains. Le peuple français a le droit de savoir ce que ses dirigeants font en Afrique, ce qui lui est systématiquement caché par la « grande » presse.


  • Act (---.---.243.218) 14 avril 2007 17:31

    arobase04 votre intervention est de plus curieuses. Comment osez-vous prétendre que cet article dont l’auteur va jusqu’à fournir les données sources a été piqué à un certain Siméon Ekoga ? C’est absolument ridicule ! Et ça l’est encore plus venant de vous qui n’avez pas hésité à vous attribuer -pour vous faire connaître dans cet espace- l’excellent article d’une consoeur et collègue de l’auteur au Courrier d’Abidjan, Sylvie Kouamé intitulé « Le « front du refus » boycotte le sommet France-Afrique » http://news.abidjan.net/article/?n=236838

    A comparer avec votre copier/collé éhonteusement baptisé « Adieu Françafrique ! » sur Agoravox. http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=19209

    J’espère qu’Agoravox fera rapidement le ménage.

    Quand on s’écorche les yeux à lire votre premier « article » bourré de fautes de grammaire et de style ou vos différents commentaires tout aussi mauvais, aucun doute ne persiste sur le niveau de votre culture et votre honnêteté. En revanche cette attaque ridicule et grossière nous assure de votre difficulté (incapacité ?) à raisonner. Comment peut-on afficher un tel mépris aux Gabonais dont les ressources sont spoliées par un dictateur à la solde des politiciens français puis conclure en parlant d’intérêts et de Frnçafrique ?

    Théo, ne vous laissez pas distraire par les tirs au flanc et autres escrocs à la petite semaine qui ne font que confirmer l’ampleur et la profondeur du mal.


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