mardi 20 février 2018 - par Sylvain Rakotoarison

Morgan Tsvangirai, le courage de dire non

« Face à un dictateur impitoyable, la tentation parmi le peuple est de se replier, de se mettre à l’abri et de s’isoler de l’action collective. Cette tentation peut vous submerger et promouvoir la peur. La peur est un signe de faiblesse. Avec espoir et courage, nous devons vaincre la peur. Je ressens ma tristesse et mon chagrin devant les nouvelles d’un certain nombre de retraités, de personnes vulnérables et faibles qui ont perdu la vie à cause d’un manque de soutien. La dictature a démoli leur capacité d’adaptation et leurs dernières lignes de défense et les a déstabilisés. À cause de la propagande et des médias aux ordres, le peuple zimbabwéen doit faire preuve de beaucoup de prudence et de précaution. Le régime veut que vous abandonniez. » (18 mars 2006).

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Deux anciens Premiers Ministres sont morts le mercredi 14 février 2018 et ils ont été, tous les deux, dans leur pays respectif, des personnalités marquantes, Morvan Tsvangirai au Zimbabwe et Ruud Lubbers aux Pays-Bas (je reviendrai sur ce dernier un peu plus tard).

Morgan Tsvangirai est mort le 14 février 2018 dans la soirée à Johannesburg, en Afrique du Sud, à l’âge de 65 ans (il est né le 10 mars 1952). Le 6 février 2018, on avait annoncé son état "critique". Il était soigné depuis plusieurs mois d’un cancer qu’il avait rendu public le 27 juin 2016 : « En tant qu’homme politique et personnalité publique, j’ai décidé de rendre publique ma maladie. ».

C’était son ultime combat et il ne fut pas seulement médical mais aussi politique car il en avait profité pour prôner la transparence médicale des dirigeants des États : « Je pense sincèrement que l’état de santé des leaders nationaux, dont les responsables politiques, ne doit pas être un objet d’incertitude et de spéculation pour toute une nation. ».

Cette ultime prise de position avait un objectif : en finir avec la dictature de son adversaire politique de toujours, Robert Mugabe, qui, à l’époque, avait 92 ans et qui aurait été atteint d’un cancer dès 2008 (selon un télégramme diplomatique rendu public par WikiLeaks).

Robert Mugabe, chef du Zimbabwe depuis 18 avril 1980, a rendu les armes le 21 décembre 2017 en démissionnant après une révolution de palais fomentée par son principal "lieutenant", Premier Vice-Président de la République du Zimbabwe du 12 décembre 2014 au 24 novembre 2017, Emmerson Mnangagwa, qui avait repris la présidence du parti au pouvoir, la ZANU-PF (Union africaine du Zimbabwe/Front patriotique), le 19 novembre 2017.

Au renversement de Robert Mugabe, on aurait pu imaginer que l’heure de Morgan Tsvangirai était venue, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle prévue en 2018 (entre mai et septembre 2018), s’il n’avait pas été malade et soigné en Afrique du Sud. Car Morgan Tsvangirai fut pendant plusieurs décennies le leader de l’opposition au Zimbabwe tout en ayant quand même exercé, pendant quelques années, le pouvoir partagé. Le Ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a déclaré à sa mort : « Il représentait le courage et la détermination face à l’oppression et a donné aux Zimbabwéens la foi de croire en l’avenir. ».

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Lors du régime de Ian Smith, Morgan Tsvangirai fut mineur puis contremaître et était chargé d’extraire du nickel. Il a pris rapidement des responsabilités syndicales au sein du National Mine Workers Union puis fut élu le 10 mai 1987 secrétaire général du Zimbabwe Congress of Trade Unions (congrès des syndicats zimbabwéens).

À partir de la fin de l’année 1997, Morgan Tsvangirai fut considéré comme le principal opposant à Robert Mugabe en raison d’une vague de grèves contre une hausse des impôts. Son opposition est devenue réellement politique à partir du 11 septembre 1999 lors de la création du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), principal parti d’opposition à Robert Mugabe, fondé et présidé par Morgan Tsvangirai (jusqu’à sa mort). Sa première victoire a eu lieu lors du référendum pour une nouvelle Constitution qui a été rejetée le 13 février 2000 par 54,7% des voix. Ce fut le premier désaveu contre le pouvoir sans partage de Robert Mugabe.

Malgré les tentatives de fraudes électorales, le MDC a réussi à obtenir 47,0% des voix et 57 sièges sur 120 (sièges élus, mais 150 en tout car 20 furent nommés par Robert Mugabe et 10 autres membres de droit) aux élections législatives du 25 juin 2000. Le parti de Robert Mugabe a obtenu 48,6% et 62 sièges sur 120. Là encore, Morgan Tsvangirai a réussi à casser le principe du quasi-parti unique en obligeant Robert Mugabe à prendre en compte le MDC (même si Morgan Tsvangirai lui-même ne fut pas élu député).

Morgan Tsvangirai, à l’élection présidentielle du 11 mars 2002, a obtenu 42,0%, insuffisamment pour battre Robert Mugabe réélu avec 56,2% des voix. Les observateurs internationaux ont cependant constaté de nombreuses irrégularités électorales, ce qui n’a pas empêché le fait que le pouvoir politique était effectivement ébranlé par Morgan Tsvangirai (Robert Mugabe était auparavant réélu avec des scores "communistes" !).

Lors des élections législatives du 31 mars 2005, le MDC a chuté à 39,5% des voix et 41 sièges (sur 150) contre 59,5% et 78 sièges pour la ZANU-PF. Malgré cette baisse, Morgan Tsvangirai, plus que jamais, apparaissait comme le leader très populaire de l’opposition démocratique à Robert Mugabe. Aux élections sénatoriales du 26 novembre 2005, le MDC a réuni 20,3% des voix et obtenu 7 sièges sur 50. Une scission du MDC a eu lieu le 27 février 2006 avec la séparation d’une partie "dissidente" très minoritaire dans l’opinion publique, sous la houlette de l’ingénieur roboticien Arthur Mutambara.

Morgan Tsvangirai fut jeté en prison le 11 mars 2007 à la suite des grandes manifestations contre la crise sociale (80% de chômage et une hyperinflation de 1 700% en février 2007 !), contre l’interdiction de manifester et surtout, contre la volonté de Robert Mugabe, au pouvoir depuis vingt-sept ans, de se représenter en 2008. Il aurait été torturé par les forces spéciales, battu férocement à la tête au point de s’être évanoui trois fois : « Il était en très mauvais état, il était très enflé. Il avait un pansement sur la tête. (…) Il ne pouvait pas voir correctement. » (selon Innocent Chagonda, un avocat). Son arrestation déclencha l’indignation internationale. Le caméraman qui avait réussi à faire passer à l’étranger des images de Morgan Tsvangirai blessé à la tête, le crâne fracturé et l’œil enflé, fut enlevé et retrouvé mort quelques jours plus tard. De même, le garde du corps du chef de l’opposition est mort de ses blessures en novembre 2007.

Lors d’une conférence de presse à Londres le 14 mars 2007, le Premier Ministre britannique Tony Blair a réagi ainsi : « Les gens devraient pouvoir vivre dans le respect de la loi, être capable d’exprimer leurs opinions politiques sans être harcelés, intimidés ou brutalisés. Et ce qui se passe au Zimbabwe est vraiment tragique. ».

Face à la pression internationale, la police l’a finalement libéré à la fin du mois de mars 2007, il fut hospitalisé en soins intensifs, mais le 28 mars 2007, le siège de son parti fut perquisitionné et Morgan Tsvangirai fut lui-même une nouvelle fois brièvement arrêté.


L’année 2008 était en effet une date cruciale dans l’espoir de démocratiser le Zimbabwe. C’était une année électorale essentielle. Le 29 mars 2008 a eu lieu à la fois le premier tour de l’élection présidentielle et les élections parlementaires.

Malgré les fraudes en faveur du pouvoir, sur le plan parlementaire, ce fut une grande victoire de l’opposition. À l’Assemblée (résultats proclamés après bien des vicissitudes le 29 avril 2008), le MDC a obtenu 42,9% des voix et 100 sièges sur les 210 élus, et la branche dissidente du MDC 8,4% des voix et 10 sièges, face à la ZANU-PF qui a obtenu 45,9% et 99 sièges. Au Sénat (résultats proclamés le 5 avril 2008), le MDC a obtenu 43,0% des voix et 24 sièges sur 93 élus, la branche dissidente du MDC 8,6% et 12 sièges, face à la ZANU-PF 45,8% des voix et 57 sièges.

Quant à la stratégique élection présidentielle, son premier tour a eu lieu le même jour. La loi électorale obligeait un second tour en cas de non atteinte de la majorité absolue des voix au premier tour. Il a fallu attendre le 2 mai 2008 pour la proclamation officielle des résultats, mais Morgan Tsvangirai avait déjà annoncé sa victoire dès le premier tour avec 50,3%. Le pouvoir officiel a cependant prescrit un second tour. Avec les fraudes, Morgan Tsvangirai aurait obtenu 47,9% des voix et Robert Mugabe seulement 43,2%.

Cette idée que le pouvoir en place cherche à organiser un second tour pour nier la victoire de son opposant dès le premier tour, on la retrouve aussi à Madagascar lors de l’élection présidentielle du 16 décembre 2001, où l’opposant Marc Ravalomanana a refusé l’organisation d’un second tour voulu par son rival, le Président sortant Didier Ratsiraka, ce qui a mis le pays dans une crise totale pendant plus de six mois. Le pouvoir officiel a attribué 46,4% à Marc Ravalomanana et 40,6% à Didier Ratsiraka alors que Marc Ravalomanana a prétendu avoir recueilli 53% et s’est autoproclamé Président le 22 février 2002 puis le 6 mai 2002. Finalement, après un effondrement de la déjà très faible économie malgache, contrairement au Zimbabwe, aucun second tour ne fut organisé et comme le 29 avril 2002, la Haute Cour constitutionnelle proclama Marc Ravalomana élu avec 51,5%, Didier Ratsiraka accepta d’abandonner le pouvoir à Marc Ravalomanana le 5 juillet 2002.

Mais revenons au Zimbabwe de 2008. Des centaines d’opposants politiques furent tués en mai 2008 (Gibson Nyandoro fut torturé à mort le 2 mai 2008). La police et l’armée auraient fortement "encouragé" les gens à aller voter pour Robert Mugabe au second tour en les menaçant et en les intimidant. L’épouse du maire d’Harare, la capitale, fut retrouvée morte le 19 juin 2008 avec les corps d’autres opposants. Deux cent mille opposants furent chassés de leur domicile, etc. Morgan Tsvangirai fut arrêté de nouveau brièvement le 4 juin 2008 puis le 6 juin 2008, ce qu’il considérait comme du « harcèlement habituel qui est totalement inutile ».

Dénonçant cette violence et renonçant à cette mascarade électorale, Morgan Tsvangirai a officiellement retiré sa candidature le 22 juin 2008 : « Nous, le MDC, nous ne pouvons pas leur demander de voter le 27 juin en sachant que voter pourrait leur coûter la vie. Nous avons décidé que nous ne participerions plus à ce simulacre violent et illégitime du processus électoral. Nous ne jouerons pas le jeu de Mugabe. ». L’universitaire sud-africain Kader Asmal a estimé : « Morgan Tsvangirai a été contrait de se retirer de la course, il ne l’a pas fait de son propre gré mais parce qu’il y a été forcé par des violences généralisées. Du point de vue du droit international, tout ce qui est entrepris dans de telles circonstances est nul et non avenu. » (cité par "Le Monde" le 25 juin 2008).

Des juristes faisaient aussi valoir l’élection d’office de ce dernier en vertu de l’absence d’un second tour rapide. Ainsi, trois constitutionnalistes indépendants, Max du Plessis, Wim Trengove et David Unterhalter, du Centre juridique d’Afrique australe, furent catégoriques : « Si un second tour n’a pas eu lieu ou ne peut pas être tenu dans les 21 jours, l’article 2-1-b de la loi électorale stipule que le candidat ayant obtenu une majorité simple des suffrages sera le Président dûment élu. ». Ross Herbert, de l’Institut pour les affaires internationales de Pretoria, a considéré : « Le second tour vendredi est clairement illégal et le résultat sera illégitime. » (juristes cités par "Le Monde" le 25 juin 2008).

Après ce désistement et les intimidations et violences, les résultats du second tour du 27 juin 2008 furent donc sans surprise : Robert Mugabe fut réélu très largement avec 90,2%, renouant avec ses scores "communistes" d’avant 2000. Morgan Tsvangira fut quand même crédité de 9,8% des voix (233 000 voix). Une forte abstention a eu lieu (57,6%) et il y a eu près de 10% de bulletins nuls. Après le "vote", il y a eu encore des violences policières dont la cible était ceux qui n’avait pas le doigt rouge (à savoir, les abstentionnistes).

Si dans la capitale, Harare, l’abstention fut très élevée, dans les campagnes, ce fut différent car les partisans de Robert Mugabe menaçaient les électeurs. Les témoignages se sont multipliés, comme celui de ce membre du MDC : « Les gens doivent montrer leur bulletin de vote à un représentant de la ZANU-PF avant de le glisser dans l’urne. (…) Je n’avais pas le choix. J’ai dû voter pour Mugabe. » (AFP, le 28 juin 2008). Ou encore, cette électrice : « Ils m’ont demandé mon nom dès que je suis rentrée dans le bureau de vote. Et ils ont noté le numéro du bulletin qu’ils me donnaient. Ils savent donc exactement qui vote et pour qui nous votons. » (France 24, le 27 juin 2008).

Le bilan humain de cette élection présidentielle fut désastreux, plusieurs centaines de morts et 5 000 disparus parmi les partisans de Morgan Tsvangirai. Malgré sa réélection, Robert Mugabe s’est trouvé, pour la première fois, confronté à une assemblée qui lui était opposée.

Le 25 août 2008, il a eu ce nouveau revers : Lovemore Moyo, du MDC, fut élu Président de la "Chambre d’Assemblée" (la chambre basse) par 110 voix contre 98 voix pour Paul Themba Nyathi, de la branche dissidente du MDC. Ce qui fut à noter, c’est que des députés de la ZANU-PF ont voté (au scrutin secret) pour Lovemore Moyo, ce qui démontrait que Robert Mugabe ne contrôlait pas complètement son propre parti.

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Un mois auparavant, le 22 juillet 2008 à Harare, a eu lieu la première rencontre entre Morgan Tsvangirai (MDC), Arthur Mutambara (MDC-dissident) et Robert Mugabe (ZANU-PF), qui marqua le début des discussions politiques. Ces négociations se déroulèrent sous l’égide du Président sud-africain Thabo Mbeki, désigné médiateur au Zimbabwe. L’objectif était de partager le pouvoir entre le parti présidentiel et ses opposants qui étaient majoritaires à l’assemblée. L’annonce d’un accord historique a été faite le 11 septembre 2008 et cet accord a été officiellement signé le 15 septembre 2008 au Rainbow Towers hotel à Harare, avec une poignée de main publique et historique entre Robert Mugabe, qui pouvait rester Président, et Morgan Tsvangirai, qui allait disposer du véritable pouvoir en dirigeant le futur gouvernement. La police serait sous le commandement du MDC et l’armée resterait sous le commandement de la ZANU-PF.

Morgan Tsvangirai fut donc nommé Premier Ministre d’un gouvernement d’unité nationale du 11 février 2009 au 11 septembre 2013. Arthur Mutambara et Thokozani Khuphe furent nommés Vice-Premiers Ministres. Il n’y avait pas de Premier Ministre avant 2009.

Quelques jours plus tard, le 6 mars 2009, Morgan Tsvangirai fut victime d’un grave accident de la route (qui tua son épouse), que certains ont imaginé être un attentat. Morgan Tsvangirai a déclaré au début de l’année 2012 que l’accord n’était pas correctement appliqué car Robert Mugabe continuait à nommer les gouverneurs sans l’avoir consulté. Beaucoup de décisions unilatérales ont été prises sans son accord. Entre 2009 et 2013, ce fut donc une "cohabitation" pénible entre les deux camps qui espéraient reprendre la totalité du pouvoir lors des élections générales de 2013.

Après quelques retards (il aurait dû se dérouler dès le 30 juin 2011) et annoncé par Morgan Tsvangirai le 13 février 2013, un référendum a approuvé le 16 mars 2013 la nouvelle Constitution par 94,5% des voix, avec une participation légèrement supérieure à 50%. Parmi les changements, une limitation à deux mandats de cinq ans pour le Président de la République, mais sans effet rétroactif, si bien que Robert Mugabe pouvait encore se présenter en 2013 et en 2018, ce qui, dans cette hypothèse, pouvait l’amener à rester à la tête du Zimbabwe jusqu’à l’âge de 99 ans ! (Finalement, il en fut éjecté à l’âge de 93 ans). Le régime est resté présidentiel, avec suppression du poste de Premier Ministre, mais aussi réduction des pouvoirs présidentiels (pas de veto sur les lois, et besoin d’une majorité au conseil des ministres pour faire adopter un décret présidentiel). Une chartre des libertés a été intégrée dans le texte constitutionnel pour garantir les droits et libertés fondamentaux.



Les élections générales furent moins prometteuses pour le MDC. Morgan Tsvangirai avait voulu les organiser en août ou septembre 2013 pour avoir le temps de faire des réformes nécessaires, notamment pour rendre plus équitable la campagne électorale (accès aux médias) et assurer la sécurité de tous (avec des forces de l’ordre réellement neutres). Mais Robert Mugabe les décréta pour le 31 juillet 2013.

L’élection présidentielle fut encore entachée de nombreuses irrégularités et fraudes. Robert Mugabe fut réélu à 89 ans avec 61,9% des voix face à Morgan Tsvangirai qui n’a obtenu que 34,4%, victime aussi de la cogérance du pays pendant quatre ans (usure du pouvoir). La participation fut de 59,2%. Robert Mugabe fut investi à l’âge de 89 ans pour son sixième mandat présidentiel le 22 août 2013 et a promis une nouvelle croissance économique : « Le secteur minier sera au centre de notre renaissance et croissance économiques. ».

Pour la Chambre d’Assemblée, la ZANU-PF remporta la majorité absolue des sièges avec 197 sièges sur 270 et 62,8% des voix et le MDC n’a eu que 70 sièges et 29,8% des voix avec une participation de 57,5%. Au Sénat, la ZANU-PF a obtenu 62,8% des voix et 37 sièges sur 60 et le MDC 29,9% et 21 sièges (une branche dissidente du MDC 4,7% et 2 sièges) avec une participation de 57,5%. Les parlementaires ont pris leur fonction le 3 septembre 2013. Jacob Mudenda fut élu Président de la Chambre d’Assemblée et Edna Madzongwe fut élue Présidente du Sénat. Les élus du MDC boycottèrent ces élections.

Pour Morgan Tsvangirai, ces élections du 31 juillet 2013 furent une « énorme farce » et le pays était « en deuil ». Il a déclaré que plus d’un million d’électeurs n’avaient pas pu voter dans les bureaux de vote et que le MDC contestait les résultats officiels et refuserait de travailler avec la ZANU-PF de Robert Mugabe. Il démissionna de son poste de Premier Ministre le 11 septembre 2013 et le poste fut d’ailleurs supprimé par la nouvelle Constitution.

Le 10 septembre 2013, Robert Mugabe a nommé ses nouveaux ministres, dont Emmerson Mnangagwa Ministre de la Justice (l’actuel dirigeant du Zimbabwe). Le 17 septembre 2013, Robert Mugabe a prononcé le discours d’ouverture devant les parlementaires en promettant la poursuite de son programme d’indigénisation « avec une vigueur renouvelée ».

Lors d’un conseil national, la direction du MDC a "suspendu" le 26 avril 2014 Morgan Tsvangirai et six autres dirigeants pour avoir suscité la division au sein du parti et pour l’avoir mal dirigé lors des élections de 2013. Morgan Tsvangirai est pourtant resté président de son mouvement, et a expulsé Tendai Biti, accusé de collusion avec Robert Mugabe, de son poste de secrétaire général le 29 avril 2014 (il l’était depuis le 13 janvier 2000). Ancien Ministre des Finances du 13 février 2009 au 10 septembre 2013, Tendai Biti a fondé le 10 septembre 2015 le Parti démocratique du peuple qu’il préside.

Cela faisait un an et demi que Morgan Tsvangirai était gravement malade et soigné en Afrique du Sud quand le coup d’État du 21 novembre 2017 a eu lieu. Robert Mugabe fut en effet limogé et remplacé par son Vice-Président Emmerson Mnangagwa, devenu Président par intérim et déjà choisi comme le candidat de la ZANU-PF à la prochaine élection présidentielle. Ce dernier a décidé de prendre en charge les funérailles de Morgan Tsvangirai et lui a rendu hommage dans un souci d’apaisement : « On se souviendra de sa capacité à tendre la main, malgré les divergences politiques, pour former un gouvernement d’unité nationale après les élections de 2008 qui avaient divisé [le pays]. ».

Dans la journée du 15 février 2018, beaucoup de ses amis et proches ont loué son courage et sa bravoure face à la dictature de Robert Mugabe, qui fête son 94e anniversaire ce mercredi 21 février 2018…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 février 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Morgan Tsvangirai.
Zimbabwe : fin de régime chez Pépé Mugabe.
L’inévitable réélection du dictateur Robert Mugabe (28 mars 2008).

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