mardi 17 février 2009 - par TSAKADI Komi

Quel avenir pour le cinéma africain ?

A la veille de l’ouverture du 21ème Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) du 28 février au 7 mars, le cinéma africain s’est vu honorer par l’attribution à l’acteur d’origine malienne et burkinabé, Sotigui Kouyaté, l’ours d’argent du meilleur acteur de la 59ème édition du festival international du film de Berlin, le 14 février dernier.

Sotigui Kouyaté a été récompensé pour son rôle dans le film London River  réalisé par Rachid Bouchareb (réalisateur des Indigènes)

Ce prix ne doit pas nous faire oublier que l’Afrique reste la grande absente des écrans européens lors des festivals et dans les salles de cinéma.

Pourtant Nollywood (Nigéria) est considéré comme la troisième industrie du cinéma du monde avec une production de 1500 films par an (contre 800 à 1000 pour son équivalent indien, Bollywood), pour un chiffre d’affaires annuel de 250 millions de dollars. Les films de Nollywood sont si populaires au Royaume-Uni qu’ils disposent d’une chaîne qui leur est dédiée sur Skynetwork. Mais au Nigéria tout comme dans les pays voisins (Togo, Benin, Ghana…), ces films de petits budgets (15 000 dollars par film en moyenne) ne passent pas par les salles, mais par les vidéo-clubs et les foyers.

En effet, la distribution cinématographique sur le continent est pratiquement inexistante. Presque toutes les salles de cinéma ont fermé.

L’Afrique inspire le cinéma occidental. La tendance des cinéastes occidentaux à faire des films sur des sujets récurrents africains est en hausse. Ainsi notre continent est devenu la proie des Goliath de la production hollywoodienne de fiction (Lord of War, Blood Diamond, Constant Gardener…), même le cinéma français n’échappe pas à cette tendance, le film Johnny Mad Dog de Jean-Stéphane Sauvaire, coproduit par Mathieu Kassovitz est basé sur la guerre civile au Libéria avec les enfants soldats.

Idem pour les documentaristes : Congo River, Le Cauchemar de Darwin

L’Afrique regorge donc de sujets de scénarii et il importe que ces sujets nourrissent un cinéma documentaire de qualité sur le continent qui n’a pas les moyens d’investir dans la fiction cinématographique.

Le succès de Bamako, un documentaire tourné sur le continent par le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est une preuve que l’avenir du cinéma africain est dans le documentaire pour permettre à ce continent d’être présent sur les écrans ou dans les festivals de cinéma occidentaux. D’ailleurs depuis cinq ans, plusieurs festivals consacrés aux documentaires sont initiés sur le continent. Même le Fespaco a créé depuis 2005 un prix du documentaire, (prix côté Doc de la meilleure œuvre documentaire) remporté en 2007 par Mourad Boucif du Maroc pour son film la Couleur du sacrifice. On pourra créer aussi des festivals de cinéma à thème comme le festival des films pour la prévention et le règlement des conflits, le festival des films des droits de l’homme…dédiés aux documentaires pour aborder les réalités africaines

 Me Komi TSAKADI



1 réactions


  • fourminus fourminus 17 février 2009 12:02

    J’ai bien peur que le cinéma africain n’existe plus car il n’y a plus de salles de cinéma en Afrique.
    Ce qui existe c’est la télévision africaine. Nolywood c’est de la video, pas du cinéma.

    Mais l’inertie des politiques de coopération fait que le cinéma Africain continue à être subventioné et pas la télé. On finance des copains, qui font des films que personne ne voit en dehors des festivals des copains...

    Les jeunes réals video, africains, brillants, de docu ou de fictions qui pourraient rencontrer un immense public ne recoivent aucune aide... Bien au contraire ils sont massacrés par le barthering : c’est la version video des subventions à la filière coton...

    Le Barthering, la recette pour détruire la production video africaine :
    1. Prennez une télénovellas mexicaine bien naze, déjà rentabilisée à mort au Mexique, dans toute l’Amérique du Sud, du Nord et même dans les sous marchés européens.
    2. Cette série ne vous coute presque rien. Vous l’achetez et vous allez voir les grands annonceurs : l’Oreal, Maggi, Procter&Gamble... Vous "encapsulez" les pubs de ces annonceurs au millieu des épisodes (barthering = encapsulage).
    3. Vous allez voir les directeurs de télés africaines et vous leur dites : certes cette télénovellas est un peu nulle... mais non seulement je vous l’offre gratuitement, mais en plus je vous glisse un petit billet sous la table... Qui va refuser ?
    4. Vous gagnez plein d’argent : vous empochez le fric des annonceurs, qui grace à vous vont toucher les ménagères africaines...

    Mais ca pose pleins de problèmes :
    1. Les télés africaines n’ont plus accès aux grands annonceurs : "ah mais on a déjà payé nous, on est déjà diffusé sur vos antennes..."
    2. Les télés africaines n’ont pas d’argent pour financer des productions propres...
    Pas d’argent, pas de production => barthering, etc. smiley


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