Mirage 2000 de Taïwan : l’addition risque d’être très lourde !
L'Etat français est riche, malgré la perte récente de ses AAA !!! C'est du moins ce que pourrait laisser croire la gestion par les autorités françaises des dossier Tango et BOA face à l'Etat taïwanais.
Pour mémoire, rappelons que la France a déjà payé à Taïwan 630 millions d'euros pour n'avoir jamais voulu poursuivre, traquer et démasquer, pour les faire payer, les vrais corrompus et corrupteurs du contrat Bravo, lequel portait sur 6 frégates de combat de type Lafayette.
Maintenant, l'Etat français, toujours apparemment insouciant, donc ; de ses intérêts financiers, se prépare à payer bien plus à Taïwan, et ce, dans deux affaires distinctes.
Il sera aisé de comprendre que l'addition cumulée des deux dossiers qui se prépare, et qui devrait être réglée encore une fois par les contribuables français, risque d'être beaucoup plus lourde que la première.
Cet article se propose d'apporter, à partir de sources taïwanaises, quelques éléments sur le montant probable de cette « douloureuse », aux fins d'information des citoyens, des médias et des responsables politiques français.

La France : un Etat riche qui ne regarde pas à la dépense pourtant évitable ?
Ce début d'année 2012 a donc été marqué par des révélations passionnantes de médias français, le site Mediapart en tête, sur les scandales liés aux contrats d'armements passés entre la France d'un côté, le Pakistan et l'Arabie Saoudite de l'autre.
Plus les informations affluent sur ces contrats, plus elles tendent à pointer vers de possibles financements de campagnes électorales françaises depuis environ 20 ans.
L'argent détourné dans les contrats militaires franco-taïwanais a-t-il suivi le même chemin ou est-on en face d'un cas différent ?
Cette question peut être posée puisque, en brandissant lâchement le secret-défense comme ultime bouclier des réseaux de corruption qu'ils ne pouvaient ignorer puisqu'ils les utilisaient, tant les gouvernements PS qu'UMP ont, objectivement, fait consciemment obstruction, comme on dit en droit, à la manifestation de la vérité !
De cela, nous déduisons un principe fort : un Etat qui ne cherche pas à préserver par le biais de la sagesse politique l'argent qu'un autre Etat va lui demander inévitablement et très légitimement peut donc passer pour un Etat riche, un Etat qui a les moyens de régler des condamnations financièrement lourdes et désastreuses pour son image internationale !
Or, depuis la livraison des 6 frégates Lafayette, l'Etat français a laissé (ou autorisé) les mêmes commissions interdites par contrat et les mêmes rétro-commissions pénalement condamnables se poursuivre pour les fournitures logistiques consécutives à cette vente.
Il s'ensuit que l'Etat taïwanais, constatant ces RECIDIVES d'infractions, a porté le dossier dit BOA devant la Cour d'Arbitrage Internationale pour se faire rembourser les sommes ainsi volées aux contribuables taïwanais !
Mais, appliquant le fameux dicton populaire « jamais deux sans trois », l'Etat français avait aussi autorisé (couvert ?) les mêmes pratiques pour le contrat des 60 Mirage 2000 livrés à la ROCAF (l'armée de l'air taïwanaise). Sans oublier évidemment ensuite l'entretien, les pièces détachées, les mises à jour techniques !
Résultat : si pour le contrat BOA d'entretien des 6 frégates, la somme que la France devrait payer est attendue relativement modique ( autour de 160 à 180 millions d'euros, selon nos sources), il n'en va pas du tout de même pour le contrat Tango relatif aux Mirage 2000.
Selon nos informations en provenance de Taïwan, le total seul des commissions ET rétro-commissions AVEREES dans ce contrat, atteint 1 milliard d'euros (6,5 milliards de FF).
A cela devraient être ajoutés les intérêts des sommes dues (inflation incluse), un remboursement du préjudice subi estimé par le Trésor Public taïwanais et les frais d'avocats, de dossier, d'enquêtes et d'administration, soit, au pire pour les finances de la France, 500 millions d'euros supplémentaires !
Selon une source taïwanaise proche du dossier, l'addition totale, pour l'Etat français, sur le seul contrat Tango pourrait donc dépasser 1,5 milliard d'euros, les demandes finales du gouvernement de Taipei, préparées par les services de son Ministère de la Défense, étant encore sujettes à calculs et réflexions.
Calculs et réflexions qui sont aussi du domaine politique et diplomatique.
Or, sur ce double plan, la France accumule les fautes avec une désinvolture cynique qui risque de revenir cher au Trésor Public, pardon, …...aux contribuables français.
Les relations franco-taïwanaises dans le contexte actuel
Un gouvernement qui sait qu'un Etat peut lui faire payer entre 1 et 1,5 milliard d'euros pour l'avoir trompé, volé et abusé devrait, au minimum, faire preuve de finesse politique et diplomatique afin d'amadouer le créancier potentiel, lui donner des garanties de sa bonne volonté actuelle et témoigner de son empathie active pour la victime.
De ce côté, la situation montre plutôt une politique très contradictoire : d'un côté, « on » augmente brusquement des crédits consacrés aux liens culturels et artistiques avec Taïwan et on essaie ainsi d'envoyer des signes amicaux en direction des autorités de Taipei.
De même, depuis 2010 (date à laquelle Taïwan a commencé à évoquer la possibilité d'une action en Justice internationale sur le contrat Tango), les Mirage encore en service à Taïwan, ont été remis en état et modernisés gratuitement par le producteur de ces avions, lequel montre ainsi une générosité nouvelle, inusitée, mais réelle, pour son client taïwanais.
De l'autre, certains actes incontrôlés de services du même Etat français viennent annuler le profit attendu pour la France de ces initiatives positives.
D'abord, le gouvernement français actuel refuse, encore et toujours, comme tous ses prédécesseurs, à demander à la Justice d'enquêter sur les pactes de corruption dans ces dossiers, notamment en levant le secret-défense sur le sujet. Voilà qui témoigne plutôt d'une certaine mauvaise foi patente et d'un refus acharné de faire toute la vérité sur les pratiques reprochées à la France.
Ensuite, les autorités de Taipei se souviennent que, sous le président Chen Shui Bian, aujourd'hui en prison pour corruption systématique, des émissaires français avaient, sans succès, essayé, discrètement, de faire annuler par ce dernier de possibles poursuites ultérieures pour les contrats Bravo et Tango.....
Pour ajouter aux litiges ainsi créés, les conditions concrètes d'accueil de certains touristes taïwanais en France ont posé de nombreux problèmes ces dernières années qui ne sont pas de nature à encourager des gestes de sympathie du gouvernement taïwanais envers l'Etat français. Sont notamment pointées des pratiques « aéroportuaires » très critiquées qui soulèvent des réactions de colère parmi les ressortissants taïwanais qui voyagent vers /ou en France.
Ainsi, le public taïwanais reproche notamment à la France des fouilles au corps très humiliantes et d'une utilité sécuritaire douteuse, notamment sur des jeunes femmes voyageant seules, des taxations illégales, voire d'une légalité très discutable sur les touristes venus de Formose, l'absence de traducteurs mandarin-français pour communiquer avec les services français aéroportuaires, l'inexistence de panneaux d'informations en chinois (1ère langue parlée au monde) à Roissy et dans les documents administratifs officiels français.
De ce fait, les plaintes de citoyens taïwanais contre ces pratiques des autorités françaises se multiplient et créent une aura négative pour l'image de la France dans le monde sinophone.
Le cas d'un touriste taïwanais refoulé, début 2011, selon Taipei, sans aucun motif à l'aéroport de Roissy, a jeté le trouble sur l'application concrète par la France de l'accord de circulation libre- séjour de 3 mois sans visa- passé entre Taïwan et les 27 Etats de l'Union européenne.
L'impuissance, dans ce cas particulier, du Ministère des Affaires Etrangères français à modifier une décision, non-motivée et dès lors illégale, des services dépendant du Ministère de l'Intérieur, a jeté un froid sur la cohésion politique des autorités françaises et leur sincère respect de l'état de droit sur leur sol.
Plus récemment, le Procureur de Limoges, Monsieur Michel Garrandaux agissant apparemment de sa seule initiative, sans l'avis de sa hiérarchie, a soulevé un motif supplémentaire de méfiance et de colère contre la France en ayant, de manière illégale et discriminatoire du point de vue des autorités taïwanaises et de l'opinion publique du pays, poursuivi une touriste taïwanaise promouvant les investissements en France et dont le père a été un très haut responsable de la Défense Nationale de Taïwan !
Pour mesurer la portée potentielle de cet incident, il convient de rappeler que c'est la haute hiérarchie du Ministère de la Défense de Taïwan (MND) qui assure la préparation du dossier de demandes taïwanaises sur le cas des 60 Mirage 2000, via l'état-major de la ROCAF (armée de l'air de Taïwan).
Commentaire d'un spécialiste du renseignement en Asie, interrogé par nos soins, qui décrypte les événements :
« La France continue, malgré la condamnation-sanction dans le contrat Bravo, à pratiquer la politique du pire contre ses propres intérêts, avec une maladresse qui confine au masochisme pur. La preuve en est apportée par une Justice qui, empêchée de poursuivre les réseaux de corruption mis en place par les gouvernements français successifs, se refuse de surcroît à protéger les droits des citoyens taïwanais sur son sol, quand elle ne s'attaque pas, de manière fort stupide, à la fille connue d'un ancien haut responsable de la Défense Nationale.
C'est une politique suicidaire qui ne peut que dresser encore plus les autorités et l'opinion à Taïwan contre la France, en offrant de plus à Taïwan un rôle politique international inattendu. Par ailleurs, le gouvernement français n'a vraiment pas besoin, en ce moment, d'exciter la colère, déjà grande, des militaires taïwanais contre lui.
Outre que ces militaires tiennent en quelque sorte entre leurs mains la possibilité matérielle de faire payer une forte somme à la France, les provoquer, sans motif valable, alors qu'ils disposent de dossiers explosifs sur la corruption évidente d'une partie au moins de la classe politique française, ne peut que passer pour une volonté délibérée de nuire à ces mêmes militaires, ou pire dans la culture chinoise, à leur famille. Il semble que les leçons, politiques et culturelles, de l'affaire de Karachi n'ont pas été retenues.
Si les militaires taïwanais, contrairement à leurs homologues pakistanais, sont très respectueux de l'ordre constitutionnel et légal de leur pays, on ne peut écarter le risque que ce type de provocations délibérées et répétées contre leurs concitoyens puisse générer des « fuites » documentaires choisies. En pleine période électorale en France, l'effet de telles « fuites » pourrait avoir des conséquences en cascade.
Derrière le dossier Tango, le monde du renseignement sait en effet très bien quelles personnalités politiques sont impliquées du côté français , tant au PS qu'à l'UMP. C'est un secret de polichinelle. Si donc, pour une raison quelconque, même fortuite, les militaires taïwanais, excédés par les attitudes cyniques des autorités françaises, laissaient sortir des documents en leur possession, les dégâts politiques seraient colossaux, d'autant que cela coïnciderait avec les révélations en cours sur les dessous du dossier de Karachi.
Un effet cumulé d'énormes scandales payés par les contribuables et/ou la vie de personnels de la DCN aurait un effet déstabilisateur fort sur la situation en France : la classe politique en sortirait totalement éclaboussée et décrédibilisée ».
A cette aune, les essais français pour amadouer les autorités taïwanaises sont bien mal engagés, d'autant que l'image de la France, (entendre par là l'image de son gouvernement et des autorités publiques), est des plus mauvaises à Taïwan, mais plus généralement en Asie où elle ne cesse de se détériorer.
Il est en effet évident que, depuis le scandale des frégates dites de Taïwan, et surtout après l'assassinat du capitaine Yin en 1993, l'opinion publique taïwanaise n'a pas grands motifs d'affection à l'égard de la classe politique française.
Le dossier de tous les dangers pour la classe politique française institutionnelle
De tout cela, une conclusion découle : pour les Taïwanais, la classe politique française, tant UMP que PS, a depuis plus de 20 ans trompé, abusé et volé les intérêts de Taïwan, comme le prouvent les dossiers soumis par Taïwan à la Cour d'Arbitrage Internationale, faute d'une vraie Justice, indépendante et libre en France, pouvant enquêter et juger au grand jour les affaire de corruption au niveau de l'Etat !!!
Ceci explique pourquoi nos sources taïwanaises estiment que les demandes contre l'Etat français seront plutôt dans la fourchette haute -1,5 milliard- que basse- 1 milliard.
De son côté, l'Etat français, alors qu'il a fauté depuis plus de 20 ans dans ces dossiers, n'a pas encore opté pour une attitude plus conforme à ses propres intérêts de débiteur financier, judiciaire et politique envers Taïwan.
Mais, plus que cela, à force de manifester contre les Taïwanais un sentiment de mépris arrogant, fort peu légitime au vu du dernier Jugement à 630 millions d'euros sur l'affaire Bravo, l'Etat français risque bien de favoriser l'ouverture inopinée de la boîte de Pandore qui contient le dossier Tango.
D'autant qu'il est des gens, à Taïwan, qui estiment que, si le gouvernement, via le Ministère de la Défense, a pleinement raison d'aller en Justice internationale afin de récupérer l'argent volé au peuple par les corrompus français jamais inquiétés par leurs juges, Taïwan devrait aussi faire preuve de transparence publique et médiatique sur les pièces dont il dispose pour attester les fautes commises par les politiques français et le préjudice subi par les contribuables taïwanais !
Un analyste politique taïwanais, bon connaisseur du dossier, résume ainsi les choses et donnera en même temps notre conclusion :
Il serait en effet très mauvais pour le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, mais aussi pour celui du PS, François Hollande, que, les coffres contenant les documents confidentiels du MND destinés à la seule Justice internationale, ne soient pas bien scellés, ceci alors que, quel que soit le vainqueur de la course élyséenne, il aura à faire payer une très lourde addition aux contribuables-électeurs qui pourraient exiger en retour que les corrompus-corrupteurs français remboursent enfin le Trésor Public français. Curieusement, alors que le thème de la lutte contre la corruption est évité par les principaux candidats français à la présidence, il pourrait donc s'inviter avec fracas dans le processus électoral. ».
Dernière minute :
Nous apprenons, avant la mise à disposition de cet article pour Agoravox, que des informations similaires ont été transmises, via des réseaux non-officiels, au gouvernement français, sous couvert de son Ministère de la Défense. Visiblement, les autorités françaises ne peuvent plus ignorer la gravité de la situation et le contenu général des demandes taïwanaises. Nous verrons prochainement si cela modifie en profondeur l'attitude de l'Etat français vis-à-vis d'un Etat qui est son créancier très potentiel pour plus d'1,5 milliard d'euros., lourds dossiers explosifs à l'appui.....
NOTA BENE
Cet article laisse volontairement de côté, sur le sujet abordé, les intérêts de la République Populaire de Chine dont certains dirigeants ont été, à l'époque, « assouplis » par les réseaux franco-chinois lors des contrats Bravo et Tango.
Cependant, une source très proche du Conseil d'Etat chinois nous a confié, en préparation à ce travail, le point de vue suivant, sous couvert d'anonymat :
« Il est évident pour nous que l'argent illégal originaire de ces contrats a bénéficié dans son immense majorité à des personnalités politiques françaises. (…..). Si l'affaire Tango explose, les premiers à en souffrir seront les politiciens français qui ont eu, à l'époque, un appétit d'ogre affamé. Nous suivrons avec attention ce dossier car il touche aussi à notre sécurité nationale et aux intérêts de la Chine. (….). Nous sommes aussi vigilants sur le développement d'un certain sentiment anti-chinois en France, sentiment dont les autorités françaises nous semblent en grande partie responsables par leurs déclarations parfois xénophobes. Rappelons aussi que nous considérons les habitants de Taïwan comme des concitoyens, des membres à part entière de la grande nation chinoise. Si jusqu'ici, nous n'avons pas voulu réagir trop vivement contre les actes anti-chinois en France, il existe sur ce problème un seuil de tolérance que les autorités françaises seraient bien avisées de ne pas dépasser afin de ne pas nuire plus aux relations franco-chinoises qui ne peuvent croître que dans un cadre de respect mutuel bénéfique à tous ».