Suffisance alimentaire et boom des populations
C’est quasiment la petite annonce publiée par les Emirats Arabes Unis aux autres pays d’Asie du Sud Est pour s’assurer des ressources alimentaires suffisantes pour nourrir leurs populations en 2050. Depuis que les prévisionnistes ont publié leurs sombres prévisions pour l’année 2050, entre réchauffement climatique, développement démographique et élévation du niveau de vie, nos gouvernements commencent à s’intéresser à comment résoudre la quadrature du cercle de la suffisance alimentaire en plus de celle de l’énergie. Et il est vrai que, dans ces conditions, 2050 nous paraît diablement près pour trouver des solutions à l’alimentation de la planète en maintenant la disponibilité énergétique.
Certains des pays concernés sont déjà passés à l’action comme la Chine ou la Corée qui ont commencé à acheter d’immenses territoires agricoles en Afrique ou à Madagascar, d’autres comme les Pays du Golfe passent à l’action en faisant cette proposition iconoclaste.
Les pays du golfe ont prévu passer de 38 millions d’habitants à 58 en 2030 et sans doute à de l’ordre de 85/90 millions en 2050. Il ne sont pas autosuffisants pour la nourriture de leurs habitants et dépendent déjà à 80pct d’importations. Ils manquent d’eau et les expériences de développement de cultures vivrières ont très vite atteint les maigres ressources hydriques. Par contre ils disposent de pétrole,de gaz et d’argent. Leur idée a donc été d’essayer d’échanger des contrats d’approvisionnement en énergie contre des terres agricoles...
Les pays les plus proches accessibles à un tel échange sont ceux de l’Asie du Sud Est, réunis au sein de l’ASEAN. Ces pays ont effectivement des terres et un climat propice à la culture mais malheureusement ils ont aussi des populations importantes voire pléthoriques (600 millions au total). Au point qu’ils s’inquiètent eux mêmes pour leur suffisance alimentaire. La réunion annuelle de l’Asean avec la FAO( Organisation mondiale de l’agriculture) s’est traduite par une recommandation de mettre en place une politique alimentaire commune et " d’examiner les conséquences des investissements directs étrangers dans la terre".
Un signe que le problème de la suffisance alimentaire commence à se poser sérieusement dans le monde et en particulier dans les pays émergents. Entre le réchauffement climatique, la suffisance alimentaire et le développement économique, il est évident que nous arrivons, et pas seulement pour l’énergie, aux limites de la planète.
Qu’attendons-nous pour commencer à discuter d’un sujet à la fois tabou, très difficile à aborder sur la base des expériences plutôt négatives à ce jour des uns et des autres et avec des relents nauséeux, la limitation des populations ? Que les guerres pour la subsistance ou pour l’énergie s’en chargent ? Un équivalent du GIEC sur le sujet serait peut-être le bienvenu pour faire le tour du problème et des possibilités de maîtrise d’une croissance des populations qui, en tout état de cause, ne peut être indéfinie. Si le problème n’est pas pour 2050, il sera pour 2100 ce qui n’est guerre plus lointain. Alors ?