samedi 20 octobre 2012 - par Georges Yang

Quatre ans plus tard, Obama n’est plus noir !

Il n’en est pas devenu blanc pour autant, le président des Etats-Unis. Il est tout juste resté métis, mais désormais tout le monde s’en fout, de la couleur de sa peau, et s’est tant mieux. Souvenez-vous de l’hystérie collective de par le monde et tout particulièrement en France. Les journalistes, les commentateurs, les bloggeurs, jusqu’au citoyen de base, tout le monde ou presque s’était enflammé pour le « Président noir ». C’était la pâmoison totale à chaque journal télévisé. On a tout juste manqué des commentaires ironiques de Bruno Masure, qui avait déjà raté l’occasion d’une interview de l’israélien Ehud Barak. Certains nouveaux Thiery Rolland pour qui tous les Coréens se ressemblaient, osaient même parler de revanche des esclaves, alors qu’Obama n’est pas afro-américain, mais de père kenyan. Il possède des ancêtres paternels qui n’ont jamais subi la traite négrière, ou alors celle des arabisés sur la côte est de l’Afrique, entre Zanzibar et Malindi. Tous les éditoriaux étaient dithyrambiques et vendaient du « premier président noir », enfin presque, nous y reviendrons. Et en France, même la droite saluait l’avènement du noir. Rama Yade, oubliant son rôle de ministre de la République Française, déclarait avec des trémolos dans la voix : « Nous sommes tous Américains ». Il n’y avait pas que la gauche angéliste et repentante qui y allait de son couplet apologétique. Personne ou presque n’était capable de sortir un argument politique après les errements de Bush Junior qui justifiait le changement. Il est même probable que si John Mc Cain avait été noir et Obama blanc, toute cette engeance aurait souhaité la victoire du noir, avant tout jugement politique, économique ou géostratégique. Et cela dura bien un an de plus après l’élection. Seul Nicolas Sarkozy montra rapidement des signes d’irritation parce qu’il n’était plus la vedette internationale et le chouchou des médias en 2008. Ce fût l’un de ses premiers gros caprices.

Qui osa à cette époque, ne pas participer au battage médiatique, au concert de louange, à l’hagiographie, en fin de compte, bien peu de monde excepté Medvedev dans son brillant discours du lendemain de l’élection et en France Marc-Edouard Nabe, avec son pamphlet mural incompris car au titre provocateur, « Enfin nègre ». Pour quasiment tous les autres, c’était bien que l’Amérique s’offre un noir à la Maison Blanche. C’était un leitmotiv, Obama, c’est bien pour les noirs, pour les antiracistes, pour la liberté, pour la justice, pour l’image des Etats-Unis dans le monde et pourquoi pas pour la paix, pour l’économie, en un mot pour le monde. Tout ce microcosme qui fabrique l’opinion, c’était bien d’être noir, alors que ce ne va pas de soi que c’est bien d’être, nain, obèse, juif, handicapé moteur, français de souche ou immigré. Obama, sans la moindre référence à son intelligence, à ses qualités humaines, à son engagement politique, à son programme était devenu le Messie noir. Dire qu’il ne pourrait faire pire que Bush, n’a rien à voir avec la couleur. Louis Farrakhan et Kémi Séba, sont autant ou encore plus noirs qu’Obama, en sont-ils pour autant plus intelligents, compétents et efficaces. Colin Powell est métis jamaïcain, cela ne l’a pas empêché de mentir sur les « armes de destruction massives » de Saddam Hussein. A ce compte-là, Yannick Noah devrait être ministre depuis longtemps.

Mais cette fois, on ne peut pas dire que l’élection américaine passionne les foules. Obama n’a pas éclairci au lavage du pouvoir, mais comme tout président américain depuis Roosevelt, il a montré ses limites, ses faiblesses et ses marges de manœuvre limitées. Il peut être réélu contre Mitt Romney qui est trop falot, indécis et peu charismatique pour passionner les foules, mais ce coup-ci la pigmentation cutanée ne jouera pas. Son bilan sans être négatif est mitigé. Certes, il a pris la crise financière et économique de plein fouet, mais il a dû revoir ses promesses de campagne à la baisse. Mais un autre aurait-il fait mieux, rien n’est moins sûr. Obama comme les autres présidents depuis plus de trois décennies doit faire avec les lobbies et les groupes d’intérêt, ainsi qu’avec la crise et l’économie mondialisée. Il doit tenir compte de l’industrie de l’armement, de l’avis des pétroliers, du lobby juif (le terme n’est pas péjoratif aux Etats-Unis) et des banquiers, qui sont loin d’être tous juifs, mais pour beaucoup, de fervents protestants influents. La campagne est terne, pour ne pas dire ennuyeuse. Au mieux, Obama réélu sera un président « normal  » tout comme le nôtre, c’est-à-dire un peu terne et sans grande marge de manœuvre. Obama a fait comme tous les autres présidents américains depuis la guerre en Afghanistan en 1979, il a entériné une politique étrangère catastrophique, autiste et aveugle vis-à-vis du monde arabo-musulman. Il a joué la carte des extrémistes islamistes, pour agiter le chiffon vert sous le nez de ses concitoyens. Ses deux prénoms musulmans n’en font donc pas un crypto-islamiste, loin de là, il continue la même politique de soutien à Israël que ses prédécesseurs.

Ce qui est positif dans cette affaire, c’est que le débat racial et ethnique est remis au second plan. Ce qu’il faut craindre par la suite, d’ici quelques années, c’est une nouvelle hystérie hispanique, si un candidat latino se présente avec de fortes chances d’être élu, qu’il soit démocrate ou républicain. Le plus cocasse serait de tomber sur un fils d’émigré espagnol, qui serait mis en avant et présenté comme défenseurs des Incas, des Olmèques et des Indiens Yaquis, comme protecteur des Aztèques, archétype du Mexicain exploité, le nouveau conquistador à la conquête de l’Amérique. Et le pire, c’est que tout le monde marcherait. Seul faux pas, l’intervention de Madonna avec son « musulman noir », presque personne ne l’a remarqué. Seul quelques rares nostalgiques des plantations de coton font encore allusion à la couleur de peau du candidat-président.

 

M.E.Nabe : http://www.alainzannini.com/index.php?option=com_content&view=article&id=260%3Aenfin-negre-&catid=34%3Atracts&Itemid=59

 

Votre serviteur :

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/merci-m-medvedev-46847

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/obama-le-petard-mouille-67767



30 réactions


  • 65beve 65beve 20 octobre 2012 10:57

    Obama n’est plus noir ;
    Quoi, il a fait comme Bambi ?


    • Fergus Fergus 20 octobre 2012 13:53

      Bonjour, Christian.

      Cela démontre une fois de plus cette évidence : la pauvreté attise les réflexes communautaires, l’aisance les gomme.


    • Georges Yang 20 octobre 2012 15:10

      Tigger Woods et OJ Simpson ne sont redevenus noirs qu’après avoir défrayé la chronique


  • Fergus Fergus 20 octobre 2012 13:47

    Bonjour, Georges.

    Article très lucide sur une réalité peu perçue tant du public que des médias : la couleur de peau d’Obama n’est plus au centre du débat, et c’est tant mieux si l’on se souvient des nombreux débats et controverses que sa pigmentation avait sucités en 2008. Du même coup, l’on aimerait pouvoir être plus intéressés par cette campagne, mais comme vous le soulignez, elle est insipide. Dommage !


  • Georges Yang 20 octobre 2012 14:02

    Christian Navis et Fergus

    Un émir polygame arrive au Crillon, on lui déroule le tapis rouge, un diplômé de Trappes même s’appelant Dupont, verra son CV à la poubelle, s’il a indiqué son adresse

    Tant mieux pour Obama si on oublie son origine, mais comme le dit Fergus, la campagne est sans grand intérêt

    Les médias ont une autre lessive à vendre, Obama ne fait plus recette


  • Georges Yang 20 octobre 2012 14:40

    En 2008 , certains avaient osé :

    Harlem Désir sera-t-il l’Obama français ?

    C’est retombé comme un soufflé, tant mieux pour Désir finalement


    • Yajovin Yajovin 20 octobre 2012 15:02

      Je pense que la France, de quelque bord que ce soit, est encore très très loin de l’exemple américain malgré ses imperfections et ses faiblesses pour accepter un noir ou même un métis à la présidence de la république..


    • Georges Yang 20 octobre 2012 15:07

      Personne ne devrait voter pour :

      Un noir, un arabe, un homosexuel, un philathéliste, mais pour un candidat qui présente un programme intérêssant


    • Mwana Mikombo 20 octobre 2012 16:07

      EUH !! Un programme intéressant !!


    • akatasuna 20 octobre 2012 16:57

      d’autant qu’Harlem Désir est un ancien délinquant condamné par un tribunal correctionnel. Comme quoi on peut faire de la politique sans aucune morale


  • Mwana Mikombo 20 octobre 2012 15:45

    @l’auteur

    Vous avez commencé votre article en affirmant que tout le monde s’en fout de la couleur de la peau du président américain Obama. Si ce que vous affirmez est vrai, apparemment vous en faites l’exception ; la preuve en est votre article. Et vous terminez votre article en écrivant que « Seul quelques rares nostalgiques des plantations de coton font encore allusion à la couleur de peau du candidat-président ». Vous oubliez d’ajouter que vous êtes vous-même une illustration parmi d’autres de ces « nostalgiques des plantations de coton ». Votre article me rappelle les explorateurs et philosophes du « siècle des lumières ». Ces érudits esclavagistes et racistes remplissaient entre autres la mission de théâtraliser l’infériorité des races non-blanches. Mais, sentant monter la vague de sueur et de sang des races inférieures qui était en train de les submerger, les héritiers « des lumières » furent contraints de se déguiser sous les abolitions, sans toutefois abandonner leur fond de commerce, le racisme. L’article ci-dessus, produit évident d’une érudition migrante et condescendante sans doute commanditée, sur les noirs et les amérindiens, se situe dans le même sillon que les récits de René Caillé, Savorgnan de Brazza,  Montesquieu, Voltaire, Hugo et autres aventuriers et metteurs en scène éclairés européens comme ceux des « lumières ». Votre mixture est un pot-pourri théâtral de mauvais goût sur la sueur et le sang des massacres et génocides des peuples noirs et amérindiens, avec comme marionnette le métis Barack Obama.


    • Georges Yang 20 octobre 2012 16:08

      Je pense que vous avez mal lu ou bien vous êtes aveuglé par vos certitudes


    • Sérénité océanique 22 octobre 2012 22:28

      Moi, j’ai plutôt apprécié l’analyse, excepté cette phrase : « Ce qui est positif dans cette affaire, c’est que le débat racial et ethnique est remis au second plan. »

      Pour moi, ce n’est pas du tout positif dans la mesure où justement, Obama a été coopté (entre autres) pour mettre au second plan le débat racial et ethnique. Obama a été jeté comme un os à ronger pour les Non-Blancs qui subissent des discriminations de fait. Pour eux, il n’a été qu’un doudou, un objet transitionnel, une compensation symbolique.

      Je pense que c’est surtout cette phrase qui explique la réaction de Mwana Mikombo.


    • Georges Yang 22 octobre 2012 23:36

      Et bien non, le débat ethique et racial (et religieux) n’a rien à voir dans une élection ou alors il faut libaniser le pays

      On peut être juif et détester DSK et Fabius

      On peut être noir et ne pas apprécier les positions politiques de Dieudonné

      Arabe et combattre le salafisme

      L’engagement politique ne doit être ethnicisé, sinon, il n’ y a plus de citoyenneté


    • Sérénité océanique 23 octobre 2012 00:11

      Je pense quant à moi que l’engagement politique ne devrait pas être ethnicisé mais qu’il doit être ethnicisé. Et c’est justement parce qu’il ne devrait pas l’être qu’il doit l’être. Cette nuance entre le conditionnel et le présent fait la différence. Parce que c’est un fait que les États-Unis sont « libanisés » (je me contente de reprendre ton expression sans trop creuser). Il serait ridicule de le nier tellement les positions sociales et les catégories raciales se recoupent statistiquement pour une très large part. Pour les Non-Blancs, la lutte des races est une expression de la lutte des classes. Ce que les Blancs ont -pour la plupart- du mal à accepter.


    • Georges Yang 23 octobre 2012 08:30

      Il existe désormais des noirs milliardaires avec des villas superbes dans des quartiers chics, et des pauvres blancs du Middle-West qui vivent dans des caravanes sur des campings

      Elle est peut-être plus visible en ce sens , la lutte des classes

      Noir n’est plus sinonyme de^pauvre aux USA, même s’il existe encore une majorité de noirs pauvres

       


    • Sérénité océanique 23 octobre 2012 12:55

      Nous sommes bien d’accord, mais je parle de statistiques et tu parles des arbres qui cachent la forêt.


  • Mwana Mikombo 20 octobre 2012 18:05

    @l’auteur. « Vous êtes aveuglé par vos certitudes ». Au lu de votre article, cette appréciation s’appliquerait plutôt à vous.

     


  • siatom siatom 22 novembre 2012 12:58

    à Georges Yang
    Bien que récent sur Agoravox, j’avais néanmoins eu le temps d’apprécier vos article, l’écriture d’abord, l’humour, la distanciation , toutes qualités à mes yeux relativement rares chez de nombreux contributeurs et commentateurs. Quant à votre opinion sur l’ancien tsigane auto déclaré, ( sa nouvelle ethnie ayant disparue sur son nouveau CV) je la partage entièrement.


  • Georges Yang 22 novembre 2012 13:40

    J’arrête sur ce site, Morice pourra continuer à délirer


  • Sandro Ferretti SANDRO FERRETTI 22 novembre 2012 15:46

    Tchao, Doc.
    Moi qui ne modère plus depuis plus de 2 ans, je suis tombé par hasard sur votre texte et l’avait voté.
    Je me doutais qu’il ne passerait pas. J’étais d’accord à 99% sur l’analyse de la boutique, des clients et des malades.
    Mais votre spécialité, c’est pas la psychiatrie. Or ici, ça aide.
    Je comprend donc votre départ.
    Vous souhaite de la sérénité en perf. et une bonne injection de Brouilly quand il le faudra.
    Sandro.


    • Georges Yang 22 novembre 2012 16:30

      Merci Sandro

      Il ne faut pas contrarier les malades mentaux, (il y en a un gratiné qui se prend pour un journaliste) Agoravox applique le principe à la lettre, ça se fera sans moi


  • Yohan Yohan 22 novembre 2012 16:39

    @Yang

    Perso, je n’écris plus ici, je commente seulement (ça m’amuse). Je n’ai plus envie de mélanger mes nartiks avec ceux de Momo. Je pense que les sectaires et obsessionnels de la Stasi d’ici, adeptes de la censure et du fichage mesquin, auront fait fuir pas mal de contributeurs et non des moindres. Bon vent sous d’autres cieux plus éclairés, à moins que vous ne reveniez comme d’autres, juste pour commenter la pitoyable livrée journalière.

  • Georges Yang 22 novembre 2012 23:22

    Voilà l’origine de mon départ

     

    Mohammed Merah ne s’est jamais adonné au jardinage.

    Or, nous avons appris que Ben Laden dans les derniers jours de sa vie, résidait dans une grande villa, entouré d’un jardin où se trouvait un potager. Par des photos légendées et commentées à l’appui d’un texte long, mais d’une sagacité étonnante et apparemment très documenté, (véritable travail « d’enquêteur de terrain », même si l’on peut douter des conclusions) nous avons pu constater l’existence bien réelle de ce potager. Le lien entre le terrorisme islamiste et la culture des légumes était donc enfin clairement établi.


  • Georges Yang 27 novembre 2012 19:44

    Depuis le 22 novembre, annonce de mon départ du site, j’ai constaté plus de 1000 visites supplémentairesq sur cet article

    Merci à tous


  • Georges Yang 26 janvier 2013 09:44

    Je n’ai plus trop envie d’écrire,mais m’amuser en faisant suffoquer Morice pourquoi pas

    Si Agoravox avait publié mon article, tout serait déja oublié Cela dit, je ne suis pas narcissique, on m’a déja refusé des articles, sans que j’en fasse une histoire

    Et puis Morice a besoin d’une leçon

    Ce dire chasseur de nazis et anti salafiste et en même temps écrire chinetoque et vanter le massacre de Kadhafi et souhaiter celui d’Assad est incohérent


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