lundi 20 avril 2009 - par Gaëtan Pelletier

Obama, le nouveau magicien d’Oz ?

M. Obama, ce premier missionnaire noir à éduquer une masse de blancs, est-il en train de devenir le grand magicien étasunien ? À voir les résultats des banques affichés clairement dans les journaux, on le croirait capable de faire apparaître du moins quelques lapins dans son chapeau.
 
Des nouvelles…troublantes
 
La semaine s’est terminée sur quelques nouvelles encourageantes aux États-Unis, la banque Citigroup annonçant à son tour avoir dégagé un bénéfice d’exploitation au premier trimestre de 2009 (…)
Citigroup a donc fait état d’un bénéfice d’exploitation de 1,59 milliard de dollars, sans compter l’impact des titres préférentiels.(…)
 
Il s’agissait d’ailleurs de la troisième banque américaine cette semaine à publier des résultats meilleurs que ce qui avait été anticipé, après Goldman Sachs et JPMorgan Chase. Lundi, ce sera au tour de Bank of America de dévoiler ses chiffres, avant que Wells Fargo ne confirme ses prévisions d’un bénéfice de trois milliards. La banque d’affaires Morgan Stanley devrait suivre.. Le Devoir
 
 Jeu de poussière et de tapis ?  
 
Selon les journalistes Daniel Wagner et Larry Chin, ces soudains bénéfices sont plutôt issus d’une manœuvre du président et des autorités américaines afin de redonner confiance aux investisseurs et au peuple et stabiliser ainsi le domaine bancaire. Larry Chin qualifie la manœuvre de collusion et camouflage.
 
Dans des lettres adressées aux 19 banques en cours de tests de solidité financière, a déclaré à la réglementation des entreprises de ne pas divulguer leurs résultats au cours de prochaines annonces financières, selon l’industrie et les fonctionnaires du gouvernement qui a demandé l’anonymat parce qu’ils ne sont pas autorisés à discuter du processus. ( Daniel Wagner). Business, Scotman
L’opération inquiète les auteurs puisqu’elle vise le sauvetage de Wall Street aux dépens du citoyen ordinaire.
 
M. Obama annoncerait lui-même les résultats…
 
Il est incompréhensible, selon les auteurs, qu’étant donné la nature – en grandeur et complexité - de la crise, qu’en quelques mois cette bulle de dérivés s’efface soudainement. Cette réussite soudaine va à contre-courant des réussites de l’industrie américaine qui vacille toujours.
 
L’opération de « détournement » utiliserait les fonds injectés dans des compagnies ( AIG) et banques.
Nous savons maintenant, basé sur des rapports d’initié de commerçants de titres, qu’une fraude massive et une manipulation par AIG des fonds "de sauvetage"(renflouement") dirigés (l’argent de contribuable américain) aux partis homologues de l’AIG’S, les mêmes grandes banques"toxiques"qui affichent maintenant des bénéfices. Global Research.
 
Obama l’arc-en-ciel
 
Habile le président ? Certes, mais pas au point d’effacer en si peu de temps un gouffre financier de cet ampleur et de remettre sur les rails le gros train de vie étasunien. Selon les auteurs, c’est toujours le même jeu de cartes truquées.
 
Alors le président électrise son auditoire par un jeu analogue à celui qui a provoqué la crise. Il pleut en même temps que les rayons lumineux forment un arc-en-ciel.
 
Faute de réussites concrètes, on se demande si le pays n’est pas en train de se livrer encore à la vieille méthode qui a fait son succès, voire sa perte en même temps…
 
La crise de 1929 avait donné lieu à une « reprise » au cinéma du livre écrit par L.Frank Baum Le magicien d’OZ. Une allégorie économique devenue un classique depuis.
 
Mais on a vraisemblablement oublié que cette allégorie provenait d’une crise antérieure :
 
Entre 1883 et 1897, à la fin du Gilded Age, il y eut aux États-Unis une dépression. Les agriculteurs de l’Ouest s’endettèrent lourdement. L’étalon-or avait alors cours et certains économistes préconisaient d’utiliser également l’argent. Cela aurait permis d’augmenter la quantité de monnaie, aurait entraîné l’inflation et réduit le poids réel de l’endettement des agriculteurs. Cette question fut cruciale lors de l’élection présidentielle de 1896. William Jennings Bryan attaqua alors l’étalon-or. Mais ce fut William McKinley, républicain et défenseur de l’étalon-or qui devint Président. L. Frank Baum, originaire de l’Ouest, prit cause pour les agriculteurs. Les personnages du livre symbolisent diverses figures ou événements de l’époque.
  • Dorothée : l’américain moyen
  • Toto : le parti prohibitionniste (son surnom était Teetotaler)
  • Le Bûcheron en Fer Blanc : les ouvriers
  • L’Épouvantail : les agriculteurs
  • Le Lion Peureux : William Jennings Bryan
  • Munchkins : les habitants de la côte Est
  • Le Magicien : Marcus Hanna, leader du Parti Républicain
  • La méchante sorcière de l’Ouest : William McKinley
  • La sorcière de l’Est : Grover Cleveland, Président démocrate jusqu’en 1896, qui fut battu aux primaires par Bryan
  • Le cyclone : la dépression
  • Oz : l’once (unité de poids des métaux précieux "troy ounce").
  • Les pantoufles d’argent : L’argent qui permettra, en touchant le chemin doré, de revenir au double étalon or - argent. Le magicien d’Oz.
Il serait intéressant qu’Hollywood fasse un « remake » en modifiant les allégories d’alors…
Ce roman pour enfants est demeuré dans la mémoire collective étasunienne par une sorte de cantique lyrique à l’espoir de jours meilleurs :
 
SOMEWHERE OVER THE RAINBOW
Someday I’ll wish upon a star
and wake up
where the clouds are far behind me
Where troubles melt like lemon drops
away above the chimney tops
that’s where you’ll find me

Somewhere over the rainbow
skies are blue
and the dreams...that you dare to dream
really do come true
If happy little bluebirds fly
above the rainbow, why
Oh, why can’t I ?
 
Et M. Obama a trouvé au moins la réponse au dernier vers de la chanson :
 
YES WE CAN !


10 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 20 avril 2009 11:25

    intéressant , j’ignorais que ce roman était comme les fables de la fontaine , une satire politique .


  • Marsupilami Marsupilami 20 avril 2009 11:35

    @ L’auteur

    Excellent article, original et très bien documenté. Il est évident que les bénéfices affichés par ces banques, qui n’existeraient plus si elles n’avaient pas été perfusées par le fric non-existant de l’Etat, est une pure opération de propagande. Comment ces stratèges pompiers-pyromanes à la Larry Summers peuvent-ils croire une seconde que ce tour de passe-passe va réussir ? C’est hallucinant…

    Et en passant un petit lien vers Somewhere over the rainbow par Judy Garland.

    • Severe 21 avril 2009 02:15

      Eh bien, en plus de l’argent des contribuables, les banques ont eu droit de faire des bricolages comptables qui augmente artificiellement leur valeur de 20%, et la France suit...Et oui, le tour de passe-passe va marcher pour le moment puisque les médias officiels vont dire que ça marche...


  • King Bounty 20 avril 2009 13:12

    bien sur que les resultats de ces banques sont bidons , mais vous esperiez quoi ?
    Une déclaration dans le genre : mes chers compatriotes le pays est ruiné et tout porte a croire que bientot vous vous battrez a mort avec le voisin pour manger ?.
    Je n ai encore vu aucun gouvernement de gauche ou de droite déclarer cela !! 


  • Gaëtan Pelletier Gaëtan Pelletier 20 avril 2009 13:41

    Marsupilami,
    Merci pour le lien de Somewhere... J’aurais dû.
    Bounty,
    Les journalistes officiels n’en parlent pas. Je n’ai rien trouvé dans les journaux de « papier », sauf une belle annonce de profits.... Ce qui est inquiétant. Où est passée la véritable information ? L’analyse ?
    Bonne journée à tous !


  • deovox 21 avril 2009 05:38

    ya pas qu’en France que le célèbre « gouverner c’est prevoir » à fait place à « gouverner c’est mentir ». triste monde


  • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 avril 2009 19:39

    Jouissif, cet article ! Pour la crise même, les résultats des banques ne sont ni plus ni moins bidon que le reste du système financier. La monnaie vaut exactement ce que vous croyez qu’elle vaut et rien d’autre. Avant Oz, il y a eu Humpty Dumpty.. " The question is : Who is gonna be master, that’s all.. ! 


     Si le Système veut faire disparaitre 90% de la fortune des riches pour rendre le jeu économique moins invraisemblable, pourquoi s’en plaindre ? Ma pauvreté se sent moins seule, maintenant que les Riches n’ont que 1 000 mois plutôt que 100 000 fois ma fortune... Voyez les superbes articles de Forest Ent de l’an dernier sur la crise qui venait, qui venait... et est arrivée




  • Gaëtan Pelletier Gaëtan Pelletier 21 avril 2009 21:47

    Bonjour Pierre,
    Merci du lien. Je suis allé y jeter un oeil. Disons que je l’ai prêté, ça devrait me rapporter smiley
    Je suis resté surpris par la quasi froideur d’une « crise à venir »... Il y a toujours des sceptiques...
    J’ai la manie d’aller voir d’où proviennent les mots... 
    « Il se dit d’une secte de philosophes anciens, les pyrrhoniens, dont le dogme principal était de douter de tout, et, par extension, de ceux qui, chez les modernes, suivent les doctrines pyrrhoniennes, ou qui professent le doute philosophique. »
    J’y ai retrouvé plusieurs de vos commentaires. 

    ____

    C’est ce qu’on faisait au jeu du Monopoly (encore un jeu d’après crise), quand on manquait d’argent, on en fabriquait avec un reprographieur, ou simplement à la main. Même au Monopoly on devient avide... Et plus on devient avide, plus ce vide nous agaçe... Il ne remplit rien.

    Bonne journée !



  • Ramila Parks Ramila 26 avril 2009 10:50

    J’aime beaucoup l’article et l’humour de Gaetan !


  • Gaëtan Pelletier Gaëtan Pelletier 27 avril 2009 01:23

    L’humour, c’est la poésie qui danse...
    Alors, il m’en faut un ration et je le cultive. Mais je ne fais pas exprès !  smiley
    Bonne journée Ramila.
    Je me souviens de ton article sur Dieudonné !


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