vendredi 25 mars 2016 - par Robert Bibeau

L’énigmatique Monsieur Trump

La guerre de classe bat la chamade aux États-Unis d’Amérique entre différentes factions de la classe capitaliste. La faction Démocrate poursuit ses mimiques « socialistes » avec Bernie Sanders, le sénateur de l’establishment le plus go-gauche que puisse tolérer les membres de cette assemblée de parvenus.

Bernie n’a aucune chance de l’emporter contre la réactionnaire féministe favorite du Parti. Sur le flanc « gauche » de la farce électoraliste, rien à craindre, tout baigne dans l’huile.

C’est sur le flanc droit du cirque électoraliste que la guerre de classe fait rage. Un candidat, soi-disant atypique, fait des siennes et menace de s’emparer du poste présidentiel, sans s’être soumis au directoire de la faction Républicaine – l’autre face de la joute électorale d’alternance –. Le candidat vedette court le marathon des Primaires sans avoir obtenu l’aval majoritaire de ses pairs. Mais pourquoi la droite républicaine ne se rallie-t-elle pas derrière le meneur des Primaires ?

Les médias « mainstream », à la solde des milliardaires, et la go-gauche petite-bourgeoise à la solde de l’État des riches, accréditent cette bouffonnerie et hurlent à l’unisson que c’est parce que Donald Trump est un réactionnaire antiféministe, anti progressiste, isolationniste, anti musulman et néolibérale. Mais, n’est-ce pas la posture politique du Parti républicain depuis un siècle ? En quoi Ted Cruz et Marco Rubio, et les autres larbins en course pour l’investiture, sont-ils différents ? Aucunement, même qu’à bien des égards, ils sont nettement plus réactionnaires, et conservateurs, et évangélistes, et hypocrites que le milliardaire et sa clique. L’observateur lambda ne doit pas se laisser berner par la campagne médiatique ni par les hurlements de la go-gauche petite-bourgeoise et des féministes de service. Donald Trump poursuit son élan vers l’investiture républicaine parce que toute une faction réactionnaire de la classe capitaliste dominante appuie ce candidat. Donald Trump n’est pas isolé, contrairement à ce que laissent penser les intellectuels et les journalistes stipendiés.

La guerre fait rage au sein du camp Républicain parce que le candidat qui l’emportera deviendra, au nom de sa faction, Président des États-Unis d’Amérique. Le principe d’alternance à la présidence appelle un saltimbanque Républicain pour succéder à une marionnette Démocrate. Il y a deux siècles qu’il en est ainsi aux États-Unis, sauf de rares exceptions. La classe dominante américaine serait-elle dans un de ces rares moments d’expectative où ne sachant pas faire l’unité elle laisserait le poste présidentiel échoir à la faction Démocrate dont le mandat est terminé ?

La crise économique mondiale, qui ne fait que s’approfondir, pourrait le laisser croire. De toute manière ce que chacun doit savoir c’est que les pouvoirs d’un Président des États-Unis sont illusoires. La classe capitaliste n’a jamais fait confiance à un saltimbanque politique pour défendre ses intérêts supérieurs. Si bien que la Chambre des représentants – une clique de riches triés sur le volet – est là pour stopper les ardeurs d’un Président trop frondeur. Ainsi, pour ne citer que deux exemples, Barak Obama, malgré sa volonté, n’a pas pu fermer la prison de Guantanamo, ni forcer Israël à céder un pouce de terrain spolié afin de parvenir à un traité avec l’OLP. Le Congrès s’est chargé de l’en empêcher. Et si jamais le congrès ne savait pas y faire, la solution « Kennedy » demeure l’option pour régler "l'affaire". Pas de quartier dans ce métier de polichinelle déjanté.

Incidemment, Donald Trump ne présente pas une plateforme électorale différente de la politique que poursuit déjà le gouvernement des États-Unis. À titre d’exemple, le candidat Trump préconise que les pays impérialistes alliés des États-Unis remboursent les dépenses des USA quand celui-ci débourse des sommes faramineuses pour soi-disant les défendre, déplaçant ses flottes d’une mer à une autre ; faisant tonner ses drones d’un champ de bataille à un autre ; stipendiant, armant, et entrainant des groupes « djihadistes » d’un front terroriste à un autre. Cette politique du « gouvernement terroriste payeur » est la politique du Pentagone depuis cinquante ans. Demandez au gouvernorat de l’Arabie Saoudite et au Sultanat du Qatar, ils vous le diront. L’Allemagne, l’Italie, le Japon, la Corée et Taïwan payent pour le maintien des bases militaires américaines dont elles ne veulent plus sur leur sol. Le candidat Trump s’est rendu à la conférence-2016 de l’AIPAC pour y proclamer son allégeance au lobby des capitalistes vivants aux États-Unis et qui font business avec Israël. Il fut chaleureusement applaudi par l’assemblée. Il faut dire que les économies étatsuniennes et israéliennes sont fortement imbriquées. 

Donald Trump, et sa faction, souhaite « libéraliser » encore davantage le marché du travail aux États-Unis, de sorte que les entreprises puissent réduire encore davantage le salaire des travailleurs étatsuniens jusqu’à les rendre concurrentiels à ceux des ouvriers chinois. Quel politicien Républicain ou Démocrate ne rêve pas de voter une telle loi ? Le candidat Trump propose de compléter le mur de séparation à la frontière du Mexique commencé sous le règne de Bush et poursuivi sous le règne d’Obama. Les riches Américains craignent-ils de manquer de femmes de ménage "chicanos" ? Donald Trump propose de poursuivre la politique de profilage racial dans la sélection des immigrants musulmans, une mesure en vigueur aux É.-U. depuis le 11 septembre 2001. Rien de neuf sous le soleil.

L’administration américaine a lancé trois traités de libre-échange (TISA, TPP, TTIP) afin de permettre aux multinationales américaines de faire entrer aux États-Unis leurs marchandises fabriquées à l’étranger. Trump ne veut pas abolir ces traités, ils croient pouvoir les renégocier à l’avantage de sa faction de milliardaires. Voilà la pomme de discorde qui segmente le front uni capitaliste au sein du Parti Républicain. La faction conservatrice prétend que les États-Unis, compte tenu de leur situation présente, ne doivent pas rouvrir ces contrats et demande de laisser le tout en l'état. Donald Trump prétend qu'il pourrait obtenir des avantages supplémentaires en menaçant les multinationales concurrentes d'isoler le marché étatsunien du reste de la planète. L'isolationnisme est évidemment impossible sous l'impérialisme déclinant. Les premières multinationales qui souffriraient de cet isolationnisme économique seraient les multinationales américaines qui ont délocalisé leurs usines en Asie et en Europe.

Cessez de supputer. La guerre de classe fratricide que se mènent différentes factions de la bourgeoisie américaine durera tant que l’un ou l’autre des candidats encore en liste ne sera pas désigné. Sitôt la convention républicaine terminée, l’unité se refera autour du pugilat, probablement Donald Trump, qui, en bonus, bénéficiera de l’auréole du mauvais garçon – de l’outsider – qui seul, de ses mains nues (sic), aura vaincu l’éléphant ploutocrate, le vieux GOP, de quoi remonter sa cote devant l’électorat étatsunien désabusé, anti establishment et encore une fois subjugué par ces simagrées, accréditées par la go-gauche y compris les féministes de service. Une récente enquête de Bloomberg révèle que 81% des gens aux États-Unis n’ont aucune confiance dans les saltimbanques politiques (1). 

La classe prolétarienne américaine (homme et femme) ne doit pas se laisser berner par les simagrées de ces épouvantails. Au bout du compte, ce sont les ouvriers qui feront les frais de ce ramage. Quel est le plus abominable candidat bourgeois, et lequel donne le change avec le plus d’arrogance, ne constitue pas une alternative à la résistance qu’ils devront livrer aux assauts du capital mondial, qui se prépare dans l’antichambre à livrer la bataille finale à notre classe internationale dans des circonstances économiques, politiques et sociales épouvantables. Nos camarades (hommes et femmes) de classe, aux États-Unis, sauront-ils faire face ?

 

L’ÉDITORIAL PARAIT SUR LE WEBMAGAZINE LES7DUQUEBEC.COM

http://www.les7duquebec.com/7-au-front/lenigme-donald-trump/

 

 

Références : Why voters are angry ? http://www.bloomberg.com/graphics/2016-angry-voters/

 

 http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/pourquoi-ils-haissent-trump/

 

http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/trump-vers-une-convention-contestee/



11 réactions


  • Alpo47 Alpo47 25 mars 2016 19:39

    Trump parait imprévisible, mais je suppose que le « système » pourra rapidement le ramener dans le rang, pour une présidence à la R.Reagan. Pas de vrai surprise avec lui...
    Par contre , H ;Clinton est un vrai danger, pour les USA et pour le monde. Cette femme est quasi « folle ». C’est d’abord une psychopathe et le reste est à l’unisson. Une effarante liste de pathologies psychiatriques. Elle est l’acteur principal de la destruction de la Lybie, puis de la Syrie et voulait attaquer et détruire l’Iran, voire la Russie. De la folie pure.
    Si elle était élue , le monde serait vraiment en danger.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 26 mars 2016 14:46
      @Alpo47

      Le monde je ne sais pas !!! Mais la classe ouvrière américaine et mondiale OUI, dans un cas comme dans l’autre (TRUMP ou Clinton) le monde ouvrier sera en danger.

      Pour la raison que je souligne dans mon article - les lois de l’économie politique capitaliste poussent la puissance impérialiste déclinante vers la guerre pour sortir de la crise économique systémique. Ceci est bien au-delà des particularités de caractères respectifs de Clinton ou de Trump.

      Robert Bibeau. Producteur. Les7duQuébec.com


    • Alpo47 Alpo47 26 mars 2016 17:42

      @Robert Bibeau

      H.Clinton multipliera les guerres , d’abord pour favoriser les intérêts de ceux qui la financent.

      Au fait, vous êtes tout de même au courant qu’il n’y a pas que la « classe ouvrière » pour composer nos sociétés. Ceux que l’on appelle « la classe moyenne » sont actuellement les plus pressurés, plus gros contributeurs et ceux qui vivent ces dernières années avec le plus de changements et d’incertitudes.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 26 mars 2016 18:30
      @Alpo47

      MERCI BEAUCOUPMONSIEUR D« INTRODUIRE LA PSEUDO CLASSE MOYENNE DANS LE DÉBAT.

      1) Un classe sociale se définit par rapport à sa position - son rôle dans un mode de production

      2) Une classe sociale existe tout le temps que dure un mode de production et ses rapports d production

      3) Ainsi, le mode de production esclavagiste ayant disparu - la classe sociale des esclaves a disparu n’ayant plus aucune assise économique et sociale sur lesquelles s’appuyés.

      4) la classe soi-disant »MOYENNE« serait apparu dans els années 1960 - deux siècles après la généralisation du MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE DANS LE MONDE et elle serait aujourd’hui en voie d’extinction = RIDICULE THÉORIQUEMENT ET PRATIQUEMENT

      5) La classe »moyenne« définie par les sociologues bourgeois de Chicago puis adopté par les plumitifs français universitaires n’existe pas. On ne définit pas une classe sociale par une chose aussi volatile que son revenu, son chèque de paye.

      6) Ainsi un capitaliste ne se définit pas par son revenu mais par ses rapports aux moyens de production sociaux - il est dit capitaliste parce qu’il possède des moyens de production, d’échanges ou de communication.

      7) Ce que vous appelez à tort la classe »moyenne" sont des petits-bourgeois, couche sociale parasitaire (vivant d’une portion de la plus-value ouvrière qui leur est distribuée par le grand capital afin d’assurer la reproduction élargie de la force de travail salariée ainsi que les besoins de luxe de la grande bourgeoisie) cette fraction bourgeoise est EN EFFET EN COURS DE AUPÉRISATION ET ELLE GÉMIT EN EFFET.

      8) C’EST QUE LA CLASSE CAPITALISTE NE PARVENANT PLUS À valoriser - reproduire - accumuler - son capital mort en exploitant le capital vivant (la force de travail ouvrière seule productrice de plus-value) LA CALSSE CAPITALISTE N’A QUE FAIRE DE LA classe ouvrière devenue pour elle inutile - - uns charge sociale non rentable, non PROFITABLE.

      9) La classe capitaliste mécaniquement réduit donc ses déboursés en reproduction de la force de travail, ce qui affecte directement les emplois de la classe petite-bourgeoise - qui a toujours existé - ce sont les enseignants par exemple, les fonctionnaires de l’État bourgeois, les artistes, etc. etc. et qui existeront même PAUVRES tant qu’existera le mode de production capitaliste)

      10) Le danger pour la révolution prolétarienne est actuellement - en France notamment - que la petite-bourgeoise aigrie - comme en MAI-1968 - mette le prolétariat à son service afin de chercher à obtenir par les barricades le rétablissement de ses prestations sociales - tout comme de celles des assistés sociaux rejetés dans le lumpen prolétariat.


      Robert Bibeau. Producteur Les7duQuebec.com

    • Alpo47 Alpo47 26 mars 2016 21:36

      @Robert Bibeau
      Quel charabia ... Votre vision du monde est vraiment binaire et effrayante .. les gentils ouvriers et les méchants ... tous les autres. Je serais donc, soit un ouvrier , soit un « capitaliste » ... C’est vraiment de la pure rhétorique pour le plaisir de s’écouter ou se relire.
      Et si vous rêvez encore à la « révolution prolétarienne », vous vivez surement sur une autre planète (?)


  • bakerstreet bakerstreet 26 mars 2016 14:14

    Un éléphant, on le sait, ça trump énormément ; alors qu’en est il des mamouths de l’ère glaciaire ? Encore un p’tit effort, et « Bush père et fils » vont passer pour des démocrates. 

    Mais c’est le sens de l’histoire, qui commence à ressembler de plus en plus à la préhistoire avant la chute de la météorite ! 
    Seuls les petits et les invisibles ont survécu, car pouvant rentrer dans les terriers, et attendre patiemment, avant toute cette merde ne retombe. 
    Quand aux dangers pointés par les internautes, il y en a tant qu’on ne peut plus les compter. 
    Sans compter la banale chute de l’escabeau. 
    Le mieux est de rester couché, comme dans l’an 01. Un film que j’avais vu à l’époque, en 73 ; c’est resté une utopie rigolote, mais finalement bien plus réaliste et de bon sens que les paroles folles des droits censés être « réalistes », et savoir comment on peut s’en tirer : En les élisant bien sûr, pour qu’ils nous emmènent droit en enfer, comme dans les années 30 : Le futur est un long passé même pas repassé, malgré ses promesses de sirop d’érable. 

    Une heure et demi de voyage dans le temps à rêver, pour ceux qui ont du temps à gagner

  • Robert Bibeau Robert Bibeau 26 mars 2016 14:57

    @ tous

    Les retombées radioactives iront rejoindre l’invisible dans son terrier - alors On fait quoi ?

    On les empêches de déclencher l’apocalypse... ON c’est qui au juste ???

    Il n’y a plus d’URSS pour faire ramage et funambule, les « terroristes » de bas échelle - n’ont que des kalach - CHUT ne donner as l’idée à leurs sponsors de les équipés du nucléaire -

    Alors ce sont les gros terroristes que vous devez surveiller ceux à la tête de L’UE, la Russie, la Chine, les Etats-Unis et l’OTAN...

    Robert Bibeau Producteur Les7duQuebec.com


  • Pyrathome Pyrathome 26 mars 2016 16:34

    depuis le 11 septembre 2001. Rien de neuf sous le soleil.
    .
    ben si,...
    http://www.metronews.fr/info/etats-unis-donald-trump-incrimine-george-w-bush-a-propos-du-11-septembre/mpbn !jTkT9OawEZlE/
    Leur pire cauchemar commence à prendre forme, à la crapulerie néo-cons......
    Finalement, entre ces deux gros tocard(e)s, celui-ci s’avère le plus rigolo pour bien foutre le gros merdier chez les mafiosos...


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