Quatre ans plus tard, Obama n’est plus noir !
Il n’en est pas devenu blanc pour autant, le président des Etats-Unis. Il est tout juste resté métis, mais désormais tout le monde s’en fout, de la couleur de sa peau, et s’est tant mieux. Souvenez-vous de l’hystérie collective de par le monde et tout particulièrement en France. Les journalistes, les commentateurs, les bloggeurs, jusqu’au citoyen de base, tout le monde ou presque s’était enflammé pour le « Président noir ». C’était la pâmoison totale à chaque journal télévisé. On a tout juste manqué des commentaires ironiques de Bruno Masure, qui avait déjà raté l’occasion d’une interview de l’israélien Ehud Barak. Certains nouveaux Thiery Rolland pour qui tous les Coréens se ressemblaient, osaient même parler de revanche des esclaves, alors qu’Obama n’est pas afro-américain, mais de père kenyan. Il possède des ancêtres paternels qui n’ont jamais subi la traite négrière, ou alors celle des arabisés sur la côte est de l’Afrique, entre Zanzibar et Malindi. Tous les éditoriaux étaient dithyrambiques et vendaient du « premier président noir », enfin presque, nous y reviendrons. Et en France, même la droite saluait l’avènement du noir. Rama Yade, oubliant son rôle de ministre de la République Française, déclarait avec des trémolos dans la voix : « Nous sommes tous Américains ». Il n’y avait pas que la gauche angéliste et repentante qui y allait de son couplet apologétique. Personne ou presque n’était capable de sortir un argument politique après les errements de Bush Junior qui justifiait le changement. Il est même probable que si John Mc Cain avait été noir et Obama blanc, toute cette engeance aurait souhaité la victoire du noir, avant tout jugement politique, économique ou géostratégique. Et cela dura bien un an de plus après l’élection. Seul Nicolas Sarkozy montra rapidement des signes d’irritation parce qu’il n’était plus la vedette internationale et le chouchou des médias en 2008. Ce fût l’un de ses premiers gros caprices.
Qui osa à cette époque, ne pas participer au battage médiatique, au concert de louange, à l’hagiographie, en fin de compte, bien peu de monde excepté Medvedev dans son brillant discours du lendemain de l’élection et en France Marc-Edouard Nabe, avec son pamphlet mural incompris car au titre provocateur, « Enfin nègre ». Pour quasiment tous les autres, c’était bien que l’Amérique s’offre un noir à la Maison Blanche. C’était un leitmotiv, Obama, c’est bien pour les noirs, pour les antiracistes, pour la liberté, pour la justice, pour l’image des Etats-Unis dans le monde et pourquoi pas pour la paix, pour l’économie, en un mot pour le monde. Tout ce microcosme qui fabrique l’opinion, c’était bien d’être noir, alors que ce ne va pas de soi que c’est bien d’être, nain, obèse, juif, handicapé moteur, français de souche ou immigré. Obama, sans la moindre référence à son intelligence, à ses qualités humaines, à son engagement politique, à son programme était devenu le Messie noir. Dire qu’il ne pourrait faire pire que Bush, n’a rien à voir avec la couleur. Louis Farrakhan et Kémi Séba, sont autant ou encore plus noirs qu’Obama, en sont-ils pour autant plus intelligents, compétents et efficaces. Colin Powell est métis jamaïcain, cela ne l’a pas empêché de mentir sur les « armes de destruction massives » de Saddam Hussein. A ce compte-là, Yannick Noah devrait être ministre depuis longtemps.
Mais cette fois, on ne peut pas dire que l’élection américaine passionne les foules. Obama n’a pas éclairci au lavage du pouvoir, mais comme tout président américain depuis Roosevelt, il a montré ses limites, ses faiblesses et ses marges de manœuvre limitées. Il peut être réélu contre Mitt Romney qui est trop falot, indécis et peu charismatique pour passionner les foules, mais ce coup-ci la pigmentation cutanée ne jouera pas. Son bilan sans être négatif est mitigé. Certes, il a pris la crise financière et économique de plein fouet, mais il a dû revoir ses promesses de campagne à la baisse. Mais un autre aurait-il fait mieux, rien n’est moins sûr. Obama comme les autres présidents depuis plus de trois décennies doit faire avec les lobbies et les groupes d’intérêt, ainsi qu’avec la crise et l’économie mondialisée. Il doit tenir compte de l’industrie de l’armement, de l’avis des pétroliers, du lobby juif (le terme n’est pas péjoratif aux Etats-Unis) et des banquiers, qui sont loin d’être tous juifs, mais pour beaucoup, de fervents protestants influents. La campagne est terne, pour ne pas dire ennuyeuse. Au mieux, Obama réélu sera un président « normal » tout comme le nôtre, c’est-à-dire un peu terne et sans grande marge de manœuvre. Obama a fait comme tous les autres présidents américains depuis la guerre en Afghanistan en 1979, il a entériné une politique étrangère catastrophique, autiste et aveugle vis-à-vis du monde arabo-musulman. Il a joué la carte des extrémistes islamistes, pour agiter le chiffon vert sous le nez de ses concitoyens. Ses deux prénoms musulmans n’en font donc pas un crypto-islamiste, loin de là, il continue la même politique de soutien à Israël que ses prédécesseurs.
Ce qui est positif dans cette affaire, c’est que le débat racial et ethnique est remis au second plan. Ce qu’il faut craindre par la suite, d’ici quelques années, c’est une nouvelle hystérie hispanique, si un candidat latino se présente avec de fortes chances d’être élu, qu’il soit démocrate ou républicain. Le plus cocasse serait de tomber sur un fils d’émigré espagnol, qui serait mis en avant et présenté comme défenseurs des Incas, des Olmèques et des Indiens Yaquis, comme protecteur des Aztèques, archétype du Mexicain exploité, le nouveau conquistador à la conquête de l’Amérique. Et le pire, c’est que tout le monde marcherait. Seul faux pas, l’intervention de Madonna avec son « musulman noir », presque personne ne l’a remarqué. Seul quelques rares nostalgiques des plantations de coton font encore allusion à la couleur de peau du candidat-président.
Votre serviteur :
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