lundi 1er mars 2010 - par Alain Rojo

Le gouverneur de Brasilia en Prison

Un scandale de corruption sans précédent provoque l’emprisonnement du gouverneur de Brasília José Roberto Arruda.

Depuis un mois environ se développe un scandale politique dont l’impact est sans précédent sur l’opinion publique brésilienne, car le principal dénonciateur, Durval Barbosa, ex-secrétaire de Arruda,a filmé TOUTES les transactions en vidéos.
 
Ainsi, on peut voir des élus recevoir d’énormes liasses d’argent liquide, et ne pas savoir où les mettre. Ce qui provoque des images à la fois comiques et marquantes de responsables politiques stockant leur billets dans leur slip ou leurs chaussettes.
 
 
L’historique de toute cette histoire part d’une enquête de la police fédérale qui enquêtait sur une caisse noire et la corruption ayant présidé à l’élection du gouverneur du district de Brasilia.
 
Le secrétaire du gouverneur, Durval Barbosa, partie prenante de ces distributions d’argents à divers élus, a senti le vent tourner et a contacté la police fédérale pour leur proposer, en contrepartie d’une immunité partielle, à la fois son témoignage et surtout toutes les vidéos qu’il avait pris soin de prendre lors des transactions, dans un but probable de chantage ultérieur.
 
La police fédérale n’a pas hésité à fournir ces vidéos à la presse, et le peuple brésilien a pu assister à ses échanges de masses de billets quasiment en haute définition dans les journaux télévisés du soir.
 
 
 
Soyons réaliste, les brésiliens sont habitués à ces scandales et savent combien le niveau de corruption reste élevé dans leur pays. Mais le fait d’assister à la télévision à cette corruption cynique, à ces masses d’argent enfouies dans des sacs en plastiques, des slips ou des chaussettes par leurs élus, a déclenché un fort mouvement populaire qui a empêché que l’affaire soit étouffée ou oubliée comme cela arrive hélas trop souvent au Brésil.
 
Le gouverneur a bien été obligé de s’expliquer sur ces vidéos, en particulier sur celles où il apparaissait recevant ces fameuses énormes liasses de billets. Sa version : il s’agissait d’argent destiné à acheter des milliers de "panetones" pour une distribution à Noël aux plus nécessiteux. C’était tellement gros que du jour au lendemain, c’est devenu le "scandale des panetones".
 
Malgré les preuves évidentes, le gouverneur a refusé de démissionner, et est resté en poste, protégé de la justice par son statut politique. Sauf que, dans sa grande confiance en l’impunité chronique brésilienne des politiciens corrompus, il a fait l’erreur de trop.
 
Edson Sombra, un journaliste et ami du "dénonciateur" Durval Barbosa, a été contacté par des proches de Arruda pour qu’il témoigne contre Sombra en discréditant les vidéos, affirmant qu’il s’agissait de montages. Ce journaliste s’est vu offert la modique somme de R$ 800 000 (env 300 000 Euros) pour ce "petit" service.
 
Mais ça n’a pas fonctionné comme Arruda le souhaitait : Sombra est allé directement à la police fédérale, qui a réussi à filmer l’échange et arrêter en flagrant délit le mandataire d’Arruda (film qui est également passé immédiatement sur tous les canaux de TV).
 
 
Devant ce nouveau délit, le Tribunal Supérieur de Justice a pris une décision inédite dans la jeune histoire du Brésil démocratique : le gouverneur et tous les intervenants du scandale ont été jetés en prison, levant ainsi leur immunité. Le prétexte invoqué : interférence inacceptable et frauduleuse dans l’enquête en cours nécessitant l’emprisonnement préventif des suspects.
 
Pour conclure, des mandats de perquisitions ont été émis pour fouiller le domicile des prévenus, et on a découvert, outre les habituels documents compromettants et autres fausses factures, des indices comme quoi des écoutes téléphoniques des adversaires d’Arruda et même de la Police Fédérale auraient été effectuées. 2 policiers sont alors arrêtés avec des équipements très "compromettants".
 
Et pourtant, malgré toutes ces preuves flagrantes, le gouverneur Arruda, toujours en prison, refuse de démissionner, crie au coup monté contre lui, bref, essaye de profiter jusqu’au bout des avantages de son statut pour essayer de s’en tirer.
 
Maintenant, on ne sait plus vraiment qui va gouverner le district fédéral (Brasilia) : en effet, le suppléant du gouverneur est aussi mouillé que lui. Le suivant dans l’ordre de préséance serait le président de l’assemblée ... filmé en train de mettre de l’argent dans ses chaussettes.
 
Le gouvernement fédéral dispose d’une mesure qui est actuellement discutée, appelée "intervention", jamais mise en pratique à ce jour, où il désigne lui-même un gouverneur intérim pour que le district de Brasilia ne reste pas sans gouvernement.
 
Mais ce n’est pas simple, car tous les politiques impliqués dans le scandale font partie du principal parti d’opposition au PT de Lula, ils ont été élus, et le fait que le gouvernement PT prenne autoritairement le pouvoir dans un état à la place d’élus pourrait être ensuite utilisé contre le PT lors de la campagne présidentielle et législatives en cours pour les élections de novembre 2010.
 
 


11 réactions


  • WatchTower WatchTower 1er mars 2010 16:33

    On peut savoir en quel honneur il a reçu cet argent ( par qui, pourquoi ? ). Merci.


    • Alain Rojo Alain Rojo 1er mars 2010 16:40

      Oops, cette partie de l’article a disparu !

      Je complète : cet argent a été fourni pars des entreprises qui souhaitent être favorisées par les contrats d’achats. En particulier, une des vidéos montre la responsable d’une grosse société d’informatique remettant de l’argent (beaucoup) en liquide à l’intermédiaire Durval Barbosa. Tous les contrats avec ces entreprises ont été suspendus par la police fédérale. Ensuite Arruda arrose les différents responsables pour le choix « objectif » des contrats millionaires que passe le district de Brasilia, en gardant évidemment sa (grosse) commission.


  • WatchTower WatchTower 1er mars 2010 17:15

    Merci.
    Vous avez le nom et l’activité de ces entreprises ?
    Avant de lire votre article je me suis dit, c’est soit une histoire d’ogm, de bio carburant, de drogues, d’armes, ou de technologie de surveillance.


    • Alain Rojo Alain Rojo 1er mars 2010 18:07

      Il semblerait que ce soient essentiellement des entreprises de services d’informatique, dont les « services » sont facilement surfacturables et dissimulables. La liste intégrale de ces entreprises n’a pas été communiquée, mais on en connait certaines (celles qui apparaissent dans les vidéos) :

      - InfoEducacional, développement de Software éducatifs pour le Secrétariat d’éducation.
      - LinkNet, création de Software
      - B2BR, partenaire commercial de Microsoft au Brésil

      De plus, ces entreprises ont de nombreux contrats avec plusieurs partis politiques, pour des montants important (30 millions de dollars pour la B2BR, dont 10% pour le seul district fédéral de Brasilia).


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 1er mars 2010 18:26

    magnifique,

    quand la vidéo surveillance clandestine se retournera contre ceux qui l’ont introduite, le serpent se sera mangé la queue. il est tant d’agir : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-impot-sur-le-revenu-ne-reviendra-70704.


  • bonnes idées 1er mars 2010 19:22

    Pris la main dans le calbute.

    Les félicitations du jury pour @Arthur Mage.


  • Tony Pirard 1er mars 2010 20:18

     Le parti de Lula eut enveloppé (Parti des Travaileurs) en scandale de corruption de la même façon que ce de Brasilia.Nommé de scandal du Mensalão par avoir « achetté » appui aux projects du gouvernement Lula,il a provoqué jusque la chute d’un Ministre de la Maison Civil..Mr. José Dirceu.
     Aprés le scandal,Lula a « passé la main sur la tête » de leurs « cumpañeros » et tout a resté comme avant dans le quartier d’Abrantes.Nombreux scandal a surgi pendant le gouvernement de Lula tous enveloppant leur parti,tant qu’il n’a pas nul candidate à présenter pour les prochaines elections... !


  • Christoff_M Christoff_M 2 mars 2010 00:09

    Nous regardons toujours à l’extérieur avec des yeux étonnés, histoire de ne pas regarder
    la république bananière, mais est ce que la France est mieux lotie avec les pots de vins de Elf étouffés en englobant la société dans Total...

    La France Afrique tout les scandales de pots de vins sur les ventes d’armes... les frégates de Taïwan, au hasard, les scandales style Urba ou Schuller Maréchal... le financement des partis, du football... l’affaire du sang étouffée parmi tant d’autres, les scandales de l’immobilier qui ont valu des morts de ministres ou d’élus locaux, Yann Piat...

    La récente commande délirante de la ministre de la santé, parlant de « pandémie » pour 200morts, tous les pays riches ayant poussé l’OMS a utiliser le terme pandémie, pour débloquer les contrats et fabrications de vaccins... 
    acheté pour des milliards des vaccins en majorité à des groupes anglo saxons dont on ne doute plus du lobbying appuyé en Europe et dans les rangs de nos ministères...

    Monsanto qui fait crever les abeilles de la planète et qui nous arrose de produits détruisant la diversité de la flore, avec un grand silence complice de toutes les organisations européennes et mondiales de « controle »....

    Nos pécheurs mis au chômage technique par l’Europe, pendant que des flottes étrangères nordiques ou japonaises, pillent allègrement les mers allant jusqu’à venir pecher au large de chez nous et des cotes africaines en ne respectant aucune règle...

    S’il y a bien un lieu ou la corruption des mondialistes et le lobbying est roi c’est sur les bancs de cette commission européenne fantoche, qui est corrompue et qui ne sert qu’à foutre en l’air l’économie européenne, créer du chômage, de la pauvreté, délocaliser l’industrie, ...

    Tout ceci au bénéfice de grands groupes qui se servent des pays et des gens comme des pions en spéculant honteusement, voir Clearstream et sa machine à blanchir, entre autres,
    voir la spéculation sur l’immobilier et les chantiers pharaoniques dans des pays « neufs » en voie de conversion pour servir de vache à lait aux mondialistes Bilderberg, grands patrons, sionistes, européens bidons style Barroso, idiot utile de leur système à faire du pognon, ainsi que tous les eurodéputés à qui on allonge l’argent à condition qu’ils signent en bas de la page, un texte ou une loi qui leur est souvent remis discrètement déjà rédigée sur leur bureau le jour du vote...

    Quand on voit madame Dati eurodéputée et passant « l’examen » du barreau, on comprend que tout ceci est devenu une vaste plaisanterie, ou piston, cooptation et promotion canapé servent plus d’examens que les diplômes, la plupart des diplômes « internationaux » étant obtenus en partie par l’aval et le poids de la personne qui vous « introduit »....

    Avant de pointer du doigt les autres pays, nous ferions bien de faire le ménage chez nous...
    devant notre porte !!
    avec un président qui sert la main à Bongo, aux Lybiens, aux Saoudiens, à Netanyahoo...
    Avec un ministre des armées qui fait des records de contrats avec des types pas tres nets à l’étranger...
    avec un pays qui se croit écolo, mais qui vend des centrales nucléaires partout et qui poussent des pays comme le Niger à la surexploitation de l’uranium, faisant tout crever dans la région des mines et empoisonnant la population, l’eau des rivières bien loin des regards de nos journaleux béats idiots et ignares en sciences physiques...

    Avec un gouvernement d’avocats d’affaires qui représente une véritable mafia, un cheval de Troie dans l’économie et les banques françaises, puisque œuvrant pour des groupes privés internationaux...
    Difficile de concilier intérèts privés et santé financière de la France, de préserver l’économie nationale, d’éviter la débâcle du chômage français...


    • jmcn 3 mars 2010 10:21

      Ca doit être pour cela que strictement aucun journal français n’a cela dans ses titres.

      Faudrait-il ne pas mettre de l’huile sur le feu ?


    • Alain Rojo Alain Rojo 2 mars 2010 05:12

      Petit cour géopolitique : le Brésil est divisé en états (26) + un district fédéral (Brasilia) sur le même mode que les USA. Chaque état est autonome, a son propre gouvernement (le gouverneur en est le chef), sa propre assemblée législative et ses organes de justice.

      Le gouvernement fédéral, lui, présidé actuellement par Lula, gère les lois valables pour tout le pays (Assemblée nationale et Sénat), l’exécutif national, c’est à dire l’armée, la police fédérale (le FBI local), le budget fédéral (routes inter-états, Universités Fédérale, etc) et la justice fédérale (Tribunal Supérieur Fédéral).

      On peut voir donc que le pouvoir d’un gouverneur est important. Par exemple, le gouverneur de l’état de Sao Paulo gère un « pays » aussi grand et peuplé que la France.

      La division des pouvoirs n’est pas toujours très nette, tant dans le législatif que dans l’exécutif ou le judiciaire. On pourrait, en simplifiant énormément, comparer ce style de gouvernement à l’Europe, avec ses chefs d’états qui seraient les gouverneurs, et les institutions européennes qui serait le gouvernement fédéral. On voit les problèmes que ça pose en Europe, on a les mêmes ici.


  • Tony Pirard 2 mars 2010 13:32

     Différente de la France,les deux êtats brésiliens plus développes sont São Paulo et Minas Gerais gouvernés par la droite.. !
     Dans ces deux êtats sont les deux meilleurs gouverneur brésiliens... ! Ils ont le plus haut rang de développement culturel.


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