samedi 27 janvier - par Dr. salem alketbi

Les Houthis vont-ils cesser leurs attaques  ?

Quiconque connaît l’histoire du groupe Houthi et l’évolution de ses relations avec l’Iran au cours des dernières années et décennies sait que la décision sur la manière de répondre aux récentes attaques des États-Unis et de leurs alliés contre l’infrastructure Houthi n’est pas entre les mains d’Abdul-Malik Al Houthi. Il s’agira simplement d’un avis consultatif de sa part ou de celle de ses camarades. Par conséquent, la discussion analytique devrait se concentrer sur la réponse attendue de l’Iran.

Les Etats-Unis reconnaissent que leurs attaques contre les zones du Yémen contrôlées par les Houthis ne sont pas, en fait, des frappes d’écrasement, mais des messages. Il s’agit de faire savoir au principal commanditaire qu’il existe une banque cible qui peut être bombardée par la coalition Prosperity Guardian. Plus important encore, l’administration Biden veut réaffirmer sa détermination à défendre ses politiques et ses positions et prouver qu’elle est capable de recourir à la force si nécessaire. Dans le passé, cette capacité a été mise en doute non seulement par l’Iran, mais aussi par tous les alliés de Washington au Moyen-Orient sans exception.

La notion de volonté de faire la guerre reste une dissuasion ouverte, ce qui signifie que les frappes qui peuvent être lancées contre les quartiers généraux et les bases militaires risquent de ne pas être efficaces. Ce sont ces mêmes frappes qui peuvent être dirigées contre les installations stratégiques et vitales ainsi que contre les chefs de pouvoir, qu’ils soient dans le groupe Houthi ou ailleurs.

Washington veut désormais mener une véritable politique de la carotte et du bâton.

Le bâton a peut-être été efficace ces derniers temps, mais la carotte n’est plus, pour les Iraniens, liée au programme nucléaire et à l’influence régionale. Il s’agit plutôt de «  prévention des dommages », c’est-à-dire de ne pas agir contre les mandataires iraniens et d’empêcher Israël d’entreprendre une action militaire contre eux. Nous devons reconnaître que les Houthis, qui sont soutenus par les Iraniens, ne cherchent pas vraiment à se confronter directement à Israël ou à l’alliance américaine. Cependant, ils ne renonceront pas à la publicité et aux gains politiques qu’ils ont obtenus en annonçant le bombardement de navires et d’embarcations à destination d’Israël en soutien au peuple palestinien. Il faut donc s’attendre à ce que les Houthis poursuivent ce jeu futile tant qu’ils pourront se poser en rivaux non seulement d’Israël mais aussi des grandes puissances internationales. Les attaques de la coalition contre les bases houthies au Yémen ne suffiront certainement pas à mettre un terme à leurs opérations en mer Rouge. L’Iran a encore la possibilité de tester la détermination de l’administration Biden et sa capacité à intensifier le conflit en cours à Gaza, surtout si l’on considère l’absence d’accord des alliés régionaux des Etats-Unis, en particulier l’Arabie saoudite, pour ouvrir un nouveau front régional au Yémen.

Il est donc probable que les Houthis reprennent leurs opérations anti-navires, et peut-être les intensifient contre les unités navales américaines et britanniques, dans un jeu de guerre extrêmement propagandiste, dans le cadre d’un jeu complexe de mélange des cartes régionales et internationales orchestré par l’Iran, conduisant à un moment où de nouvelles mesures de sécurité dans les traversées maritimes sont convenues, fournissant à l’Iran et à ses mandataires une influence proportionnelle aux menaces qu’ils posent à la sécurité mondiale. Pour être sûr, les opérations américaines et britanniques contre les Houthis ouvrent la porte à une variété de scénarios. Mais l’objectivité exige de reconnaître que les Houthis n’ont laissé de choix à personne dans cette affaire. Le problème de la menace de la sécurité d’un passage maritime vital comme le détroit de Bab el-Mandeb ne peut pas être simplement ignoré. Rien ne justifie de continuer à menacer la navigation dans le détroit et la mer Rouge, même si l’objectif déclaré est d’appeler à la fin des combats à Gaza. De telles pratiques ont un impact négatif, détournant relativement l’attention de ce qui se passe dans les territoires palestiniens et sapant la sympathie internationale pour les victimes civiles palestiniennes, puisque la protection des causes justes ne peut être obtenue par des moyens illégaux ou nuire à d’autres, comme dans le cas des attaques contre les navires et le commerce international sur la seule base de la suspicion qu’ils appartiennent à Israël ou qu’ils ont un propriétaire israélien.

Je suis convaincu que l’Iran s’est mis dans une position stratégiquement difficile et très complexe en permettant à ses mandataires d’ouvrir tous les fronts à la fois. Même si l’escalade de ces mandataires est calculée et très prudente, elle constitue une menace pour Israël et pour le monde, comme dans le cas des attaques des Houthis.

Par conséquent, l’Iran est confronté à des scénarios catastrophiques dans lesquels il est possible de détruire tous ses mandataires régionaux d’un seul coup, ou du moins d’éliminer leur capacité d’agir et d’exercer une influence. Cela pourrait obliger l’Iran à intervenir directement pour protéger son investissement massif dans ces mandataires ou parce que le sort de son régime est largement lié à celui de ces agents.

Cela mettrait Téhéran face à un scénario qu’il tente d’éviter depuis longtemps, à savoir s’engager dans une guerre ouverte et directe avec ses adversaires stratégiques, à un moment où il ne peut attendre une position internationale pour calmer un conflit potentiel, alors que les relations de la Chine avec les États-Unis se détériorent et que Pékin veut rester en dehors des conflits en cours au Moyen-Orient, comme le montre sa réponse à la guerre de Gaza, ajouté à l’incapacité de la Russie à fournir un soutien diplomatique ou militaire à son allié iranien.

La seule chose qui permet d’être optimiste quant à l’absence d’escalade et d’élargissement du conflit est le fait que les Etats-Unis continuent de compter sur le réalisme du régime iranien et sur sa propension à défendre ses intérêts lorsqu’il est menacé. Washington continue donc d’envoyer à Téhéran signal indirect après signal indirect par l’intermédiaire de mandataires, afin d’éviter d’alimenter une conflagration régionale qu’il sera ensuite difficile de contrôler.



11 réactions


  • Samy Levrai Samy Levrai 27 janvier 11:22

    « les Houthis poursuivent ce jeu futile » 

     Futile est un adjectif qui qualifie ce qui a peu de valeur, d’importance ou de réalité. Il peut aussi être utilisé pour désigner ce qui ne mérite pas être pris au sérieux ou qui n’est pas fondé sur des choses de qualité !!!! Pourquoi diable les Américains et les anglais s’intéressent ils a des jeux futiles en s’agitant comme des poulets sans tête ?

    Les navires Russes, Chinois, Indiens, Vénézuéliens,... passe sans problème, aucune erreur de la part de Ansar Allah, tous les navires touchés font partie de leurs cibles.


  • Lynwec 27 janvier 11:28

    Les Houthis avec leur minuscule pays constituent selon l’auteur « une menace pour le monde » tandis que les phares de l’Humanité d’outre-Atlantique, avec leur budget militaire pléthorique et leurs 218 sur 239 années de guerre, comment dire... sans parler de la cause première, riche, surarmée et surprotégée par sa diaspora apatride...

    Les Houthis vont-ils cesser leurs attaques sur les navires provenant ou à destination d’Israël (et non pas sur le « monde » comme on veut le faire croire...), c’est l’évidence si le génocide en cours prend fin...mais l’auteur pose-t-il cette question, même par allusions ? Aaaah, l’agression russe sur la merveilleuse et si morale Ukraine, ça, ça en déclenche des diarrhées journalistiques, les autres agressions et en particulier celle-ci, c’est rien, des escarmouches, des bagarres de quartier...vaut pas l’attention d’un docteur...

    Non, il cherche à noyer le poisson en reportant sur l’Iran la responsabilité du comportement « va-t-en guerre »...et nous prend pour des buses...

    Rantanplan, fais-toi plaisir...


  • xana 27 janvier 12:21

    Chaque jour notre bon propagandiste « émirati » nous pond sa petite crotte.

    Déteste-t’il l’Iran, ou adore-t’il les dollars américains ? Peu importe.

    .

    Ce qui m’intéresse, moi, c’est la raison pour laquelle les éminences grises d’Agoravox lui garantissent cet accès illimité au site.

    Et évidemment une rétribution sous une forme ou une autre.

    .

    Mais à cette question je suppose que personne ne répondra jamais.


    • microf 27 janvier 20:22

      @xana

      C´est bien que l´accès lui soit ouvert dans ce Forum c´est cela la démocratie, il ne faut pas faire comme ses maitres qui sanctionnent, interdisent et bloquent, toutefois, il est bien servi par les commentaires, et c´est bon.


    • xana 28 janvier 08:52

      @microf
      Mais je ne souhaite pas qu’il soit banni de ce site !
      La liberté d’expression ce n’est pas tout l’un OU tout l’autre...
      Par contre s’il faut trois mois pour qu’un article d’un quelconque citoyen passe, je n’admets pas que ceux d’Alketbi passent TOUS LES JOURS sans aucune limitation.
      Agoravox censure beaucoup d’articles mais JAMAIS ceux d’Alketbi, de Rosemar, de Gruni. Personne ne sait comment marche (réellement...) le système et qui décide en fin de compte quels articles seront publiés. C’est cette censure qui ne dit pas son nom que je reproche au site.


    • Lynwec 28 janvier 17:46

      @xana

      C’est qu’en fait, il y a vraisemblablement une coquille dans l’intitulé du site...

      Là où on lit « média citoyen », il faudrait surement lire « formatage citoyen »... d’où la primeur logiquement donnée aux auteurs en charge de nous formater...(parfois des sous-auteurs pour nous autres, sous-citoyens présumés...)


  • zygzornifle zygzornifle 28 janvier 08:35

    Tant qu’il y a du missile il y a de l’espoir et l’Iran n’en manque pas ....


  • ilias 29 janvier 12:03

    L’analyse politique quand elle est dans un tropisme propagandiste de mercenaire moralement et matériellement, du « plaire permanent de l’esclave sans aucune dignité et plein de lâcheté, à ses maitres », elle se retrouve aveuglée et aveuglante. Le souci majeur pour ne pas dire déterminant, de washington est de ne pas perdre pied au proche et moyen-orient. Une guerre ouverte contre l’iran ne serait pas seulement une guerre contre l’Iran, mais bel et bien une guerre multimodale à champ indéfini où les premières victimes, et c’est tant mieux, ce sont les monarchies d’aârabs corrompues et soumises au parapluie américano-occidentalo et sioniste. Le sort d’existence de ces prostituées et lâches monarchies est fortement lié à l’enclenchement d’une guerre totale dans la région, qui sera par nature incontrôlable tant dans son déploiement effectif sur terrain de combats,que sur ses conséquences et aboutissants immédiats et à moyen terme. Et c’est sûr que cette guerre fera immédiatement tâche d’huile, tant en égypte qu’au maghreb, et la chine et la russie ne resteront pas les mains croisés. C’est cette peur de l’inconnu, de l’imprévisible donc de l’incontrôlable, fortement dangereux pour les intérêts des USA qui fait hésiter même les plus téméraires et aventuriers « va-t-en-guerre » du pentagone en premier, et de la maison blanche et du congrés américain en second.


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