jeudi 13 octobre 2016 - par Frédéric MALMARTEL

Le fantôme de la Guerre Froide

L’Histoire ne se répète pas. La Guerre Froide n’est plus. Elle ne reviendra pas. Croire qu’il est possible de la réactiver c’est tout simplement se tromper d’époque. Et se méprendre ainsi est la pire faute que l’on puisse commettre en Stratégie Internationale.

Au contraire, savoir anticiper l’avenir, comprendre l’évolution du Monde, être capable de se projeter dans le futur est une qualité nécessaire aux grands souverains.

Elle ne demande pas à nos dirigeants, une intelligence exceptionnelle, car les traits qui marquent le monde de demain existent déjà aujourd’hui. Elle requiert en revanche beaucoup de clairvoyance et de pragmatisme.

Les ingrédients qui firent la Guerre Froide ne sont plus. Ses acteurs ont disparus. Seuls leurs ombres, leurs fantômes, perdurent. Ceux qui pensent refaire la Guerre Froide s’agitent comme autant de spectres, capables de se faire disparaître très vite, mais incapable de modeler en quoi que ce soit le Monde de Demain. Il se fait, déjà, sans eux.

 

La Guerre Froide n’est plus.

La Guerre Froide opposa deux camps. L’un vivait dans une idéologie, décalée de la réalité, le Socialisme Soviétique qui allait l’amener à la ruine. L’autre se contentait de défendre sa liberté.

Chaque camp avait son leader et ses combattants, les choses étaient claires. De temps en temps, un territoire ou un peuple passait dans le côté adverse sans que l’équilibre global ne fût jamais menacé. Seuls des petits pays ou des états très en retard économiquement se transportaient d’un camp à un autre. Cuba, l’Ethiopie, l’Afghanistan... furent les enjeux de ces affrontements, très courtois, à l’échelle des grandes puissances qui menaient le bal.

Cet équilibre subtil s’en est allé. L’idéologie Socialiste Soviétique n’existe plus.

La Russie a retrouvé son Identité Chrétienne et sa Mémoire. C’est au tour de l’Occident de fonctionner, comme jadis l’Union Soviétique, sur un modèle idéologique, décalé de la réalité, celui du Cosmopolitisme et du Citoyen du Monde. C’est au tour de la Russie d’être libre. Je développais cette thématique dans mon article « Le jour où la Guerre Froide s’est inversée ». Comme feu l’URSS, la France d’aujourd’hui voudrait être « une idée » et non plus une nation qui partage une langue, une histoire et une culture, y compris religieuse. Mais le parallèle s’arrête là. L’idéologie Socialiste Soviétique était, elle, bien structurée, fut-ce autour d’idées fausses. Aussi pouvait-elle charpenter un camp, fédérer ses troupes, surtout celles qui se trouvaient à l’extérieur et pouvaient encore croire aux vertus d’un Système qu’elles n’avaient point vu de près !

L’Idéologie Mondialiste, aujourd’hui au pouvoir en Occident est flou, flasque, ectoplasmique. Personne ne peut définir exactement ce qu’elle est ni lui trouver une quelconque cohérence. Que peut bien signifier «  le métissage obligatoire » en termes de projet de société ? Que sont ces « valeurs citoyennes [du monde] » dont on nous rebat les oreilles ? Elles sont aussi réelles que le Monstre du Loch Ness, si ce n’est que pour ce dernier nous avons au moins quelques photos ! En tout cas, je n’ai pas de cliché de passeport de « Citoyen du Monde » et j’ignore toujours à quelle caisse de Sécurité Sociale, ils cotisent !

La Politique Etrangère n’étant que la projection de la Politique Intérieure, cette incohérence se retrouvent dans les bizarres « alliés » de l’Occident. Feu l’URSS, avait pour associés tous les partis communistes « orthodoxes » du monde. Cela garantissait une fidélité sans faille au « Grand Frère ».

Aujourd’hui, qui l’Occident a-t-il pour allié en Syrie ? Al Nosra ? qui dixit le funeste Laurent Fabius faisait soi-disant « du bon boulon » ? Al Nosra, n’est qu’une Branche d’Al Qaïda, ceux qui envoyèrent leurs avions sur les Tours Jumelles un certain 11 septembre, drôle d’allié ! Le « Rebelle Modéré » quant à lui, a certainement beaucoup de moins de chances d’exister que notre ami le Monstre du loch Ness !

Si seulement les Complotistes avaient raison, si seulement le 11 septembre n’était qu’un vaste montage, si seulement nos dirigeants contrôlaient tout, alors le monde serait bien plus sûr que ce qu’il est ! La réalité est qu’ils ne contrôlent plus rien… sinon les destructions qu’ils peuvent causer, sans jamais être capables de s’appuyer sur aucun allié durable.

Ces ravages peuvent s’étendre à d’immenses territoires : l’Iraq, la Libye, l’Ukraine, que l’Occident croit dérober à ceux qu’il imagine être ses ennemis, non pour s’en emparer, ce dont il est incapable, déstructuré qu’il est, mais pour les livrer au chaos, chaos islamiste dans le Monde Arabe ou néo-nazi et maffieux en Ukraine. Même sur un territoire aussi petit que le Kosovo, l’Occident a été incapable d’établir un contrôle réel…

Une idéologie suffisamment flasque pour ne même pas pouvoir déboucher sur un réseau d’alliances, aucun allié sûr, mais une capacité de destruction inouïe voilà les caractéristiques d’un Occident devenu fou qui entend se jeter sur la Russie ! La Russie s’est réarmée, repréparée à la guerre comme elle le fit jadis, n’entendant plus défendre aucune idéologie mais juste son existence face aux malades qui la menacent.

 

Ces fous qui rejouent la Guerre Froide.

Ils s’appellent François Hollande, Hillary Clinton ou Angela Merkel, ils rejouent ou rêvent de rejouer la Guerre Froide dans un abîme de non-sens. Il n’y a plus de Liberté à défendre, il n’y a plus d’idéologie funeste à combattre à l’extérieur, au contraire, elle est à l’intérieur.

De ci de là, quelques voix s’élèvent à l’Ouest, de gens raisonnables ou moins fous pour résister. Barack Obama ne fut pas si funeste que cela qui renonça à attaquer la Syrie, et passa un accord avec l’Iran. Je crains que si Mme Clinton arrive aux affaires, nous en soyons à le regretter ! Donald Trump a dit, le fera-t-il ? qu’il mettrait un terme à l’appui des Etats Unis aux terroristes de tout poil, y compris ceux de l’OTAN qu’il veut quitter. Donald Trump pourrait-il être à l’OTAN ce que Gorbatchev fut à l’URSS ?

Ces destructions continues du Monde par un Occident devenu fou, lui-même déstructuré, les deux sont liés, ne peut évidemment que se terminer, soit par une conflagration générale, avec la Russie et probablement la Chine et l’Iran, soit par une implosion de l’Occident sur le modèle de l’ex-URSS.

Notez au passage, le cas intéressant de la Turquie. J’ignore les détails du coup d’état manqué, je pense que nous ne les connaîtrons pas de manière certaine avant quelques années, mais au niveau macroscopique, l’instabilité de l’Occident, y compris, dans ses rapports avec ses alliés proches, et la Turquie en fut un, a joué un rôle clef dans l’éloignement d’Ankara d’avec l’Ouest et son rapprochement de la Russie.

 

Quelles forces pour demain.

A aucune époque, les forces régissant le Monde Futur n’apparurent soudainement. Aujourd’hui elles se profilent déjà dans le Monde qui s’effondre.

Le bon (« bon » dans le sens efficace et non moral) dirigeant, je le disais en introduction, n’est pas celui qui est nécessairement très intelligent, c’est celui qui perçoit les rapports de forces, et sait les utiliser au mieux. Mao Tsé Toung ne se battit pas contre les Japonais. Il laissa son rival Chiang Kai-shek s’épuiser à le faire. Il avait compris que les Américains triompheraient de Tokyo, il se contenta de les regarder, pour ensuite rafler la mise en Chine. Il avait parfaitement jaugé la situation et agit en conséquence.

Vladimir Poutine n’insista pas quand l’Occident lui enlevait l’Ukraine, territoire immense et très russe, une perte considérable, impensable à l’époque de l’époque de la Guerre Froide. Il se contenta de récupérer la Crimée pour faire d’une défaite une victoire. Aujourd’hui sa diplomatie est en Asie. Ce flamboyant 9 mai 2015, ce furent les Chinois et les Indiens qui accompagnèrent M. Poutine sur la place Rouge.

 

Le Nouveau Monde se dessine, à sa façon. Lorsque la Russie donnait de fait l’indépendance à l’Ossétie du Sud et à l’Abkhazie, rendant à l’Occident la monnaie de sa pièce kosovar, contrairement à toute attente, ce ne furent pas les ex républiques soviétiques toujours satellites ou alliées de Moscou (Biélorussie, Kazakhstan ou Arménie) qui reconnurent ses nouveaux pays, mais… des états sud-américains : le Nicaragua et le Venezuela !

Comme en Asie, en Amérique du Sud, un nouveau monde émerge, qui se sent libre d’agir, loin de la domination occidentale. C’est ce nouveau monde qui structurera les rapports internationaux demain.

 

Il n’y a plus de Guerre Froide, juste un fantôme de celle-ci animé par des fous qui pourraient, en effet provoquer là une conflagration catastrophique. Ce serait leur dernière folie car le seul effet d’une conflagration entre l’Occident et la Russie serait d’accélérer, comme toute guerre, de manière dramatique, les événements, en l’occurrence, le déclin de la Civilisation Occidentale et l’avènement d’un Autre Monde, régit par d’autres forces, ou sauf imprévu, et il y en a toujours, la Chine, l’Inde et une Amérique du Sud émergente donneront le ton à côté de veilles puissances comme la Russie ou l'Iran.

 

Monsieur Hollande dit un jour qu’il était « entré dans l’Histoire ». Non, il s’est trompé d’histoire.

 



8 réactions


  • fred.foyn 13 octobre 2016 12:40

    Poutine impose ses vues, ce qui est intolérable pour la coalition des USA...mais le monde de demain sera avec la Russie la Chine l’Inde et l’Iran...c’est ainsi et l’Ouest n’aura que ses yeux pour pleurer.. !


  • attis attis 13 octobre 2016 15:11

    Il n’y a jamais eu de Guerre Froide.
    Ni hier, ni aujourd’hui.
     
    D’ailleurs, la série Le prisonnier nous le disait dès 1967.


  • vachefolle vachefolle 13 octobre 2016 18:00

    Pas terrible votre analyse, car le concept de guerre froide va continuer a exister entre différents acteurs, et si vous faites reference a la GUERRE FROIDE US-URSS, elle existe a nouveau aujourdhui, meme si ce n’est pas la seule variable geopolitique du monde maintenant. C’est la seule différence avec la situation précédente.

    Les deux enjeurs majeurs des 20 prochaines années sont pourtant faciles a identifier :
    L’expansionisme Chinois capable de déclencher une guerre en Asie, qui virerait très vite à la troisieme guerre mondiale avec d’un coté chine+URSS (la Russie de Poutine)+Pakistan+Iran+Turquie vs USA+UE+Japon+Inde et a la clé 1 ou 2 milliards d’habitants vitrifiés. c’est LE RISQUE geopolitique capital, dont KimJoung2 peut etre le détonateur.

    La fin du pétrole qui va faire exploser les derniers régimes totalitaires du moyen Orient comme l’arabie saoudite, et modifier profondément nos économies.


  • velosolex velosolex 14 octobre 2016 10:37

    Un peu étrange et psychotique de décréter que le futur se fera selon ses souhaits. Une vrai fumisterie pour tout dire...Vous en trouviez en 33 pour dire que la seconde guerre mondiale était impossible pour la bonne raison qu’il y en avait déjà eu une entre 14 et 18...


    .Remplacez « guerre mondiale » par « guerre froide » et vous aurez tout compris....« L’histoire ne se répète pas », dites vous...Façon de parler et de se convaincre pas la méthode coué, les mêmes causes apportant les mêmes résultats, l’histoire ayant souvent le hoquet. 

    Toujours la même orthodoxie de discours et d’analyse à la petite semaine, à l’ombre de tour Vladimir, le doigt sur la couture du slip kangourou, à hurler des anathèmes contre l’occident...
    .
    Bon, j’arrête, je vais me faire traiter encore d’agent impérialiste. 
    Là aussi, plus ça change, plus ça ne change pas. 
    L’avenir est un long passé, même si maintenant certains mettent leur casquette à l’envers.

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