jeudi 7 novembre 2013 - par Robert Bibeau

Fraude électorale à Montréal – PQ

 Les plumitifs petits-bourgeois montréalais s’en donnent à cœur joie en ce lendemain de campagne électorale municipale. Ils ont une fois de plus fait la preuve que la classe ouvrière ne compte pas, qu’elle est totalement absente, électoralement parlant s’entend, de la politique municipale à Montréal.

 Des mois d’une campagne électorale inintéressante, totalement déconnectée, hors de propos en ce qui concerne les problèmes réels, concrets et véritables de la population des quartiers déshérités, des quartiers ouvriers. Débranchée de la vie des chômeurs et des travailleurs menacés, à statut précaire, sous-payés, écrasés de taxes et de charges fiscales. Une campagne très éloignée des milliers d’ouvriers que les patrons malmènent ou jettent à la rue sans pitié. Et que dire des sans-abris, errant par les rues, de gourbi en taudis ; suivis par les travailleurs appauvris, attablés aux cantines charitables, fréquentant les comptoirs alimentaires dévalisés (140 000 pauvres chaque mois) et les friperies dépenaillées.

 Au milieu de cette misère populaire, Denis Coderre, héros de la bourgeoisie, et juste derrière l’énergumène, une femme en peine, madame Joly prénommée Mélanie. Les Bobos-scribouilleurs, auteurs de pages de publicité et de propagande, que leur maison d’édition ont le culot d’appeler des « infos » (La Presse, Journal de Montréal, Gazette, Métro, 24 heures) et tous les autres affidés de la télé, ne retiennent plus leur joie affectée – « Le coup fourré a fonctionné ! ».

 C’est que la campagne électorale s’annonçait fade au beau milieu de cette débandade de l’ancien Parti du maire Tremblay –l’effarouché, chef des trafiquants ployant sous les coups des enquêteurs de la Commission Charbonneau – enquête de probité publique qui est une véritable « valeur authentiquement québécoise des riches de souche » et qui se répète tous les vingt ans environ ; jusqu’à la prochaine dans vingt ans tout au plus.

 Ce n’est pas tout de lancer une fraction de la petite-bourgeoise montréalaise aux trousses d’une autre faction qui s’en est mis plein les poches pendant des années sans partager avec l’opposition. Le risque dans ces guerres de clans étant de discréditer toute la gent politique – le cynisme ambiant risquant d’emporter le bébé « démocratique » dénudé avec l’eau polluée du bain trop plein de purin. Un certain décorum est requis au milieu de ce salmigondis, du moins si ces magouilleurs souhaitent que quelques badauds-électeurs croient toujours aux resquilleurs politiciens.

 Derrière Denis Coderre, le rescapé de la politique fédérale (où ils ont leur charge de scandales), trottinait Marcel, le beau Brummell, sortit tout droit des officines de gestion occultes qui dirigent la politique municipale, provinciale et fédérale. L’un de ces hommes en gris, complet-cravate (qu’il retira le temps d’une campagne de fumisterie) se jetait donc dans la mêlée utilisant comme marche pied Madame Harel et son parti Vision Montréal désemparé et floué. 

 Un mois après le saut dans le vide électoral – la patente à Marcel Côté ne décollait toujours pas. L’homme d’affaire, beaucoup trop compromis avec les vieux partis ne parvenait pas à se donner une image de « virginité » fabriquée. Les stratèges, fins-politiciens, sont trop malins pour se décourager pour un rien. De leur chapeau de magicien ils sortirent une Joly prénommée Mélanie. Et ce fut le début de l’esbroufe. Une meute de faiseurs d’opinion, des paparazzis malappris, se jetèrent sur leur petite amie comme des vautours sur un cadavre flétri. La curée fut de courte durée, un sondage truqué, publié à point nommé, vint crédibiliser le petit minois de la politicienne roublarde avérée. Le frère de Justin vint même sacrer la prénommée du sceau des Trudeau… Même Coderre, et ses exfiltrés-libéraux, ne méritèrent pas cette intronisation au temple de la renommée du Parti Libéral tout puissant. 

 Car vous devez comprendre camarades ouvriers et travailleurs que ces malversations nous révèlent que le Parti québécois, la CAQ et Québec Solidaire comptent pour presque rien sur la scène politique montréalaise. Depuis quelques temps ce sont les différentes factions du Parti Libéral qui s’entredéchirent et mènent le bal municipal. C’est une contradiction dans leur camp que nous devrons exploiter. Nous, la classe ouvrière et nos alliés, ne sommes que les dindons de cette farce outrancière qu’orchestre des faiseurs d’élections et des groupies poltrons depuis leurs torchons, leurs studios de radio et de télévision où ces petits bourgeois des médias fabriquent l’opinion publique

 Le soir du 3 novembre 2013, il s’est avéré que la manigance électoraliste a fonctionné. Très peu de gens se sont déplacé pour voter, alors que les commentateurs obséquieux parlaient d’une campagne électorale passionnante – pour 40% des électeurs à ce qu’il semble – mais l’important pour eux c’est que les petits-bourgeois se soient déplacés pour voter et tracer leur croix au bon endroit.

 Le vieux politicien Coderre l’a emporté (13% des droits de vote), suivi de la soubrette (un « raz de marée » de 11% des votants potentiels) réputation forgée de toute pièce par la publicité des médias à la solde, dans l’indifférence totale des masses populaires dont une majorité ne s’est pas déplacée pour voter (60%). Le lendemain du scrutin chacun d’entre nous peinait à son boulot sachant que rien d’important ne s’était produit la veille si ce n’est que la bourgeoise montréalaise venait de signer une trêve entre ses différentes factions qui devront maintenant se partager la dépouille municipale, les pots de vins, les enveloppes brunes, les dessous de table, les contrats juteux-véreux, mais comme le disait l’ex-maire Vaillancourt de Ville de Laval, seulement après avoir imaginé un nouveau stratagème de prévarication généralisée. Soyez patient ça viendra.

 Que doit faire la classe ouvrière, les étudiants et les travailleurs ses alliés au milieu de cette galère dépareillée ? La classe ouvrière doit poursuivre son chemin de résistance. Poursuivre partout sa guerre de classe dans les usines, les bureaux et sur les lieux de travail. Faire grève chaque fois que nécessaire et chaque fois qu’avantageux pour elle. Défendre rageusement ses lignes de piquetage contre les assauts des « scabs », des petits cadres, de la flicaille et de la justice des riches. Refuser les hausses de tarifs ; exiger plus de services publics. Manifester souvent et bruyamment comme les étudiants nos alliés l’ont fait (plusieurs petits-bourgeois paupérisés se joindront à nous pour manifester) et surtout, les ouvriers doivent s’organiser dans les différentes « Assemblée Populaire Autonome » de quartier : http://apa-montreal.info/ afin de se concerter pour résister à tous les assauts idéologiques, politiques et économiques que ces serviles politiciens et leurs sous-fifres journalistes organiseront pour le salut de leurs maîtres des Chambres de commerce locales et régionales :  http://anouslaville.org/

 Le résultat véritablement important de cette campagne électorale à Montréal-PQ c’est qu’en majorité les ouvriers, les étudiants et les travailleuses ne croient plus à la fraude électorale bourgeoise et cherche une véritable alternative à ce jeu de coulisse bancal.

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http://quebec.huffingtonpost.ca/melanie-joly/greve-etudiante-solution_b_1508751.html et http://www.ledevoir.com/politique/montreal/391758/coderre-aux-commandes?utm_source=infolettre-2013-11-04&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne



3 réactions


  • Marc Chinal Marc Chinal 7 novembre 2013 11:53

    Merci pour ce témoignage, en France on se dirige vers le même type d’élections même si chaque lieu a ses spécificités.
    Bravo pour les actions concrètes des citoyens.
    Et si un jour vous manquez d’utopie, n’hésitez pas à aller voir ceci. ;o)
    Courage cousins !


  • JP94 7 novembre 2013 20:37

    Merci c’est un point de vue très intéressant que je partage et pour faire écho au point de vue de MC ci-dessus je pense que la bourgeoisie en France ( et en Europe) a pour visée des élections à la sauce de Montréal : élections de notables véreux par le biais de l’abstention des classes laborieuses du processus électoral .

    Dans un premier temps , les politiques menées déçoivent la classe laborieuse .
    L’abstention monte .
    Stigmatisation des abstentionnistes ( mauvais citoyens !) 
    Les politiques sont maintenues , on exclut de plus en plus la classe ouvrière de la vie politique .
    Montée du FN .
    Stigmatisation des ouvriers qui votent FN ( on n’évoque pas la classe des grands patrons qui le soutiennent ) 
    Ensuite , agitation de l’épouvantail FN pour inciter la classe moyenne à voter pour des gens « respectables » .
    Et ça continue .
    Mais si se profile à l’horizon l’organisation de la classe populaire comme force alternative pour une autre politique , alors stigmatisation de cet autre choix comme populiste donc qui serait de la même eau que le vote FN .
    Et poursuite des politiques néolibérales ... jusqu’à plus soif .
    Et toujours cette haine de classe .

    On n’entend d’ailleurs que fort peu parler de la classe ouvrière canadienne , à croire que le Canada ne serait peuplé que d’une classe aisée et d’une classe moyenne heureuse de son bonheur matériel . 
    Il est frappant d’ailleurs qu’ici en France on connaisse si peu la réalité du Québec en dépit de la langue partagée .

    Mais pourriez-vous aussi évoquer , dans un autre article , l’effet délétère des accords de Libre-échange qui viennent d’être signés entre l’UA et le Canada ?
    Quelle est votre analyse ? 

    Merci .
    Il est vraiment intéressant de lire un article critique et qui montre l’existence d’une pensée et d’une action critique de la classe ouvrière en marche au Québec .

    • Robert Bibeau Robert Bibeau 8 novembre 2013 00:26

      Le Canada est peuplé de la classe ouvrière majoritaire en terme d’effectif - Ne croyez nullement les ignares qui prétendent que la classe ouvrière productrice de la plus value et de toute valeurs ici au Canada comme en France.

       

      Le jour ou la classe ouvrière disparaitra leur société capitaliste disparaitra.

      La question étant qu’ave la crise économique systémique leur système s’effondre et ils doivent serrer la ceinture à la petite bourgeoisie traitre - obséquieuse que les riches doivent sacrifier lors que les ouvriers ont déjà été paupérisés

       

      Maintenant que les choses sont simples - limpides  les milliardaires d’un côté les ouvriers la seule classe révolutionnaire de l’autre plus moyen de tergiverser cette société corrompue devra être détruite pour que le genre humain survive sous la direction de la seule classe qui a intérêt à construire un monde sans exploitation (car elle est elle-même une classe exploitée) 

       

      Simple la classe ouvrière est la source de solution de tous nos malheurs et je vote classe ouvrière POINT final.

       

       


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