mercredi 10 décembre 2014 - par Hannibal GENSERIC

Tunisie : le coordinateur des assassinats politiques est connu

Abdelkrim LÂABIDA, qui était le chef du groupe de sécurité des avions de l’aéroport de Tunis Carthage, peut être considéré comme l’élément le plus dangereux de la Police Parallèle d’Ennahdha, le parti de la Secte des Frères Musulmans en Tunisie. En effet, on retrouve son nom dans la plupart des affaires de terrorisme et d’assassinat en Tunisie durant ces trois dernières années. Cependant, la protection qui lui est garantie par les polices parallèles d'Ennahdha et la main mise de celle-ci sur l’appareil judiciaire lui ont permis d’échapper, jusqu’à maintenant, à la justice.

Cependant, les changements politiques en cours annoncent la reprise de son interrogatoire par le juge d’instruction en tant qu’accusé et en tant qu’organisateur principal des assassinats des militants Chokri Belaïd [1] et Mohamed Brahmi [2].

Les investigations ont ainsi démontré que, dans les deux assassinats, « la signature » était la même. Mêmes procédés et mêmes tactiques : assassinat en plein jour et dans la rue, grâce à une pluie de balles de révolver, sang froid de professionnel, fuite sans encombre (complicités de la police parallèle ) et planque inviolable. En plus du fait que les procédés d’assassinat de Brahmi et Belaïd étaient les mêmes, les déplacements constatés de Lâabidi et de ses complices étaient identiques dans les deux cas. Il s’est avéré aussi que Lâabidi a hébergé les assassins chez lui, du côté de Raoued (banlieue de Tunis) , durant plusieurs jours. Les responsables de la sécurité ont en effet découvert le complot terroriste et pourchassé Lâabidi lors de l’affaire de Raoued [4], durant laquelle un groupe terroriste de 6 djihadistes armés a été neutralisé. Les analyses ADN confirment la signature génétique d’Abdelkrim Lâabidi sur la kachabia (manteau tunisien) de Kemal Gadhgadhi [4], l’un des terroristes abattus.

Par ailleurs, il ne serait pas étonnant que le policier Salem Lâabidi, frère d’Abdelkrim, soit impliqué lui aussi dans la surveillance et la localisation des victimes Belaïd et Brahmi. En effet, il a longtemps travaillé au sein de la police de l’Ariana, ce qui implique qu’il connaît parfaitement le terrain et les lieux d’exécution.

Nous savons aussi que Abdelkrim Lâabidi a joué le rôle de principal coordinateur des attaques "musclées" contre la grande manifestation populaire du 9 avril 2012 sur l’Avenue Habib Bourguiba (Tunis), alors qu’à cette époque, le ministre de l’intérieur , Ali Laraiedh [3] (dont l’anagramme est, à un caractère près, Dilat Larath), devait exécuter à la lettre ce que lui dictait, son chef au sein de la Secte des Frères Musulmans, i.e. le chef de la Police Parallèle, le super terroriste Abdelkrim Lâabidi.

Rappelons aussi que, alors qu’il était encore employé à l’aéroport de Tunisie Carthage, A. Lâabidi a trempé dans plusieurs affaires de contrebande de devises et d’êtres humains (il facilitait le transfert de terroristes tunisiens vers la Syrie et la Turquie).

Il appartient maintenant aux nouvelles autorités élues, et qui ne sont pas dominées par la Secte :

- D’épurer les Ministères de la Justice, de la Défense Nationale et de l’Intérieur des cinquièmes colonnes qui y ont été imposées par la Secte des Frères Musulmans.

- De redonner à la Justice sa totale indépendance afin qu’elle puisse poursuivre et sanctionner les responsables des divers meurtres, assassinats, viols, trafics de toutes sortes (armes, drogues, êtres humains), perpétrés sous la complicité ou la neutralité bienveillante des gouvernements successifs de la Secte.

- De donner au peuple tunisien toutes les explications concernant les tenants et les aboutissants d'assassinats restés « mystérieux » de personnalités de la société civile, dont des journalistes, et en particulier de la série « inexpliquée » de crises cardiaques qui les ont subitement terrassées.

 

 [1] Chokri Belaïd a été le plus grand leader de la gauche tunisienne laïque et anti-islamiste. Pour les islamistes takfiristes (qui excommunient), tout opposant est un renégat, dont la punition halal est la mort. Ainsi en est-il de Daesh en Syrie et en Irak : tout prisonnier "ennemi de l'islam", civil ou militaire, est prestement décapité. Il en a été de même des islamistes tunisiens : tout opposant déclaré mérite la mort. Chokri Belaïd avait déclaré : « La Tunisie est transformée en marché pour les criminels américano-sionistes manipulant nos jeunes pour les envoyer mourir en Syrie et défendre un projet qui n'est pas le leur » déclare-t-il sur un plateau de télévision ; il va jusqu'à préciser que « 5 000 jeunes Tunisiens et d'autres nationalités suivent des entraînements (dans un camp de djihadistes situé dans la localité de Lewtiya, à proximité de la frontière libyenne) pour qu'une partie d'entre eux soit envoyée en Syrie et une autre pour s'occuper de semer la violence en Tunisie ». Les évènements actuels confirment la justesse de ces déclarations, sauf qu’entre temps, le nombre de Tunisiens envoyés en Syrie par les islamistes et par le président fantoche Marzouki, dépasse les 10.000.

Il a été assassiné par balles le 6 février 2013 alors qu'il sortait en voiture de son domicile du quartier d'El Menzah VI, près de l’Ariana.

[2] Mohamed BRAHMI est assassiné le 25 juillet 2013 par deux hommes, devant son domicile de la cité El Ghazala (Ariana), alors qu'il descend de sa voiture et ce, sous les yeux de sa famille.  Après la pseudo "révolution" de 2011, il est élu député à l'assemblée constituante comme représentant du gouvernorat de Sidi Bouzid. Tout au long de son mandat, il critique ouvertement le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahdha. Dans le même temps, il participe à la fondation du "Mouvement du peuple", qui unifie les nationalistes de gauche nasséristes, et décide de faire adhérer ce parti au "Front populaire".

[3] Dans une interview accordée au journal Le Temps le 16 avril 1990, Ali Laraïedth déclare : "je suis contre le statut de la femme, contre le planning familial, contre le tourisme, contre la vente de l'alcool, contre les hôtels...et nous plaçons l'islam au-dessus de tout". Il fut ministre de l'Intérieur dans le premier gouvernement islamiste de Hamadi Jebali, puis succède à ce dernier comme Premier Sinistre de mars 2013 à janvier 214.

[4] L’opération antiterroriste menée, début février 2014, à Raoued (gouvernorat de l’Ariana) a fait 7 morts parmi les membres du groupe terroriste et 1 décès parmi les membres de la Garde Nationale (gendarmerie). Parmi les terroristes tués, cinq ont été rapidement identifiés : Kamel Gadhgadhi, Mohamed Ennaceur Dridi, Haykel Badr, Alaeddine Najahi et Ali Kalai. Certains d’entre eux sont impliqués dans l’assassinat politique de Chokri Belaïd et le meurtre de militaires au Mont Chaâmbi, dans le centre ouest de la Tunisie.

Hannibal GENSERIC



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