mercredi 1er mars 2006 - par Julo

L’ex-Yougoslavie face à son passé...

Il aura fallu treize ans pour que la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations unies, commence hier à La Haye les audiences publiques dans la plainte accusant Belgrade de « génocide » pendant la guerre en ex-Yougoslavie (1992-1995).

Treize longues années pour lancer une procédure après une plainte déposée en 1993 par les Musulmans bosniaques (sous Tito les citoyens de la petite république balkanique avaient obtenu en 1971 le droit d’utiliser ce qualificatif avec un M majuscule pour définir leur nationalité sur leur passeport. On était indifféremment "Bosniaque" ou "Musulman", qu’on soit musulman ou pas finalement.). Qu’attendre de cette instruction ? Sans doute la reconnaissance d’un drame humain encore trop largement incompris par la plupart des européens, qui décidément ne voient pas toujours ce qui se passe sous leurs fenêtres. Après tout, Sarajevo n’est qu’à 1500 km de Paris, à la verticale de Florence, moins loin que Naples. Deux heures d’avion tout au plus... Pas beaucoup plus loin qu’Ajaccio finalement. Pourtant ce conflit nous a semblé tellement lointain...

C’est sans doute cet éloignement qui a permis ces actes ignominieux que furent, pour prendre les plus symboliques, le siège de Sarajevo, le plus long siège de l’histoire de la guerre moderne, ou le massacre de Srebrenica. Il est difficile de se représenter ce que fut réellement ce siège de 1350 jours (faites le calcul...) et ce que furent les conditions de (sur)vie des habitants dans cette cuvette entourée de batteries d’artillerie et fermée par la tristement célèbre Sniper Alley, la seule voie de sortie de la ville, qui, comme son nom l’indique, n’avait rien d’un parcours de santé. Pour info, on m’y a appris qu’un sniper touchait sa cible à 3 km... Une (sur)vie rythmée par 329 impacts d’obus quotidiens en moyenne, avec un record de 3777 impacts d’obus pour le 22 juillet 1993.

Mais tout cela reste abstrait... Aujourd’hui, si vous vous baladez dans les rues de Sarajevo, vous ne remarquerez peut-être rien de prime abord. Et puis vous les verrez. Ces petites stèles de pierre, bancales, dans les jardins publics, au bord des terrains de foot, dans les parterres de fleurs... Des stèles sous lesquels les habitants enterraient à la va-vite leurs morts, la nuit, en compagnie d’un imam, dans les seuls endroits de terre meuble qu’ils pouvaient trouver, par peur des balles fatales des snipers.

Alors, génocide ou pas ? Le plus important est de se souvenir que l’homme est décidément capable des plus grandes saloperies, et que ses voisins sont capables de la plus grande surdité. Une surdité qui est aussi le signe que de telles atrocités sont si inconcevables conceptuellement qu’on ne peut les comprendre sans les vivre. C’est bien cela qui permet leur survenance. C’est aussi pour cela qu’un tel procès est important.



3 réactions


  • Casabaldi (---.---.64.181) 2 mars 2006 12:31

    Génocide ou pas (et je ne dis pas que ce n’est pas important, hein...), ça a d’abord été une guerre. Sale, comme toute guerre. J’y ai un peu participé et j’en ai ramené principalment deux choses (uniquement concernant son traitement médiatique) :
    - le fait que la France entière ait vu pendant 4 ans, un PPDA tout triste annoncer que « aujourd’hui encore, le cessez le feu n’a pas été tout à fait respecté » et que un ou deux mecs se sont fait « snippés ». Tous les jours pendant 4 ans, à raison de 2 mecs par jour, ça fait 2920 morts. On ajoute l’obus sur le marché de Sarajevo (68) et un ou deux massacres, (allez, on compte 10 000). ça nous fait 12 988 morts « annoncés ». Il y en a eu 250 000. Où sont les 237 012 qui manquent ?

    En gros, tous les journalistes étaient « parqués » à Sarajevo (comme quelques années plus tard, à Bagdad). ces villes sont, dans ces cas là, transformées en véritables disneyland pour journaleux qui cherchent rarement à en savoir plus. Pendant ce temps là, l’essentiel se passe ailleurs. Bref.
    - deuxième chose : j’ai passé 6 mois là bas, j’y ai rencontré des centaines de personnes. Aucune ne savait si elle était Bosniaque, Croate ou Serbe. Je n’ai vu que des Yougoslaves. Je ne prendrai que l’exemple d’un certain Ratko : Son père et lui sont nés à Belgrade. A priori, Serbe. Mais il a passé l’essentiel de sa vie à Sarajevo (Bosnie ?) avant de se marier avec une femme née à Zagreb (Croate ?). Leurs enfants sont nés à Bihac (Bosnie) et c’est là qu’ils vivaient ensemble, sa femme, lui et leurs enfants, quand la guerre a éclaté. J’ajoute qu’ils sont tous athées. Quel est l’age du capitaine et la « nationalité » des enfants ? La réponse était généralement (pour les garçons) : ça dépend où est la ligne de front le jour de tes 15 ans.


  • ArkAn (---.---.3.182) 6 mars 2006 18:13

    Toucher une cible au snipe a 3km... on aura decidement tout entendu ,tout lu , et tout vu qui tent une foi de plus de stigmatisé et d’ incriminéi le peuple Serbe et ses Généraux-héros. Quand au dernié commentair, il est d\’un absurdité remarquable. Ratko est serbe , c\’est tout , son fils est , lui , Serbo-croate car née d\"une mère croate et d\’un père serbe.

    Encore un étalage d\’ignorance sur un fond de pitié et de pseudo comprension et d\’indigniation devant un conflit aukel vous ne comprenez absolument rien.


  • Malkom X (---.---.168.197) 8 novembre 2006 02:11

    Nisam glaso ni Da ni Ne, ali ono sto je bilo i o cemu smo pricali i branilise godinama i ono sto nikad nece biti isto .. mozese oprostiti ali nikad zaboraviti. I HAVE A DREM


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