samedi 15 janvier 2011 - par Renaud Bouchard

Tunisie : vers un nouveau Printemps Arabe ?

« Qu’est-ce que le peuple a pensé de mon discours ? Rien mon général ! Les micros n’étaient pas branchés ! » 

A. Franquin, Le Dictateur et le champignon. Spirou et Fantasio – Tome 7

Evénement historique s’il en est, voilà que pour la première fois dans un pays Arabe un dictateur quitte le pouvoir devant une rébellion. Le Raïs tunisien, chassé par son peuple, a lâché les rênes du pouvoir ; symboliquement, dira-t-on, mais il est des symboles qui résument sans discussion possible une perte de légitimité politique irrémédiable.

 Le président tunisien Zine el Abidine ben Ali a donc quitté son pays vendredi 14 janvier 2011, après 23 années de dictature, après avoir annoncé successivement le limogeage de son gouvernement et la tenue d’élections législatives anticipées dans un délai de six mois.

Entouré par le président de la chambre des députés, M. Fouad Mebazaa et celui de la chambre des conseillers, M. Abdallah Kallal, le Premier ministre tunisien, M. Mohammed Ghannouchi, a annoncé qu’il devenait président de la Tunisie par intérim, fonctions qu’il devrait exercer jusqu'à la tenue d'élections anticipées.

De l’insurrection à la rébellion de tout un peuple, la situation politique ne pouvait que devenir intenable pour un autocrate qui n’avait plus d’autre ressource que de souffler le chaud et le froid après avoir décrété l’état d’urgence sur le territoire de la république tunisienne.

Et pour l’avenir ? On ne saurait formuler quoique ce soit comme hypothèse hasardeuse face à une situation particulièrement instable. Nul doute cependant que dans un monde Arabe qui a les yeux fixés sur la Tunisie, on ne puisse exclure que se lève avec la rébellion tunisienne le vent d’un nouveau Printemps Arabe. Les lignes ont en effet bougé.

On se prendra encore à souhaiter qu’elles puissent bouger en France. C’est qu’en effet je ne puis pour ma part tolérer que l’image de notre pays soit dégradée et avilie une fois de plus par une équipe gouvernementale elle aussi en sursis. Il est urgent en effet que Madame M. Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères, puisse déjà rendre compte de ses récents et inadmissibles propos tenus le 12 janvier dernier devant l’Assemblée Nationale, suggérant, au regard des troubles survenus aussi bien en Algérie qu’en Tunisie, que "le savoir faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type". 

"C'est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays de permettre dans le cadre de nos coopérations d'agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité." Outre qu’ils sont scandaleux, de tels propos sont révélateurs d’une bien singulière mésintelligence de la réalité internationale.


Notes : 

Dictatures du monde arabe. Tunisie, Algérie, etc. Moncef Marzouki, in 

http://www.diplomatie-presse.com/?p=3472



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