jeudi 31 août 2006 - par Kilosho Barthélemy

L’enseignement de base gratuit au Burundi

En rendant gratuit l’enseignement de base, le gouvernement a déclenché une mesure à portée sociale symbolique dans un pays qui sort progressivement d’un long conflit meurtrier.

Depuis que le gouvernement nouvellement élu a été investi au pouvoir, les premières mesures à prendre étaient, entre autres, de rendre l’enseignement primaire (de base) gratuit pour tous les enfants inscrits.

Cette décision a une valeur sociale significative, puisqu’elle a permis à des milliers des parents sans revenus d’envoyer leurs enfants à l’école.

Pour preuve, les salles des classes manquent ; les bancs et objets scolaires sont devenus rares.

Dans certaines provinces du Burundi, les enfants suivent les cours dans les églises, les anciens maisons du parti au pouvoir, sous l’arbre, et d’autres enfants, en plein air.

Cet engouement des enfants pour être formé, même quand ils ont dépassé l’âge d’aller à l’école primaire, montre à quel point la majorité des familles burundaises étaient pauvres.

A titre d’exemple, une année scolaire à l’école primaire public coûte 20 000 Fbu par élève, soit à peu près 20 dollars US, ce qui est insignifiant pour un Burundais à revenu moyen.

Depuis que les études sont libéralisées, les frais scolaires sont exorbitants, surtout dans les écoles privées : il y a des écoles qui font payer des frais allant de 200 à 300 dollars US par élève et par trimestre ; c’est une folie pour beaucoup de parents burundais. Plus de la moitié des familles burundaises étaient incapables de payer cette somme pour amener leurs rejetons à l’école.

La décision prise par le gouvernement de rendre gratuite l’école primaire a soulagé beaucoup de familles et a montré à quel point la formation de base constitue un élément essentiel pour le développement social d’une nation et celui d’un peuple.



5 réactions


  • Jesrad (---.---.20.126) 31 août 2006 14:04

    il y a des écoles qui font payer des frais allant de 200 à 300 dollars US par élève et par trimestre ; c’est une folie pour beaucoup de parents burundais.

    Ce n’est pas une folie pour les parents qui y envoient leurs enfants, apparemment.

    Plus de la moitié des familles burundaises étaient incapables de payer cette somme pour amener leurs rejetons à l’école.

    Ca c’est une tragédie. Que la moitié des familles ne puissent pas, avec une vie de labeur, à la fois subsister ET progresser, c’est terrible et il faut évidemment qu’ils y remédient. J’aurais préféré d’autres solutions que d’obliger l’autre moitié à payer la scolarité de ces enfants, cependant.


  • Pedrox (---.---.100.240) 31 août 2006 21:00

    La gratuité de l’enseignement de base est une des premières mesures prises par le nouveau gouvernement des anciens rebelles quand ils sont arrivés au pouvoir l’année dernière. Elle a été saluée par tous. Le problème, c’est que les autorités n’ont rien fait pour accompagner cette décision. Aucun effort n’a été fait dans la formation des maîtres, dans la construction des salles de classes, dans la relogement des centaines de milliers de mères et d’enfants qui croupissent dans les camps de déplacés. Le président Peter Nkurunziza, born again évangélique très pieux, qui a annoncé la mesure a dit : « Dieu s’en occupera » et demandé aux évangélistes de s’occuper des enfants (ils leur apprennent surtout à attendre la fin du monde avec Jesus, dites Jisas.). Ect...Je peux vous affirmer que la mesure a été un ratage total...

    Mais ce n’est pas seulement grâce au manque de volonté ou de savoir- faire du nouveau pouvoir. Les caisses de l’Etat ont été vidées par 12 années de guerre civile et par une corruption devenue sport nationale de l’élite au pouvoir depuis des décennies....Mais il faut d’abord et surtout dire que les bailleurs de fonds n’ont pas accompagné la nouvelle politique concernant la gratuite de l’enseignement. Nous sommes dans un pays dont le discours dominant la coopération est celui de la Banque Mondiale et du FMI...Vous comprendrez la suite concernant les réactions des « décideurs coopérants » une politique aussi ambitieuse de rendre l’enseignement gratuit...Si l’UNICEF a applaudi quand le Président Nkurunziza a annoncé la mesure, je suis parfaitement convaincu que le fonds onusien n’a pas modifié d’un iota les orientations de son budget sur le Burundi....Et puis d’une façon générale, l’Occident ne se montre pas très chaud, en réalité, pour soutenir une politique digne d’un Chavez et camarades...

    Et puis, il ne faut pas se mentir...la seule personne à avoir été content de cette politique, parmi la clique au pouvoir au Burundi, est seulement Peter Nkurunziza (Président). C’est le seul progressiste au sein de l’ancien mouvement rebelle. Le reste, une bande qui veut juste remplir ses poches (voir les dernières notes d’alarmes des organisations de défense des droits sociaux et humains).


    • gem (---.---.117.249) 1er septembre 2006 13:07

      voilà un éclairage utile. Plus qu’utile, même.


    • gem (---.---.117.249) 1er septembre 2006 13:11

      bon article. Même si, pas plus au Burundi qu’ailleurs, il ne faut prendre les déclarations du pouvoir pour argent comptant.

      Mais avec le commentaire qu’il faut citer, on a un couple de son de cloches assez harmonique.


  • (---.---.20.171) 31 août 2006 23:51

    Une note d’espoir pour le Burundi, une annonce toute autant positive. Pour ce qui est de la formation des maitres et de la construction de classes publiques, il faut laisser le temps faire. Si le gouvernement d’anciens rebelles met la main à la pate, et que d’ici 3 ans, il y a une majorité d’enfants qui ont un enseignement élémentaire, je vote pour.

    >>Je peux vous affirmer que la mesure a été un ratage total...

    L’idée est bonne, les intentions tout autant, les faits, on en sais rien, vous semblez détenir une vérité, proposez la.


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