mardi 21 juillet 2015 - par laurentgantner

« Reopen Greece »

FMI – Bruxelles – BCE – DSK… Diktat !

Les référendums grecs et français n’ont pas été votés dans un premier temps, puis reconnus politiquement et institutionnalisés ensuite pour n’être que des lendemains sans fins, des résultats électoraux fractionnels à lettres mortes quant à ce qu’ils sont toujours censés impliquer : une modification de l’Institution européenne devant conduire à l’assouplissement des règles économiques qui asphyxient les plus petits pays. La démarche intellectuelle sur l’approche de la problématique semble close et définitivement conclue dès lors que des imbéciles vous lancent à la figure l’ironique et sordide comparaison avec un « diktat » que Bruxelles aurait imposé à l’économie grecque ou du moins n’est-elle là que pour se substituer à la place de ce qui existe déjà pour le remplacer par quelque chose qui continuera de fonctionner à peu près de la même manière. Faut-il être taré pour se permettre une telle comparaison, un peu lourde et exagérée, ou porter en soi suffisamment de mépris à l’égard de la crise grecque pour oser la placer dans une référence historique démesurée avec laquelle elle n’a pourtant rien à voir si ce n’est qu’en 1945, au lendemain de la fin de la seconde Guerre Mondiale, la Grèce était aussi pauvre que l’Allemagne !… Du coup c’est également déplacer la véritable problématique économique vers des impasses historiques aberrantes où conduisent l’utilisation de mots inappropriés… Un peu de recul s’il vous plait !… « Diktat » est un peu enflé ou bien envisage-t-il de déjà prédire une situation pire qu’elle ne l’est actuellement en Grèce pour que d’usurpés malins génies l’utilisent pour qualifier les rapports économiques qu’espèrent encore entretenir la France et l’Allemagne à l’égard de la Grèce pendant la période de l’entre deux guerres ?…

Parce qu’en attendant, la Grèce rouvre ses portes à la nouvelle aide économique de Bruxelles sous les mêmes hospices du compromis fallacieux !… « Memorendum » 3 succède au second et au premier ?… Bientôt on finira par ne plus les compter !… Rien n’est modifié ou ne laisse entrevoir de sain, dans les nouveaux ressorts qui installent en suspension sur coussin d’air le fonctionnement bancaire et les rouages économiques grecs, la relance prétendue de l’économie grecque chantée comme du vent par la nécessité qu’il faut bien que ça reparte… Si ce n’est, à la différence près, que le projet Syriza ne démords pas, s’accroche et persiste à signer que ces réformes d’inquisition économique, sorties des accords de Bruxelles ne sont pas les bonnes, la dette sera belle et bien rediscutée pour aménagements… Malgré la maigre satisfaction d’apprendre que les sommes versées ne resteront pas au Luxembourg comme ce fut le cas jusqu’à présent mais iront directement dans les banques grecques, peu de changement aura été arraché sur ce qui ne peut être modifié. Non mais quelle aberration que des comptes destinés à la Grèce restaient jusqu’à présent ailleurs qu’en Grèce !… Mais Tsipras au pouvoir, ainsi que toutes les formations politiques européennes qui se trouvent encore sous le versant minoritaire dans leur pays, appelées à devenir également majoritaire à l’image du combat politique qui se déroule en Grèce, envisagent, à long terme, d’autres règles intérieures pouvant faire valoir une autre politique extérieure qui pour l’instant est parfaitement bloquée par l’Union européenne et un système BCE doublement cadenassé par une majorité politique bien à droite, conservatrice, nationaliste, absolument pas gênée de reproduire les schémas d’exploitation humaine et financière ancestrales depuis que le capitalisme a tout écrasé. Si beaucoup confondent avec de la renonciation ce à quoi Alexis Tsipras s’est heurté en entrant en négociation avec l’économie européenne – alors que peu de modifications concrètes n’étaient en droit d’être espérées -, c’est bien confirmer que la question serait entendue d’avance, à partir du moment où un pays appartient à l’Ue et se soumet à ses Institutions et à sa réglementation ; voire claquer des dents les prochains qui seraient sur la liste, cités à de multiples reprises en « comparaison » par de nombreux médias et que sont, pour ne pas les citer, le Portugal, l’Italie, l’Espagne et même la France à certaines reprises !

L’urgence et la précipitation de la situation où se retrouve la Grèce aujourd’hui après cinq années d’immobilisme des plus figés ont validé des mesures expéditives ordonnées par les Bruxellois, la Vouli grecque, l’Assemblée Nationale française, le Bundestag allemand et la Finlande aussi. Mais pas forcément adoptées en contrepartie par la population grecque, les syndicats et la base intellectuelle de Syriza… Les caricatures médiatiques sur la division d’un parti politique qui se déchirerait courent pour ne rien comprendre au débat ou du moins en déplacer le centre de la négociation vers des conclusions voulues par Bruxelles. Je ne suis pas expert mais sans doute qu’Hannah Arendt aurait produit un ouvrage en 48h pour dénoncer la malversation médiatique qu’il y avait à utiliser la notion de « diktat » dans le résultat des accords conclus entre la Grèce et les autres pays « intra-européens »… Hélas ! La solution n’est certainement pas là… Dikat ou pas, Grexit à petit feu ou caché à demi-mot, tout est déplacé pour éviter d’aborder l’épineuse possibilité d’effectuer une nationalisation bancaire réduisant tous les « avenants » vers la même maison mère, la Banque Mondiale Grecque du Péloponnèse (!), réduisant la part de l’économie européenne au tiers des autres monnaies à l’échelle mondiale !… Si l’€ se croyait dieu le père pendant le déroulement d’une âpre semaine de négociations, c’est sans doute qu’il en oubliait l’existence des autres unités monétaires constitutives du marché économique mondiale que sont les lires turques et anglaise, les dollars américains et canadiens, le rouble russe… Probablement aussi pour ce que d’occulte permet, dans le fonctionnement et la rentabilité de l’€, à la rentabilité de son groupe de dirigeants de pouvoir qui domine à la défaite l’appauvrissement de ceux qui revendiquent contre les « eurocrates » (voir le cinquantième minoritaire considéré comme « acquis » qui permet au cinquantième majoritaire de se transformer en « 4/5ème despotique »)… Ainsi comprise, l’Europe ne devrait pas chercher absolument à ne fonctionner qu’avec une seule monnaie puisqu’elle ne peut se valoir avec l’€ qu’à la représentation du tiers de l’économie mondiale. Ce qui laisse entr’apercevoir une perspective différente de la réorganisation du marché mondial ouvrant sur des éléments de stabilité différents de ceux que pratiquent l’ultra-libéralisme économique sur tout ce que la fin du capitalisme pourrait un jour voir le jour en Grèce, devenue capitale mondiale de la dette, le temps d’un « accord » !… Sans parler directement des nombreuses ruptures de la parité monétaire trop souvent observées qui sont pourtant les indices prémonitoires des crises que le capitalisme continuera de répandre comme de la foudre sur les économies les moins protégées…

 

La révolution économique avant la guerre civile sociale devrait s’effectuer par la politique intérieure de la Grèce, en faisant valoir l’exercice du pouvoir législatif à défaut d’être un jour validée, reconnue et acceptée comme modèle économique peut-être différent mais certainement pas incohérent. Un peu à l’image d’une politique extérieure dont on épaulerait la mise en oeuvre mais qu’on ne muselle pas derrière des menaces d’exclusion comme ce fut trop souvent le cas au cours de cette semaine de négociations qui débouche sur de nouveaux accords, pendant laquelle, s’est renforcée et réaffirmée la continuité marchande que l’Ue opère sur la Grèce dans le FMI et la BCE !… Présenté comme un compromis, la situation est réellement à la compromission !

 


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