L’épreuve de vérité pour la Syrie
La nouvelle administration syrienne a rapidement acquis une autorité légitime et une large reconnaissance tant au niveau régional qu’international. Cette acceptation rapide reflète le désir profond des parties arabes et internationales d’ouvrir un nouveau chapitre avec la Syrie. Leur objectif est d’assurer la stabilité de ce grand pays arabe, de préserver son unité et sa cohésion et de servir les intérêts du peuple syrien.
En retour, le monde attend de l’administration syrienne qu’elle passe d’importants tests de confiance et qu’elle prouve qu’elle a un programme national qui n’a rien à voir avec son passé. Les nouveaux dirigeants doivent faire preuve de bonnes intentions et rompre tout lien persistant avec les éléments terroristes qui menacent la sécurité régionale et mondiale.
Dès les premières heures de leur arrivée au pouvoir, les nouveaux dirigeants syriens ont montré qu’ils étaient conscients de leur position délicate. Ils comprennent parfaitement la nécessité de reconstruire leur image publique et de se présenter différemment des perceptions négatives du passé.
L’administration reconnaît également le danger réel d’une exploitation ou d’un affaiblissement délibéré des nouvelles relations de la Syrie. Elle a pris des mesures décisives face au dangereux groupe des Révolutionnaires du 25 janvier, qui a émergé de Damas pour menacer la sécurité nationale de l’Égypte. Ce groupe a appelé les Égyptiens à « renverser le régime », ce qui suscite de vives inquiétudes quant à l’exploitation de la Syrie pour rassembler des éléments terroristes anti-égyptiens. L’Égypte a payé un lourd tribut humain et matériel jusqu’à ce qu’elle parvienne à éliminer le terrorisme persistant qui a causé de graves pertes depuis 2011.
Si personne ne nie les liens antérieurs de la nouvelle administration syrienne avec des organisations extrémistes, le soutien substantiel qu’elle a reçu confirme le désir sincère des puissances régionales et mondiales d’aller de l’avant. Cette nouvelle relation exige le respect de priorités essentielles et de lignes rouges claires. Fermer le chapitre trouble du passé et empêcher les organisations terroristes d’utiliser le territoire syrien pour menacer les pays voisins et le reste du monde figurent au premier rang de ces exigences.
Les expériences régionales récentes, depuis les événements chaotiques de 2011, montrent que les organisations terroristes cachent souvent des plans plus sinistres qu’elles ne les révèlent. Tout pays responsable a du mal à négliger les menaces potentielles, quelle que soit leur taille apparente.
De vives réactions internationales ont eu lieu lorsqu’un membre éminent de Jaish Al Fatah a ouvertement menacé l’Égypte depuis Damas. Les autorités syriennes ont rapidement reconnu ce danger imminent et ont agi avec transparence, annonçant l’arrestation rapide sans préciser d’autres mesures punitives.
Le véritable danger que représentent ces éléments mercenaires ne vient pas de leurs capacités individuelles, mais de leurs vastes connexions externes et de leur volonté constante de recevoir des ordres opérationnels de la part d’entités cachées ayant leurs propres agendas dangereux. Ces connexions secrètes expliquent les mouvements soudains et imprévisibles de ces organisations à travers les frontières régionales au cours des dernières années troublées.
La nouvelle administration syrienne a déclaré à plusieurs reprises que la Syrie ne deviendrait une menace hostile pour aucun pays, y compris Israël. Ils offrent ce réconfort nécessaire pendant cette phase sensible de reconstruction. Ils doivent également relever le difficile défi des anciens camarades qui violent leur position publique officielle. Les nouveaux dirigeants disposent d’une connaissance détaillée et unique de ces éléments grâce à la lutte qu’ils ont menée contre le régime brutal d’Assad. Ils connaissent leurs emplacements exacts, leurs armes sophistiquées et leurs réseaux complexes.
Relever ce défi sécuritaire extrêmement complexe est une priorité absolue et urgente pour instaurer une véritable confiance avec les pays arabes et la communauté internationale prudente.
La récente réunion ministérielle de haut niveau à Riyad, à laquelle a participé le nouveau ministre syrien des affaires étrangères, Asaad Al Shaibani, témoigne de la détermination de l’Arabie saoudite à corriger les erreurs diplomatiques commises par le passé avec la Syrie. Les nations arabes voient une occasion très favorable d’accueillir à nouveau la Syrie dans le giron régional. L’importante initiative arabe a débuté peu après la chute inattendue d’Assad, avec remarquablement peu d’hésitation cette fois-ci.
Cette situation a créé une opportunité cruciale pour la Syrie de capitaliser sur le fort soutien arabe tout en respectant des lignes rouges fermes - en particulier en ce qui concerne la sécurité nationale, la souveraineté territoriale et la prévention de toute présence terroriste. C’est la clé fondamentale pour obtenir un soutien immédiat, accélérer la reconstruction globale et permettre le retour en toute sécurité de millions de Syriens déplacés.
La conférence historique de Riyad a apporté un soutien arabe sans précédent et a appelé à la levée urgente des sanctions économiques paralysantes imposées à la Syrie. Ahmed Al Sharaa et ses principaux collègues ont désormais l’énorme responsabilité de maintenir cette dynamique positive et de tenir leurs promesses publiques. Ils doivent mettre en œuvre leurs obligations internationales conformément à la bonne volonté qu’ils ont reçue de la part des partenaires régionaux et de la communauté internationale.