jeudi 7 octobre 2010 - par negaxx18

Procès Sasakawa : quand l’Histoire s’écrit au tribunal

Voilà un jugement qui aura remué les milieux universitaires et politiques, mais qui n’aura, bizarrement, fait que peu de vagues sur Internet et dans la « grande presse ». La semaine dernière, une chercheuse du CERI, le prestigieux Centre d’Etudes des Relations Internationales de Sciences Po, Karoline Postel-Vinay, a fait valoir son droit à la liberté d’expression (excusez du peu !) lors du procès qui l’opposait au plaignant, la Fondation Franco-Japonaise, dite Sasakawa (FFJDS).

Un rapide éclairage historique est nécessaire pour rappeler l’enjeu de ce procès, qui dépasse de beaucoup le cadre d’une plainte pour diffamation, puisqu’elle touche l’histoire même, sa rédaction, et les tentatives négationnistes de réécriture qui existent ici et là. La Fondation Franco-Japonaise, dite Sasakawa (son nom officiel) est la branche française de la Fondation Nippon, qui s’attache à développer les liens culturels entre les deux pays. Jusqu’ici tout va bien. Là où le bât blesse, c’est que le nom de la dite-fondation, Sasakawa, est celui d’un criminel de guerre de classe A, Ryôichi Sasakawa, décédé en 1995. L’un des objectifs de la fondation est bien de blanchir le nom de son fondateur, d’où le procès en diffamation intenté par la fondation contre Karoline Postel-Vinay. Son crime ? Avoir initié une pétition d’universitaires pour s’opposer au Ministère des Affaires Etrangères qui avait choisi la fondation Sasakawa pour célébrer les 150 ans de l’amitié franco-japonaise. Un haut patronage criminel pour la patrie des Droits de l’Homme, c’est tout de même très moyen.

L’Express rappelait justement, peu avant le verdict du procès, rendu public le 22 septembre, le « fantôme » que représente Sasakawa, « faciste le plus riche du monde » auto-proclamé, dont le tableau est ainsi dressé : « Leader d’extrême droite dès les années 1930 et acteur du pillage de la Chine, proche de la pègre, Sasakawa est emprisonné après la Seconde Guerre mondiale sous l’accusation de crimes de guerre de classe A, les plus graves, puis libéré sans jugement en 1948 par les Américains. Ceux-ci occupent alors l’archipel et cherchent à lutter contre l’influence des communistes. »

Gageons qu’il ne s’agit là que d’un premier tour, puisque la Fondation Sasakawa a d’ores et déjà contre-attaqué en faisant modifier la dépêche AFP relative au verdict. La première version de l’AFP, perçue comme trop brute par la Fondation, a pu être amendée pour y rajouter son communiqué, qui maintient que les propos de Karoline Postel-Vinay « étaient diffamatoires » alors que le tribunal a débouté et même condamné la Fondation catégoriquement. Quel but la Fondation poursuit-elle donc ?

Pour en savoir plus : Interview de Karoline Postel-Vinay sur France Culture

Negaxx18



3 réactions


  • morice morice 8 octobre 2010 09:47

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100623.OBS6026/enquEte -les-bonnes-uvres-de-m-sasakawa.html



    beaucoup de textes sur le sujet ont....DISPARU du net !

    celui là est plus intéressant :

    With her royal highness Princess Christina, the sister of the king of Sweden, as chairwoman for Sweden, the foundation distributes substantial financial resources to the country’s Japanologists, in spite of the fact that the European Association for Japanese studies and many Western universities openly dissociate themselves from the dubious foundation. However, this is not the case for the Japanologist Bruno Gollnisch at the University of Lyon ; an ideologist and strongman for the Fascist Front National, as well as the closest aide to its leader, Jean-Marie Le Pen, he openly supports and coop- erates with the Sasakawa Foundation.58 Sasakawa was Japanese fascism’s éminence grise, together with his right-hand man and Yakuza boss, Yoshio Kodama.59 In 1931, he founded Kokusai Taishuto, whose members wore black shirts, and he personally met with Mussolini — according to Sasakawa “the most perfect Fascist”—during a visit to Rome. After the defeat, Sasakawa was classified as a class-A war criminal by the Americans, and he was put into Sugamo jail for three years with the upcoming prime minis- ter Kishi Nobosuke as his cellmate. However, in postwar Japan, Sasakawa, together with many from similar doubtful backgrounds, became a part of the leading political and economic elite of the country in the name of anti- Communism. In 1959, he received the monopoly of betting for racers from the above-mentioned prime minister Nobosuke, which made Sasakawa an astronomically rich man. “I am the world’s richest Fascist,” Sasakawa used to boast, as he, at the same time, was the leader of the neo-Fascist Zenai Kaigi, the Unification Church in Japan, and the chairman of the Japanese branch of the World Anti-Communist League.


    Gollnisch est spécialiste du Japo net enseigne le japonais....


  • Cogno2 8 octobre 2010 11:04

    C’est vrai que ça fait désordre, imaginez une fondation Mengele...
    Mais bon, il est beaucoup de « raisons » qui passent au dessus des lois et de la morale, ces dernières n’étant la que pour faire illusion.

    Sinon quand on été inquiétés les décideurs des raids anthologiques que furent Desde ou Tokyo, avec leur centaines de milliers de victimes civiles, quand seront inquiétés les commanditaires de certains embargos avec leur milliers de victimes inutiles, quand seront inquiétés les escrocs qui ont poussés à l’invasion de l’Irak et qui sont responsables de centaines de milliers de victimes ?
    Jamais.

    Alors bon, les histoires de crimes de guerre, concrètement, c’est juste pour amuser la galerie.


  • lucdelporte lucdelporte 8 octobre 2010 11:08

    Sale histoire, franchement, ça donne des frissons dans le dos de savoir que la manipulation peut atteindre ces niveaux


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