mardi 31 janvier 2012 - par Aimé Mathurin Moussy

Sarkozy recolonise l’Afrique, Merkel recolonise la France

Est-ce la fin d’une époque, ou, un essoufflement en pleine course ? Nous avions perdu l'habitude de voir Sarkozy, mal dans sa peau, et petit dans ses souliers. L’Allemagne : Merkel par-ci, Schröder par-là ; enfin l’Allemagne partout ! En cette période de grand froid, le nouveau leitmotiv de Sarkozy pince à travers les couches de vêtements, si nombreuses soient-elles, ou les moufles les mieux rembourrées. Que se passe-t-il donc qui eût étonné nos aïeux ou nos vieux souvenirs politiques ? Rien que la force de cette courte habitude de faire la politique à la française, depuis un ou deux lustres. Rien que cette illusion d'un "politiquement français" tellement présent dans nos esprits que nos corps en auraient négligé les oscillations continuées de la nature. On entend, c'est vrai, des chiffres effarants (des milliards d’euros) : "moins de milliards sous Schröder" et "un peu plus de milliards avec Merkel". Que de souvenirs ! Que d’évocations ! Pour nous dire qu’on a besoin d’une autre nationalité, d’une autre civilisation, comme si le pays était occupé. Comme si les Français n’avaient plus d’originalité.

  Apres le diktat des marchés, la colonisation

En regardant l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, dimanche 29 janvier au soir, je me suis ennuyé, c’était comme un air du déjà entendu, tellement le président était artificiel, qui pis est, en déphasage avec la réalité. Dans ma tête, je l’ai classé immédiatement parmi les icônes du passé, Kohl, Schröder, voire Bush. Avec ses propositions fleuves et irréalisables, j’ai compris que l’homme est abîmé, sacrifié, qu’il marche sur des brisées.

Nicolas Sarkozy,en bien d’autres occasions, on l’a connu tribun, bateleur, conspuer Kadhafi, mépriser Gbagbo, narguer certains de ses concitoyens : ce fut Sarkozy le vrai ! C’est ce Sarkozy que les Français connaissent bien. L'homme qui est apparu à la télévision dimanche soir était une caricature de Nicolas Sarkozy dans ce qu'il a de pire : obsessionnel, sur la défensive et mal à l'aise. Un Sarkozy labellisé Merkel ! Un autre. Toute l'émission s'est résumée à une bataille rangée entre lui et ses propres contradictions : un président français, qui s’affirme dans un habit allemand. Qui l’eût cru ?

En Afrique, les choses se passent un peu différemment. Le président n'est presque jamais confronté à des interviewers en direct à la télévision. Si un président africain veut accaparer toutes les chaînes de télévision, il prononce un discours devant ses concitoyens. Là, pas de questions de journalistes, c'est plus pratique.

Un bon exemple nous en a été fourni par le récent discours sur la démocratie au Sénégal, par Abdoulaye Wade, ami de Sarkozy. Une allocution qui a présenté d'intéressants points communs avec l'intervention de Nicolas Sarkozy. Ces deux prises de parole n'étaient que des prétextes pour dévoiler des propositions électorales. Toutes deux étaient l'œuvre de présidents dont la réélection est loin d'être acquise. Toutes deux contenaient des projets qui ne verront sans doute jamais le jour.

Toutefois, des deux présidents, c'est incontestablement le Français qui a décroché la palme d'or de la rupture d'avec la réalité : les Sénégalais ne pourraient jamais tolérer qu'on leur donne en exemple un pays, aussi proche fut-il, comme par exemple la Guinée Bissau contre lesquels ils auraient eu des affrontements. Sarkozy devient dans cet ordre un supplétif de Merkel, comme il fut le porte-étendard des Bush. La première fois, il a réussi son coup. Nous craignons que cette germanophilie démesurée, ne lui porte un coup fatal.

  Pourquoi pas Wade en France ?

Redire ou contredire, c'est toute la question. On se doute bien que les journalistes ne pouvaient pas démentir le président. Quant à l’écouter sans le contredire, quel ennui, quel exercice, quel pensum ! On songe avec amusement à tous ceux qui auraient voulu lui démontrer ses incohérences. On les devine bien remis de leur amertume.

Je me demande parfois pourquoi les Français, supportent le maigre choix électoral auquel ils sont confrontés, alors qu'ils ont sous les yeux un candidat bien meilleur en la personne d’Abdoulaye Wade. Celui-ci ferait un formidable président de la République française. Comme tous les locataires de l’Elysée, il s'exprime bien en français, il a une épouse française, il est avocat, cultivé et, surtout, conservateur et a un projet phare : " projets inachevés et des projets nouveaux du candidat des Forces alliées pour la victoire (FAL) ".. . Le calendrier idéal de Wade est mars 2012.

Beaucoup de Sénégalais jugeraient que Nicolas Sarkozy, quant à lui, ferait un excellent président du Sénégal. Il est parvenu à inculquer le népotisme comme valeur, en voulant à l’instar de Wade, faire nommer son fils. Bref voilà un président, comme les Africains l’auraient rêvé. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a une qualité qui manque à Wade : un goût pour le combat politique. Dimanche soir, Nicolas Sarkozy a adroitement survolé les questions sur sa possible candidature à un second mandat, mais nous incite à voter son courage. A 85 pétantes, Wade ne manque pas de courage. Sans arrogance, nous pouvons nous bomber le torse d’être Français et fiers.

Aimé Mathurin Moussy



1 réactions


  • hgo04 hgo04 31 janvier 2012 12:41

    Je crois qu’il ne sait plus quoi faire. Il n’a toujours pas compris que l’europe a pris une balle dans le pied, il ne pèse plus, ni dans les décisions européennes, ni même dans les décisions françaises. 


    SARKOZY et HOLLANDE devraient faire très attention quand ils se critiquent, car s’ils doivent ensuite demander le report de leurs voix, ils auront un gros problème de crédibilité....

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