samedi 25 janvier 2014 - par SNEIBA

Les Arabes et la contre-révolution du nouveau pharaon Al-Sissi

Inutile de continuer à gloser sur le « printemps arabe » qui, à mon sens, est un mensonge de plus. Comme les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Comme les démocraties en Afrique.

Comme les décisions – résolutions – de ce « machin » de l’ONU. Comme le désordre que les grands de ce monde veulent instaurer comme l’Ordre mondial ! Comme tout ce qui fait aujourd’hui que nous vivons des crises partout.

L’Egypte, le plus grand pays arabe (du point de vue démographique et militaire), est en train de refaire l’histoire. Elle était au commencement de celle-ci, elle veut être au milieu et à la fin. La fin du « printemps arabe », en Egypte, avec le retour de l’armée au pouvoir, constitue-t-elle la fin de l’histoire ? Autrement dit, pour transposer la réflexion de Francis Fukuyama, qui affirmait que « la fin de la Guerre froide marque la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme (concept de démocratie libérale) sur les autres idéologies politiques », la destitution du président Frère musulman Mohamed Morsi à la faveur d’une mobilisation populaire sans précédent, par le général Abdel Fattah Al-Sissi met-elle fin à ce qui n’aura été qu’un intermède dans le long règne de l’armée dans un pays clé, du point de vue, géostratégique, pour la stabilité du Moyen-Orient ?

Je ne le pense pas. L’histoire de l’Egypte est faite de périodes de stabilité qui alternent avec des bouleversements sans conséquence. Le coup porté aux Frères musulmans, aussi dur soit-il, n’est pas le premier du genre. Le profil bas qu’ils adoptent, face à la répression, ne signifie pas une capitulation, mais seulement une sorte de « repli stratégique » pour contrer plus énergiquement le retour des Pharaons.

J’entends par là que la situation en Egypte, loin de rassurer, doit constituer une source de préoccupation pour les puissances occidentales qui l’observent et s’en délectent même. Elle constitue un parfait démenti pour leur soi-disant combat pour la démocratie et les droits de l’homme. L’islamisme ambiant en Egypte, en Tunisie et en Syrie est appelé à creuser sa propre tombe par ses pratiques inappropriées du pouvoir et ce n’est pas à une contre-révolution sanglante menée par des hommes qui s’accrochent au pouvoir (Al-Sissi et Bachar) qu’il faut espérer pour sauver les apparences.

La situation en Egypte peut être interprétée comme une sorte de blanc-seing donné au nouveau pharaon Al-Sissi pour la restauration du régime de Moubarak chassé du pouvoir le 11 février 2011. Mais elle est surtout la renonciation à un processus de démocratisation qui devait aligner les pays arabes (et africains) sur la rédemption politique qui a gagné l’Europe de l’Est suite à la chute du Mur de Berlin en 1989.

Dans les pays arabes où le « printemps arabe » n’a pas eu lieu, on se félicite de l’échec de cette « expérience » en Egypte, en Tunisie et même en Libye. Les gouvernants qui craignaient de perdre leur trône montrent du doigt ces pays où les islamistes ont, soit semé la désolation, soit montré leur incapacité à s’adapter aux règles de la démocratie qui leur a permis de conquérir le pouvoir.

C’est sur cette corde très sensible que le parti au pouvoir en Mauritanie, l’Union pour la République (UPR), joue admirablement bien pour contrer les islamistes de « Tawassoul », idéologiquement liés aux Frères musulmans d’Egypte et à Nahda en Tunisie. Le mouvement du 25 février, « printemps arabe » mauritanien avorté en 2011, n’a donc aucune chance de ressusciter tant que les islamistes égyptiens n’auront pas réussi à reprendre la main. Une hypothèse non envisageable à court terme si l’on comprend très bien les assurances occidentales, certes non déclarées, qui ont permis au général Al-Sissi de déclencher les mécanismes de la terreur militaire pour contrer ceux de la terreur islamiste qu’il a fini par présenter comme une variante du terrorisme.



12 réactions


  • Constant danslayreur 25 janvier 2014 12:31

    "si l’on comprend très bien les assurances occidentales, certes non déclarées, qui ont permis au général Al-Sissi de déclencher les mécanismes de la terreur militaire"

    Mouais, sûrement pour ça que les USA ont menacé dès le lendemain du coup de force de geler leur aide financière à l’Égypte

    Et ont fini par passer à l’acte en Octobre dernier

    La vérité c’est qu’un régime Franc-Mac heu pardon, Frère-Muz faisait très bien les affaires des USA et d’Israël et qu’iceux ne s’attendaient pas du tout à la réaction de l’armée égyptienne.

    Ils ne sont pas les seuls du reste, leurs alliés à en croire le matraquage quotidien d’al djazira n’ont toujours pas encaissé le coup, je veux évidemment parler du Kwatar...

    D’autres de leurs alliés craignant sur leur propre sol les FM mais voulant surtout s’assurer qu’une fois la Syrie attaquée... l’armée égyptienne ne lui porterait pas secours, ont au contraire soutenu l’armée égyptienne et même compensé ses manques à gagner américains, je veux bien sûr parler des wahhaboils.

    En attendant et comme je le craignais c’est à qui mieux mieux entre attentats meurtriers d’un côté, répression sanglante de l’autre pour faire couler le sang égyptien du sirop d’érable pour les dirigeants sus-nommés et on va - à Dieu ne plaise - vers une décennie noire à l’algérienne. 


  • Jonas 25 janvier 2014 18:25

    Si l’on doit miser sur un pays arabe à s’en sortir c’est bien la Tunisie. Ce dernier pays était déjà en avance dans le domaine sociétal que les autres pays arabes. 


    Cela est dû à un homme exceptionnel et en avance sur son temps Habib Bourguiba. Grâce à lui ce pays est doté d’une classe moyenne bien formée, bien éduquée, dont le rôle des femmes n’est pas négligeable. Malgré les aléas de la situation , la Tunisie conserve ses fondamentaux . Ce pays pourra s’en sortir lorsque un nouvel Bourguiba jaillira de son sein pour séparer le politique du religieux sans aller chercher des bous émissaires ailleurs.

    L’Egypte est un cas qui ne peut être comparable à celui de la Tunisie. C’est certes le plus grand pays arabe et le plus puissant mais ne vit que sur 4% de sa superficie soit l’équivalent de la Belgique avec une population de presque 85 millions d’habitants et environ 50 % d’analphabètes. Par ailleurs c’est l’armée qui est le pivot sur lequel repose l’économie du pays.. Plus d’un tiers de celle-ci est entre ses mains en + d’être le plus gros propriétaire terrien.

    L’echec des « Frères musulmans » était prévisible ( je l’ai dit souvent sur ce site)
    Ils brillent certes dans le caritatif, mais ne sont pas compétents pour diriger un pays et n’ont pas les hommes d’expérience pour une situation aussi difficile sur tous les plans.

    Les « Frères musulmans » sont comme le Front national en France ( la religion en moins ) de belles paroles, beaucoup de slogans mais des programmes économiques débiles et sans aucune expérience pour diriger un pays.

    Comment peut-on faire confiance à l’élite d’un pays qui après avoir participé a la chute d’une dictature comme celle de Moubarak , applaudit le coup d’Etat militaire du général Al-Sissi ?. Bien sûr que les « Frères musulmans » sont une calamité, mais pourquoi cet enthousiasme pour les militaires ?






  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 25 janvier 2014 23:07

    Déjà un qualificatif de Pharaon ( Gloire Honneur et Victoire ) dans le contexte égyptien revient immédiatement à disqualifier l’auteur de l’article qui se range par sa phraséologie ... INEPTE dans les rangs des plus obscurantistes des obscurantistes de l’islam.

    L’auteur n’est même pas capable de ... COMPRENDRE que les non ... NAZISLAMISTES préféreront TOUJOURS ... Franco à Hitler !

    Une dictature militaire conservatrice pose INFINIMENT moins de PROBLEMES au reste du monde qu’un pouvoir révolutionnaire tel que Robespierre, Napoléon, Lénine, Staline , Hitler , Mao, Castro, Pol Pot , Kim il Sung (et fils), Komeyni, bin Laden et j’en passe....

    Faut essayer de se mettre à la place des autres des fois : TOUT plutôt que la GUERRE, c’est tout de même pas compliqué à PIGER !

    Les gens PAISIBLES ont appris ( à leurs dépens ) à se méfier des FAUTEURS de GUERRE !

    Comme le disait si justement DIMMU BORGIR : « NEVER FORGIVE AND NEVER FORGET »

    http://www.youtube.com/watch?v=dw_T9pJ728U

    Puisse Ces chants vous éclairer dans les ténèbres !


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 janvier 2014 23:11

      Ouais !!! Faudrait faire Sissi impératrice !
      Bon,y a du boulot en maquillage ...


    • SNEIBA SNEIBA 25 janvier 2014 23:36

      Monsieur Alois Frankenberger, vous avez oublier un autre sens du mot Pharaon : Celui qui « se prend pour Dieu », sans l’être évidemment, et qui se croit donc tout permis. Même remettre en cause le choix - démocratique - de son peuple. Je comprends alors que c’est votre égoïsme qui vous fait dire des insanités du genre : Une dictature militaire conservatrice pose infiniment moins de problème au reste du monde qu’un pouvoir révolutionnaire«  ! Là, pour vous reprendre encore, vous vous »mettez vraiment à la place des autres". Et, du coup, vous leur déniez le droit de penser ! Quelle dictature de l’esprit ! Quel OBSCURANTISME ! 


  • claude-michel claude-michel 26 janvier 2014 08:48

    Pourquoi dire révolution chaque fois qu’il y a une émeute dans un pays.. ?

    C’est dure d’être journaliste sans connaître la langue française.. !


  • Massada Massada 26 janvier 2014 18:13

    Le nouveau pouvoir militaire imposé par al Sissi, avec le soutien de la majorité de la population, suit une ligne de conduite plus fermement anti-islamiste que ce n’était le cas à l’époque de Hosni Moubarak.


    Nous avons une excellente coopération entre services de renseignements et avec des objectifs communs.
    Rien à ajouter, c’est très bien ainsi


  • Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko 28 janvier 2014 10:37

    Ce qui se passe en ce moment en Egypte, à savoir le souhait du nouveau maréchal d’accéder à la présidence, était prévisible. Je l’avais déjà écrit dans un article. Voir le lien ci-contre : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/al-sissi-le-general-qui-veut-138998


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