samedi 30 juillet 2011 - par Abdoulaye Jamil Diallo

Rébellion libyenne : après l’euphorie, la modération

Après l'approbation unanime de Bruxelles et d'Istanbul, les émissaires des insurgés se sont vu ouvrir, mercredi 20 juillet, les portes de l'Elysée, mais doivent tout de même faire face à un niet modéré de Moscou.

 Le Comité national de transition, l'organe officiel de la rébellion libyenne, multiplie, depuis plus de deux semaines, les démarches pour être reconnu comme la seule et unique représentation politique et militaire de la Libye. Après le oui de Bruxelles et d'Istanbul, les émissaires des insurgés se sont vu ouvrir, mercredi, les portes de l'Elysée, mais doivent tout de même faire face à un niet modéré de Moscou.

A Istanbul, le 15 juillet 2011, ils étaient en tout 35 Etats à reconnaître le CNT comme le seul et unique représentant des intérêts de la libye.

Les Etats-Unis qui étaient, jusqu'ici, assez réticents à l'idée d'une reconnaissance du CNT, ont finalement décidé de reconnaître celui-ci « après un exposé convaincant de l’un des dirigeants du Conseil devant le groupe de contact », dira Mark Toner, porte-parole du Département d'Etat américain.

Une reconnaissance apparemment bien accueillie au pays de l'oncle Sam où des sénateurs américains, notamment républicains - dont John McCain qui dès le début du conflit avait manifesté son soutien à la rébellion - ont publié un communiqué saluant la décision américaine de reconnaître le CNT, avant d'appeler à une représentation diplomatique des Etats-Unis à Benghazi, fief de la rébellion.

Ce qui laisse entendre qu'ils entreprendront des démarches pour débloquer une partie des 30 milliards de fonds propres libyens gelés par les autorités américaines au début du conflit.

Et l'Elysee...

Ce mercredi 20 juillet 2011 au matin, deux chefs militaires de la rébellion libyenne de Misrata, le général Ramadan Zarmouh et le colonel Ahmed Hachem, étaient reçus à l'Elysée.

Une rencontre à huit clos dont Bernard-Henry Lévy, qui a organisé leur venue à Paris, dira quelques mots, soulignant que les deux chefs rebelles étaient venus demander à la France de convaincre les Etats arabes d'accepter de leur apporter leur soutien en leur fournissant « ce dont ils ont besoin pour faire face aux colonnes infernales dont dispose encore Kadhafi  ». 

« S'il y a des émissaires du CNT, c'est parce qu'ils viennent présenter leur projet, leur politique, leurs ambitions immédiates au gouvernement français, qui est le premier gouvernement a les avoir reconnus... », déclarera plus tard, Gérard Longuet, le ministre français de la Défense.

La France, faut-il le rappeler, avait, fin juin dernier, reconnu avoir violé la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu en parachutant des armes aux insurgés du Djebel Nafoussa, dans l'ouest libyen.

Modération de Moscou 

Les pays qui ont pris part à la réunion du groupe de contact sur la Libye, vendredi à Istanbul, reconnaissaient donc le CNT comme la seule instance représentative du peuple libyen. Seule la Russie, encore convaincue qu'une solution diplomatique peut-être trouvée, a, jusqu'ici, opposé un niet modéré à l'idée de cette reconnaissance unilatérale.

Et ce mercredi 20 juilllet, au moment où les rebelles étaient reçus à l'Elysée, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, recevait son homologue libyen. Le communiqué publié à l'issue des discussions de cette rencontre laisse entendre qu'un « compromis est toujours possible entre le régime de Mouammar Kadhafi et les rebelles » . La Russie réaffirme sa position, selon laquelle l’ingérence de certains pays et le largage d’armes aux rebelles restent une alternative qui n’aidera pas à résoudre le problème.

Une position que le ministre libyen, Abdulatif al-Obeïdi, dans sa déclaration aux agences de presse russes, qualifiera de « sage et pondérée ». 
Mais si le ministre libyen, lui, affirme que le départ de Kadhafi « n'est pas sujet à discussion », la Russie, elle, en dépit de sa position « sage et pondérée », se prononce pour le départ du guide libyen.

En somme, tout le monde reste bien d'accord, aujourd'hui, que l'avenir de la libye se jouera sans Kadhafi. Mais après l'annonce assez controversée de la prise de Bréga par la rébellion, il ne fait aucun doute que tout dépendra de l'issue des combats entre les forces loyalistes et les insurgés dont les nombreuses démarches, ces derniers jours, ne semblent pas tout à fait justifier l'enthousiasme affiché par une certaine presse.

Abdoulaye Jamil Diallo



8 réactions


  • FRIDA FRIDA 30 juillet 2011 04:07

    Je ne sais pas quand est-ce que vous avez mis votre article à la publicaiton, mais il y a de nouveau :
    d’après Tripolie, Al Qaida est derrière l’assasinat du général Abdel Fatah Younès commandant des rebelles après avoir été rappelé pour des intérogatoires sur des questions militaires à Benghazi. Bien sûr les Rebelles accusent Tripoli d’être derrière cet acte.
    En tout cas, Le CNT est une mascarade et dire que la France s’est embarquée dans cette histoire sans réfléchir.


    • ak47 30 juillet 2011 18:31

      tien, v’la berlusconio qui a peur pour sont culs, il pense que Kadhafi va mettre son cul a prix, je dirait que sarko, cameron et obama aussi devrais avoir des contrat sur leur tète, comme ça pas de jaloux, eus aussi l’on mérité, non ! et il ne pourrons pas dire qu’ils sont atteint du BOTULisme ! et puis quoi encore !


  • Abdoulaye Jamil Diallo 30 juillet 2011 10:02

    Quand je l’ai proposé pour publication, notamment le vendredi 22 juillet, il faisait encore le tour de la question sur les derniers développements de la crise libyenne.

    Il a, hélas, été publié un peu tard. Mais cela est compréhensible ; car quand on considère le flot ininterrompu d’articles qui sont proposés chaque jour sur cette tribune, difficile de les modérer tous à temps. 

    Notification d’Agora Vox : «  Nous avons en effet reçu de très nombreuses propositions
    d’articles ces derniers temps, que nous n’avons pas pu toutes traiter dans
    un délai satisfaisant
    . »


  • lloreen 30 juillet 2011 14:01

    rébellion israélienne.Motus et bouche cousue des « merdias »...
    http://www.alternet.org/newsandviews/article/639318/israel_erupts_in_protes t

    Il faudra quand même bien un jour que ces corrompus de tous les pays commencent à comprendre une fois pour toutes qu’il est tant pour eux qu’ils dégagent.


  • lloreen 30 juillet 2011 14:01

    pardon : qu’ il est temps...


  • Fab Fab 30 juillet 2011 15:50

    @ l’auteur : les choses vont vite et votre article devrait aujourd’hui s’intituler « après l’euphorie, la désolation !!! »


    En effet, le général en chef des rebelles vient d’être assassiné par Obaida Ibn Jarrah Brigade, un milice islamique. les rebelles s’entretuent entre eux avant même d’avoir pris le pouvoir .....

    En plein Benghazi, lors de l’enterrement de son père, le fils de Younes a demandé le retour de Kadhafi pour restaurer l’ordre dans le pays ... ça augure mal de la suite et il n’est pas impossible que les militaire emmené par Younes du coté de l’insurrection, retournent vers Kadhafi.

    De toutes façons c’est très mal barré. Comme vous l’écrivez, le CNT est venu demander à Sarkozy d’intercéder en sa faveur auprès des pays arabes. Il est notable quand même de constater qu’aucun des pays voisins de la Libye n’a aujourd’hui reconnu le CNT et que le CNT est obligé de passer par Paris pour discuter avec eux.... ça présage mal de la suite si un jour ils prennent le pouvoir. D’autant plus que à voir comment Juppé s’est fait accueillir en Algérie dernièrement, ce n’est pas gagné !

    Quand à la réaction de la Russie, elle est loin d’être modérée. Les russes refusent clairement de reconnaître une quelconque légitimité au groupe de contact. Leur position est simple, c’est au Conseil de Sécurité que l’on doit discuter de la mise en oeuvre de la résolution 1973 et pas ailleurs. Il sont aussi clairs sur le fait que les bombardements de l’OTAN sont illégaux.

    C’est aussi la position de la Chine, tous deux ayant refusé de participer à la réunion d’Istanbul malgré les supplication de la Turquie et de la France.

    Sur le plan des suites de la réunion d’Istanbul, le canada s’est empressé de dire qu’il était légalement impossible de débloquer les avoirs libyens gelés sans une décision du Conseil de Sécurité. Ce qui est la position de la plupart des pays. 

    Les seules choses possibles, dans la cadre de la résolution 1970, sont des prêts comme vient de le faire l’Allemagne, dans la mesure ou les fonds ne sont utilisés que pour de l’aide humanitaire.

    Nous sommes le 31 juillet, il me semble que l’euphorie du coté de la « coalition » a disparu depuis plusieurs mois, aujourd’hui la question est de trouver une porte de sortie à ce foutoir dans lequel Sarkozy a mis la France ....

  • Sat is Fay 31 juillet 2011 05:47

    Des mecs comme ça, qui se comporte comme des seigneurs de guerre, y a rien à espérer d’eux, on s’ croirait au temps des romains, prêts à s’ poignarder pour être l’empereur, et ils vont amener la démocratie ? faudrait vraiment être naïf pour croire à une telle fable comme dirait l’autre. On voit bien qu’ c’est pas du tout l’but de la manœuvre, c’est juste une bande de guignols qui jouent au Wargame grandeur nature avec l’impression que l’histoire va être bouleversée.


  • rgv26 2 août 2011 19:11

    « En somme, tout le monde reste bien d’accord, aujourd’hui, que l’avenir de la libye se jouera sans Kadhafi.  »


    De bon souvenir de la fin de se XIXe siècle pour se partager le monde par les empires coloniaux.
    Vive la colonisation !...

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