Réformes politiques en Algérie : mythe ou réalité ?
Aujourd’hui, en Algérie, tout le monde parle de la nécessité d’un changement politique radical. A lire la presse quotidienne, pour certains partis de l’opposition, il n’est plus question de simples réformes, sans véritable portée politique, qui sont proposées ça et là juste pour apaiser les esprits, mais il devrait s’agir d’un changement du SYSTEME qui a gouverné le pays de l’indépendance à ce jour.
Une chose sur laquelle on devrait s’accorder : tout changement politique doit nécessairement s’accompagner d’un changement du personnel politique. Mais la question qui se pose est : quel personnel politique ? Celui des partis de la coalition qui se partagent le pouvoir ? Celui de toute l’administration qui n’est jamais neutre et qui, à chaque élection par exemple, se met du côté de l’homme fort du moment ? On l’a déjà vu à maintes reprises. Pas besoin de vous citer des exemples. Et, avant de continuer à casser du sucre, si j’ose dire, sur cette classe politique vieillissante, je voudrais faire une petite digression concernant les propos du président actuel de l’APN. A une question relative aux réformes politiques imposées, c’est le moins qu’on puisse dire, par la rue lors du fameux 5 janvier dernier et par les révolutions du monde arabe aussi, celui-ci n’a pas trouvé mieux que de répondre par « ceux qui appellent les réformes veulent prendre nos postes ».
En fait, ce raisonnement n’est pas propre à Mr ZIARI ; c’est toute la classe politique, toutes tendances confondues, qui pense ainsi. Les concepts de « légitimité historique » et autre « famille révolutionnaire » n’ont pas été créés pour rien. Ils ont servi et servent encore à leurs promoteurs pour leur maintien au pouvoir et leur mainmise sur la manne pétrolière du pays. Tout simplement et tout bêtement. Personne n’est assez dupe ni si naïf au point de croire que « ces gens-là, monsieur », pour paraphrase Brel, sont véritablement au service de la Nation et du peuple algérien. N’en déplaise au Président actuel de l’APN, il est tout à fait légitime aux algériennes et aux algériens de réclamer du sang neuf pour le salut de l’Algérie. Le Président de l’APN Abdelaziz Ziari, en sa qualité de médecin, n’ignore certainement pas que pour réanimer un malade exsangue, il faut un apport de sang frais. L’Algérie est actuellement dans la situation d’un malade souffrant d’anémie sévère. Par conséquent, elle doit bénéficier, en plus d’une médication adéquate, d’une thérapie de choc même, de l’apport de sang frais. Autrement dit, de l’énergie et de la vitalité de sa jeunesse.
Voilà pourquoi j’ai d’emblée annoncé la couleur en disant qu’il faut songer dès maintenant à changer le personnel politique actuel. Mais comment faire, pourraient, sans doute, me rétorquer certains ? Nous n’avons pas de réponse toute faite ni de recette magique à proposer mais il est évident que c’est à la jeune génération d’algériennes et d’algériens de s’impliquer davantage dans la vie politique si elle veut que le pays ne va pas droit au mur. Et, ce mur-là, croyez-moi, n’est pas très loin. Pour que le pays sorte du marasme dans lequel il végète depuis un certain temps maintenant, la jeune génération doit pouvoir prendre la relève. Tout le monde est conscient du fait « qu’on ne fait pas du neuf avec du vieux », allusion qui exprime clairement et nettement la ruse du pouvoir chaque fois qu’il est acculé à procéder à des changements et qui revient de façon récurrente dans les discussions entre initiés à la politique ou entre de simples citoyens.
C’est, partant de ce principe-là, qu’un certain nombre de jeunes algériens, partageant les mêmes points de vue et le même idéal politique se sont réunis, un beau jour du mois d’avril passé, pour décider de la création d’un nouveau parti politique baptisé « Jil Jadid ». Encouragés par l’annonce, par le Président de la République, des réformes politiques, nous étions très optimistes quant à l’aboutissement de notre projet politique. Or, les réformes tant attendues ne sont pas encore appliquées et par conséquent le champ politique est toujours verrouillé. C’est toujours, comme le dit si bien l’adage algérien « el laâb Hmida ou erracham Hmida ».