samedi 27 avril 2013 - par PROVOLA

Mango Primark : le prix du sang

Combien vaut un litre de sang ? Un litre de sang américain, ça vaut beaucoup, trois morts à Boston valent plus que 305 morts à Dacca capitale du Bengladesh. Trois morts au marathon de New York, valent plus que trois morts sur la route à Brest ou sur un chantier à Carcassonne, ceux-là on n'en parle pas, les morts ne sont pas tous aussi glamour.

305 morts à Dacca ne valent rien, de toute façon leur vie de déjà-morts était une ruine, ils bossaient à en crever pour fournir les boîtes européennes de textile, à la confection des tee-shirts, des strings, des culottes pour la mode d'été 2013. Pour que les stars de la vacuité, les momies des plages et les reines de beauté se trouvent belles l' instant d'une illusion.

Car la guerre des prix de la mondialisation se fait avant tout sur le dos des populations des laissés pour compte, des moins que rien, des moitié d'individus. pour que nous puissions nous pavaner sur les estrades du pouvoir d'achat.

Le Bengladesh est l'Eldorado des marques de fringues, pensez donc, pas de protection sociale, pas de revendications, pas de contraintes, une bande de jeunes pousses serviles, bosseurs, muets, car les vieux sont renvoyés sans merci, sans ménagement, sans indemnités, à vingt ans. 

L'effondrement de l'immeuble usine n'est que la dernière en date de la longue liste des drames de l'industrie de la confection du Bengladesh, des décennies déjà que les marques de la honte amassent les profits sur le dos des fourmis travailleuses asiatiques. Ici tout y est moins cher, même les Chinois viennent y faire leurs courses.

L'immeuble abritant des sous-traitants de marques telles que Mango ou Primark, quelques heures avant le drame avait déjà donné des signes évidents de fragilité, des fissures étaient apparues à la suite de bruits sourds et de secousses, mais les cadences infernales et les pénalités de retard imposées par les clients occidentaux obligèrent à reprendre le boulot. Voilà comment la loi du business s'impose aux entreprises locales, dirigées par des négriers, sous la férule d'exploiteurs étrangers parfaitement au fait des conditions de travail infligées aux travailleurs locaux.

Pour la bonne marche du pays, de ses élites devrais-je dire, il ne faudrait pas que les tensions contestataires se développent ce qui pousseraient les commanditaires à aller ailleurs s'occuper de la course aux profits. Les multinationales ne sauraient tolérer qu'un reflet saumâtre ne vienne ternir le miroir aux alouettes, la marche des affaires ne doit souffrir d'aucune anicroche , c'est la conditions de la stabilité du cours de bourse. Avant qu'une autre pirogue plus pauvre que le Bengladesh, perdue et pleine d'affamés s'échoue sur les rives du néolibéralisme. 

6 millions de chômeurs sont le triste lot espagnol de cette course aux profits, leur indemnité journalière leur permet tout juste de se payer un tee-shirt MANGO made in Bengladesh à 2 €. Les Britanniques eux peuvent encore se la couler douce, s'habiller en PRIMARK à trois livres. Mais combien sont ceux-qui accepteraient de verser des dommages et intérêts aux disparus, aux esclaves des marques, à leurs familles dans le deuil ?

A quel prix devrait-on vendre ces bouts d'étoffe si l'on y comptait le prix du sang ; si le sang Bengali valait autant que le sang Yankee ? 



6 réactions


  • Richard Schneider Richard Schneider 27 avril 2013 17:28

    On ne peut qu’être en accord avec l’auteur.

    Dans nos pays riches, les morts, par centaines, des pauvres et des humbles ne signifient plus grand-chose. Surtout lorsqu’ils travaillent dans la misère pour entretenir les riches .... 

  • gegemalaga 27 avril 2013 18:02

    très bien !

    bravo de nous faire mettre le doigt sur cet aspect de la question.

    • CASS. CASS. 29 avril 2013 14:58

      le must c’est un ishrealien issu des ashkénazes khazars comme les rothschilds ,comme des warburgs, des windsors 1seul vaut des milliers de morts.


  • epicure 27 avril 2013 20:46

    Pourtant si on en croit nos mais libéraux qui fréquentent ce site, ainsi que les autres, la dérèglementation c’est la liberté, l’absence de contrôles par l’état ou des organismes collectifs public, c’est la liberté, l’absolue imposition de la volonté des propriétaires c’est la liberté ( le propriétaire peut imposer ce qu’il veut dans sa propriété, c’est sa liberté ) .
    Mais comme dans le totalitarisme de 1984, cette liberté c’est l’esclavage, des autres.
    On a un bel exemple de ce que donne un monde dominé uniquement par l’égoïsme des détenteurs de propriété économique, en l’absence de tout contre pouvoir public, collectif.
    L’amnésie du XIXème siècle en europe c’est pratique, ça fait plus d’un siècle, on a oublié ce que c’est de travailler en restant dans al misère, sans protection professionnelle et sociale, quand al vie d’un pauvre ne valait rien et pouvait être remplacé par quelqu’un d’autre qui devait trouver maigre pitance pour vivre.
    Il suffit pourtant actuellement d’aller dans des pays comme le Bangladesh pour retrouver ce capitalisme non-humain, psychopathique, où les désirs égoïstes des propriétaires ne doivent rencontrer aucune opposition que ce soit de la part des travailleurs ou des collectivités publiques, seule la rentabilité financière compte.
    Et il y en a qui appellent ça la liberté, car le remettre en cause serait selon eux une atteinte à la liberté.
    Mais la seule vérité, c’est que la misère associée à une dérégulation totale, ne peut amener qu’à un néo-esclavage, où si les travailleurs n’ont pas le statut d’esclave, en ont les conditions de vie et de travail.

    Dans le monde capitaliste le plus abouti la vie d’un pauvre ne vaut rien, seul ce qu’il fabrique en a, tout n’est que propriété privée, marchandise, une personne ne vaut que par ce qu’elle possède. C’est ce vers quoi veulent nous amener les multinationales et le monde de la fiances, et les libéraux nous demandent de nous désarmer face à ces ennemis des peuples et de la liberté, soit disant au nom de la liberté.

    Ce tragique évènement en est un simple rappel.


  • babadjinew babadjinew 27 avril 2013 21:39

     smiley Il y aura toujours un plus pauvre !


    Alors c’est quant on veut qu’on met un revenu universel en place !

    Et qu’on ne me chante pas la messe des sous ils ne sont plus que virtuels quand aux technicitées elles sont existantes....

    On va jouer encore longtemps aux primitifs histoire d’enrichir le chef de meute qui ne veut rien partager ?

    BASTA YA



  • benedicte_gab 29 avril 2013 12:52

    Il n’y a pas qu’au Bengladesh ... on parle moins de l’Afrique, peut-être parce que la France y est directement impliquée, et qu’il s’agit de mines et non de textile, dont les minerais servent aux centrales nucléaires, à a production de nos « produits » high-tech. Le consumérisme n’est pas que vestimentaire.

    Sans compter que nous allons jeter nos ordures particulièrement toxiques un peu partout en Asie et Afrique également. 
    Ceci dit, ce n’est pas nouveau, et il suffit d’en parler autour de soi, pour s’apercevoir que pas grand monde ne sent concerné. Il ne faudrait quand même pas réfléchir et remettre en cause son comportement de tube digestif décérébré et de comateux sous perfusion, même si visiblement la joie de vivre est totalement absente de notre société et de nos regards, y compris chez un nombre croissant d’enfants relativement jeunes.

Réagir